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Crise politico-religieuse en Afrique centrale. Cas de la RCA.


par Matthieu Alidor Kabeya
Université de Lubumbashi - Graduate en Relations Internationales. 2017
  

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§2. DEPLOYEMENT DE L'OPERATION SANGARIS ET LA MINUSCA AINSI QUE LA MISCA

Engager dans une crise sécuritaire aiguë sans possibilité de pouvoir la juguler, la République Centrafricaine s'en est remise aux interventions militaires extérieures pour se sortir de sa crise.

2.1. L'opération Sangaris

L'implication militaire de l'ancienne puissance coloniale en Centrafrique est un autre constat. Le 15 août 1960 soit quelques jours après la proclamation de l'indépendance, la France et la RCA signèrent un accord de défense complété en 1966 par un accord de coopération militaire et technique centré sur la montée en puissance des Forces armées centrafricaines et le renforcement de la sécurité présidentielle. Dans le cadre de ces accords, en cas d'agression interne ou extérieur la RCA demande l'aide militaire de la France, depuis sa signature plusieurs opérations ont été réalisées parmi lesquelles108(*) :

· L'opération « Barracuda » en septembre 1979 qui mit fin aux dérives impériales de Bokassa et entraîna l'arrivée au pouvoir du Président Dacko

· Les opérations « Furet » et « Almandin 1, 2 et 3 » aux côtés des Forces armées régulières centrafricaines du Président Patassé menacé par plusieurs mutineries entre 1996 et 1998

· L'opération « Boali » déclenchée en mars 2003 pour la sécurisation du nouveau régime de Bozizé

· Et bien entendu l'opération « Sangaris » lancée le 5 décembre 2013 en plein chaos.

La situation sécuritaire de la RCA s'était fortement dégradée avec en plus une épuration interconfessionnelle entre musulmans et chrétiens, face à cette situation de chaos dans un contexte de quasi inexistence de l'Etat qui est devenue structurelle en RCA, le Président Hollande après un long moment d'hésitation fait intervenir l'armée française, le 5 décembre 2013, un an après ce qu'on a pu appeler « l'appel de Bozizé». Le cadre de l'opération Sangaris est incontestable. La France a agi sur la base d'un mandat donné par les Nations unies en vertu de la résolution 2127 du Conseil de sécurité du 5 décembre 2013, répondant à l'appel lancé par l'Union africaine, le 13 novembre 2013 et à une demande d'assistance des autorités de transition centrafricaines. Cette action, déployant un effectif de 1200 hommes porté à 2000 au plus fort de la crise s'appuyait ainsi sur la légalité mais aussi sur les légitimités, conférées par les Nations unies.109(*)

En tout état de cause l'intervention des forces armées françaises en République centrafricaine, en appui de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine, la MISCA, venait répondre à une situation de danger extrême pour les populations civiles, alors que les violences interethniques et interreligieuses menaçaient de plonger d'avantage le pays dans le chaos. En qualité de force d'intervention au profit de la MISCA puis de la MINUSCA, les soldats français ont fourni un appui opérationnel d'une grande efficacité aux 12 500 Casques bleus déployés.

En effet, la force Sangaris a contribué à stabiliser un pays qui était plongé dans une crise aux conséquences dramatiques pour la population. Elle a favorisé l'arrivée et le déploiement de la Communauté internationale et le lancement d'une approche globale de la résolution de cette crise. Mais la reprise des hostilités à Bangui dès le 7 octobre 2014 entre Anti-balakas et hommes armés du PK5 quartier à majorité musulmane du 3e arrondissement de Bangui, démontre bien la complexité de la situation et surtout les limites des stratégies d'intervention des forces internationales parfois accusées d'inertie par la communauté centrafricaine et internationale.110(*)

À travers Sangaris, la France a démontré, aujourd'hui en RCA comme hier au Mali, en Côte d'Ivoire ou en Libye, même si ces opérations sont très différentes, qu'elle était en mesure d'intervenir rapidement sur un théâtre de guerre en Afrique, à travers une capacité de projection et des forces pré-positionnées. A l'heure du retrait de la force « Sangaris », une question continue tout de même d'agiter les acteurs politiques et la population centrafricaine : qu'adviendra-t-il après le départ de « Sangaris ?» Cette interrogation traduit à la fois l'importance de la force Sangaris dans la grave crise affrontée par la RCA et remet également à l'ordre du jour l'incapacité et surtout les atermoiements qui paralysent l'efficacité des forces régionales africaines.

* 108ARNAUD SEMNINAKPON HOUENOU, Aspects de la crise en République centrafricaine, PSEI, 2016, http://revel.unice.fr/psei/index.html?id=1255, visité le 28/07/2017 à 18h30, P.25

* 109ARNAUD SEMNINAKPON HOUENOU, Op.cit., P.20

* 110SOPHIE DELPONT, CENTRAFRIQUE : Une mission française Les acteurs de la crise, https://www.franceinter.fr/monde/les-acteurs-de-la-crise, 2013, P.6

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams