Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.par Ghislain Marceau BANGA Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015 |
2. La régionalisation sécuritaire comme moyen de production d'une stabilité politico économique.La récurrence des crises politico-militaires reste un défi majeur pour le continent africain dans son ensemble et la région Afrique Centrale en particulier. Les efforts de développement économique sont handicapés par l'existence et ou les séquelles de multiples foyers de troubles sociopolitiques, crises post électorales, mutineries, rebellions et autres guerres civiles qui ont généré des pertes importantes en vies humaines, un nombre élevé de personnes réfugiées ou déplacées, des violations massives des droits humains et une destruction à grande échelle des systèmes et moyens de production. Tout ce qui précède est révélateur de l'instabilité politique et économique111(*) et pour y remédier, l'intégration régionale se pose comme un préalable dans la mesure où elle obligerait tous les Etats de l'Afrique Centrale à agir. La raison étant que l'insécurité de plus en plus transnationale peut sévir dans Etat et avoir des répercussions dans l'autre. L'exemple du Cameroun relativement à la crise centrafricaine en est assez révélateur. Dans ce cas donc, le Cameroun n'est pas porté à agir dans la gestion conflits en Afrique Centrale pour la pure défense de ses intérêts mais pour la construction d'un ordre politique stable profitant à toute la sous-région. Le développement peut être obtenu par l'union ou la coopération accélérée. Ce qui signifie que l'intégration régionale favorise la croissance économique et le développement des États membres du fait qu'elle offre un vaste marché et d'énormes possibilités d'amélioration de productivité. On ne saurait donc atteindre un tel état de croissance si les efforts pour la construction d'une ingénierie politico-sécuritaire ne sont pas conjugués entre les Etats d'Afrique centrale, toute chose que le Cameroun a intégrée dans sa politique étrangère en Afrique Centrale, agissant ainsi dans la résolution des conflits. En définitive, notre but ici était de montrer que la participation du Cameroun aux efforts sous régionaux de gestion des conflits obéit bien à une logique rationnelle, mais aussi qu'elle n'est pas seulement confinée à une logique d'intérêt national. Elle peut aussi s'inscrire dans une dynamique conjoncturelle de recherche de la paix au sein de la sous-région Afrique Centrale. C'est dire que cette participation qui ne rentre pas totalement dans le registre d'une statolité rationnelle est elle-même liée à la nature conflictogène de l'Afrique Centrale. C'est que, cette sous-région est un site de conflictualité permanente et rémanente. Pour répondre à cette conflictualité dont la géopolitique est assez révélatrice en termes d'acteurs et de stratégies, des réponses normatives et institutionnelles ont été imaginées et le Cameroun y joue un grand rôle à travers sa participation aux exercices opérationnels. Au-delà du fait que la sous-région à laquelle appartient le Cameroun soit conflictogène, nous avons pu montrer dans cette partie que, l'action du Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique Centrale relève au-delà de l'intérêt national, d'une action collective. L'action collective sécuritaire permet de s'inscrire dans les nouvelles dynamiques des relations internationales qui posent l'intégration régionale comme catégorie analytique et opérationnelle pertinente d'autant plus que c'est par là que peut passer la stabilité et la croissance économique. * 111Jean-Claude BERTHELEMY, Jean-Paul AZAM, Calipel Stéphane. Risque politique et croissance en Afrique. In: Revue économique, Volume 47, n°3, 1996. pp. 819-829. |
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