Les difficultés d'accès à l'eau potable et leurs effets en milieu urbain au Togo. Cas de la ville de Tsévié et approches de solutions durables.par Kokou Sokémawu Bernard KAKANOU Ecole Nationale de Formation Sociale (Togo) - Diplôme d'Etat de Cadre Supérieur de Développement Social 2019 |
2.1.3. Les effets de l'accès difficile à l'eau potableAu Togo, l'insuffisance des ouvrages d'approvisionnement en eau potable et leur accès difficile constituent problèmes majeurs qui « influent négativement sur la santé, la scolarisation des filles et la participation des femmes aux activités génératrices de revenus » (Politique Nationale de l'eau, 7p). Les populations urbaines, sont souvent affectées par ces conséquences de manque d'eau potable. D'après l'United Nations Centre for Human Settlements : « une grande partie des populations urbaines de la région Afrique se trouvent dans des situations qui mettent en péril leur santé et leur vie et sont dépourvues de points de distribution d'eau potable adéquats ou d'hygiène publique, ce qui a pour résultat un fardeau toujours plus pesant sur la santé et sur la qualité de la vie et une productivité affectée ». Doguido Goumpoukini(2004), dans « Problématique d'approvisionnement en eau potable dans les quartiers périphériques de Lomé », relève ces effets en précisant que la pénurie d'eau potable nuit à la santé humaine. Selon lui, non seulement les hommes mourront de soif en cas de pénurie d'eau mais risquent aussi de tomber malades à cause de l'eau qu'ils boivent ou qu'ils utilisent pour cuisiner. L'auteur affirme que 80% des maladies et plus d'un tiers des décès sont dus à l'eau contaminée. Chaque année, plus de 842 000 personnes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire meurent à cause du manque d'eau, d'assainissement et d'hygiène, 26 soit 58% du total des décès par diarrhée. Les effets de l'accès difficile à l'eau potable sont très frappants au niveau international. D'après le PNUD, les maladies liées à l'eau, coûtent 443 millions de jours d'école par an au niveau mondial (dont la part pour tous les enfants éthiopiens de 7 ans représente une année scolaire), réduisant irrémédiablement le potentiel d'apprentissage des jeunes générations. Les pertes de productivité et les coûts des maladies liées à l'eau souillée, s'évaluent à 5% du PIB en Afrique subsaharienne, soit une somme plus importante que celle perçue par la région, au titre d'aide internationale. On voit clairement par ces chiffres, l'impact que ces difficultés d'accès à l'eau potable ont sur l'éducation et l'économie, pour ne citer que ces domaines. Dans le document « Eau et santé, éléments pour un manuel pédagogique pour les programmes d'Hydraulique villageoise des pays en voie de développement », le ministère de la Coopération et du Développement constate, selon Marie Claude (1989) et cité par Mensa(2012), que nombre de maladies sont liées à l'eau de mauvaise qualité et que sa consommation réduit la durée de vie de l'homme. Les maladies liées à l'eau qu'il a citées sont les gastro-entérites, les ankylostomiases, la bilharziose et la fièvre typhoïde. La publication portant sur « les conséquences dramatiques d'un faible accès à l'eau potable » faite sur le site www.kezakeau.fr fait remarquer quant à elle, les effets de l'accès difficile à l'eau potable à des dimensions sanitaires et sociales, environnementales et géopolitiques. Le manque d'eau peut agir sur les domaines comme l'éducation, l'économie, la santé, le logement, etc., d'après l'article « les conséquences du manque d'eau » publié sur www.solidarites.org/fr/eau-potable. Au niveau éducationnel, les enfants doivent chercher l'eau au lieu d'aller à l'école. Les écoles sans infrastructures d'Eau, d'Hygiène et d'Assainissement(EHA) deviennent des 27 endroits à haut risque d'infection. Celles sans dispositifs de gestion de l'hygiène menstruelle empêchent la scolarisation des jeunes filles tous les mois dans certaines régions. Les effets liés aux difficultés d'accès à l'eau potable sont appréhendés par Lassere(2002) qui affirme : « dans une région frappée par une rareté croissante, les conditions sanitaires se dégradent; la production alimentaire stagne, voire diminue, et la population s'appauvrit. Cette paupérisation déracinerait les populations rurales et les conduirait à émigrer vers les villes où les pouvoirs publics ne parviendraient pas, faute de moyens financiers, à assurer la construction des infrastructures de base, dont les aqueducs municipaux, renforçant ainsi le cercle infernal de la pauvreté. ». Les maladies sont l'une des conséquences fortes des difficultés d'accès à l'eau : sans eau les êtres humains ne peuvent survivre plus de trois jours. N'ayant pas accès à une eau potable, de nombreuses personnes sont donc contraintes de se contenter d'une eau polluée, sale ou infectée. Or d'après l'OMS9, « cela est un risque sanitaire majeur pour les enfants en bas âge qui sont les plus sensibles à la qualité de l'eau qu'ils consomment ». La discrimination en est aussi une conséquence. Pour les groupes marginalisés, femmes, enfants, réfugiés, peuples autochtones, personnes handicapées et beaucoup d'autres ; l'accès à l'eau est globalement encore plus compliqué, car « souvent négligés, ces groupes font parfois l'objet de discrimination quand ils tentent d'accéder à l'eau potable dont ils ont besoin et de la gérer ». |
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