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La blockchain, une révolution de l’intermédiation. Un gain pour les entreprises au détriment des tiers de confiance ?


par Jean-Louis LATHIERE
Université Paris-Dauphine - Master finance d'entreprise et pilotage de la performance 2018
  

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4.3 La solution disruptive : la mise en place de la Blockchain : enregistrement de données et création de smart contract sur Ethereum

Le premier travail mené par AREP a abouti à l'identification de l'une des origines des dysfonctionnements et à la proposition de solutions ponctuelles, mais pas encore à la création d'outil lui permettant de stocker, utiliser et partager les données qu'il s'est efforcé de fiabiliser.

Il existe différentes sortes de systèmes blockchain, le plus connu étant celui de la crypto-monnaie Bitcoin. Il serait bien trop réducteur de limiter l'intérêt de la blockchain à cette seule utilisation. Elle possède d'autres fonctions qui peuvent être utiles au développement d'une entreprise.

En effet, quel que soit la Blockchain utilisée, elles ont en commun d'avoir la fonctionnalité d'un grand registre distribué dans lequel s'inscrivent toutes les transactions afin qu'elles deviennent accessibles à tous les acteurs en temps réel, sans lieu de stockage unique.

On lui attribue généralement trois fonctions qui peuvent être mises en oeuvre simultanément ou non : une fonction de paiement, une fonction de registre des transactions, et une fonction d'instructions automatisées. Dans ce dernier volet, le mécanisme permet d'édicter automatiquement un contrat adapté à la transaction passée par un des acteurs du système, on parle alors de : « smart contract ».

Le smart contract - contrat intelligent - est un programme informatique mettant en application un contrat traditionnel (non numérique). Il exécute ainsi automatiquement les clauses du contrat dès que les conditions ont été réunies. Le code est autonome, les parties prenantes (humaines) n'ont plus à interagir et ne peuvent pas interférer dans son déclenchement. Ce code informatique permet l'exécution automatique sur un réseau décentralisé (de pair à pair) d'un ensemble de décisions et d'actions encodées en amont de l'exécution dudit contrat. Ces nouveaux processus appliqués à la gouvernance des entreprises instaureront une plus grande réactivité tout en utilisant des données fiables et sécurisées sans l'intervention ou le contrôle d'un tiers.

Autrement dit, la technologie blockchain offrira la possibilité à différents opérateurs de réaliser des transactions prévues en enregistrant leurs actions dans un système électronique programmé pour sécuriser l'ensemble des opérations en question.

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AREP a cherché sur quel protocole blockchain il pouvait s'appuyer pour enregistrer et traiter les informations transmises d'abord par le procédé QR code puis remplacé par les beacons bluetooth.

Deux options étaient possibles, soit une blockchain publique soit privée.

Dans une blockchain publique ou blockchain « originale », tous les noeuds (capacité de calcul, exemple : un ordinateur) qui constituent le réseau, s'auto-contrôlent (réseau peer to peer, « d'égal à égal). Il n'y a pas de barrière à l'entrée, tout le monde peut lire l'ensemble les transactions et y ajouter les siennes. Les modifications des règles de fonctionnement ne sont possibles que si la majorité des participants y est favorable. Tous les acteurs, qui peuvent rester anonymes, détiennent les mêmes droits et peuvent participer à la validation des transactions (minage : proof of work ou forgeage : proof of stake) ; c'est notamment le cas pour la blockchain Bitcoin et Ethereum.

A l'inverse, une blockchain privée s'exécute sur un réseau privé sur lequel une autorité centrale crée et modifie les règles à suivre sans avoir besoin du consentement des autres participants. Pour rejoindre cette blockchain, il faut au préalable s'identifier et y avoir été autorisé par l'organe décisionnel. Les droits des membres sont définis et restreints. A titre d'exemple on peut citer le consortium R3 réunissant les plus grands établissements financiers internationaux (Goldman Sachs, JP Morgan, BNP Paribas...).

Compte tenu de la taille du projet (une seule gare), AREP n'avait aucun intérêt à développer une blockchain privée qui aurait nécessité un coût de développement important. La blockchain publique permet une plus grande souplesse dans la gestion des partenaires, il est inutile de gérer les droits d'entrées et de sorties de chacun lors d'un changement de prestataires. De plus l'aspect partage de l'accès aux données est une fonctionnalité déterminante. La blockchain restaure la confiance entre les partenaires en leur permettant de lire les mêmes informations en temps réel, réalisant ainsi un partage équilibré de l'information.

AREP choisit Ethereum qui a pour crypto monnaie l'Ether. Cette blockchain est récente, elle a été fondée en 2014 par Vitalik Buterin95. Du point de vue de la performance technique96, Ethereum est supérieur à Bitcoin. Il propose des tailles de blocs (les transactions sont

95 Vitalik Buterin : programmeur canadien d'origine russe, co-fondateur d'Ethereum.

96 Crypto-France (2016), Ethereum-vs-Bitcoin : quelles différences entre ces deux technologies ?, consulté le 15 janvier 2018.

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enregistrées sont regroupées dans un bloc) plus importantes (aucune limite pour Ethereum contre 1 MB pour Bitcoin) et des temps de minage plus courts (14 secondes pour Ethereum contre 10 minutes pour Bitcoin).

Mais la principale différence d'Ethereum ne réside pas que dans sa performance technique. Aux fonctions de la technologie la plus connue qui assure le fonctionnement du Bitcoin, cette blockchain permet non seulement de certifier, horodater et sécuriser des transactions mais aussi de structurer des échanges.

La première fonction de cette blockchain testée par AREP fut l'horodatage afin d'enregistrer les heures et les jours de sorties des bacs. Ce test permettait de compiler toutes les données de mouvements des bacs et de s'assurer qu'ils étaient bien vidés. Ethereum prouve par conséquent qu'elle dispose de tous les mécanismes nécessaires à la logistique de flux et dans notre cas à la gestion de chaîne des déchets : de la collecte au ramassage jusqu'à son recyclage ou à son incinération, en supprimant les intermédiaires et dans un avenir proche en s'adaptant à l'accroissement des flux spécifiques des déchets.

Ayant compris qu'Ethereum n'est pas dédiée uniquement à la gestion de devises, AREP réfléchit à son appropriation comme support pour d'autres activités. C'est vers la faculté de créer un système d'enregistrement d'actifs et de smart contracts que se focalisent les recherches d'AREP.

L'enregistrement d'actifs est une digitalisation, soit l'intégration d'un élément physique (exemple : une monnaie l'Ether) ou d'une action réelle (exemple : un droit de vote pour the DAO) sur la blockchain. Cet actif dispose des mêmes caractéristiques qu'un bien commun : une identité et un propriétaire qui dispose de droits lui permettant de le prêter, le transférer, le vendre ou le détruire. Il représente l'unité de base dans la transaction. Dans l'environnement blockchain cet élément est référencé sous le nom de « token » (jeton). On peut distinguer deux natures de token différentes. Il est soit créé par le protocole même de la blockchain (les crypto monnaies) ou pour les besoins propres à un programmeur. Ces derniers sont alors utilisables sur une application web construite en sous-couche qui manipule la blockchain.

Dans notre situation, AREP a recréé virtuellement des kilos de déchets en langage numérique pour répondre à sa problématique. Il n'existe pas de limite à son développement. Ainsi il a été possible d'attribuer à chaque nature de déchets de la gare un token spécifique permettant de reproduire la nature des déchets. Il est ainsi possible d'en créer autant que l'on souhaite, donc autant que l'on a produit de kilos de déchets.

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Cette étape représente le pivot de l'avancement du prototype. Cela ouvre la voie à un système économique transactionnel entre acheteurs et vendeurs sans intermédiaire.

L'article 1582 du code civil définit le contrat de vente comme « une convention par laquelle l'un s'oblige à livrer une chose, et l'autre à la payer »97. Le token permet de transposer « la chose » dans le registre digital. Dès lors le smart contract écrit à partir d'une API (une interface de programmation applicative) va intégrer les données représentées par le token et être construit autour des échanges dont il fait l'objet. Lors de la programmation du smart contract, il sera tenu compte de l'intérêt de chaque partie. Une fois achevé, le smart contract s'exécutera automatiquement. Il reste consultable par tous et à tout moment jusqu'à sa suppression éventuelle. Ethereum propose des modèles de smart contrats permettant au programmeur de disposer d'un cadre de travail qu'il adaptera à son schéma propre.

Dans le cas d'AREP, les trajets des kilos de déchets enregistrés et sécurisés dans la blockchain (sous forme de token) sont d'abord suivis du local poubelle jusqu'au trottoir. Ces kilos de déchets sont ensuite transférés via le smart contract vers le compte du prestataire qui en deviendra le possesseur à la fois en consultant la blockchain et en réceptionnant son camion.

Le code informatique de ce smart contract est présenté en annexe A. Si nous ne disposons pas des connaissances suffisantes pour le décrypter, il est cependant intéressant de se rendre compte qu'il ne nécessite que peu de lignes de codes (100 lignes) pour fonctionner, ce qui est peu volumineux pour un programme informatique. Le coût d'investissement pour rédiger un smart contract est donc négligeable et ne nécessite pas le déploiement d'un budget important pour faire appel un prestataire informatique.

Chez AREP le smart contract relatif aux déchets a été rédigé en une semaine. Cette période comprend également l'apprentissage de sa manipulation et de son fonctionnement théorique. Le smart contract étant par nature autonome, dès que la phase de test est passée avec succès, il n'occasionne aucune maintenance et donc aucun coût de fonctionnement.

Les seuls coûts de transaction récurrents sont les coûts du minage (validation d'un bloc) qui, compte tenu du faible nombre d'opérations à valider sur ce projet (maximum 5 bacs par jour), restent marginaux.

97 Article 1582 du code civil.

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Ici la solution de la blockchain choisie ne nécessite ni un coût d'entrée élevé, ni une dépense de fonctionnement important. AREP a réussi la mise en place d'un outil d'horodatage sécurisé et incorruptible qui enregistre toutes les transactions ainsi que la mise en place d'une base de données accessibles facilement par une API. Le contrôle automatique des contrats avec les prestataires assurera une efficacité, une réactivité et une fiabilité accrues dans la chaîne de tri. Sa réorganisation sur la technologie blockchain peu onéreuse met en évidence les gains de temps et la réussite du travail collaboratif en respectant les intérêts de chacun.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote