2.3. Effets liés aux difficultés
d'accès à l'eau potable.
Les différentes difficultés rencontrées
par la population de Tsévié dans l'accès à l'eau,
qu'elles soit économiques, géographiques, organisationnelles ou
autres, ont bien évidemment des effets sur les individus habitant la
commune. Ainsi, d'après les résultats du tableau 9 ; 73,6% des
enquêtés ont estimé que ces difficultés ont un effet
sur eux. Parmi les restants, il y a 13 qui ne savent pas si un effet survient
ou non et 6 disent qu'ils n'y a pas d'effets liés aux difficultés
d'accès à l'eau potable. Tout compte fait, les réponses
données aux questions qui ont suivi sur le questionnaire ont permis de
comprendre qu'en réalité, ces difficultés entrainent des
effets sur la population de Tsévié.
2.3.1. Conséquences de l'accès difficile
à l'eau sur la santé
Etant donné que certains dans la ville parcourent de
longues distances pour trouver la source d'approvisionnement, des sentiments de
fatigue ou
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d'épuisement sont ressentis par les individus au sein
des ménages (56,9%) comme le montre la figure 12. Ces fatigues impactent
déjà sur le bien-être physique, et donc la santé,
sans être d'ailleurs rassuré de la qualité de l'eau. Aussi
les difficultés d'accès à l'eau potable ont
favorisé en 2017, l'enregistrement des maladies liées à
l'eau à la polyclinique de Tsévié. C'est ce que le
surveillant Général de cette structure de santé a
précisé en citant des
maladies telles que « la dysenterie amibienne, la
gastroentérite et l'amibiase »,
comme fréquentes maladies reçues. Faisant partie
des 10 premières causes de consultations à la polyclinique de
Tsévié en 2017, les maladies liées à l'eau n'ont
pas été négligées dans le déroulement de
cette enquête. En effet, d'après le tableau 10; 56,9% des
personnes enquêtées ont estimé que l'eau qu'elles
consomment entraine souvent des maladies liées à l'eau pour leur
ménages, ce qui confirme d'ailleurs que les sources d'approvisionnement
ne sont pas potables.
Mis à part ces effets sur la santé, il ressort
aussi que l'accès difficile à l'eau potable influe le
bien-être social des ménages et celui de la commune de
Tsévié toute entière.
2.3.2. Conséquences sociales
En effet, selon l'enquête, les ménages peinent
à satisfaire leur envie de boire et de faire la cuisine, et de
répondre aux soins de toilettes et lessives en cas de difficultés
d'accès à l'eau. Selon la figure 13, on constate que parmi les 72
enquêtés par ménage, 70 ont estimé qu'ils n'arrivent
pas à boire et à préparer, et à satisfaire les
besoins de toilettes et lessives. Dans ces 70 enquêtés, 4 ont
uniquement mentionnés la soif et les difficultés de faire la
cuisine, c'est-à-dire la préparation des aliments (5,6%) ; 6 ont
répondu que les soins de toilettes et la lessive deviennent impossibles
(8,3%). Les 60 autres restants (83,3%) ont exprimé l'effet des
difficultés d'accès à l'eau potable par le choix
combiné de la
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soif et difficultés de faire la cuisine et des
toilettes et lessive impossibles. Ainsi, les besoins fondamentaux humains ne
sont souvent pas satisfaits dans les moments où l'accès à
l'eau est vraiment difficile. Cette incapacité de satisfaire les besoins
fondamentaux, est en effet, en contrario avec la conception du deuxième
Forum Mondial de l'eau (à La Haye), qui définit l'eau comme
« droit fondamental de l'homme ». En d'autres termes, ces
difficultés d'accès à l'eau potable ne font pas jouir les
habitants de Tsévié de leur droit fondamental.
Aussi, d'après 52,8% des enquêtés, les
élèves de la ville vont à la recherche de l'eau en
période scolaire avant d'aller à l'école (Tableau 11), ce
qui ne sera pas sans conséquences sur leur vie scolaire. Certains
enquêtés ont trouvé qu'en cas d'accès difficile en
eau, le retard à l'école(29), l'absence au cours(13) et l'abandon
scolaire(1) peuvent être des influences de la recherche d'eau par les
élèves sur la vie scolaire des enfants. Ces réponses
données par les enquêtés coïncident avec les
statistiques du PNUD qui estiment à « 443 millions de jours
d'école par an », les effets induits par les
difficultés d'accès à l'eau potable sur la vie des
élèves dans le monde.
Au plan social, les difficultés d'accès à
l'eau potable ont aussi engendré dans le milieu urbain sur lequel porte
notre enquête, des conflits sociaux. La démonstration de ces
conflits est contenue dans le tableau 12 qui rapporte que 50
enquêtés ont estimé qu'il y a des conflits sociaux
engendrés par les difficultés d'accès à l'eau
potable. Parmi ces 50 répondants, 34 ont affirmé qu'il s'agit des
conflits au bord des points d'eau de la ville, 13 ont mentionné qu'il
s'agit des quartiers et groupes en conflit, et 3 ont donné d'autres
raisons. Ainsi, à cause de l'eau en manque ou en accès difficile,
des individus et groupes sociaux se mettent en mésententes, autour d'une
denrée cherchée par tous.
La dernière conséquence sociale, ressortie de
cette enquête est celle des disparités sociales dans la ville en
cas d'accès difficile à l'eau. Si d'après la
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figure 15 ; 34,7% des enquêtés ont répondu
que les personnes vulnérables, à l'exemple des personnes
handicapées, âgées et enfants ont un accès plus
difficile à l'eau lorsque l'approvisionnement devient difficile pour
tous, c'est qu'en d'autres termes, les difficultés d'accès
à une eau potable au sein d'une communauté urbaine comme celle de
Tsévié peuvent être source d'inégalités, car
ces personnes ne disposent pas de toutes les capacités pour pouvoir se
servir en temps en eau dont elles ont besoin pour leurs usages personnels et
spécifiques. Les extraits de propos11 de l'homme de 30 ans en
situation de handicap moteur, et de cette femme âgée de 61 ans,
présentés plus haut dans la description de cas en donnent la
confirmation. En prenant aussi en compte les inconsidérations de la part
de ceux qui ont un accès facile à l'eau potable,
énumérées par 17 enquêtés, on déduit
que la conception de l'eau en tant que « bien commun »,
telle que donnée à la première conférence sur
l'Environnement à Stockholm, n'est pas encore encrée dans les
esprits des habitants de la ville de Tsévié.
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