CONCLUSION
Au terme de ce chapitre IV, qui marque aussi le dernier
chapitre de ce travail. Ainsi, de l'objectif qui consistait à
présenter les stratégies mises en place par les acteurs en vue de
son développement durable, ainsi que d'analyser leurs limites. Ensuite
de répertorier les différentes stratégies
mobilisées par les agriculteurs pour faire face aux effets induits par
la variabilité pluviométrique. Les résultats d'analyse
indiquent que face à la variabilité pluviométrique, les
paysans ont mis sur pied plusieurs mesures d'adaptations (paysannes et
planifiées) pour réduire leur vulnérabilité parmi
lesquelles le maraichage, l'intensification de l'utilisation des engrais,
modification du calendrier agricole, recours à l'usage des
variétés à cycle court et bien d'autres. Ces
stratégies confirment les résultats des travaux de Gounatine,
R(2018), de Djohy, G, et al. (2015) ; Dugue, P, (1999) ; et de Brou et al,
(2005), Mais, ces mesures sont restées jusque-là insuffisantes
dues à un certain nombre des contraintes comme la pauvreté, le
manque de communication, la défaillance des structures d'encadrement
112
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVE
Il a été question dans ce travail d'analyser les
effets induits par la variabilité pluviométrique sur les cultures
vivrières et de comprendre les réponses mobilisées par les
agriculteurs pour y faire. Pour analyser la question principale (les
fluctuations des rendements observés dans le Département de Mayo
Dallah se justifient-t-elles par la variabilité pluviométrique),
nous avons formulé l'hypothèse selon laquelle, les cultures
vivrières subissent les effets de la variabilité
pluviométrique dans le Département de Mayo Dallah. Pour tester
l'hypothèse, nous avons structuré notre travail en quatre (4)
chapitres. Au terme de notre étude, on peut se satisfaire des
résultats qui présentent l'évolution des pluies et ses
différentes variabilités. Ainsi, quelques points importants
méritent d'être rappelés en fonction des chapitres.
Les pratiques agraires dans le Département de Mayo
Dallah se caractérisent par un faible niveau d'intensification, des
faibles apports en manières organiques et minéraux et restent
majoritairement manuelles. Les rendements sont faibles et fluctuant d'une
année à une autre. En plus, les itinéraires techniques
sont aussi à l'origine de la dégradation de la fertilité
des sols, à travers l'érosion.
La variabilité interannuelle des précipitations
est un facteur indispensable pour la production agricole. L'analyse de la
pluviométrie a montré une irrégularité annuelle
avec une tendance générale à la stabilité mais
cachant d'innombrables disparités. La répartition interannuelle
montre qu'il y a des années très sèches ainsi que celles
qui sont humides. L'analyse des pluies décennales a montré que
les décennies 1990-1999 et 2010-2021 sont plus humides alors que la
décennie 2000-2009 est plus sèche. Il ressort de l'analyse de la
variabilité saisonnière des pluies que le mois d'avril est
caractérisé par une baisse progressive des pluies, par contre les
mois d'août et octobre ont connu des baisses ensuite un retour des
précipitations. En fin, l'analyse de la pluie à l'échelle
mensuelle a montré que la pluie varie en fonction des mois avec des
concentrations pendant les mois de juillet et août. Cette situation
montre que le Mayo Dallah n'épargne pas à la variabilité
pluviométrique qui est plus prononcé en Afrique subsaharienne en
générale et en zone soudanienne tchadienne en particulier, qui
n'est pas sans conséquences sur les rendements agricoles.
La répartition pluviométrique et ses
différentes variabilités évoquées influencent sur
les rendements des cultures vivrières notamment la culture d'arachide et
de maïs. La mise en relation de la production avec la pluie de la saison
de croissance des cultures, et des volumes
113
pluviométriques annuels affiche une évolution en
dent de scie, suivant l'évolution de la pluviométrie.
L'analyse des données sur le terrain et sur les
rendements des cultures vivrières de la zone permet de conclure que les
contraintes pluviométriques sont aussi à l'origine de la mauvaise
performance des productions, la prolifération des ravageurs,
l'envahissement des adventices, les maladies fongiques et enfin la baisse du
rendement agricole et l'inflation du prix des produits agricoles, qui
conduisent la zone d'étude à l'insécurité
alimentaire et de surcroît à l'augmentation de la pauvreté
des paysans. En dehors de la variabilité de la pluviométrie,
l'appauvrissement des sols, la forte pression sur les terres constituent aussi
une contrainte pour une meilleure productivité des cultures.
Les impacts de la variabilité pluviométrique
obligent les producteurs à adopter des stratégies d'adaptation.
Elles sont entre autres : La modification du calendrier cultural, l'adoption
des variétés à cycle court, l'association et l'association
des cultures, la pratique du maraîchage, l'intensification de
l'utilisation des engrais, la diversification des sources de revenus. Mais
malheureusement, toutes ces stratégies mobilisées et parfois
prisent séparément ne produisent pas les résultats
souhaités par les ag<riculteurs et constituent un frein au
développement socio-économique du Département. Cependant,
plusieurs obstacles à l'instar de la pauvreté, l'inflation du
prix des intrants agricoles et le manque d'information chez les paysans
constituent des véritables barrières à la mise en place
des véritables mesures d'adaptation et de mitigation adéquates et
durables.
PERSPECTIVES
Aux vus des résultats obtenus, certaines suggestions
méritent d'être formulées pour mieux accompagner les
agriculteurs dans leurs efforts de lutte contre les effets de la
variabilité pluviométriques.
? Aux agriculteurs
Pour faire face à la variabilité
pluviométrique qui sévit dans la localité, les
agricultures :
? Doivent créer des franches collaborations entre eux
et les structures d'intervention dans la concrétisation des actions
d'adaptation à la variabilité pluviométrique et aussi
disposer d'un bon système d'échange de savoir et de savoir -faire
entre eux par le partage d'expérience est requis en vue de gérer
les problèmes spécifiques qui se posent à eux.
114
> Doivent faire recours à l'usage des semences
améliorées adéquates qui sont par moment disponibles dans
les stations ITRAD et autres structures agrées.
> Doivent davantage utiliser les légumineuses dans
les systèmes de culture.
> Faire recours à l'utilisation des fumures
organiques associées aux engrais minéraux.
> Devant la nouvelle donne climatique, ils doivent
développer une franche collaboration entre eux et les différents
acteurs impliqués dans la mise en oeuvre des actions d'adaptation aux
changements climatiques.
+ Etat
> D'abord, les politiques liées à
l'adaptation doivent prendre en comptes les savoirs locaux afin de mieux
orienter les actions pour lutter efficacement contre les effets des changements
climatiques ;
> Elaborer une bonne politique de mécanisation
agricole. L'agriculture Tchadienne ne saurait connaitre un développement
si rien n'est fait à moyen terme dans la mécanisation agricole,
surtout dans le contexte actuel des changements climatiques ;
> Encourager d'avantage le reboisement et l'agroforesterie.
La fertilité des sols pourrait être améliorée ;
> L'Etat Tchadien devrait subventionner les intrants, les
produits phytosanitaires, semences améliorées eu égard de
leur coût élevé sur le marché. Cette subvention
permettra sans doute aux paysans de réduire leur
vulnérabilité ;
> L'Etat devrait vulgariser l'agriculture irriguée,
car elle est un outil de gestion efficace contre les aléas des
précipitations. Selon un rapport de mission du PNSA 2007, le
Département de Mayo Dallah dispose de 1505 hectares de sol
irrigables.
> L'Etat du Tchadien devrait assurer la formation et le
suivi des paysans dans la lutte contre le changement climatique en formant et
en recrutant des agro-climatologues.
> L'Etat devrait mettre un accent sur la communication
climatique au Tchad qui passe par la dotation des Départements des
stations météorologiques pour une communication climatique plus
proche et pour une diffusion plus rapide des informations climatiques.
> Le personnel des services agricoles (ANADER, ONASA) doit
être renforcé et mieux équipé pour faire les
décentes sur le terrain, organiser les campagnes de sensibilisation, des
séminaires de formation des paysans.
> Sensibiliser les agriculteurs à associer les
fumures organiques aux engrais minéraux et à l'utilisation des
légumineuses dans les systèmes de cultures.
115
+ Les chercheurs, les ONG, les structures
d'encadrement
> Promouvoir la diversification des activités
sources de revenus en insistant sur l'élevage et la transformation
agroalimentaire.
> Accompagnement techniques des agriculteurs dans la
gestion des cultures maraîchères.
> Mettre au point des cultivars des cultures
résistant non seulement au stress hydrique mais aussi satisfaire les
exigences des agriculteurs (qualité, conservation...)
> Accompagner financièrement les producteurs en leur
facilitant les accès aux crédits agricoles pour faire face aux
nouveaux défis lancés par les changements climatiques.
> Accompagner les agriculteurs dans le développement
d'une agriculture mécanisée promouvant l'utilisation de charrues
ou de tracteurs pour leur permettre d'augmenter les rendements agricoles.
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