1.6. Devenir du prématuré
Il est actuellement admis que la prématurité en
elle-même ne constitue pas un élément péjoratif pour
le devenir de l'enfant, mais qu'elle l'expose à deux
situations : 
-  dans les premiers jours et premières semaines de
vie, elle expose à une série de pathologies responsables de la
mortalité importante des prématurés ; 
- à long terme, le prématuré est
exposé au risque de pathologies séquellaires conséquences
plus ou moins directes des pathologies de la période
néonatale. 
Cette considération générale explique que
le pronostic vital et fonctionnel de la prématurité dépend
très directement du niveau médico-technique des soins
obstétrico-pédiatriques dont l'enfant peut
bénéficier. 
1.6.1 La survie des prématurés
La survie des prématurés reste très
dépendante de l'âge gestationnel. Les limites de viabilité
n'ont  guère  bougé  ces  dernières  années ;  la 
survie  reste  exceptionnelle  en  dessous  de  24 semaines  alors  qu'elle 
dépasse  90%  pour  les  prématurés  de  plus  de  29 
semaines  admis vivants en service de néonatologie
[25].  
La mortalité des enfants de 33 à 36 semaines est
un peu supérieure à celle des nouveau-nés à terme
mais cette mortalité est moins liée à la
prématurité elle-même qu'aux facteurs associés
[26, 27].  
1.6.2 La santé des anciens
prématurés
Après leur hospitalisation, et principalement pendant
leur première année de vie, les prématurés doivent
être surveillés d'une façon spécifique en raison de
risques pathologiques multiples : respiratoires, nutritionnels, digestifs, etc.
Ce sont en fait les risques neuro-développementaux qui sont les plus
à craindre et qui doivent faire l'objet d'un dépistage et d'une
prise en charge précoce. 
Les connaissances sur les séquelles de la
prématurité s'affinent grâce aux études de suivi
à long terme, telle en France la grande enquête EPIPAGE
[9-11, 29].  
La majorité des études à long terme
concernent les grands prématurés (nés avant 33 SA).  Les 
données  sur  la  prématurité modérée  (33
à 36 SA)  sont beaucoup plus limitées. 
Les grands prématurés ont significativement plus
de problèmes de santé dans les premières années de
vie que les enfants nés à terme [6,7]. Le taux
de rehospitalisation dans la première année  est
élevé : près de 40% (versus 10 % chez les enfants
nés à terme), la première  cause  étant  une 
affection  respiratoire [8]. On dispose de peu de
données  sur l'incidence  des  pathologies  pédiatriques 
courantes  (infections  ORL, pathologies fonctionnelles digestives,
problèmes  dermatologiques  etc.) chez  le  prématuré.  Il
 s'avère  en tout cas que la demande de soins est plus importante et que
le ressenti parental de « problèmes de santé 
récurrents »  est plus fréquent que dans  la population des
enfants nés à terme [28]. Ces besoins de soins
sont moins liés au degré de prématurité qu'à
d'autres facteurs de vulnérabilité : précarité
familiale ou sociale, faible niveau d'étude maternel, stress maternel
[28-30]. 
1.6.2.1 Les séquelles neurosensorielles
Ø Les séquelles
neuro-développementales 
Elles sont de différents types, isolées ou
associées :  
-  les paralysies cérébrales : elles touchent 5
à 10% des grands prématurés.  
-  Les  troubles  neuromoteurs  mineurs  apparaissent 
très fréquents : 40  %  des  grands prématurés
versus 20 % des enfants à terme [31]. Ils ont peu
d'expression clinique en dehors d'un examen  approfondi qui peut mettre en
évidence des troubles  de  coordination, une instabilité 
posturale, des troubles de la motricité fine. Ils gênent peu la
vie quotidienne mais sont associés à un plus grand risque de
troubles cognitifs.  
-  les troubles cognitifs et les troubles des apprentissages.
La grande prématurité abaisse le quotient intellectuel moyen
d'une déviation standard. Le risque de déficit mental global est
de 10%.  
Les  troubles des apprentissages  spécifiques (sans
déficience mentale) sont également fréquents et touchent
tous les âges gestationnels. Ils sont de types divers : dyspraxies,
troubles de  l'attention, troubles du langage, troubles des fonctions
exécutives.   
-  les troubles du comportement: intolérance à
la  frustration, opposition,  inhibition, difficultés à
gérer ses émotions, etc. [29,32]. Ces troubles
ne sont ni corrélés à l'âge gestationnel ni à
l'environnement socio-familial [29]. 
Ø Séquelles sensorielles 
-  la surdité est réputée plus
fréquente chez le prématuré mais elle est heureusement
rare : 0,5 % dans l'enquête EPIPAGE [9, 10].   
-  Les déficits visuels sévères  sont 
rares (1% des grands prématurés  en France)
[9,10]. La rétinopathie du  prématuré 
est  devenue  rare, elle  ne touche plus que  les  extrêmes
prématurés. En revanche, les troubles de réfraction et les
strabismes restent très fréquents : 25% des grands
prématurés.  
Ø Les facteurs de risque et leur
évolution 
Les principaux facteurs de risque pour les séquelles du
développement neurologique sont [9-11,31]:  
-  l'âge gestationnel bas, en particulier à moins
de 29 semaines ;  
-  les  lésions  cérébrales  visibles  en
 imagerie  néonatale :  anomalies  cavitaires  et  non cavitaires de la
substance blanche;  
-  les facteurs environnementaux : précarité
sociale, bas niveau d'étude de la mère.  
D'autres facteurs, liés entre eux, ont aussi un impact
mais modéré :  
-  la sévérité de la pathologie
respiratoire et l'utilisation post-natale de corticoïdes ;    
-  la qualité de la croissance post-natale ;   
-  l'allaitement maternel : effet protecteur ;  
-  les infections post-natales. 
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