DEUXIEME PARTIE
UNE UNIVERSITE CONFRONTEE AUX MUTATIONS DU MONDE
ACTUEL
46
Dès leur naissance, au 12e siècle, les
universités qui sont créées par les corporations, refusent
l'intervention de l'État et de l'Église. « Dès le
début, les syncrétiques universités vont chercher à
se dégager de toute tutelle pour acquérir leur autonomie. Elles
se dégagent de la tutelle directe de l'évêque, comme de la
tutelle des princes » (Etienne BAUMGARTNER, 2006).
Pour l'Afrique noire francophone la méthode simple
consiste à dire de façon lapidaire que ce sont des organisations
ou des structures dont la vocation est sociale : « Il est
généralement admis que la mission assignée à
l'université est triple : l'enseignement, la recherche et les services
à la société » (Innocent BUTARE et Kathryn
TOURE, 2008). Pour être plus précis :
« Le premier rôle traditionnel de
l'université est de produire les connaissances. A travers ses
laboratoires et ses unités de recherche, l'université est
censée identifier, adapter, ou initier de nouvelles connaissances et de
nouvelles pratiques servant à améliorer la connaissance du monde
et de la vie en général. Un deuxième rôle de
l'université est de transmettre les connaissances, à travers ses
enseignements, ses services de diffusion et de communication. En plus de ces
rôles fondamentaux de l'université, en Afrique,
l'université doit jouer un troisième rôle et non le
moindre. Ce rôle est la traduction ou la transformation des connaissances
et des enseignements dans le processus de développement communautaire et
national » (Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives
pour le Développement (CAFRAD), 2011).
Malheureusement, l'institution universitaire est en crise. La
crise de l'université est même un thème longtemps
débattu et qui a fait l'objet de nombreuses conférences
internationales. L'université est ainsi invitée à se
remettre en cause, pour se réformer. Ce renouvellement passe par la
maitrise des faits et de l'environnement. Il est bon alors d'en
réexpliquer le contexte ; pour resituer le débat et comprendre la
pertinence des solutions proposées pour y remédier. Il s'agit
donc concrètement d'expliquer les enjeux, pour lesquels l'UOB doit
optimiser sa communication. Ce qui justifie de saisir les influences externes
(chapitre I), puis les bouleversements du cadre ancien (chapitre II) et enfin
les bienfaits de la conversion à la communication (chapitre III).
47
Chapitre I - Les influences externes
Bien que l'opinion commune présente souvent
l'université comme une tour d'ivoire où s'enferment ses membres,
il n'en reste pas moins qu'elle n'est pas indifférente aux multiples
soubresauts et courants qui traversent la société.
L'université africaine en ce sens ne fait pas exception.
Il est à souligner que l'UNESCO a rappelé en
proclamant la responsabilité sociale de l'enseignement supérieur,
en Afrique, d'apporter des réponses et des solutions à « des
défis mondiaux tels que la sécurité alimentaire, le
changement climatique, la gestion de l'eau, le dialogue interculturel, les
énergies renouvelables et la santé publique » (2009). Pour
ce faire, l'UNESCO préconise le recours aux TIC. L'enseignement
supérieur doit donc assumer des influences externes, qui ont pour nom :
mondialisation, mouvement de Bologne et cadre législatif national.
Section 1. La mondialisation
Sous l'effet du mouvement de la mondialisation, les
frontières nationales sont levées au profit de la libre
circulation des marchandises, des idées et même des cultures
(OCDE, 2009). Les TIC ont contribué à cette propagation. Toutes
les régions du monde et tous les domaines de la vie sont
impactés.
Il en résulte des effets sur les conceptions, les
enjeux et les modes d'organisation sociale ; faisant naître des
polémiques entre partisans et détracteurs de la mondialisation
(Calogero CONTI, 2002 ; Damtew TEFERRA, Heinz GREIJN, 2010). Il est important
de relever les paramètres entrant en ligne de compte dans
l'appréciation des efforts que l'enseignement supérieur africain
doit fournit pour sortir de l'isolement et de la précarité
(Ananivi Djamessi DOH, 2001). Il s'agit de la société de
l'information, la société des savoirs et/ou société
de connaissance et l'économie du savoir.
1. La Société de l'Information
Les concepts relèvent d'un contexte. Ils sont
chargés idéologiquement, philosophiquement et politiquement. Ils
sont par définition contradictoires et polémiques. Le concept de
Société de l'Information est, au plan scientifique et
théorique, à la convergence d'une lecture philosophique et
sociologique voire anthropologique et d'une lecture politique et historique.
La lecture philosophique, sociologique voire anthropologique
place la Société de l'Information dans un changement
d'épistémè selon l'expression de Michel Foucault
« qui correspond, au niveau de la société, à un
ensemble de représentations chez les individus (paradigmes) »
(site en ligne techno-
48
science). La Société de l'Information est
l'avènement d'une nouvelle ère. Ce qui est récurrent dans
l'histoire des sciences. Le processus observé est : découvertes
dans les sciences fondamentales, applications technologiques et partage de la
connaissance par de nouveaux moyens techniques (Wikipédia). D'où
des représentations sociales avec de nouvelles valeurs, des visions
idylliques, sur la Société de l'Information (Jean-Pierre PINET,
2003) ; moquées comme incantatoire par leurs opposants. Ils y
voient là un moyen d'imposer le concept de « Société
de l'Information ».
Pour sa part, la lecture politique et historique s'attarde
essentiellement sur les conditions d'apparition du concept de
Société de l'Information et le traitement qui lui a
été réservé par la communauté
internationale. Il appert ainsi qu'au plan chronologique : « le
concept de société de l'information venait ainsi enterrer ou le
ressusciter sous une autre forme le concept de nouvel ordre mondial de
l'information et de la communication (NOMIC) revendiqué par les
États du Sud et combattu jusqu'à épuisement total du
débat par les pays industrialisés et principalement les
États-Unis qui lui opposèrent le concept du "free flow of
information" » (Étienne de TAYO, 2007). Il reste
néanmoins que la Journée Mondiale de la Société de
l'Information se fête le 17 mai, chaque année conformément
à la résolution A/RES/60/252, de l'Assemblée
Générale de l'Organisation des Nations Unies (ONU) (Jean-Philippe
ACCART, 2004). A la limite, les États africains se doivent de
participer à la Société de l'Information (Jean-Jacques
Maomra BOGUI, 2008). Dans le débat sur la réforme des
universités, il est assigné à la Société de
l'Information pour objectif, d'être un indicateur et un outil pour
l'évaluation des institutions d'enseignement supérieur au plan
international.
Sous l'égide de l'Union Internationale des
Télécommunications (IUT) la Société de
l'Information accouche deux sommets internationaux (Jean-Philippe ACCART,
2004), en même temps, le concept de Société de
l'Information s'opérationnalise. En juin 2004, une structure - le «
Partenariat sur la mesure des TIC au service du développement
» - se créé avec pour mission d'assurer
l'évaluation et le suivi du développement de la
Société de l'Information dans le monde. Cette
Société de l'Information doit cependant envisager son pendant :
la société des savoirs et/ou société de la
connaissance.
|