1.2 Les coûts d'agence
Compte tenu de la séparation des rôles entre
propriétaires (actionnaires) et dirigeants, M.C. Jensen et W.H. Meckling
distinguent deux principaux types de coûts liés à la
décentralisation de la prise de décision. Il est à noter
que les coûts d'agence au sein d'une entreprise naissent également
des divergences entre un salarié et son responsable hiérarchique
ou entre les dirigeants et les employés.
1.2.1 Les coûts relatifs à la divergence
d'intérêts :
Dans ce paragraphe, nous présenterons les coûts
supportés par chacune des parties soit le principal et
l'agent afin d'établir une relation de confiance.
- Les coûts de surveillance sont ceux
entrepris par le principal - actionnaire afin de veiller à ce
que l'agent - dirigeant n'agisse pas à son détriment. Il
s'agit de vérifier la réalisation conforme des missions
assignées au mandataire, et celles des objectifs fixés : mise en
place de procédures de contrôle, recours à des tiers de
confiance tel que des commissaires aux comptes (CAC), des experts comptables
externes, audit. L'objectif sera de s'assurer que les décisions prises
ont été optimales pour améliorer la performance de
l'entreprise et non pour satisfaire l'ego des dirigeants. De son
côté, Eugène Fama (198016), afin de
réduire les conflits d'intérêts, suggère une
évaluation en fin de période de la performance du mandataire
dirigeant. Elle pourra conduire à une bonification de sa
rémunération, devenant très incitative pour une rigoureuse
exécution du mandat. Pour établir ce contrat, l'entreprise devra
faire appel à un avocat
15 Gomez, P.Y. (1996), Le gouvernement de l'entreprise,
Paris, France, InterEditions, 1996, 266 p.
16 Fama, E. (1980), Agency problems and theory of the firm,
journal of economics, Holland publishing Company, n° 2,
288307.
16
afin de s'assurer de la mise au point d'un contrat
adapté aux situations les plus diverses. La délégation de
pouvoir des actionnaires au dirigeant doit prendre en compte que celui-ci
détient des connaissances et des informations spécifiques en
occupant cette fonction. Et l'actionnaire, voulant protéger ses actifs,
fera établir un contrat dans le but d'équilibrer ses
intérêts et ceux du dirigeant mis en place et de réduire
les tensions ou contradictions à venir.
Une solution d'un autre type, avec le même but,
réside dans la conclusion de contrats à long terme qui permettent
de privilégier la consolidation des résultats, en
éliminant la tentation d'un profit à court terme.
- Les coûts de dédouanement : il
s'agit des dépenses engagées par le mandataire dirigeant afin de
démontrer à son tour au mandant qu'il n'agit pas à
l'encontre de ses intérêts, par la bonne qualité de sa
gestion. En effet, le dirigeant peut être soupçonné de
s'accorder des avantages pris sur les ressources de l'entreprise, mais plus
encore de s'octroyer une marge de manoeuvre visant à renforcer son
pouvoir managérial au profit, moins des intérêts des
actionnaires, que de l'entreprise elle-même.
La défense du mandataire le conduit ainsi à
argumenter ses projets, formuler ses besoins, à rendre des comptes
(bilans, rapports annuels...), source de coûts dits d'obligation.
Les coûts d'agence engendrés par la divergence
initiale d'intérêts de la relation mandant-mandataire se
renforcent des failles rédactionnelles nées notamment de
l'incomplétude des contrats.
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