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Société rurale face aux enjeux et défis de la participation dans les projets de développement local. Cas des communautés paysannes de Bria dans la haute Kotto.


par Ali Guy ABOUKAR
Université de Bangui - Master 2 de sociologie 2017
  

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2.3. Les techniques de collecte de données

En sciences sociales, il existe plusieurs techniques d'investigation permettant ainsi de collecter des informations sur le terrain. Pour mieux recueillir et analyser le discours de nos enquêtés autour de notre objet d'étude, nous avons fait recours aux techniques de collecte des données suivantes : la pré-enquête, la recherche documentaire, l'observation préparée, l'échantillonnage, les entretiens directifs et semi-directifs.

2.3.1. La pré-enquête

La pré-enquête est une étape préalable et essentielle au commencement de toute recherche en sciences sociales. Elle nous a donné l'opportunité de faire la connaissance de notre champ d'étude, mais aussi de prendre contact avec le Maire de la commune de Bria, les populations riveraines et les acteurs institutionnels afin de collecter les premières données se rapportant à notre objet d'étude. Elle nous a aussi permis de voir les réalisations relevant des participations au développement local et de tester la pertinence et la clarté des questions formulées. Aussi, est-il que son intérêt réside dans la connaissance du milieu d'abord et ensuite de l'ensemble social sur lequel l'enquête s'est portée.

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concernés par notre étude. Nous pensons aux Directeurs Régionaux N°5 de Bria, notamment celui de l'Agence Centrafricaine de Développement Agricole (ACDA) et celui des Affaires Sociales, ainsi que les acteurs institutionnels de développement et les autorités locales.

2.3.2. La recherche documentaire

Dans une logique de recherche scientifique, on est rarement le premier à entreprendre cette étude. Alors la question qui fait l'objet de cette étude aurait été partiellement ou intégralement traitée par nos prédécesseurs ou par des structures nationales et/ou internationales dans les zones ayant les mêmes caractéristiques géographiques et sociales. Cette phase a couvert toutes les étapes de notre recherche et a visé dans un premier temps à capitaliser les connaissances utiles pour l'orientation théorique de notre travail. En bref, nous avons procédé à une revue de la littérature en lien avec le sujet d'étude. Cette revue critique permet de faire une fouille approfondie des théories et approches qui ont déjà été émises par des chercheurs sur le phénomène que nous cherchons à expliciter afin de montrer leurs points de convergence, de divergence et d'en faire la synthèse. Ainsi, nous avons recensé un certain nombre d'ouvrages susceptibles de fournir des informations en rapport avec l'étude que nous avons entreprise. Par conséquent, nous avons organisé cette revue de littérature autour de deux (2) grands axes thématiques suivants.

a) Axe thématique traitant de la participation

Nous avons utilisé le document de Jean-Pierre CHAUVEAU, Philippe LAVIGNE DELVILLE et un groupe de chercheurs de l'APAD intitulé la participation en pratique. Ce document traite le problème de la participation cachée dans les projets participatifs ciblés sur les groupes ruraux défavorisés, sous l'angle de pessimisme méthodologique.

En abordant le problème de la participation ces auteurs se proposent de dégager les faits en précisant que ni l'ajustement supposé des stratégies de développement rural aux problèmes réels des populations, ni la dynamique de l'autopromotions ne suffisent à transformer rapidement les réalités socioéconomiques et les pratiques

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réelles du développement. Ces chercheurs montrent que les situations de projets participatifs orientés sur les groupes les plus vulnérables cumulent à priori les sources d'incertitudes quant à leurs effets réels. Ils nous montrent aussi qu'une forte participation de l'ensemble des acteurs aux différentes phases des projets peut être contradictoire avec la prise en compte privilégiée de la situation des groupes les plus vulnérables, car elle peut renforcer les dynamiques sociales inégalitaires qui préexistent ou créer de nouvelles inégalités. Selon eux « Sans la participation active des ruraux, notamment des groupes défavorisés, il n'y a guère de chance pour que les initiatives soient viables à long terme et que les injustices dans les campagnes puissent être corrigées ». Tout en adhérant à ce postulat, ils ont jugé plus productif d'adopter une attitude de « pessimisme méthodologique » afin de mieux identifier les obstacles et les malentendus auxquels peut se heurter la stratégie du développement participatif orienté sur les plus pauvres.

François DOLIGUEZ (2005), quant à lui, a écrit l'ouvrage intitulé : la participation : un cadre d'analyse ». Avec l'approche empowerment, l'auteur retrace l'évolution au niveau du concept de participation de l'animation rurale dans le cadre des indépendances à l'empowerment des politiques actuelles de lutte contre la pauvreté, de faire le point sur les pratiques réelles et de contribuer aux débats en cours sur les conditions et les enjeux, de sa mise en oeuvre opératoire dans le cadre actuel de la coopération au développement.

Par ailleurs, DOLIGUEZ (2005) souligne que la « participation » est un thème récurrent qui existait dès la mise en valeur coloniale ; et de ce fait, plusieurs objectifs peuvent être relevés derrière la participation car certains sont expressément utilitaristes. Ensuite, il nous fait savoir que dans les interventions de développement, « il y a un décalage, quasiment inévitable, entre les populations visées et celles qui sont touchées : certaines « participent » sans être prévues, d'autres sont exclues par le projet parfois sans qu'ils s'en rendent compte, d'autres enfin ne sont pas intéressées et restent à l'écart ». Il a également mis l'accent sur le placage des valeurs occidentales, souvent inconsciemment de la participation un idéal du comportement citoyen. Mais, force est de constater que, souvent, cela n'est pas le

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cas et que certains se contentent d'user les droits et services que d'autres ont conquis par la lutte sociale. Pour finir, l'auteur met un accent sur la question de la relation entre participation et le statut social, selon lui dans les sociétés sahéliennes (et d'autres), la participation est liée au statut social. D'où le questionnement sur la « représentativité » dans la participation.

CHAMBERS et CERNEA (1998) dans leur ouvrage intitulé le développement rural et la pauvreté cachée, en abordant le problème de participation avec l'approche participative ces auteurs ont beaucoup insisté sur l'importance que les populations défavorisées deviennent actrices de leur propre développement. C'est dans cet ordre d'idées que CHAMBERS demande aux intervenants qu'il appelle «outsiders», de changer leurs pratiques afin d'écouter ce qu'on à dire les «exclus» et d'utiliser leur marge de manoeuvre à leur profit. Il recommande aux intervenants d'arrêter de mépriser les pauvres et d'apporter les changements nécessaires dans la relation qu'ils entretiennent avec eux. Enfin, il met l'accent sur la nécessité de découvrir les connaissances et savoir des populations et de se «mettre à l'école des pauvres».

Nous avons exploité aussi l'ouvrage de Philippe LAVIGNE DELVILLE 2003) intitulé « De la participation à l'animation rurale ». L'auteur fait recours au populisme méthodologique pour aborder le thème de la participation à l'époque de la création de l'IRAM à la fin des années 50. Pour lui, c'est un thème récurrent du développement. Ainsi, il précise que la participation permet d'avoir de la main d'oeuvre gratuite ou à coût réduit et une intervention plus « efficace », parce qu'elle part des « besoins exprimés » (avec tous les biais connus) et non des idées préconçues des « développeurs », parce qu'elle corrige l'action en fonction des opinions (effet « feed back » du suivi-évaluation), parce qu'elle informe correctement les populations et évite les rumeurs (dimension communication, plus ou moins manipulée). En bref, la participation relève de la fameuse «Participation, piège à con» ou la caricature si souvent dénoncée, mais encore pratiquée par de nombreuses ONG et projets, notamment vis-à-vis des « paysans » ou des « femmes ». Ces derniers « participent » en amenant les matériaux, en cotisant, en s'inscrivant dans les organisations ad-hoc, en balayant les points d'eau, voire en

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préparant les repas lors de stages, sous le regard complaisant des techniciens et des cadres intermédiaires. On conclut que ces auteurs dans leur analyse ont mis l'accent sur la manière dont les paysans participent au développement.

b) Axe thématique abordant le problème de développement local

Dans l'ouvrage de Damien TALBOT (2003) intitulé « la gouvernance locale, est-elle une forme de développement local et durable ? », l'auteur aborde le problème de la gouvernance locale qui peut présenter des caractéristiques de durabilité. Dans son analyse, il définit le développement durable comme un mode de développement qui répond aux besoins des acteurs présents sans compromettre la capacité des générations suivantes à répondre aux leurs en démontrant que les principes fondateurs d'interdépendance et d'éthique du développement durable sont partiellement appliqués. Toutefois, le caractère durable des pays est limité par nombre de difficultés. Les principes de prévention, de précaution et de participation des acteurs sont au coeur d'un mode de développement qui se veut solidaire et partagé. Et toujours selon lui, la gouvernance renvoie au système de décision publique préconisant une diminution de l'intervention étatique et/ou une affirmation de la participation des acteurs privés à la définition et à la mise en oeuvre de l'action publique.

LAMOTHE D. (2010) dans son mémoire de DEA intitulé « l'évolution des initiatives par les acteurs locaux de la commune à travers des projets de développement exécutés dans la région d'Haïti », explique que les initiatives du développement de la commune d'Haïti était sous le contrôle des acteurs individuels jusqu'à la fin des années 70. Des acteurs religieux et certains notables ont essayé d'apporter leur contribution à l'amélioration et à la création de quelques services de base au profit de la communauté. Ces associations ont essayé d'avoir une vision du développement plus large par rapport à celle des acteurs individuels. Pour atteindre leur objectif, elles ont entamé de nouvelles formes de mobilisation leur permettant d'intégrer davantage la population locale dans ce processus de développement. Cette forme de regroupement de la population sous forme associative a suscité une

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harmonisation vers un objectif unique qu'est le développement de leur territoire. Les apports de l'État central via les représentants des collectivités territoriales se sont révélés faibles pour aider à satisfaire les besoins primaires de la population. Les résultats publiés par ce jeune chercheur, ont montré que la plupart des initiatives de développement prises par les associations communautaires sont à caractère social. Dans ce cas, l'auteur a souligné l'insuffisance d'activité de création d'emplois pouvant contribuer à l'autopromotion des acteurs locaux.

En conclusion nous pouvons dire que ces auteurs ont abordé le même problème avec des visions qui diffèrent de l'un à autre. Le premier a mis l'accent sur l'approche de développement durable. Par contre, le second a mis en avant l'approche de développement communautaire pour aborder le même problème.

En nous référant à la thèse de doctorat de Fritz DORVILIER dont le sujet porte sur « l'apprentissage organisationnel et dynamique de développement local en Haïti », l'auteur a précisé qu'une dynamique associative entre les paysans crée du développement communautaire par la valorisation des secteurs d'ordre économique, social et politique. Leur modèle de production vise l'augmentation de la productivité agricole et se construit autour « des principes éthiques promouvant l'égalité et la solidarité ». Cette pratique leur a permis d'assurer de par eux-mêmes l'autosuffisance alimentaire. Autrement dit, les paysans s'investissent dans une dynamique socio-organisationnelle leur permettant de consolider les liens entre eux. Cette forme d'organisation pratiquée par ces acteurs locaux a incité une dynamique collective pour le développement territorial. Ce système d'apprentissage a permis aux paysans de mieux comprendre leur réalité de vie en milieu rural. Ils définissent de par eux-mêmes plusieurs formes d'organisation du travail de manière collective.

A travers cette dynamique associative, les « acteurs-paysans »visent la gestion durable de leur territoire tout en évitant les erreurs commises par le mouvement populaire associatif du XIXème siècle et début du XXème. Toutefois, les « acteurs-paysans » restent vigilants vis-à-vis des acteurs nationaux afin d'éviter que leur mouvement soit désorienté pour des raisons purement politiques.

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Par ailleurs, Y. SAINSINE dans sa thèse de doctorat en développement-environnement-population porté sur « la mondialisation, développement et paysans au Sénégal : proposition d'une approche en terme de résistance », a précisé que les communautés paysannes des sections communales du Sénégal étudiées pratiquent un modèle de « développement autocentré ». Ce modèle se définit à travers des initiatives de développement à caractère social, politique, économique et culturel.

Cette pratique permet à la communauté locale de satisfaire ses besoins fondamentaux avec l'utilisation des « ressources humaines et matérielles locales ». Les paysans s'organisent en associations et arrivent à mettre en place des stratégies d'autofinancement, d'épargne collective, de prêts et dons d'intrants agricoles, etc., pour essayer de résoudre en particulier les problèmes de productivité agricole. Chaque communauté s'emploie à redéfinir des règles de vie en collectivité et prônent l'interdépendance de ses membres afin de lutter contre l'enrichissement individuel. La réussite individuelle est souvent mal perçue et vue comme un risque potentiel de désagrègement de la communauté et des solidarités prônées comme valeurs primordiales.

Il faut conclure que de par son courant de pensée, Fritz DORVILIER met l'accent sur « l'approche du développement local » pour défendre sa thèse. Par contre Y. SAINSINE faisait recours à l'approche de développement autocentré pour défendre sa théorie. En bref, les modèles du développement défendus par tous les auteurs présentent des limites, car en dépit de l'intégration des facteurs sociologiques, il est question de voir leur influence sur le développement local. A titre d'exemple, dans le cas spécifique de la RCA, la prise en compte de ces modèles de développement nécessite un dispositif de recueil et d'actualisation d'informations sur la vie socio-économique locale. Cela signifie que le champ d'application de ces modèles est limité à des pays développés avec une configuration économique maîtrisée, ce qui fait défaut dans les pays moins avancés dont le Centrafrique fait partie.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams