2.2. Difficultés rencontrées par la
population dans l'accès à l'eau potable.
En analysant tout d'abord les sources d'approvisionnement en
eau auxquelles la population s'adonne (figure 8), l'on remarque que les eaux de
forages et celles de la TdE sont les plus utilisées. On peut dire que
les enquêtés qui ont mentionné l'usage des eaux de forages
pour la boisson(26) n'ont forcément pas (ou plus) leurs maisons
connectées au réseau de la TdE. Cela peut s'expliquer par le fait
que les frais de branchement pour les populations semblent être
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élevés, les obligeant à se
désabonner, ou à ne pas se connecter, ou bien ne pas pouvoir se
l'acheter à la borne fontaine, comme le justifie la Figure 10, figure
qui souligne que 27 enquêtés(37, 5%) trouvent le prix de l'eau
très cher, et 27 autres le trouvent cher. Dans l'ensemble, près
de 75% des enquêtés ne trouvent pas abordable le prix de l'eau.
C'est ce que Dos Santos(2005) n'a pas manqué de souligner en ces termes
: « la faible proportion des ménages raccordés au
réseau met en évidence que la difficulté d'accès ne
résulte pas du manque d'infrastructure dans certain quartier mais aussi
le faible niveau de vie des citadins ».
Encore, le fait que le réseau de la TdE ne couvre pas
leur zone d'habitations est aussi un facteur à prendre en compte. Les
enquêtés, en cas de manque extrême d'eau font souvent des
centaines de mètres pour trouver de quoi boire. Si 37,5% des
enquêtés soit 27 ménages sur les 72 abordés
s'approvisionnent sur une distance dépassant les 200mètres, c'est
qu'ils n'ont pas géographiquement accès à l'eau comme le
veut l'OMS pour une zone urbaine. L'Organisation précise en effet qu'un
citadin a accès à l'eau potable s'il est desservi par un
réseau ou une pompe à moins de 200 mètres de son
habitation. Ceci confirme que les habitants de la ville de Tsévié
ont un accès difficile aux ouvrages d'eau potable.
Cette difficulté d'accès aux ouvrages d'eau, due
à la distance ou au prix de l'eau, a conduit 94,4% des ménages
abordés dans la ville de Tsévié par notre enquête,
à stocker l'eau de pluie pour les usages domestiques et sanitaires,
comme l'indique le tableau 6.
En considérant les autres difficultés qui se
présentent aux ménages telles que la perturbation de la
fourniture d'eau(la coupure d'eau) qui se manifestent selon 43
enquêtés par un arrêt brusque de la sortie de l'eau et qui
dure plusieurs jours, par la baisse de pression régulière selon
11 enquêtés ou par l'alternance des deux selon 14
enquêtés ou encore par des pannes des ouvrages selon un autre
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enquêtés(Figure 11), on rejoint Ousseni(2010) qui
mentionne également la coupure d'eau comme contrainte principale
d'accès à l'eau potable (cas du secteur 23 de Ouagadougou). Le
chef de la ville de Tsévié a lui-même confirmé ce
problème de perturbation de la fourniture de l'eau en ces termes :
« Il y a aussi les longues coupures d'eau et cette année, la
coupure a duré deux à trois semaines ».
Les entretiens avec le président du CDVT montre par
ailleurs que les CDQ et commissions spécialisées en charge de
l'eau dans les quartiers ne fonctionnent pas tout à fait : «
Ces commissions spécialisées sont dysfonctionnelles dans
certains quartiers», dit-il. En d'autres termes, les problèmes
organisationnels au niveau local ne permettent pas de prendre en charge
véritablement les difficultés qui se posent dans le domaine de
l'eau, engendrant une persistance du phénomène chaque
année, surtout en période sèche.
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