2.1.2. Les problèmes rencontrés par les
populations dans d'accès à l'eau potable
L'analyse de la documentation scientifique montre que les
questions relatives à l'accès à l'eau constituent une
préoccupation majeure au niveau international. Nous analysons ici les
travaux de recherche ayant porté sur les problèmes d'accès
à l'eau potable.
L'accès à l'eau potable dans le monde en
général et dans les pays en développement en particulier,
est confronté à d'énormes problèmes. Dans les pays
en voie de développement, l'accès à l'eau potable est
généralement faible, surtout dans les bidonvilles et milieu rural
(Nyongombe, 2012). Quel que soit le milieu de résidence, l'accès
à l'eau potable n'est pas encore universel dans le monde. Et, les
problèmes qui se posent sont de natures différentes et varient
d'une région à une autre.
Zipikinè Kossi Mensa6 en 2012, a fait
ressortir dans son étude les causes de la pénurie d'eau à
Anié(Togo). Il distingue les facteurs naturels des facteurs humains.
Parlant des facteurs naturels, il cite les difficultés liées
à la nature du substrat géologique et le régime
irrégulier de la rivière Anié. En facteurs
6 « Approvisionnement en eau potable et risque sanitaires
à Anié (Préfecture de l'Anié) »,
Mémoire pour l'obtention du diplôme de Maitrise ès-Lettres
et Sciences Humaines (Option Géographie Rurale et Aménagement)
21
humains, le manque de moyens financiers et la pollution des
points d'eau sont énumérés. Ce qui suppose que, outre la
présence des roches qui ne permet pas le creusage des puits, et
l'étiage remarquable de la rivière en saison sèche, les
problèmes rencontrés dans l'accès à l'eau potable
sont aussi le résultat des actions humaines lorsque les hommes polluent
les seules sources d'eau disponible dans le milieu.
En 2014, Rafiou Bah-Agba7, parlant des
problèmes rencontrés par la population béninoise en
adduction d'eau potable écrivait ceci : «points d'eau
éloignés des habitants, eau de qualité insalubre, ruptures
de services, pompes hors d'usages par manque d'entretien, tel est le quotidien
d' un grand nombre d'habitants des pays, surtout en voie de
développement, où les services publics de base sont fragiles,
défaillants, voire inexistants ». En se basant sur son
étude qui a porté sur la commune de Tchaourou au Bénin,
l'auteur montre qu'en matière de la gouvernance locale de
l'approvisionnement en eau potable, la population est confrontée aux
problèmes de faible taux de couverture d'infrastructures d' eau potable,
de la non affirmation de la maîtrise d'ouvrage communale, de la mauvaise
gestion des ouvrages d'eau potable et de la faible participation des citoyens
dans la gestion des ouvrages hydrauliques.
Prince Loïque Maba Ngouloubi dans sa thèse de
doctorat(2017) a fait remarquer les mêmes problèmes dans la
population congolaise en lorsqu'il a étudié 2012, les
problèmes d'accès à l'eau potable de la population de
l'arrondissement 4 Moungali à Brazzaville (République du
Congo). Il écrit :
« Bien que l'eau soit disponible en grande
quantité à travers tout le pays, les Congolais, comme les autres
habitants de l'Afrique rencontrent des difficultés
7 Gouvernance locale et approvisionnement en eau
potable dans les milieux ruraux au Bénin: Cas de la commune de
Tchaourou, Mémoire présenté dans le cadre du programme de
maîtrise en développement régional en vue de l'obtention du
grade de maître ès arts (2014).
22
d'accès à l'eau potable. Moins de la
moitié des Congolais ont accès à l'eau potable. Cet
accès varie largement entre les centres urbains et les zones rurales.
Ces zones, sont souvent desservies par des sources d'eau contaminées
(des sources non captées, des puits ouverts et des réservoirs de
collecte des eaux de pluies en mauvais état et rarement
désinfectés) ».
L'eau, estimée de "mauvaise" qualité, est
responsable des maladies hydriques. Son inaccessibilité dit-il, «
pour certains ménages, est due notamment à l'endommagement du
réseau, la vétusté des installations, les
dysfonctionnements et l'éloignement des sources d'approvisionnement en
eau potable ».
Cet aspect de l'inaccessibilité de l'eau potable a
été aussi soulevée en 2018 par Jade Tobbi, dans son
mémoire8 titré "Accès à l'eau potable et
impact sur la santé d'une communauté, l'éducation et la
ressource eau : analyse à partir d'un projet au Togo" qui
souligne par rapport au Togo que : « nous pouvons observer, certes, de
nombreux puits améliorés et des forages, mais dont la grande
majorité n'est plus fonctionnelle du fait d'un manque de structure de la
gestion de ces points d'eau, laissés aux habitants, sans appui
spécifique ».
D'après la politique nationale de l'eau,
« l'insuffisance des ouvrages d'approvisionnement en eau potable et
leur accès difficile sont les problèmes majeurs [...].
» que connaît la population togolaise.
Certains problèmes rencontrés par les
populations sont similaires et concernent la distance, la nature des
installations et la qualité de l'eau. Par ailleurs, parmi les
problèmes d'eau, Prince L. Maba Ngouloubi souligne que ceux liés
à la qualité de l'eau s'expliquent par le mauvais traitement de
l'eau par la structure émettrice, l'impuissance des pouvoirs publics, le
manque de volontarisme en matière d'amélioration des conditions
de vie des populations en milieu urbain, le
8 Mémoire présenté en vue de
l'obtention de la Licence professionnelle, « Chargé de projets en
solidarité internationale et développement durable», 6.p
23
manque de sensibilisation et d'intégration des
programmes «eau et santé». Aussi, les populations n'adoptant
pas de bonnes pratiques d'hygiène au bord des points d'eau, il est clair
que l'eau à laquelle elles s'approvisionnent tend à être
souillée. La nature potable de l'eau peut être également
remise en cause du moment où les réservoirs de stockage des eaux
ne sont pas bien entretenus. Egalement, si les gobelets et les
réservoirs de stockage de l'eau sont dans certains cas exposés
à la poussière et aux mouches, ils peuvent rendre l'eau de
boisson impropre. Certes, il y a accès à l'eau, mais une eau qui
ne sera plus potable. Cet autre problème de la potabilité de
l'eau a été aussi mis en évidence par Hector Houeha(2007)
qui estime que certaines pratiques adoptées par les populations en
matière d'hygiène, « ne sont pas de nature à
préserver une eau de boisson potable ». Pour Ousseni(2010), «
l'eau considérée comme potable à la sortie de la borne
fontaine est soumise aux différents risques de contamination que sont
les pratiques qu'adoptent les ménages lors de la collecte d'une part et
les moyens de collecte de l'eau d'autre part ».
Il en est de même pour la durée de stockage qui
peut aussi influer sur la qualité physico-chimique de l'eau. Plus une
eau est longtemps stockée, plus les risques de dégradation de sa
qualité sont élevés.
En étudiant "L'accès à l'eau potable
dans les quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou : cas
des secteurs 23 et 24", Ousseini(2010) affirme, comme bon nombre d'auteurs
que les problèmes d'accès à l'eau potable se posent avec
acuité dans les pays en développement. D'après les
résultats de son enquête, il ressort que la contrainte principale
rencontrée par les habitants du secteur 23 de la ville de Ouagadougou
reste la coupure d'eau. C'est à dire que l'eau n'est pas continuellement
disponible pour les habitants de ce secteur. Quant aux habitants du secteur 24,
la distance du point d'approvisionnement demeure la principale
difficulté. Par ailleurs, le problème de la qualité de
l'eau et de « longue file
24
d'attente » ont été moins
relevés par les ménages concernés par son étude.
D'autres contraintes telles que les problèmes financiers sont aussi
relevés par les populations. Il s'agit de l'incapacité
financière à disposer d'un branchement privé ou à
solder la facture d'eau mensuelle. Pour appuyer ce résultat, il cite Dos
Santos qui soutient qu'en 2002, près d'un tiers des abonnées
particulières(Ouagadougou) ont vu leur eau coupée temporairement
ou définitivement par manque successif au paiement (Dos Santos, 2005).
En analysant de près, le niveau de vie ne permet pas à certains
ménages d'être régulièrement connecté au
réseau d'eau, et se trouve ainsi, contraints à faire usage des
eaux de qualité douteuse. Dos Santos, a bien fait de mentionner cette
réalité lorsqu'il affirme : « la faible proportion des
ménages raccordés au réseau met en évidence que la
difficulté d'accès ne résulte pas du manque
d'infrastructure dans certain quartier mais aussi le faible niveau de vie des
citadins ». En d'autres termes, en milieu urbain burkinabé, la
pauvreté a systématiquement entraîné pour certaines
personnes, un accès difficile à l'eau potable.
En tenant compte de ces réalités, d'autres
analyses pourraient être avancées. Selon l'OMS, les interruptions
de l'approvisionnement en eau de boisson, qu'elles soient dues à la
production intermittente des sources ou à des problèmes de
conception ou de construction du réseau, sont des déterminants
majeurs de l'accès à l'eau de boisson et de la qualité de
cette eau.
De même, selon l'OMS, l'accessibilité
économique de l'eau a une influence importante sur son utilisation et
sur le choix des sources d'eau. Les ménages disposant du plus faible
niveau d'accès à un approvisionnement en eau saine payent souvent
l'eau qu'ils reçoivent plus cher que ceux reliés à un
réseau d'eau canalisé. Le coût élevé de l'eau
peut forcer ces ménages à recourir à d'autres sources de
moindre qualité, présentant un plus grand risque pour la
santé. En
25
outre, ce coût élevé de l'eau peut
conduire à une baisse des volumes d'eau utilisés par les
ménages qui, à son tour, peut influer sur les pratiques en
matière d'hygiène et accroître le risque de transmission
des maladies.
Pour le secteur de l'eau au Togo, la politique nationale de
l'eau (2010-2025) révèle que les contraintes rencontrées
par le secteur sont institutionnelles, techniques, physiques, humaines,
socioculturelles, économiques et financières.
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