Section 3. Discussion de la recherche
De cette partie de l'étude, il apparaît des points
de divergences et convergences entre la littérature (théorie) et
le terrain autorisant à parler de l'organisation de l'UOB en termes de
« gabonitudes2 ».
1. Points de divergences, convergences et «
gabonitudes »
Les divergences tiennent au fait que l'organisation de l'UOB
s'écarte de la vision bureaucratique énoncée par Max
WEBBER. Les pratiques à l'UOB sont en effet loin d'être
rationnelles, égalitaires et d'obéir à une approche de
management scientifique.
Les divergences entre pratiques organisationnelles de l'UOB et
la littérature se rapportent plutôt au dysfonction du
système bureaucratique au plan relationnel entre membres de la
communauté universitaire et du mode de prise de décision ; au
point de relever des « gabonitudes ».
Appliqués à l'enseignement supérieur ;
Guy Rossantaga-Rignault (2006) illustre ce que sont les « gabonitudes
», dans le contexte de la mise en place du « Campus Numérique
Intégré » :
« [...] passer d'une université dans laquelle
les procédures administratives autant que les méthodes
d'enseignement et de recherches sont pour l'essentiel « manuelles »
à une université fonctionnant autour ou sur la base du
numérique n'est pas chose aisée au regard des contraintes en
présence : résistances d'enseignants vivant un réel
blocage face à l'outil informatique ; corporatismes divers ; ignorance
par le plus grand nombre des avantages d'un tel outil ; difficultés
budgétaires, financières et techniques ; esprit de contestation
stérile propre à la corporation, culture du « tout cadeau
» (gratuité absolue...) ».
2Les « gabonitudes » (néologisme
de la contraction des mots Gabon et attitude) pour signifier les
représentations et habitudes gabonaises ; la façon gabonaise de
penser, faire les choses, d'agir représentant un localisme visant tous
les travers des Gabonais. Ce concept a été forgé par le
caricaturiste, dessinateur de bandes dessinées : Landry
Békalé, dit « Lybek ».
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Il souligne à cet effet que :
« La réalisation d'un tel projet suppose que
soit levées un certain nombre d'hypothèques. Or en
l'espèce les obstacles sont nombreux et variés :
? Obstacles techniques (faiblesse du système
informatique, insuffisance du parc informatique, insuffisance de personnels
qualifié...) ;
? Obstacles financiers (faiblesses des ressources
budgétaires de l'université et importance inversement
proportionnelle des attentes, besoins et urgences à satisfaire)
;
? Obstacles humains (résistance au changement,
faiblesse de l'imprégnation aux TIC...) ;
? Obstacles institutionnels (inexistence de cadre
juridique) » (ROSSATANGA-RIGNAULT, idem).
Cet exemple résume et est révélateur du
mode organisationnel de l'UOB et des « gabonitudes ». A titre
d'illustration, le projet de « Campus Numérique
Intégré » est un choix de l'Institution au plus haut niveau
hiérarchique, vu l'impact de ses travaux sur l'organisation
générale de l'UOB.
Pourtant, ce qui semble le signal fort d'une volonté de
modernisation par les TIC, est paradoxalement occulté à
l'évaluation d'une mission internationale d'audit. Là se
retrouvent implicitement toutes les théories sur l'anarchie
organisée, la théorie de la poubelle et particulièrement
le clanisme. Le projet disparaît en effet au contrôle de la mission
d'évaluation.
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