CONCLUSION
Ce chapitre a présenté les effets de la
variabilité pluviométriques sur les stades de croissance et les
rendements d'arachide et de maïs. Ce sont surtout les inondations, les
sécheresses, les séquences sèches, les hausses de
températures qui perturbent les stades critiques de la croissance. Les
impacts indirects sont liés à l'apparition de ravageurs et de
maladies. Tout ceci conduit à une baisse des rendements, comme l'indique
l'analyse de corrélation.
La corrélation de Pearson entre les températures
maximales et minimales avec les rendements d'arachide a montré une
relation positive modérée et une relation très
significative pour la culture du maïs. Les résultats ce travail
sont conformes à ceux obtenus par plusieurs auteurs, Ogouwalé
(2006) pour qui, les excès et les insuffisances des hauteurs des pluies
sont très préjudiciables aux cultures. Pour Afouda et al, (2014),
la rareté des pluies prolongées, les poches de
sècheresses, les excès d'eau font baisser le rendement des
cultures. Dans la même logique, pour Allé (2013), la perturbation
qu'enregistre les systèmes culturaux s'explique par
l'irrégularité pluviométrique, la mauvaise
répartition spatio-temporelle des précipitations, la
variabilité intra et inter-saisonnières des pluies, l'occurrence
des phénomènes extrêmes (inondations, sécheresses et
vagues de chaleur) et les séquences sèches limite les productions
agricoles.
Toutefois, la quantité de pluie tombée ne
détermine pas à elle seule la production agricole. D'autres
facteurs expliquent les variations de rendements. C'est ce que montrent les
résultats du test de régression dont le prédicateur
représente 13% des variations de la production du maïs et 2% pour
la culture d'arachide. Ces résultats confirment les travaux de Sossa
(2001), Noufé (2010) et Septime (2008). La variabilité
pluviométrique demeure le facteur déterminant pour cette
agriculture essentiellement pluviale. La chute des rendements affecte les
moyens de subsistance des agriculteurs et leurs exigent des adaptations
conséquentes présentées dans le chapitre suivant.
CHAPITRE 5 : LES STRATEGIES PAYSANNES D'ADAPTATION
DEVELOPPEES DANS LE MAYO DALLAH.
Le Département de Mayo-Dallah connait la
variabilité des pluies marquée par des retards des pluies, des
inondations et des séquences sèches qui affectent à leurs
tours les activités agricoles. Ces mutations bouleversent les
calendriers agricoles et imposent des modes de vie différentes. Face
à la persistance de la crise climatique, les paysans ne sont pas
restés muets. Ils tentent en fonction des moyens dont ils disposent ou,
au minimum, de « résister » grâce à leur savoir
et leur savoir-faire afin de continuer à tirer profit de leur milieu. Et
en mettant pour cela en jeu plusieurs mécanismes ou des solutions de
court terme, souvent peu durable. Nous voulons à travers ce chapitre,
présenter les stratégies mobilités par les agriculteurs
pour faire à la variabilité pluviométrique, analyser les
stratégies mises sur pied sur le plan national et local par les
différents acteurs. Il sera question également de
présenter les limites de ces adaptations.
I. LES STRATEGIES D'ADAPTATIONS PAYSANNES AUX CULTURES
VIVRIERES
1. Stratégies d'adaptations au retard de pluie et
aux séquences sèches
La variabilité pluviométrique à travers
le retard de pluie et les séquences sèches gênent le
développement et la croissance des différentes cultures
vivrières.
Abandon des champs
3%
Drainage/Arrosage
1%
Pourriture des graines/ré-semis
96%
.
95
Figure 34: stratégies d'adaptations au retard de
pluie.
Source : Enquête de terrain, 2022
96
L'analyse de cette figure montre que face au retard des
pluies, 96% des paysans procèdent à des ré-semis, 3%
abandonnent leurs champs à défaut de moyen et 1% au drainage ou
l'arrosage qui consiste à l'ajout des quelques gouttes d'eau aux graines
semées.
Quant aux séquences pendant les phases de germination
et de la croissance, il faut noter 97,2% des paysans enquêtes ne
disposent que des matériels rudimentaires et en plus des contraintes
hydrologiques qu'imposent la zone, ces derniers ne disposent pas des moyens
techniques pour irriguer les champs. Les cultures comme le sorgho et le mil
sont souvent repiqués à cause de leurs tolérances à
la sécheresse par contre, le maïs et l'arachide périssent et
sont donc ré-semées ou abandonnées.
2. Stratégies d'adaptations aux
inondations
Les phénomènes d'inondations perturbent
fortement la croissance des cultures et obligeant ainsi les agriculteurs aux
adaptations conséquentes. La figure ci-dessous nous montre les
différents comportements des agriculteurs pour surmonter les cas des
inondations dans le Département de Mayo-Dallah.
16%
2%
5%
50%
27%
Abandon des champs Drainage Buttage Repiquage Drainage et
buttage
Figure 35: Les techniques d'adaptations à
l'inondation des champs
Source : Enquête de terrain, 2022
L'analyse de cette nous montre que face aux inondations, 50%
des agriculteurs pratiquent le drainage, 26,8% abandonnent leurs champs au
profit de la culture du riz en fonction des zones ou soient abandonnent juste,
16,1% font le drainage et le buttage, 5,4% font simplement le buttage et en fin
1,8% pratiquent le repiquage.
97
3. Stratégies de lutte contre les maladies
cryptogamiques et ennemies de cultures
La variabilité des pluies et des températures
enregistrée dans le Département de Mayo Dallah favorise
également la prolifération des nombreuses maladies fongiques et
l'envahissement des ennemies des cultures, qui occasionnent des pertes de
rendements considérables ainsi qu'une diminution de la qualité
des récoltes. Ainsi, pour limiter les pertes des rendements, les paysans
font recours à plusieurs stratégies basés sur les
connaissances et parfois ils font recours également aux méthodes
modernes.
? Les Stratégies de lutte contre les maladies fongiques
sont avant tout élaborées à partir des connaissances et
expériences de quelques agricultures du Département à
savoir : L'utilisation du natron : selon eux pour efficacement contre les
maladies fongiques, il faut répandre 5kg de natron sur une »corde
de champs», c'est-à-dire 1/2 hectare de parcelle de champs.
? La deuxième stratégie repose sur la
fabrication de l'insecticide artisanale, qui se fait à base des feuilles
du Neem (Azadirachta indica) ; du piment et du tabac. Dont la
préparation se fait comme suite : mettre les feuilles dans un
récipient et ajouter de l'eau et faire bouillir pendant 30 à 45
minutes. Apres cuisson, il faut une conservation de 3 jours ensuite viendra
filtrage avant d'asperger ou répandre sur les cultures. Dans certains
localités, les feuilles de Neem sont justes bouillis et après
cuisson, filtré et asperger sur les cultures.
Selon schmutterer (1990) et Kavallieratos et al. (2007), le
Neem est toxique pour plus de 500 espèces d'insectes mais aussi contre
les maladies des cultures (oïdium, pourriture de la racine, virus
etc....), les nématodes et les bactéries (Gevaert et al, 2012).
Ainsi, le Neem constitue un insecticide naturel très puissant qui permet
de protéger les cultures et les greniers.
? La lutte contre les ravageurs et l'envahissement des mauvais
constitue aussi une préoccupation majeure des agriculteurs du
Département de Mayo Dallah qui ont élaboré
également quelques stratégies.
La lutte contre le striga et les mauvaises herbes est avant
tout manuelle (sarclage). Ensuite, les paysans font usage du natron et des
cendres qu'ils répandent dans les champs pour empêcher
l'envahissement de leurs champs par les adventices et autres ravageurs.
Notons que ces techniques de lutte traditionnelle des maladies
cryptogamiques élaborées par les agriculteurs ne sont pas
vulgarisées sur toute la zone. Elles sont les propres des certains
villages. A côté de ces techniques, les agriculteurs font usages
également aux pesticides tels que
98
les DDT, connu sous le nom vulgaire de « Landrine »,
le Sulfate de Zinc et le « Rundung » qui est un herbicide non
homologué, etc...
Selon le rapport mensuel du Service de la Statistique Agricole
du Département publié en Décembre 2020, la situation
phytosanitaire des cultures en générale et celles des produits en
particuliers évolue en dent de scie dans la localité. Les
pesticides non nuisibles et homologué par le Gouvernement Tchadien sont
très indispensables dans la localité et les producteurs font
usage des produits en provenance des pays voisins avec tous les risques
sanitaires. Les insecticides sont utilisés du gré par les paysans
sans toutefois penser aux risques potentiels au travers la chaine de valeur.
C'est ce qui est déplorable dans le milieu mais aucune action n'est
envisagée pour pouvoir aider ces derniers à minimiser les risques
liés à cette utilisation. Les insectes ne cessent de
détruire les produits issus des récoltes et les producteurs sont
obligés d'appliquer n'importe quels insecticides afin d'éliminer
les ennemis puis conserver leurs produits.
4. Les autres stratégies d'adaptations
paysannes
4.1- Organisation des prières et des
sacrifices
Face au retard et à l'arrêt brusque des pluies,
les réactions des paysans varient en fonction de leurs croyances. Selon
les résultats de l'enquête, en cas d'arrêt brusque des
pluies 27% ont affirmé qu'à chaque fois que cette situation
arrive, ils se tournent vers Dieu tout puissant à travers des
prières non seulement individuelles, mais aussi, collectives dans les
mosquées et églises. 34% font des sacrifices qui consistent
à collecter les mil par ménage pour ensuite préparer pour
offrir aux divinités du village. Cette offrande est accompagnée
par des cris et des battements des mains et des objets par les enfants du
village. Ensuite 22% procèdent au réémis et au repiquage
et 13% font appel aux faiseurs des pluies chargé de faire des rites pour
attirer la pluie en fin 4% procèdent à l'arrosage surtout pour la
culture du sorgho. La figure 37 ci-dessous présente les réactions
des agriculteurs.
Contribution des faisseurs de pluie
13%
Arrosage
4%
Ré-semis et repiquage
22%
Priére dans les églises et
mosquées
27%
Offrandes/sacrifices aux divinités de
la pluie 34%
99
Figure 36: comportement des agricultures face au retard
des pluies
Source : Enquête de terrain, 2022
4.1 - Intensification de l'utilisation des
intrants
Selon les résultats des enquêtes, 85,9% des
agriculteurs utilisent les intrants. Selon eux, les chances de tirer une
production acceptable ou de tirer profil des champs de maïs, sorgho,
arachide et mil sans l'usage des engrais agricoles sont minimes voire
difficiles. Ainsi, la part des engrais chimiques est 52%, celle des engrais
chimiques et organiques est de 43% et celle des engrais organiques est
seulement de 5%.
La variabilité des précipitations constitue un
supplément aux problèmes de la fertilité des sols qui se
pose dans cette localité. Pour les agriculteurs, pour que le maïs,
le sorgho, l'arachide et le mil puissent achever leur cycle
végétatif avant l'arrêt brusque des pluies, il faut leur
ajouter des intrants. Ces derniers sont soit achetées dans les marches
locaux avec tous les risques possibles et parfois vendu
régulièrement aux producteurs par le secteur ANADER pour leur
permettre d'augmenter les rendements. La figure ci-dessous présente les
pourcentages d'utilisation des engrais par les agriculteurs dans le Mayo
Dallah.
Engrais chimique et organique
43%
Engrais Organique
5%
Engrais Chimique
52%
Figure 37: Usage des intrants
Source : Enquête de terrain, 2022
100
4.2 - Cultures des variétés à
cycle court
Pour contrecarrer les péjorations
pluviométriques (raccourcissement de la saison des pluies) de ces
dernières années, les agriculteurs du Département de Mayo
Dallah expriment de plus en plus un intérêt pour les
variétés précoces comme une bonne réponse. Ces
semences sont soient produites et sélectionnées par les
agriculteurs, eux-mêmes, soient achetées dans les centres de
productions semencières tels que : ILOD et CECADEC. Mais les risques
sont énormes à cause du manque de tests de germination et de
leurs exigences en termes de fertilité du sol et en eau. Selon le
rapport mensuel de la DSA (2020), cette situation augure les paysans à
ressemer les cultures. Parmi ces variétés, le maïs, le
sorgho et l'arachide sont les plus sollicités. Par contre le mil est
utilisé en grande partie en variété à cycle longue
à cause de ta tolérance à la sècheresse.
4.3 - Pratique du maraichage
Bien qu'elle soit moins développée dans la
localité du fait du manque des moyens financiers et techniques
adéquates. Les activités maraichères sont
développées dans certains villages (Erdé, Doutlap,
Rawaika, Zabi...) avec les appuis des partenaires au développement que
sont : FAO et les ONG intervenant dans la Province. Ce sont des appuis en
matériels agricoles pour les cultures de contre saison et le
renforcement des capacités des bénéficiaires. Plusieurs
espaces maraichères ont été aménagés pour la
mise en place des cultures dont les principales sont : les légumes, les
tomates, l'ognon, les carottes.... (Planche 11)
1
2
3
101
Planche 11: Pratique du maraichage
Cette planche montre le maraîchage dans le Mayo
Dallah plus précisément dans le de Doutlap pour compléter
la production agricole pluviale déficitaire. L'image 1
présente une branche du cours d'eau Mayo Dallah qu'on s'en sert
pour arroger les cultures, l'image 2 présente un jardin
de gombo vert et en fin l'image 3, montre un agriculteur
entrain de déterrer les oignons
Crédit photographique : Eloge, 2022
102
4.4 - Changement progressive du calendrier
agricole
Elle est la première réponse spontanée
pour faire correspondre le cycle des cultures avec la configuration actuelle
des saisons. En général, la date de semis est
déterminée par le début des pluies. Nombreux (74,4%) sont
les agriculteurs qui affirment que la tendance est au retard dans le
démarrage des pluies. Ainsi, les perturbations entrainent le retard des
travaux champêtres notamment le labour, le semis et le sarclage. La date
de semis a connu un décalage comparativement à la situation
ancienne. En effet, 65,2% des agriculteurs enquêtés affirment
faire le semis entre mi-juin et début juillet et 82,5% affirment le
faire jadis entre mai et début juin. Les poches des sècheresses
répétées, les arrêts précoces des pluies et
la fréquente mauvaise répartition des pluies ont rendu difficile
le respect du calendrier.
Tableau 21: Calendrier agricole dans le Mayo
Dallah
Déc.
Nov.
Oct.
Août
Juil.
Juin
Mai
Avril
Mars
Fév.
Sept.
Activités
Défrichement
Jan.
Labour
Semis
|
|
|
|
Sarclage
|
|
|
|
Recolte
|
|
Ancien Calendrier
Nouveau Calendrier
|
Defrichement
Labour
Semis
Sarclage
Recolte
Source : Enquête de terrain,
2022
4.5 - Stratégie d'association des
cultures
En réponse à la dégradation de la
fertilité des sols et surtout de l'attaque du striga, mais aussi pour
parer aux péjorations pluviométriques, les agriculteurs du Mayo
Dallah associent d'avantages les cultures dans le but de réduire leur
dépendance économique et alimentaire. Ces association sont faites
dans le but de réduire les risques mais aussi d'améliorer la
fertilité des sols par la fixation de l'ajout atmosphériques, car
le niébé et l'arachide associés sont des
légumineuses.
Dans le Mayo Dallah, 70,4% des agriculteurs contre 29,7%
associent les cultures. Les associations les plus fréquentes sont :
sorgho-arachide, arachide-pénicillaire, maïs-haricot ou
103
l'arachide est semé en premier lieu etc....Par
ailleurs, 93% contre 7% des agriculteurs diversifient les cultures dans le but
de réduire leur dépendance économique et alimentaire.
4.6 - Diversification des activités
génératrices des revenues
La mise en oeuvre d'activités complémentaires
génératrices de revenus agricoles ou extra agricoles, est un
mécanisme mis en place par les petits agriculteurs pour subvenir aux
besoins de leurs familles. Dans notre zone d'étude 63,2% des
agriculteurs ont déclarés exercer une activité secondaire
à cause de l'instabilité notoire des revenus, qui leur permet de
gérer les petites charges familiales. Diverses activités sont
menées comme le développement du petit élevage ou de
cultures de maraichères, le tressage des secco, le tissage des nattes en
saison sèche, la transformation des produits, et la fabrication des
briques. Il faut préciser également que le revenu de ces
activités secondaires reste toujours faible et ne permet toujours pas de
combler la baisse de revenus.
4.7 - Solidarité dans les travaux champêtres
et entraide
Ces stratégies sont employées pendant les
périodes des soudures et pendant les périodes ou commencent les
activités agricoles.
Pendant les périodes des activités agricoles,
des associations des jeunes appelées « Groupe des jeunes » et
certaines associations villageoises s'organisent à tour de rôle
pour s'aider dans les travaux champêtres et aussi aider les personnes les
plus vulnérables du village. Par ailleurs, pendant les périodes
de soudures et familles ou les ressources alimentaires deviennent rares, les
personnes se trouvant dans l'insécurité reçoivent
l'entraide dans le cercle restreint de leur famille ou auprès des
voisinages. Notons également que le manque des mécanismes de
soutien au niveau des structures de l'Etat pouvant leur permettre
d'accéder facilement à la nourriture constitue un manque à
gagner dans cette localité.
II. LES LIMITES ET CONTRAINTES LIEES AUX STRATEGIES
D'ADAPTATIONS PAYSANNES
Face aux effets induits par la variabilité
pluviométrique, Les agricultures du Mayo Dallah avec les petits moyens
dont ils disposent, s'adaptent comme ils peuvent car, avant tout, il est
d'abord question de l'agriculture don de leur survie. Ainsi, ils ont
initié plusieurs mesures afin de réduire leur
vulnérabilité. Malgré, les appuis des organismes
étatiques et privés, la situation semble être toujours
inquiétante car les revenus des ménages demeurent toujours
très instables. Cette persistance de la vulnérabilité est
due à un certains nombres de contraintes :
104
- Le manque d'une franche collaboration entre les
agricultures, les associations villageoises et les structures d'intervention
dans la concrétisation des actions d'adaptation aux changements
climatiques ;
- Le manque d'un bon système d'échange de savoir
et de savoir -faire entre agriculteurs,
- La pauvreté ; c'est sans doute la principale
contrainte qui limite les agriculteurs dans leurs efforts d'adaptation. Les
agriculteurs enquêtés affirment être manqués des
moyens techniques et financiers pour l'achat des matériels, des semences
améliorées, des produits phytosanitaires, les intrants
homologués etc...
- La dépendance en majeure partie des travaux par des
matériels rudimentaires, comme par exemple la houe, témoigne du
non mécanisation effective de l'agriculture dans le Mayo Dallah. l'usage
d'engrais chimique non homologué entraine à long terme la baisse
de la fertilité des sols. L'adoption des nouvelles
variétés culturales exige non seulement une technique
appropriée mais aussi, la dépendance des paysans vis-à-vis
du personnel des services agricoles (ITRAD, ANADER) et les récoltes sont
difficiles à conserver.
- Le manque d'encadrement des paysans dû à la
défaillance des structures d'encadrement (ANADER) l'encadrement des
paysans dont les actions sur le terrain est malheureusement insuffisant et
limitées. Certains paysans ignorent parfois l'existence d'une structure
d'encadrement agricole dans leur localité. Le personnel, notamment les
agents de vulgarisation agricoles ne disposent généralement pas
assez des moyens de locomotion adéquate et du personnel pour faire les
descentes sur le terrain et aller au contact des paysans et font face
également à un manque du personnel.
- La récurrence des conflits fonciers et
agriculteurs/éleveurs
III. STRATEGIES NATIONALES D'ADAPTATIONS DES
ACTEURS
L'agriculture au Tchad emploie près de 80% de la main
d'oeuvre et est pratiquée dans les exploitations familiales. Elle
fournit près de 70% des produits vivrières qui constituent la
base de l'alimentation de la population. Ainsi, bien avant les contraintes
pluviométriques elle faisait partie des préoccupations des
pouvoirs publiques et leurs partenaires à travers la profusion des
documents, des programmes, projets et stratégies orientés vers le
secteur agricole et rural. Ces documents sont destinés à
renforcer les capacités des populations rurales. Notons également
que ses préoccupations sont de plus en plus renforcées ces
dernières décennies à cause de la nouvelle donne
climatique qui impacte négativement les productions agricoles.
105
1. Les stratégies nationales d'adaptation
élaborées par l'Etat
En tant que partie à la Convention Cadre des Nations
Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC signé le 12 juin 1992 et
ratifiée le 30 avril 1993) et du Protocole de Kyoto (10 avril 2009), le
Tchad a élaboré de nombreux documents de politiques et de
stratégies dans le domaine des changements climatiques. Nous
présentons dans les paragraphes suivants un bref aperçu des
documents des politiques agricoles et d'orientations stratégiques en
matière du développement rural qui sont mis en place ces vingt
dernières années.
Office National de la Sécurité Alimentaire
(2001)
Crée le 11 février 2001 et placé sous la
tutelle du Ministère de l'Agriculture, l'ONASA est le véritable
instrument de sécurité alimentaire. Il a pour mandat de
réguler l'offre des céréales pour éviter les
pratiques spéculatives des commerçants. Ses missions sont : la
constitution, la conservation et la gestion des stocks des produits vivriers
pour les ripostes en cas de crises alimentaires ; l'appui à la
protection des cultures par le financement des produits et matériels
phytosanitaires. Malheureusement, sa forte dépendance du volume d'achat
des financements extérieurs, les faibles capacités de stockages
et l'impraticabilité des routes et pistes pour l'acheminement des
produits vers les lieux de consommations constituent les obstacles majeurs pour
sa mission de régulation du marché des céréales.
Ainsi, les situations de faim qui sévissent dans les zones ruraux
échappent au contrôle de l'Etat qui, n'intervient qu'en cas
d'insécurité alimentaire sévère.
Le Programme National de Sécurité
Alimentaire : PNSA (2006-2015)
Il est l'une des traductions concrètes de la
Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté au Tchad
(SNRP) initié en 2000 et adopté en 2003. Il a pour objectif de
vaincre la faim et l'insécurité alimentaire à l'horizon
2015 par l'augmentation durable de la productivité et du niveau de
production. Il a élaboré quatre programmes à savoir :
- La valorisation des ressources naturelles de base ; -
L'intensification des systèmes de productions ; - La diversification des
systèmes de productions ; - La transformation et la
commercialisation.
106
Le Schéma Directeur Agricole 2006-2016
Il s'inscrit également dans le prolongement de la mise
en oeuvre de la stratégie Nationale de Réduction de la
Pauvreté au Tchad (SNPR). Il s'articule autour de quelques options : la
relance des produits vivriers, la production industrielle et le
développement des produits des rentes.
Les Mesures d'Atténuations Appropriées au
Niveau National (NAMA)
Il est soumis en Août 2010 par le Tchad et dont le
deuxième et le quatrième axe portent sur :
- L'utilisation des terres, changement d'affectation des
terres et foresterie (UTCATF) : réduction des émissions dues
à la déforestation et à la dégradation et
renforcement des politiques et reboisement ;
- L'agriculture : promotion des engrais organiques et
valorisation des semences fourragères.
Stratégie Nationale de Lutte contre les
Changements Climatiques au Tchad (CNLCC 2017)
Elle vise à doter le Tchad des moyens à
s'adapter aux changements climatiques et de participer à l'effort global
d'atténuation du réchauffement climatiques en mettant en oeuvre
des politiques et programmes cohérents reposant sur une économie
diversifiée avec une valorisation durable des ressources naturelles et
une transition écologique.
Le Schéma Directeur Agricole 2015-2017
Adopté par le gouvernement tchadien en 2015, envisage
un processus de modération du secteur agricole, basé sur des
méthodes faisant davantage appel à l'énergie
mécanique, l'utilisation et la gestion d'un parc de matériel pour
le défrichage, la maitrise de l'eau, la variation des cultures, le
stockage et la transformation primaire des produits agricoles.
Plan Quinquennal de Développement de l'Agriculture
(2013-2018) Les axes prioritaires d'interventions sont entre
autres.
- Maitrise et de la gestion de l'eau
- Intensification et la diversification des productions
agricoles
- Renforcement du dispositif de prévention et de gestion
des crises alimentaires
- L'appui à la promotion des filières agricoles
porteuses
- Le renforcement des capacités des services d'appui
techniques et des organisations des
producteurs.
107
Plan National d'Investissement du Secteur Rural du Tchad
(PNSR 2014-2020)
Il a pour objectif global de faire du secteur rural une source
importante de croissance économique, assurant la sécurité
alimentaire et nutritionnelle des populations dans un contexte de
développement durable.
Le Plan National de Développement
(PND)
Il a été approuvé en avril 2013. La
protection de l'environnement et l'adaptation aux changements climatiques (axe
n° 7) est un de ses huit objectifs prioritaires. Cet objectif
intègre une meilleure gestion des ressources naturelles et des
catastrophes liées au réchauffement climatique, la lutte contre
la désertification et la promotion des énergies renouvelables.
Le Plan d'Actions National pour l'Adaptation
(PANA-Tchad)
Le PANA quant à lui, a été soumis en
février 2010. Il présente dix projets portant notamment sur la
maitrise de l'eau, l'intensification et la diversification des cultures,
l'éducation au changement climatique ou encore la bonne gestion des
sols. Ses actions concernent les trois zones climatiques du pays (zones
soudanienne, sahélienne et saharienne).
Agence Nationale d'Appui au Développement Rural
(ANADER)
Créée en Décembre 2016, elle contribue
à l'amélioration des conditions de vie du monde rural et sa
mission consiste à :
- Favoriser le professionnalisme des producteurs agricoles, des
éleveurs et sylvicultures ; - Assurer la promotion des
coopératives et des associations de producteurs ;
- Réaliser des études de projets agricoles et
répondre efficacement à la demande des clients - Exécuter
tout programme ou projet de développement confié à elle
par l'Etat ;
- Conseiller les pouvoirs publics sur les questions liées
à la promotion du monde rural : formation, crédit
recherche/développement, aménagements ruraux,
sécurité foncière. Les autres programmes
étatiques
CPND : Contribution prévues
déterminées au niveau Nationales : qui a pour objectif de
permettre d'encadrer et de clarifier la progression des Etats dans la lutte
contre les changements climatiques pour la période de 2020-2030.
ITRAD : Institut Tchadien de Recherche
Agronomique : qui propose une gamme élargies des variétés
et le DSP (Direction des Semences et Plants) qui est chargé de la
vérification et de la certification des semences.
108
2. Les Stratégies des Organisation Non
Gouvernementales
- Le projet d'amélioration de l'information,
éducation et communication des populations rurales et
péri-urbaines à l'adaptation aux changements climatiques (ONG,
UCN, Belgique). Il vise à améliorer le niveau d'information des
populations à l'adaptation aux changements climatiques pour une
meilleure prise de décision.
- Projet d'amélioration de la Résilience des
Systèmes Agricoles du Tchad (PARSAT), avec le co-financement FIDA, FEM,
ASAP et du Gouvernement Tchadien. Ce projet vise à contribuer à
l'amélioration durable de la sécurité alimentaire des
ménages ruraux.
IV. LES STRATEGIES D'ADAPTATION DES ACTEURS DANS LE
DEPARTEMENT DE MAYO DALLAH
- Projet d'Appui Régional à
l'Initiative pour l'Irrigation (Pariis-Tchad) : qui envisage appuyer les
producteurs dans le domaine de maraichage, 10 sites de maraichages
étaient identifiés dans le Département du Mayo Dallah et
de Gagal parmi lesquels 3 sites sont retenus pour le projet. Il s'agit du site
de Guewari, site de Rawaika et le site de Zabi. Mais l'élaboration de
ces sous projets pour les financements ne sont pas encore lancés.
- La Direction Générale de la Production
Agricole et de la Formation (DGPAF) qui intervient dans les domaines :
? Des statistiques agricoles, de la prévention des
crises alimentaires, dont les principaux instruments sont le SISA/SAP, le
CASAGC et ses démembrements (les CRA, CDA et CLA), à travers la
Direction de la Production et de la Statistique Agricoles (DPSA),
? De la protection des cultures et du conditionnement, par la
Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement
(DPVC).
- La Direction Générale du Génie Rural et
de l'Hydraulique Agricole (DGGRHA), qui à travers la Direction de
l'Hydraulique Agricole et des Aménagements Fonciers (DHAAF) et la
Direction des Equipements Ruraux (DER) assure la conception,
l'élaboration, le suivi et le contrôle des aménagements
hydro-agricoles et des équipements ruraux ;
- Les activées avec GIZ : ce programme
appuie les producteurs dans les domaines techniques tels que ITK des cultures,
les maraichages et appui matériels comme les décortiqueuses
arachide, les moulins etc....
- Le Programme Intégré de
Développement et d'Adaptation aux Changements Climatiques dans le Bassin
du Niger (PIDACC/BN) : ce dernier est en train de mener des sensibilisations
109
en milieu rural afin que les producteurs s'organisent en
groupement pour bénéficier de financement de la Banque Africaine
de Développement.
- L'Office National de la
Sécurité Alimentaire (ONASA) : il lance la vente
subventionnée des stocks des céréales afin de renforcer
les ménages pauvres à travers la période de soudure.
- Le PRODALKA : Programme de
Développement Rural Décentralisé du Mayo Dallah, Lac
Léré, Kabia (Tchad), qui est un programme de la
coopération Tchado-Allemande crée en 2003 et qui a pris fin en
2016. Il a oeuvré pour l'amélioration des conditions de vie de la
population rurale et pour réduire la pauvreté en milieu rural.
- ILOD : instance locale d'Orientation et de
Décision
- CECADEC : Centre Chrétien d'Appui au
Développement
- OCRA : Organisation pour l'Appui aux
communautés Rurales.
V. CONTRAINTES LIEES AUX STRATEGIES
D'ADAPTATION
ETATIQUE
Malgré les actions et les moyens déployés
par les pouvoirs publics pour renforcer les activités agricoles, le
monde rural face à la nouvelle donne climatique demeure de plus en plus
vulnérable. Cette dernière témoigne ainsi les limites des
efforts consentis par les pouvoirs publics. L'analyse de ces différents
documents stratégiques, destinés renforcer le monde rural
présente malgré la variété des termes usités
(schéma directeur, programme, projet, plan etc....) des analogies
frappantes dans leurs objectifs visés et les axes d'interventions
(Reoungal, 2018). Les contraintes liées aux stratégies
d'adaptation étatique se présentent comme suit :
- La mise en place des nouveaux programmes agricoles se fait
sans une véritable évaluation des résultats du programme
achevé précédemment. C'est ce qu'ont déclaré
les auteurs du plan quinquennale 2013 : « la mise en oeuvre de toutes
ces actions n'a pas toujours fait l'objet d'une évaluation exhaustive
pour en mesurer l'impact ».
- Il n'existe pas des filières organisées pour
l'approvisionnement en intrant c'est ainsi que les intrants non
homologués pullulent les marchés locaux avec toutes les
conséquences environnementaux possibles. C'est aussi le cas de
l'utilisation des variétés performances
caractérisées par une insuffisance notoire. Par ailleurs,
l'infertilité des sols demeurent toujours une énigme pour le
monde rural.
- Malgré les efforts consentis par les pouvoirs
publics, l'agriculture au Tchad demeurent en grande partie manuelle et la
mécanisation des opérations culturales s'arrête
seulement
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au laboure et le transport repose sur l'utilisation des
charrettes. La SIMITRAC créée en Décembre 2010, qui a pour
mission de doter tout le Tchad, ses agriculteurs, en tracteurs et accessoires
agricoles en vue de la mécanisation de l'agriculteur après
quelques années de fonctionnement s'est soldé par un
échec.
- Les systèmes de crédits aux petites
exploitations agricoles demeurent toujours embryonnaires alors que la demande
est croissante.
- Enfin, selon le rapport PNSA (2006-2016),
les niveaux de rendements des cultures vivrières au Tchad sont de
manières générales inférieures à ceux
obtenus dans d'autres pays ayant le même niveau de développement
agricoles comparables.
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