Section 2. THEORIES SCIENTIFIQUES DE BASE
S'agissant des théories scientifiques de base, nous
précisons dans cette section les auteurs et les théories qui nous
ont inspiré comme modèle d'analyse.
Selon François Depeltau, le choix et la construction d'une
théorie se fait concrètement en trois opérations. D'abord,
le chercheur revient sur son exploration et procède à
l'inventaire des théories pertinentes à son sujet d'étude
; Ensuite, il procède à l'examen critique de chacune des
théories répertoriées ; Enfin, il en adopte une, la
modifie ou en construit une nouvelle. 43
Pour notre part, nous avons répertoriés plusieurs
théories dont : la théorie systémique, la théorie
fonctionnaliste, la théorie des organisations et la théorie du
management public.
De ces quatre théories, nous avons retenu la
théorie systémique comme théorie principale, mieux comme
modèle d'analyse principal, et celle fonctionnaliste comme modèle
secondaire.
Le choix de ces deux théories ne relève nullement
de l'arbitraire.
En effet, le management public et la théorie des
organisations s'inspirent énormément de la théorie
systémique ou celle fonctionnaliste.
Nous avons donc retenu le modèle d'analyse
systématique et celui d'analyse fonctionnaliste puisqu'ils nous
permettent de mieux cerner le rapport entre les pouvoirs publics et le
fonctionnement de la SNEL.
2 .1. THEORIE SYSTEMIQUE.
L'analyse systémique ou l'analyse en termes de
système est < toute recherche théorique ou empirique qui part
du postulat que la réalité sociale présente les
caractères d'un système, pour interpréter et expliquer les
phénomènes sociaux
43 F.Depeltau, la démarche d'une recherche
scientifique en sciences humaines :de la question de départ à la
communication des résultats, Bruxelles-Laval, presse de
l'université Laval/De Boeck, 2000, p.145
par les liens d'interdépendance qui les relient et qui les
constituent en une totalité.>44
Dire que la réalité à étudier forme
un système signifie qu'on lui attribue des propriétés
suivantes :
I. Elle est constituée d'éléments ayant
entre eux des rapports d'interdépendance ;
II. La totalité formée par l'ensemble des
éléments n'est pas réductible à leur somme.
III. Les rapports d'interdépendance entre les
éléments et à totalité qui en résultent
obéissent à des règles qui peuvent s'exprimer en termes
logiques.
L'idée est qu'un système réagit globalement,
comme un tout, aux pressions extérieures et aux réactions de ses
éléments internes. 45
Bertalanffy est généralement
considéré comme le père de la théorie
systémique moderne. Il constatait au début des années 20
qu'il y'avait des lacunes évidente dans la recherche et la
théorie en biologie. L'approche mécaniste alors dominant semblait
négliger, sinon carrément nier, précisément ce qui
est essentiel dans le phénomène de la vie. Il prône alors
la conception organique en biologie. Cette conception met l'accent sur la prise
en compte de l'organisme en tant que tout système.46
A ce titre, il y'a prédominance du tout sur la partie dans
l'examen des objets d'étude, l'opposition à une approche
mécaniste et l'importance à donner à l'organisation du
tout pour la compréhension de l'organisation.
A mesure qu'apparaissaient, se précisaient et
s'agençaient les uns par rapport aux autres les divers concepts de
Bertalanffy à savoir
l'entropie47,l'homéostasie48,
44 Professeur MBAYA KABAMBA, cours des
systèmes administratifs comparés, L1 SPA, UNILU, 2006-2007
45 R.G SCHWARTENBERG, sociologie politique,
Paris, ed.Montchrétien, 1998, p. 81
46 La théorie de Bertalanffy a
été résumée dans son ouvrage, General system
theory, New York, Georges Brazilles, 1968
47 Bertalanffy observe que les systèmes vivants
sont capables de contrer l'effet entropique grâce à des
échanges avec l'environnement, ce qui leur permet de maintenir un
certain équilibre interne face aux perturbations dont ils sont
l'objet.
48 Il faut recourir à un concept plus
général l'homéostasie, selon lui dans le mode
d'organisation particulier aux organismes vivants. Ce concept est à
entendre comme la disposition commune aux organismes vivants à
l'equifinalité (capacité d'un système
à attendre l'état d'équilibre à partir des
différentes conditions initiales et par des voies différentes),
le feed-back, la téléonomie ( étude du maintien de la
stabilité structurelle d'un système), la téléologie
(entendu comme l'étude des systèmes acceptant différentes
plage de stabilité structurelle), émergeaient progressivement la
notion de système ouvert et la théorie qui la
supporte.49
Deux constats concernant les systèmes sont incontournables
aux yeux de Bertalanffy. Le premier a trait à l'omniprésence de
ceux-ci : les systèmes sont partout, la réalité empirique
est faite des systèmes.
La complexité est omniprésente et exige un regard
non parcellaire qui tienne compte de l'ensemble, du tout. Bref une vision
systémique s'impose dans tous les champs de la connaissance.
Le deuxième constat est qu'il existe des
similarités dans les structures des systèmes que l'on retrouve
dans différents champs d'investigation. Découvrir ces
similarités, c'est aller au coeur des principes d'organisation.
De la biologie, la théorie systémique s'est
entendue aux organisations humaines vue comme des systèmes ouverts
devant s'adapter à leur environnement. Cette vision systémique
marque le champ des théories de l'organisation ainsi que celui des
systèmes d'information. Il en va de même des concepts de < tout
> de < synergie>, < d'adaptation >, etc. Qui sont
transférables d'un domaine de la science à l'autre.
Maurice Landry et Claude Banville caractérisent les
approches systémiques en gestion comme étant des tentatives
délibérées de mise au point de demandes originales
d'intervention interdisciplinaires pour aborder des problèmes complexes
de gestion.
La gestion dont il est surtout question est celle portant sur les
problèmes à portée sociale, économique,
organisationnelle, etc. Concrète dans lesquels le chercheur
maintenir un état d'équilibre face à des
conditions changeantes qu'elles soient physiques, chimiques ou
psychologique.
49 Nous nous inspirons de l'analyse de M. Landry et
C.Banville, caractéristiques et balises d'évaluation de la
recherche systémique, dans le document de l'atelier-Forum sur
l'évaluation des recherches en ingénierie des organisations,
p.4
doit appuyer simultanément sa demande sur des objets durs
et sur les objets mous.50
Les objets de connaissance dits durs sont ceux des sciences de la
nature exacte ; tandis que les objets mous sont ceux des sciences
sociales.51
David Easton formalise un modèle systémique portant
sur les transactions entre le système politique et son environnement. La
vie politique est considérée comme un mécanisme
entrée-sortie ou inputs-outputs ; les inputs proviennent de
l'environnement sociétal et sont constitués d'exigences et de
soutiens.
Les exigences sont les demandes adressées au
système politique, elles pénètrent ce dernier après
une conversion des données en exigences. Cette première
conversion s'effectue selon deux mécanismes de régulation ;
régulation structurale qui fait appel à la notion de portier et
à des rôles spécialisés dans la formulation des
exigences politiques, et la régulation culturelle, qui complète
les freins mis en place par le système politique.
La réduction ou agrégation des exigences politiques
est un des principaux instruments de régulation de flux des exigences
spécifiques et variées en exigence globale, c'est une fonction
assumée, notamment par les partis politiques et les syndicalistes. C'est
après cette réduction que le système peut traiter les
exigences et formuler des priorités ou encore avancer des propositions
de décision. Les issues portent sur le fond de la matière ou sur
les moyens d'action. Le système peut être soumis à une
accumulation d'exigences, souvent contradictoire, pouvant créer une
surcharge.
Le soutien, cette notion lié le système politique
à son environnement. Sans soutien le système s'effondre devant la
moindre surcharge. Il y'a trois objets de soutien dans un système
politique : la communauté, le régime et les autorités.
La rétroaction : les outputs opèrent sur
l'environnement, produisant des effets qui donnent naissance à des
nouvelles exigences et à des nouveaux soutiens. Ainsi se
50 M Landry et Banville idem, p.17
51 Trois caractéristiques essentielles sont
données pour les objets durs : ils sont données
c'est-à-dire d'origine empirique, ont une stabilité suffisante.
(Concept aller d'une observation à l'autre de manière
répétitive), le sujet doit se trouver en position
d'extériorité suffisante pour les études. Beaucoup
d'objets des sciences du social ne remplissent pas suffisamment ces
conditions.
développent des bouches rétroactives, des relations
dialectiques ininterrompues entre les entrée et les sorties des
systèmes.
Le modèle théorique d'Easton a été
reformulé par Jean William Lapierre, celui-ci distingue pour sa part, la
société globale qui est une totalité concrète, des
systèmes sociaux, ensemble abstraits que le chercheur découpe
dans la société globale pour les besoins d'analyse.
Le système politique en ce sens n'est que < l'ensemble
des processus de décisions qui concernent la totalité de la
société globale.>52
Si d'une part, la décision politique est chez Easton une
allocation autoritaire de valeur et le système politique limite dans la
sphère nationale principalement, d'autres parts, chez J.W Lapierre,
cette conception lui semble réductrice de la réalité. Car
le système politique semble vague et désincarné. Easton ne
s'intéresserait uniquement qu'aux transactions de système sans se
pencher sur le rapport entre système politique et d'autres
systèmes politiques.
Ici il sied selon Lapierre de prendre aussi compte d'autres
systèmes extra-sociaux à savoir les sociétés
globales du monde. Comme les autres systèmes sociaux, les
systèmes politiques sont des systèmes ouverts, qui
reçoivent et produisent des inputs et des outputs. En effet, le
système politique évolue constamment dans une situation
d'information incomplète ; tant au niveau des inputs que des outputs.
Alors que l'exécution d'un programme consiste à appliquer un
ensemble d'instructions, ce qui suppose un degré limité
d'incertitude, la décision est le comportement qui permet
d'opérer des choix entre plusieurs.
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