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L’administration de la coercition légitime en république. Les institutions de l’état face à  l’anarchisme dans les années 1880.


par Amélie Gaillat
Institut des études politiques de Paris - Master de recherche en Histoire 2019
  

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B) La préfecture de Police : Un État dans l'État

Grande rivale de la DSG qu'elle a contrôlée jusqu'en 1874, la préfecture de police de Paris jouit d'une place particulière dans le dispositif administratif républicain. De par son statut unique - même si les préfectures des départements de la Seine et du Rhône disposent de certaines de ses prérogatives - elle dispose de moyens humains et financiers supérieurs aux autres institutions du ministère de l'Intérieur favorisant ses activités de police politique.

Les révélations du journal La Lanterne obligent l'administration républicaine à réformer en partie l'institution policière. Après la démission du ministre de l'Intérieur et celle du préfet de police Albert Gigot, le député du Rhône Louis Andrieux est nommé à ce poste à très haute responsabilité le 5 mars 1879. Le nouveau chef de la police parisienne est alors en charge de redonner à son administration sa « splendeur d'antan » et de l'installer au centre du dispositif du maintien de l'ordre républicain. Il use des pouvoirs exceptionnels attribués à la fonction pour mettre en place un « État dans l'État ». Son mandat est marqué par une lutte acharnée contre le « parti de la révolution » qui résulte en la mise en place d'une surveillance accrue des milieux libertaires perdurant tout au long des années 1880.

Tout d'abord, un ouvrage écrit par Louis Puibaraud, se faisant passer pour un rédacteur du journal Le Temps en 1887, nous permet de mieux comprendre le fonctionnement

48 Jean Maitron a qualifié la période du début des années 1890 comme une « ère des attentats » que nous étudions en détail dans le Chapitre 6.

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interne de la préfecture de Police49. Cet essai a pour but de faire la promotion de l'institution, de la défendre des accusations de « police secrète » qu'elle subit tout au long des années 1880 et ainsi de la présenter comme une administration digne de la République50. On ne peut donc pas se fier aux opinions de l'auteur sur les questions de police politique ici, mais son livre nous permet cependant de dresser un organigramme de l'administration policière. Il commence par expliquer que la préfecture de police de Paris est organisée en deux secteurs : le service actif et le service sédentaire regroupant des bureaucrates dont font partie les commissaires de police51. Ces derniers sont en effet des magistrats, des « hommes de cabinet » ne disposant pas d'agents en tenue sous leurs ordres52. Si leur mission concerne les questions de sûreté, ils doivent demander au chef de la police municipale de leur fournir des agents des brigades. Pour toute autre opération, ils s'adressent à l'officier de paix de l'arrondissement pour qu'il leur fournisse le nombre de policiers dont ils ont besoin53. En outre, la police municipale regroupe l'ensemble des agents de la PP : les gardiens de la paix « en tenue » et les brigades « en bourgeois », soit les agents des brigades de recherches et de la Sûreté54. Ces policiers sont sous les ordres du Chef de la Police municipale et non du préfet de police qui a sous sa charge le service sédentaire des bureaucrates de la cité et des commissaires de police55. Puibaraud insiste sur le fait que le préfet de Paris est avant tout un magistrat dirigeant des administrateurs et qu'il n'est pas de son ressort de donner des missions de police politique aux agents « actifs ». Par ailleurs, le « journaliste » se penche sur l'organisation des brigades en bourgeois, soit les inspecteurs de police, qui ne portent pas d'uniforme mais des habits civils. Il explique que le service est dirigé par un commissaire de police prenant le titre de « chef de la Sûreté » depuis 1879 et répondant aux ordres directs du

49 Louis Puibaraud, La police à Paris, son organisation - son fonctionnement, par un rédacteur du Temps, Librairie du Temps, 1887.

50 Louis Puibaraud est un cadre important de la préfecture de police et s'attèle donc à en faire la propagande

51 Louis Puibaraud, La police à Paris..., op. cit., p.3.

52 Ibid., p.5.

53 Ibid., p.6.

54 Ibid., p.9.

55 Ibid., p.10.

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chef de la police municipale56. Cette brigade assure le service du centre, le service de renseignement, et le service de la voie publique, elle ne possède pas d'arme et ses agents sont l'élite de la préfecture de police selon Puibaraud57. Il remet aussi en cause tous les fantasmes qui peuvent exister autour de ce corps, assurant que les agents en Sûreté ne font plus recours aux indicateurs issues des bas milieux parisiens mais s'appuient tout de même sur des « éclaireurs » qui peuvent être récompensés financièrement pour leurs informations58. L'institution parisienne répudie les méthodes obscures des régimes précédents et exerce sa fonction en toute transparence et légalité. Par conséquent, Puibaraud réfute l'idée que les brigades de la Sûreté et les brigades de recherches puissent être assimilées à des polices secrètes59. Il considère les brigades de recherches comme des « reporters de journaux » qui se rendent dans les réunions publiques, rapportent au chef de la police municipale ce qu'ils ont pu y entendre et ne « font jamais de politique60. » Le « journaliste » explique que les deux premières brigades sont employées aux rapports concernant les réunions et les officiers de paix qui y sont attachés jouent un rôle primordial dans le recueillement d'informations sur l'ensemble des « partis » 61.Le fait que ces brigades soient rattachées au chef de la police municipale et non au préfet permet à Puibaraud d'affirmer qu'elles n'ont pas de rôle politique. D'autant plus que la quatrième brigade de recherches, en charge des rapports politiques et placée dans la main du préfet a été supprimée en 187962. Cependant, Louis Andrieux qui a procédé à cette abolition, peu de temps après son arrivée à la tête de l'institution parisienne, indique dans ses mémoires qu'il a supprimé cette brigade composée d'espions et d'agitateurs pour installer une nouvelle police secrète entièrement dévouée à son autorité63. On ne peut pas savoir si Puibaraud ignore le but de la manoeuvre ou si cela fait partie de sa propagande.

56 Ibid., p.20.

57 Ibid., p.20-22.

58 Ibid., p.23.

59 Ibid., p.41-42.

60 Ibid., p.45.

61 Ibid., p.47.

62 Ibid., p.43.

63 Louis Andrieux Souvenirs d'un préfet de police, op.cit., p. 36.

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Cependant, pour écarter définitivement les accusations qui pèsent sur la préfecture de police, il prend le temps d'évoquer l'existence d'une police secrète en parallèle de l'institution parisienne :

« La vérité est que la Préfecture de police a une haute mission qu'elle doit remplir et qu'elle remplit par les seuls moyens possibles (...) il importe de défendre les droits politiques de tous les citoyens, le domaine inviolable de la souveraineté nationale et la République (...). Ce n'est plus le patrimoine contesté d'un homme seul mais bien le sacré de tous que le Préfet de police a la charge (...) défendre contre les attaques coalisées des perturbateurs de tous les partis. Pour cela il doit être renseigné sur leurs efforts, sur leurs projets, sur leurs espérances. C'est de toute nécessité, de toute légitimité 64

Louis Puibaraud justifie donc l'existence d'une police politique républicaine, ne faisant pas partie intégrante de la Préfecture de Police mais apparaissant comme un outil sur lequel l'administration s'appuie pour réaliser sa mission de protection du régime. Il explique alors que les seuls « agents secrets » de la police sont en fait des hommes appartenant à un groupe et à un parti qui renseignent la préfecture sur leurs intentions dans le cas où celles-ci représenteraient une menace pour la République65. Il n'existe donc pas de police secrète à Paris mais seulement une administration prête à tout pour assurer la défense du gouvernement qu'elle s'est jurée de servir. Cependant, les historiens tendent à montrer que la préfecture de police dispose en réalité des moyens humains et financiers pour mener à bien cette mission et qu'elle met définitivement en place des pratiques pour surveiller les ennemis de la République et reste donc maîtresse de son destin. Sébastien Laurent insiste sur le fait que l'institution parisienne est dotée d'un budget largement supérieur à celui des Affaires étrangères et de la Sûreté Générale, lui permettant d'attacher aux brigades de recherches des centaines de fonctionnaires66. Par ailleurs, le chercheur indique que les policiers bénéficient de fonds spéciaux accordés par le ministère de l'Intérieur pour financer leur mission de renseignement via des indicateurs67. On est donc loin des individus venant rapporter de façon altruiste le contenu des réunions politiques comme le défend Puibaraud.

64 Louis Puibaraud, La police à Paris..., op. cit., p. 91-90.

65 Ibid., p.91.

66 Sébastien-Yves Laurent, Politiques de l'ombre...,op.cit., p.280.

67 Ibid., p.281.

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Par ailleurs, si l'analyse de l'institution préfectorale parisienne revêt une place importante au sein de notre de recherche, c'est parce qu'elle exerce la surveillance la plus importante du mouvement anarchiste dans les années 1880. Que ce soit Jean Maitron, Gaetano Manfredonia ou encore Constance Bantman qui compare dans sa thèse les méthodes policières françaises et britanniques68, les spécialistes de l'histoire de l'anarchisme insistent sur le lien particulier qui unit les militants libertaires et les agents en tenues de la préfecture de Police.

En premier lieu, nous avons cherché à déterminer la place que détient l'administration parisienne dans le dispositif policier de la Troisième République. Par conséquent, nous nous sommes intéressé à la relation qu'elle entretient avec le ministère de l'Intérieur, dont elle dépend hiérarchiquement. L'importance des renseignements politiques fournis par la préfecture de police au gouvernement grâce à ses agents installés dans toute la France et même à l'étranger est notable. Tandis que Sébastien Laurent considère que les rapports quotidiens transmis par le préfet de police au ministre ne contiennent que des informations ouvertes, se voulant un bulletin « journalistique » de la vie dans la capitale69, ces archives révèlent selon nous l'ampleur de la surveillance mis en place par l'institution et la place centrale qu'elle occupe au sein de la machine d'État. La sous-série BA « Cabinet du Préfet - Affaires générales » réunit plusieurs cartons consacrés à ces rapports rédigés par le préfet et destinés au ministre de l'Intérieur70. Nous étudions plus précisément les années 1880 et 1881 durant lesquelles Louis Andrieux est à la tête de la préfecture de police et nous constatons que le « parti révolutionnaire » est évoqué très régulièrement dans ces notes quotidiennes. Ses membres les plus éminents sont scrutés de près par la préfecture de police, à l'instar de Louise Michel nommée le 17 septembre, les 11, 14 et 16 novembre, ainsi que le 2 et le 13 décembre 188071. Les sections « renseignements de l'étranger » informent aussi sur les groupes installés hors de France, notamment les sections suisses de l'Internationale. Le rapport du 8 octobre

68 Constance Bantman, Anarchismes et en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914: échanges, représentations, transferts, Université Paris 13, 2007.

69 Sébastien-Yves Laurent, Politiques de l'ombre..., op. cit.,, p.281.

70 APP, BA 89 et cotes suivantes. Rapports quotidiens du préfet au ministre de l'intérieur.

71 APP, BA 89. Rapports quotidiens du préfet au ministre de l'intérieur (1880).

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1880 souligne que l'organisation est largement perturbée par l'amnistie des communards et le retour de ses membres français réfugiés jusqu'ici à la Chaux-de-Fonds, de l'autre côté de la frontière jurassienne72. Le préfet Andrieux s'attache aussi à transmettre les comptes rendus de réunions, auxquelles ses agents ont assisté, au ministre de l'Intérieur. Le rapport du 19 mars 1881, coïncidant avec les dix ans de la commune de Paris, contient plus de sept pages sur un banquet organisé par Émile Gautier et Louise Michel la veille73. Par ailleurs, le congrès de Londres est évoqué à plusieurs reprises dans les documents envoyés dans le courant du mois de juillet 188174. De plus, dans la section « Renseignement de l'Etranger » du rapport du 6 juillet, Andrieux indique qu'on lui a écrit de Londres le 4 juillet à propos de la mise en place du Congrès75. Il reprend en fait un rapport de l'agent « étoile » retrouvé sous la cote BA 30 des archives de la préfecture de Police76. Si le contenu de ce rapport semble peu intéressant, il témoigne de la place centrale de l'institution parisienne dans le dispositif policier de la République, puisqu'elle étend son pouvoir de surveillance bien au-delà de la capitale française et n'hésite pas à s'appuyer sur des indicateurs pour mener à bien sa mission. Enfin, le rapport du 27 octobre 1881 illustre la surveillance accrue dont fait preuve la préfecture de police vis-à-vis des anarchistes. Il contient à la fois des informations concernant le groupe anarchiste du Vème arrondissement, le compte-rendu d'une réunion de travailleurs et des détails sur la vie de Louise Michel77 . Certes, le préfet ne donne jamais son opinion sur les faits qu'il rapporte ni ne donne d'indication stratégique pour se prémunir contre la menace anarchiste. Malgré cela, ces rapports témoignent du degré de communication qui existe entre la préfecture de police et le ministère de l'Intérieur et démontrent alors l'étendu des moyens de l'administration parisienne dans la mise en place d'une véritable surveillance politique.

Cette dernière est en fait rendue possible par les prérogatives de la loi du 30 juin 1881 concernant la liberté de réunion. En effet, l'article 9 affirme :

72Ibid. Rapport du 8 octobre 1880.

73 APP, BA 90. Rapport du 19 mars 1881.

74 Ibid. Rapports du 6, du 12 et du 24 juillet 1881.

75 Ibid.. Rapport du 6 juillet 1881.

76 APP, BA 30. Congrès Socialiste International tenu à Londres (Mai 1881), Lettre du 4 juillet 1881.

77 APP, BA 90. Rapport du 27 octobre 1881.

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« Un fonctionnaire de l'ordre administratif ou judiciaire peut être délégué : à Paris, par le préfet de police, et dans les départements, par le préfet, le sous-préfet ou le maire, pour assister à la réunion. Il choisit sa place. Le droit de dissolution ne devra être exercé par le représentant de l'autorité que s'il en est requis par le bureau, ou s'il se produit des collisions et voies de fait.78 »

Ceci explique la présence de nombreux rapports retrouvés dans les cartons des APP rédigés par les policiers et transmis à leur hiérarchie79. Ces informations concernant le mouvement libertaire se retrouvent ainsi dans les rapports quotidiens que le préfet de police transmet au ministère de l'Intérieur. Cependant, dans les nombreux cartons concernant les anarchistes, on retrouve à la fois des documents de surveillance produits par des agents de la préfecture mais aussi des lettres envoyées par des indicateurs anonymes. Sous la côte BA 73 des APP on est face à des rapports officiels signés par le Contrôleur Général de la police sur une réunion anarchiste tenue à Saint-Denis80 et des notes envoyées par un dénommé Droz. Cet indicateur qui écrit toujours depuis la Chaux-de-Fonds en Suisse a notamment renseigné la préfecture de police sur le congrès de Londres en juillet 188181. Il indique par exemple le 23 octobre 1881 que « le Groupe l'alarme de Narbonne est composé de 72 membres et qu'il fait parti du groupement secret de l'association internationale des travailleurs82». Il semble que Droz se soit infiltré dans les groupes installés en Suisse, ce qui lui permet d'obtenir des informations sur l'ensemble du réseau libertaire européen. Par ailleurs, d'autres documents issus du carton BA 73 ne sont pas signés, comme c'est le cas d'une lettre envoyée depuis Paris le 30 mai 1882 donnant de nombreux détails sur les militants parisiens et une manifestation tenue au Père-Lachaise83. On peut alors supposer que c'est un « agent secret » de la préfecture qui rapporte sur l'activité du groupe anarchiste qu'il a introduit.

78 Texte de la loi du 30 juin 1881 sur Legifrance :

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000025148185

79 APP, BA 73 à BA 78. Anarchistes (1881-1893).

80 APP, BA 73. Rapport du 10 janvier 1883.

81 cf. Chapitre 1.

82 APP, BA 73. Extrait d'un Rapport Droz, le 23 octobre 1881.

83 Ibid., 1883. Lettre non signée envoyée le 30 mai 1882.

La mission de surveillance du « parti révolutionnaire » est donc à la fois confiée aux agents des brigades de recherches mais aussi à des indicateurs non officiels vivant au plus près des militants. Les archives remettent donc en question les réfutations de Louis Puibaraud concernant la police secrète. De plus, le préfet de Police Andrieux écrit lui-même dans ses mémoires : « L'agent secret, c'est le journaliste qui se fait remarquer par sa violence contre le gouvernement dans les feuilles d'opposition, c'est l'orateur qui, dans les réunions, demande aux prolétaires d'en finir avec l'exploitation capitaliste (...)84. » Il explique d'ailleurs qu'il ne faut pas « fantasmer » cette fonction et qu'il est financé par les fonds secrets dont dispose le préfet et non le budget de la police municipale servant à rémunérer les inspecteurs de police85. Le gouvernement républicain a en effet maintenu ce système de financement du ministère de l'Intérieur - soumettant seulement le vote de son budget au parlement - au même niveau que sous l'empire soit deux millions de francs, ce qui souligne l'ambiguïté de la République vis-à-vis de la « police secrète » 86. Ces « fonds reptiles » comme les appelle Louis Andrieux semblent avoir permis au préfet de police de dépasser le cadre institutionnel fixé par l'administration en matière de surveillance politique. Il révèle dans ses mémoires qu'il a créé et financé le journal libertaire La Révolution Sociale pour pouvoir observer et manipuler à terme les militants : « Donner un journal aux anarchistes, c'était d'ailleurs placer un téléphone entre la salle des conspirations et le cabinet du préfet de police87». Par ailleurs, Andrieux ne se contente pas de surveiller les militants de Paris puisque les APP révèlent qu'il existe des dossiers concernant la surveillance des anarchistes de Lyon88. Le préfet de police étant aussi député du Rhône, il n'est pas étonnant qu'il arrive à installer des agents dans cette région.

En somme, l'institution parisienne joue un rôle majeur dans la surveillance du mouvement anarchiste au début de la troisième République. Elle est aussi l'instigatrice des

84 Louis Andrieux, Souvenirs d'un préfet de police, op.cit. p. 33.

85 Ibid., p.32-33.

86 Sébastien-Yves Laurent, Politiques de l'ombre...,op.cit., p.252.

87 Louis Andrieux, Souvenirs d'un préfet de police, op.cit., p. 339.

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88 APP, BA 394. Menées des socialistes et des anarchistes à Lyon (1881-1885).

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nombreuses pratiques de police politique républicaine s'inscrivant dans un système plus large du maintien de l'ordre à la fin du XIXe siècle.

Les années 1880 permettent au gouvernement des opportunistes d'engager les réformes sociétales qu'il défend depuis la fin du Second Empire en maitrisant une opposition de droite à la Chambre des députés. Si l'opposition de gauche se fait parfois entendre à l'assemblée, les partisans de la révolution sont soumis au contrôle d'une police politique s'inscrivant dans la continuité du régime impérial. La technostructure policière met en place un véritable réseau de surveillance des groupes libertaires passant par Paris, Lyon et allant jusqu'à Londres. Ainsi, les agents et indicateurs de la Sûreté et de la Préfecture de Police notent consciencieusement les moindres déplacements et déclarations des militants, prêts à réagir s'ils décident de passer à l'action.

A Lyon, épicentre du mouvement révolutionnaire, c'est un équilibre politique jusqu'ici idéal pour les républicains bascule lors d'une nuit d'automne 1882. Une explosion retentit au café du Théâtre Bellecour le 22 octobre 1882 au soir et entraine la réaction de la machine d'État en charge de la protection de la République. On passe donc d'un système de surveillance policière à une large opération de répression politique qui vise à préserver et légitimer le nouveau régime face à ceux qui le remettent en cause.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams