3.2. 4. Participation aux prises de décisions
Les histogrammes qui suivent tentent d'étayer les
discours des enquêtés sur la participation aux prises de
décision.
Graphique 8 : Participation aux prises de
décision
Proportion de la participation à la prise
de
décision
Les sage Les jeunes Les autorité Locale Autres
à préciser
0%

56%
23%
21%
Source : Enquêtes de terrain
Les données de la graphique 8 ont
révélé que les autorités locales et les agents du
pouvoir administratif déconcentré représentent la plus
forte proportion soit 56% des réponses recueillies. Ensuite, viennent
des sages, c'est-à-dire les personnes âgées, ils sont les
détenteurs privilégiés du pôle de décision
qui représentent 23%. Enfin, les catégories les moins
citées sont les jeunes qui représentent 21%.
P a g e - 63 -
En dépit des efforts fournis par la population en
termes de participation au développement local, celle-ci demeure
anesthésiée. Car la prise de décision est dans la main de
certaines couches sociales.
3.2.5 Perceptions de la participation
Notre recherche menée auprès des
différentes communautés paysannes de Bria nous a permis de
dégager certaines tendances en ce qui concerne les objectifs
attribués aux approches participatives de développement local.
Pour MAHADED, ONG nationale assurant la maîtrise
d'ouvrage de nombreux projets de développement local dans la commune de
Bria, « l'approche participative consiste à accompagner les
initiatives à la base dans une perspective de responsabilisation.
Les objectifs de la participation sont donc de rendre compte des
problèmes spécifiques de la population et de les responsabiliser
afin de faire d'eux les véritables acteurs de leur développement.
Afin que les populations prennent conscience que le développement c'est
d'abord leur affaire, leur participation doit être effective à
toutes les étapes du processus22. »
Pour un membre des organisations paysannes, « la
participation doit avoir pour ultime objectif la maîtrise d'ouvrage du
développement par les communautés concernées.
C'est-à-dire que les communautés doivent être
décisionnelles dans l'exécution des actions qui les concernent et
dans leur contrôle afin d'en assurer la pérennité.
»23
Selon un membre du CVD, « la participation
représente une prise de conscience démocratique à la base
nécessaire à l'atténuation de la
pauvreté24. » Pour lui, le développement
local passe nécessairement par des approches participatives
fondées sur des principes de démocratie locale et
d'égalité entre groupes sociaux. Cette dimension est
également mentionnée par le Chef de base de l'ONG VITALITE PLUS
qui précise : « Il ne s'agit pas d'amener un modèle
clé en mains mais plutôt
22 Propos recueillis auprès du chef de base de
l'ONG MAHADED à Bria Entretien, le 2 Août 2016.
23 Entretien avec le Président de l'UGAP
réalisé le 01 Août 2016.
24 Entretien avec un membre de groupement Entretien,
le 01 Août 2016.
P a g e - 64 -
d'accompagner les populations dans leur création
des richesses ainsi que dans sa distribution afin de s'assurer qu'elle soit
équitable pour tous, notamment entre les hommes et les femmes.
»25
Il est intéressant ici de souligner qu'à partir
des témoignages recueillis, se dégage une tendance des
intervenants à envisager le diagnostic participatif comme une
étape de cueillette d'informations sur le milieu au sein duquel ils
seront appelés à intervenir. En effet, les notions
d'échanges, de débat et de consensus sur les priorités et
actions de développement à mener sont très peu
présentes dans leurs discours.
Nous avons également constaté que la
majorité des projets de développement local analysés dans
la commune de Bria réalise des diagnostics participatifs dans un nombre
limité de villages au sein de la zone d'intervention. Il y a donc une
tendance à l'échantillonnage, méthode que les acteurs
extérieurs interrogés considèrent comme étant
représentative des besoins de l'ensemble des populations locales
présentes dans une zone d'intervention.
D'après un représentant de l'ONG MAHADED
« On regroupe les villages en sous-zones composées de 5 villages.
Ce sont les représentants de ces villages qui participent au diagnostic
pour nous renseigner sur leur situation. En amont, vous avez des animateurs qui
vont dans les villages recueillir de l'information qui servira de base de
discussion au diagnostic de la sous-zone26.
Suite à notre analyse on constate que, lorsqu'on arrive
dans le village, ce sont les leaders qui parlent très souvent. Ces
individus tentent de monopoliser la démarche en exprimant au nom du
village les opinions et intérêts d'une minorité.
Selon le Directeur Exécutif de MAHADED, ONG
Centrafricaine maître d'oeuvre du Projet de construction des
écoles à Bria, pour permettre l'identification des enjeux des
pouvoirs locaux ainsi qu'une connaissance plus juste des dynamiques locales, la
réalisation d'un diagnostic participatif devrait prendre un minimum de
trois semaines dans tous les villages d'une zone d'intervention. Or, on
remarque que ce projet a
25 Chef de Base de l'ONG VITALITE PLUS à Bria
entretien, le 03 Août 2016.
26 Entretien le 6 Août 2016.
P a g e - 65 -
privilégié la réalisation des diagnostics
courts d'une durée de trois jours et ce, dans un nombre très
limité de villages.
A Bria, la majorité des diagnostics participatifs
réalisés en milieux ruraux sont fondés uniquement sur
l'identification des potentialités et contraintes du milieu. L'analyse
des dynamiques sociales et enjeux de pouvoir demeure limitée engendrant
ainsi une méconnaissance des groupes exclus au sein des villages
où intervient un projet. À la question de savoir « comment
les acteurs et les projets de développement envisagent-ils de s'attaquer
aux inégalités et à l'exclusion de certains groupes
sociaux ? », les acteurs interrogés affirment cibler leurs actions
auprès des femmes. Les autres groupes victimes d'exclusion demeurent
donc en marge des interventions de développement.
Nous pouvons dire que face aux enjeux et défis de la
participation analysés, notre cible est l'ensemble de la population
comme bénéficiaire des interventions et non pas
spécifiquement les groupes les plus marginalisés. On constate
donc que la communauté de Bria ne participe pas au développement
dans sa dimension politique, c'est-à-dire comme un processus de
changement sociopolitique visant à combattre les
inégalités et mécanismes d'exclusion existants au sein
d'une communauté. La participation demeure essentiellement utilitariste,
c'est-à-dire comme un moyen d'assurer l'appropriation et
l'adhésion des populations à la démarche.
À l'unanimité, les acteurs interrogés,
quelle que soit la catégorie dans laquelle ils se situent,
perçoivent la participation comme un moyen d'assurer la
pérennisation des actions entreprises ainsi qu'une prise en charge du
développement par les populations concernées.
P a g e - 66 -
3.2.6 Les Opinions de la population sur la prise de
décision Graphique 9 : Opinions de la population à la
prise de décisions

non
12.92%
Proportion de la population à la prise de
décision
50.00%
H
8.17%
F
32.65%
46.26%
45.00%
40.00%
35.00%
30.00%
25.00%
20.00%
15.00%
10.00%
5.00%
0.00%
oui
Source : Enquêtes de terrain
Il ressort de ce graphique que 59,18% des
enquêtés ne participent pas à la prise de décision
concernant les actions de développement de leur localité ; ils
représentent la plus forte proportion des répondants. Soulignons
que dans cette proportion, les femmes représentent 12,92% de l'ensemble
des enquêtés contre 46,26% des hommes. 40,82% des
répondants ont déclaré avoir participé à la
prise de décision. Cette proportion est en majorité
représentée par les hommes soit 32,65% de la population à
l'étude contre 8,17% seulement des femmes.
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