Section 3. Le cadre national
A l'occasion de sa prise de fonction en 2009, le
Président Ali BONGO ONDIMBA arrive avec un projet ambitieux pour le
monde de l'enseignement supérieur gabonais. Pour en saisir le contexte
d'exécution, la problématique et les enjeux, il est
nécessaire de faire un tour du propriétaire.
1. Le contexte d'exécution
Ali BONGO ONDIMBA prend le pouvoir dans un contexte particulier
:
? Son prédécesseur est son père Omar
BONGO ONDIMBA, deuxième président de l'histoire
du Gabon, qui vient de décéder après
quarante-deux ans de pouvoir, sans discontinuer ; ? Le régime est
à bout de souffle et empêtré dans une crise multiforme
(financière, sociale,
politique...) manifestée par des grèves à
répétition ;
? Les résultats donnant le nouveau président
élu sont violemment contestés et les manifestants aussi fermement
réprimés.
Le projet de société d'Ali BONGO ONDIMBA est
nommé : « Plan Stratégique Gabon Émergent »
(PSGE). Il se propose de faire du Gabon un pays émergent à
l'horizon 2025. Pour ce faire, ses choix stratégiques comptent adosser
le développement du pays sur trois piliers de croissance : « Gabon
industriel », « Gabon vert » et « Gabon des services
». En l'occurrence, c'est le pilier « Gabon des services » qui
est impliqué ; mais en quoi ceci concerne-t-il l'enseignement
supérieur ?
Le challenge est donc double pour les nouvelles
autorités gabonaises :
? Renouveler et réformer un
système à bout de souffle ;
? Faire adhérer la population à et
mener à bien un nouveau projet de société. Et la partie
n'est pas gagnée d'avance.
2. La problématique
Le Gabon est un pays dont l'économie repose sur une
production de rente : la vente de ses matières première
(pétrole, bois, manganèse, uranium...). Le PSGE se propose de
changer cet état de fait. Bien qu'en s'appuyant toujours sur le
potentiel en ressources humaines, naturelles et minéralières du
Gabon, il se promet de diversifier l'économie gabonaise - entres autres
- par les services. Comme dans tous les pays africains, les
établissements publics d'enseignement supérieur connaissent
une
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massification des étudiants, des structures rustiques,
des moyens financiers limités et des résistances se font jour. Il
s'agit en fait d'amorcer une révolution de la communication par
l'intégration des technologies ; ce qui crée de nouvelles formes
de résistance, notamment une résistance hiérarchique
liée aux modes d'exercice du pouvoir. Il est en effet à noter que
:
« Ces problèmes structurels et culturels sont
caractéristiques des sociétés fondées sur un
modèle pyramidal de gestion et de contrôle. Certains pouvoirs,
élus, nommés ou cooptés, se sentent menacés par la
société de l'information. Souvent ils s'en méfient car
elle semble les diluer dans un réseau difficilement contrôlable.
Les principales résistances à la société de
l'information et plus particulièrement à l'essor d'Internet sont
venues d'élites politiques, industrielles, scientifiques ou
technocratiques qui se sont senties menacées dans l'exercice de leurs
privilèges. On peut donc considérer que ces résistances
relèvent plus de la culture que de l'économique, plus des
structures que des fonctionnalités de nature industrielle ou commerciale
» (Carrefour du futur, 2000).
L'enseignement supérieur procède, dans le PSGE,
au « Gabon des services ». Il est envisagé comme service pour
que le Gabon se développe sur un mode durable. Une réflexion sur
la réforme et la modernisation de l'université gabonaise y est
développée. Les enjeux sont donc majeurs.
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