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Société rurale face aux enjeux et défis de la participation dans les projets de développement local. Cas des communautés paysannes de Bria dans la haute Kotto.


par Ali Guy ABOUKAR
Université de Bangui - Master 2 de sociologie 2017
  

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3.2. 4. Participation aux prises de décisions

Les histogrammes qui suivent tentent d'étayer les discours des enquêtés sur la participation aux prises de décision.

Graphique 8 : Participation aux prises de décision

Proportion de la participation à la prise de

décision

Les sage Les jeunes Les autorité Locale Autres à préciser

0%

56%

23%

21%

Source : Enquêtes de terrain

Les données de la graphique 8 ont révélé que les autorités locales et les agents du pouvoir administratif déconcentré représentent la plus forte proportion soit 56% des réponses recueillies. Ensuite, viennent des sages, c'est-à-dire les personnes âgées, ils sont les détenteurs privilégiés du pôle de décision qui représentent 23%. Enfin, les catégories les moins citées sont les jeunes qui représentent 21%.

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En dépit des efforts fournis par la population en termes de participation au développement local, celle-ci demeure anesthésiée. Car la prise de décision est dans la main de certaines couches sociales.

3.2.5 Perceptions de la participation

Notre recherche menée auprès des différentes communautés paysannes de Bria nous a permis de dégager certaines tendances en ce qui concerne les objectifs attribués aux approches participatives de développement local.

Pour MAHADED, ONG nationale assurant la maîtrise d'ouvrage de nombreux projets de développement local dans la commune de Bria, « l'approche participative consiste à accompagner les initiatives à la base dans une perspective de responsabilisation. Les objectifs de la participation sont donc de rendre compte des problèmes spécifiques de la population et de les responsabiliser afin de faire d'eux les véritables acteurs de leur développement. Afin que les populations prennent conscience que le développement c'est d'abord leur affaire, leur participation doit être effective à toutes les étapes du processus22. »

Pour un membre des organisations paysannes, « la participation doit avoir pour ultime objectif la maîtrise d'ouvrage du développement par les communautés concernées. C'est-à-dire que les communautés doivent être décisionnelles dans l'exécution des actions qui les concernent et dans leur contrôle afin d'en assurer la pérennité. »23

Selon un membre du CVD, « la participation représente une prise de conscience démocratique à la base nécessaire à l'atténuation de la pauvreté24. » Pour lui, le développement local passe nécessairement par des approches participatives fondées sur des principes de démocratie locale et d'égalité entre groupes sociaux. Cette dimension est également mentionnée par le Chef de base de l'ONG VITALITE PLUS qui précise : « Il ne s'agit pas d'amener un modèle clé en mains mais plutôt

22 Propos recueillis auprès du chef de base de l'ONG MAHADED à Bria Entretien, le 2 Août 2016.

23 Entretien avec le Président de l'UGAP réalisé le 01 Août 2016.

24 Entretien avec un membre de groupement Entretien, le 01 Août 2016.

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d'accompagner les populations dans leur création des richesses ainsi que dans sa distribution afin de s'assurer qu'elle soit équitable pour tous, notamment entre les hommes et les femmes. »25

Il est intéressant ici de souligner qu'à partir des témoignages recueillis, se dégage une tendance des intervenants à envisager le diagnostic participatif comme une étape de cueillette d'informations sur le milieu au sein duquel ils seront appelés à intervenir. En effet, les notions d'échanges, de débat et de consensus sur les priorités et actions de développement à mener sont très peu présentes dans leurs discours.

Nous avons également constaté que la majorité des projets de développement local analysés dans la commune de Bria réalise des diagnostics participatifs dans un nombre limité de villages au sein de la zone d'intervention. Il y a donc une tendance à l'échantillonnage, méthode que les acteurs extérieurs interrogés considèrent comme étant représentative des besoins de l'ensemble des populations locales présentes dans une zone d'intervention.

D'après un représentant de l'ONG MAHADED « On regroupe les villages en sous-zones composées de 5 villages. Ce sont les représentants de ces villages qui participent au diagnostic pour nous renseigner sur leur situation. En amont, vous avez des animateurs qui vont dans les villages recueillir de l'information qui servira de base de discussion au diagnostic de la sous-zone26.

Suite à notre analyse on constate que, lorsqu'on arrive dans le village, ce sont les leaders qui parlent très souvent. Ces individus tentent de monopoliser la démarche en exprimant au nom du village les opinions et intérêts d'une minorité.

Selon le Directeur Exécutif de MAHADED, ONG Centrafricaine maître d'oeuvre du Projet de construction des écoles à Bria, pour permettre l'identification des enjeux des pouvoirs locaux ainsi qu'une connaissance plus juste des dynamiques locales, la réalisation d'un diagnostic participatif devrait prendre un minimum de trois semaines dans tous les villages d'une zone d'intervention. Or, on remarque que ce projet a

25 Chef de Base de l'ONG VITALITE PLUS à Bria entretien, le 03 Août 2016.

26 Entretien le 6 Août 2016.

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privilégié la réalisation des diagnostics courts d'une durée de trois jours et ce, dans un nombre très limité de villages.

A Bria, la majorité des diagnostics participatifs réalisés en milieux ruraux sont fondés uniquement sur l'identification des potentialités et contraintes du milieu. L'analyse des dynamiques sociales et enjeux de pouvoir demeure limitée engendrant ainsi une méconnaissance des groupes exclus au sein des villages où intervient un projet. À la question de savoir « comment les acteurs et les projets de développement envisagent-ils de s'attaquer aux inégalités et à l'exclusion de certains groupes sociaux ? », les acteurs interrogés affirment cibler leurs actions auprès des femmes. Les autres groupes victimes d'exclusion demeurent donc en marge des interventions de développement.

Nous pouvons dire que face aux enjeux et défis de la participation analysés, notre cible est l'ensemble de la population comme bénéficiaire des interventions et non pas spécifiquement les groupes les plus marginalisés. On constate donc que la communauté de Bria ne participe pas au développement dans sa dimension politique, c'est-à-dire comme un processus de changement sociopolitique visant à combattre les inégalités et mécanismes d'exclusion existants au sein d'une communauté. La participation demeure essentiellement utilitariste, c'est-à-dire comme un moyen d'assurer l'appropriation et l'adhésion des populations à la démarche.

À l'unanimité, les acteurs interrogés, quelle que soit la catégorie dans laquelle ils se situent, perçoivent la participation comme un moyen d'assurer la pérennisation des actions entreprises ainsi qu'une prise en charge du développement par les populations concernées.

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3.2.6 Les Opinions de la population sur la prise de décision Graphique 9 : Opinions de la population à la prise de décisions

non

12.92%

Proportion de la population à la prise de décision

50.00%

H

8.17%

F

32.65%

46.26%

45.00%

40.00%

35.00%

30.00%

25.00%

20.00%

15.00%

10.00%

5.00%

0.00%

oui

Source : Enquêtes de terrain

Il ressort de ce graphique que 59,18% des enquêtés ne participent pas à la prise de décision concernant les actions de développement de leur localité ; ils représentent la plus forte proportion des répondants. Soulignons que dans cette proportion, les femmes représentent 12,92% de l'ensemble des enquêtés contre 46,26% des hommes. 40,82% des répondants ont déclaré avoir participé à la prise de décision. Cette proportion est en majorité représentée par les hommes soit 32,65% de la population à l'étude contre 8,17% seulement des femmes.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand