2. L'efficacité de l'enseignement supérieur
africain
Sans fausse pudeur, il est anecdotique d'affirmer que le
rendement interne de l'enseignement supérieur, dans de nombreux pays
africains, est faible. On observe en effet dans de nombreuses institutions
d'enseignement supérieur, aussi bien en Afrique francophone qu'en
Afrique anglophone, une fréquence importante des redoublements, des
abandons ou des réorientations des étudiants (UNESCO, 2008).
Il est logique de porter une réflexion sur les causes
réelles du « faible rendement interne » de certaines
institutions d'enseignement supérieur en Afrique. Celle réflexion
passe par trois éléments :
- La nature des conditions d'études offertes aux
étudiants et l'incidence qu'elles peuvent avoir sur leur performance
académique ;
- La nature des incitations pour favoriser une réussite
« rapide » des étudiants alors que les perspectives d'emploi
sont peu attrayantes ou lorsque l'octroi des aides financières de l'Etat
se fait sans considération de critères de performance
individuelle sur le plan académique ;
- L'adéquation de la préparation des sortants du
secondaire aux exigences de l'enseignement supérieur. Ce point pose la
question de la qualité de l'enseignement secondaire, jugée
préoccupante par divers spécialistes de l'enseignement
supérieur (UNESCO, idem).
Les investigations nécessitent de s'arrêter sur
quatre dimensions complémentaires, que sont :
- Le degré de fluidité des études dont la
fréquence des redoublements et abandons d'études ;
- Le niveau de qualification des enseignants et d'encadrement des
étudiants au regard des
standards internationaux ;
- Les conditions d'accueil des étudiants et donc
l'adéquation numérique de l'offre à la demande
d'enseignement supérieur ;
- La dépense publique par étudiant et la pertinence
de sa composition (UNESCO, idem).
Ceci dit, des taux d'échecs élevés, au
niveau d'une institution donnée, suggèrent qu'elle ne
répond pas aux besoins des étudiants ce qui traduit, en
dernière analyse, un problème de qualité et/ou de
pertinence de l'offre d'enseignement (UNESCO, idem). D'où,
l'enseignement supérieur et la
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recherche, en Afrique, ont intérêt à
s'arrimer aux principes de la rigueur méthodologique et
herméneutique.
3. Le changement de paradigme de formations
Il ne faut pas massifier la délivrance des
diplômes (bien que la réduction des redoublements figure dans la
critériologie d'évaluation des enseignants et des enseignements
adoptés par les gouvernements et les partenaires techniques et
financiers) (Jacques Fame NDONGO, idem).
Il importe de l'affiner et de l'élitiser (sans
déboucher sur la « sélection » ou le «
contingentement ». Tout enfant a droit à l'éducation, dont
l'enseignement supérieur s'il en a convenance...) (UNESCO, 2008).
L'Université africaine doit délivrer des diplômes valables
et valides pour empêcher leurs détenteurs d'être de
prétendus intellectuels « bedonnant de diplômes » (belle
image de Léopold Sédar Senghor), mais des bâtisseurs de
civilisation, des inventeurs d'idées et de véritables
éveilleurs de conscience (selon le voeu d'Aimé Césaire)
(Jacques Fame NDONGO, idem).
Les difficultés d'insertion des diplômés
sur le marché du travail résultent aussi, du fait que l'offre
quantitative de formés dans l'enseignement supérieur
excède souvent la capacité d'absorption du secteur moderne. Ces
difficultés tiennent à la faible pertinence de l'offre de
formation supérieure au regard des spécificités du
marché de l'emploi en Afrique (UNESCO, 2008). La question de la
pertinence de l'offre de formation rejoint celle de l'accessibilité aux
enseignements au public le plus large : « Si la formation en
présentiel reste aujourd'hui la norme, de plus en plus
d'établissements recourent néanmoins aux TIC pour
développer une offre accessible en ligne et à distance dans
l'optique d'une complémentarité avec les formations sur place
» (Aurélie PUYBONNIEUX, 2010). La réformes des
conditions d'encadrement et la qualité de la formation s'inscrit donc
dans le bouleversement du cadre ancien.
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