6-PRESENTATION DU CHAMP D'ANALYSE
Tout travail de recherche nécessite une
délimitation du problème que l'on se propose
d'étudier58. C'est l'opération qui permet de cerner le
champ matériel d'investigation et qui peut s'entendre comme étant
l'opération de délimitation du sujet dans le temps et
l'espace.
A-Délimitation temporelle
Analyser la conduite d'une politique induit le choix d'une
variable temporelle dont il convient de préciser les bornes. Dans le
cadre de cette recherche, le début des années 1990 nous servira
de référent temporel. Le contexte sociopolitique en Afrique est
en effet favorable aux mouvements démocratiques et la montée des
revendications liées à des segments sociaux qui, longtemps
marginalisés réclament de plus en plus leur insertion et la prise
en compte de leur spécificité au sein de l'espace public.
À partir de cette période, l'univers socio-politique dans la
plupart des Etats de l'Afrique Centrale laisse entrevoir un net encrage autour
des discours et positions en faveur de la diversité comme panacée
à des crises et tensions incessantes.
B-Délimitation spatiale
Sur le plan spatial, l'Union Africaine et les deux
communautés économiques régionales (la Communauté
économique des Etats de l'Afrique Centrale -CEEAC- et la
Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale
-CEMAC-) ayant chacune une définition différente des Etats
membres composant l'« Afrique centrale »59,
les recherches aux fins de ce
56 Patrick QUANTIN, « L'Afrique Centrale dans la guerre :
Les Etats fantômes ne meurent jamais », African journal of
political science, Vol.6, n°2, 1999, P34.
57 Daniel COLARD, « De la paix par la force à la
paix par la sécurité coopérative et démocratique
», ARES n°45, Volume 18, Mai 2000, P.41-60.
58 Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE, Initiation aux
méthodes des sciences sociales, Paris, l'Harmattan, 2000, P. 51.
59 Les membres de la CEEAC sont l'Angola, le Burundi, le
Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République
centrafricaine, la République démocratique du Congo, la
République du Congo, le Rwanda, Sao
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Les politiques publiques de gestion de la diversité
culturelle dans les processus de construction de la paix en Afrique centrale
travail ont globalement privilégié ceux faisant
partie de la CEEAC, région médiane du continent qui part du Tchad
au Nord au Sud de la RDC et du Burundi à l'Est du bouclier
ouest-africain au Sao-Tomé et principe à l'Ouest de la
vallée du grand rift60.
En faisant preuve de souplesse, notre recherche s'inscrit
nécessairement dans une perspective globale. Prenant en
considération la sous-région dans son ensemble, les
présents travaux évitent délibérément un
encrage approfondi au cas spécifique et particulier d'un Etat, quoique
ce rapprochement n'est pas à exclure. Sa valeur ajoutée
réside dans le fait qu'ils illustrent un cadre de compréhension
passant avant tout par la façon de percevoir les politiques publiques en
tant qu'une « seule unité d'analyse »61.
Par ailleurs, notre approche se justifie dans la construction de la
sous-région sur une mosaïque d'identités plurales et
variées. L'intérêt et le défi est donc de
réussir à faire cohabiter à l'intérieur de cet
espace les différentes communautés et les groupes sociaux, en vue
de réduire à leur plus simple expression les tensions et les
conflits qui y pullulent depuis plusieurs décennies. Au-delà de
ces considérations, l'intérêt à travailler
précisément sur les Etats membres de la CEEAC vient du sentiment
assez répandu selon lequel cette organisation régionale à
vocation économique n'aurait pas grand-chose à apporter sur les
problèmes de paix et de sécurité que connaît la
sous-région Afrique centrale.
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