1.3 La théorie des coûts de
transaction
L'approche théorique des coûts de transaction se
fonde sur le calcul économique dans un espace contractuel, dans lequel
les acteurs responsables se lient librement entre eux.
Nous devons ce concept à son initiateur R. Coase
(193717). Il met en évidence le fait qu'accéder au
marché nécessite de consentir des coûts. Conceptualisation
développée plus tard par O.E. Williamson (par plusieurs
écrits en 1975, 1985, 1993-95), sous le vocable de
17 Coase, R. (1937), the nature of the firm,
Economica, New Series, Vol. 4, n° 16, November. Traduction
française : la nature de la firme, revue française de
l'économie, II, hiver.
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coût de transaction. Ceux-ci sont tributaires de la notion
centrale de temps. Elle fait passer le simple échange, instantané
sur un marché (spot), à la transaction qui
nécessite plusieurs étapes telles que : créer la
confiance, négocier et conclure par la forme juridique du contrat. Ce
fond générique proche de celui de la théorie de l'agence
s'enrichit de nouveaux concepts élaborés par O.E. Williamson, qui
constitueront le corpus de l'analyse des coûts.
1.3.1 Les coûts de rédaction liés au
contrat
Ce premier poste résulte des comportements des acteurs
liés à leurs capacités propres. D'emblée, O.E.
Williamson émet l'hypothèse de la rationalité
limitée du contractant, qui n'est pas en mesure d'anticiper tous les cas
de figures (à rebours de la théorie économique classique
qui suppose la rationalité absolue des acteurs de l'échange).
La nécessité d'un recours à un contrat
par des professionnels pertinents s'impose, afin de fixer les obligations
déjà ébauchées au cours de la phase de
négociation, elle-même productrice de coûts. A ce premier
stade, pourra d'ailleurs déjà apparaître le risque de
retenue délibérée d'information (biaisée ou non),
dite de la sélection adverse.
Pour O.E. Williamson, les coûts sont distingués
ex ante (avant passation du contrat), et pourront
ultérieurement, ex post, s'alourdir en raison de mauvaise
adaptation du contrat. Extrêmement complexes à quantifier, les
coûts ex ante et ex post sont interdépendants et
s'apprécient de façon globale dans la recherche de la
minimisation des coûts.
1.3.2 L'opportunisme des parties - coûts de
contrôle
L'acteur autonome recherche naturellement son
intérêt propre qui peut le conduire - moins légitimement -
à un comportement opportuniste. D'abord, comme on vient de le voir, en
minorant d'emblée l'information (sélection adverse). Mais aussi
après la rédaction du contrat, lorsqu'un acteur n'est pas
incité à sa bonne réalisation. C'est le risque moral,
également proche des notions classiques des théories des
contrats.
A la difficulté de cerner le comportement de certains
agents, s'ajoute la complexité de l'environnement qui rend difficilement
prévisibles toutes les occurrences possibles, comme la connaissance des
facteurs conditionnant l'avenir. S'établit ainsi un caractère
d'incertitude que ne peut pas lever l'incomplétude des contrats, en
raison du coût que représenterait la rédaction de multiples
clauses trop spécifiques et contingentes.
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Se prémunir des aléas des comportements des
acteurs passe par le recours à des spécialistes, des experts, des
conseils, pour engager les mécanismes de contrôle par tout tiers
de confiance. Ils seront chargés de lever ces contraintes d'incertitude
et d'invérifiabilité.
Par ailleurs, une dimension fondamentale de l'économie
des coûts de transactions est, selon O.E. Williamson la
spécificité des actifs. Plus l'actif est engagé dans une
transaction particulière, moins il peut être
réalloué à une autre transaction sans augmentation
substantielle des coûts. Dans ce domaine où
l'interdépendance des acteurs est forte, le risque d'opportunisme se
révèle d'autant plus préjudiciable et relève d'un
contrôle renforcé.
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