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Le recrutement des métiers en tension en EHPAD public.


par Sophie MONGONDRY
CNAM du Mans - Master 2 Droit, économie et gestion. Mention : Gestion des Ressources Humaines et Transformations Numériques 2020
  

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IV.2 LES LIMITES

La méthodologie est à la fois peu significative vis-à-vis du peu de retour par établissement et à la fois, représentative sur l'ensemble des établissements lié aux diverses données qui ont été recueilli.

J'ai utilisé un mix des méthodes entretiens et questionnaires mais j'aurais aussi pu faire des récits de vie pour voir l'évolution de carrière des personnes. L'étude mixte est cohérente. On pourrait penser que les questionnaires sont une redite des entretiens car les interviewés sont presque les mêmes personnes mais en réalité elle confirme ce qui a été dit en entretien et complète également avec des questions reformulées différemment (ouverte pour les entretiens et de mesure pour les questionnaires).

Une des limites empiriques est que je n'ai pas pu mener le projet collectif d'instaurer un nouveau logiciel de remplacement soignant pourtant nécessairement utile pour le gain de temps, la sécurisation et facilitation des données. Cela se serait concrétisé par un passage d'un logiciel Excel à un progiciel mais par manque de moyens financiers des établissements et d'engagement de l'ensemble des EHPAD cela ne s'est pas mis en place. Ceci est également lié aux craintes que le personnel n'adhère pas le projet, nécessaire au lancement.

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On trouve de nombreux ouvrages théoriques mais on manque de temps pour pouvoir tous les exploiter entièrement.

Il y avait d'autres moyens que de réaliser des entretiens semi directif mais j'ai choisi cette méthode là pour sa pertinence et facilitation.

Ci-après vous trouverez une liste d'élément pouvant faire barrière au projet :

- Situation financière des établissements, la temporalité liée à la longueur d'un projet GPMC. Oui la GPMC améliore les pratiques de recrutement mais le manque de moyens financiers peut venir entraver le projet en fonction des priorités du moment (nouveaux matériel...). Cependant la GPMC s'articule avec le levier RH et le volet financier pour l'optimisation des budgets investis en RH.

- L'avenir est un frein vis-à-vis du vieillissement de la population et du nombre croissant de besoins de soignant alors que ce sont déjà des postes pénuriques

- La formation dans les écoles soignantes avec perte de qualité (moins de stage diversifié et sur la durée) et quantité (pas assez de place dans les écoles). Des dispositifs sont mis en place notamment des formations médico-sociales mais derrière il n'y a pas de financement ce qui est un vrai problème...

- La manque d'indicateurs n'a pas permis de connaître pour chaque établissement le nombre exact de départ du personnel d'ici les cinq années à venir ni les besoins quantitatifs d'IDE et AS

- Le SI peut être une limite sérieuse pour l'implantation de la GPMC puisqu'il y a un risque d'inadéquation du projet avec le SI existant.

Comme l'indique l'auteur L. BOYER les données quantitatives et qualitatives sont très difficiles à recueillir et peuvent porter défaut à un projet de GPMC. En effet, il m'a fallu relancer à diverses reprises pour obtenir un minimum de données.

Pour conclure cette partie, le temps est nécessaire et pouvant être optimisé grâce au recrutement d'un poste RH. De plus les aspects financiers et humains sont également primordiaux pour le soutien, l'engagement et aller plus loin ce que nous verrons en IV.3 dans les perspectives.

Que dit la loi ? Quelles sont les actualités ?

La législation sociale a connu depuis l'après-guerre un développement important, renforçant les obligations des organisation dans plusieurs domaines. Les RH doivent alors s'adapter à ces modifications constantes.

Vous trouverez ci-dessous quelques éléments d'actualités récentes.

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- Selon un article publié le 30 septembre 2019 par J-N Escudié dans Social Santé, médico-social, vieillissement, la France donne priorité aux EHPAD et aux personnes âgées selon le PLFSS 2020. Parmi les mesures sectorielles du projet de loi de financement de la sécurité sociale, plusieurs dispositions sont en faveur du niveau de vie des personnes âgées et de nouveaux crédits pour les EHPAD (créations de postes, investissement...), en attendant la future loi sur le grand âge. La mise en place d'une indemnisation du congé de proche aidant se concrétise. Côté sanitaire, les hôpitaux de proximité devraient bénéficier de nouvelles modalités de financement et de dispositifs d'incitation à l'installation des jeunes médecins seront regroupés en un contrat unique

- En juillet 2020, le conseiller stratégie de la FHF nous informe sur les réseaux sociaux que si le département avait la gestion des EHPAD ce serait une décision très grave car ça accroîtrait les inégalités déjà existantes entre les territoires. Aujourd'hui c'est une volonté du département que de reprendre cette gestion alors qu'il n'est pas compétent dans le domaine de la santé. L'ARS, quand on lui donne des millions d'euros de budget, elle les utilise pour les missions qu'on lui confie. Mais une fois que ces ressources auront été transférées aux départements, il n'y aura plus de réel contrôle.

- La FPH et l'accord « Ségur de la santé » selon un publication du 21 juillet 2020 nous informe que ciblé sur la FPH et pourvu de moyens financiers importants, l'accord signé le 13 juillet 2020 à l'hôtel Matignon retient particulièrement l'attention. Pour aller à l'essentiel, on ne reviendra pas ici en détail sur le contexte sanitaire et le cheminement ayant abouti à cet accord, ni sur la stratégie Ma Santé 2022, la loi du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé et le long mouvement concomitant de revendication des personnels hospitaliers. Selon un article du lemonde.fr Le ministre de la santé, Olivier Véran, a promis 2,1 milliards d'euros pour la rénovation et à la modernisation des établissements qui accueillent des personnes âgées ou handicapées, en clôture du Ségur de la santé.

- L'instruction du 17 juillet 2018 par la DGCS relative à la mise en oeuvre d'une stratégie de promotion de la QVT dans les établissements médico-sociaux et le plan régionale de santé 2018-2022 en particulier le plan d'accompagnement à la transformation des EHPAD (PACT-EHPAD) ont pour finalité pour l'ARS de répondre au cluster.

- Vis-à-vis du COVID 19 une prime de 1000 € a été attribué à chaque soignant et est venu s'ajouter un dégrèvement total si les absences du personnel soignant étaient comprises entre 0 et 14 jours, de 50% entre 15 et 30 jours et sans dégrèvement au-delà

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de 30 jours. Sur toutes absences confondues sauf la maladie professionnelle lié au COVID ou absence pour suspicion de COVID.

- Côté personnes âgées, la principale mesure issue directement du Grand Débat national est le retour de l'indexation sur le niveau de l'inflation pour les pensions inférieures à 2.000 euros par mois. Pour les autres, la revalorisation sera de 0,3% en janvier 2021. Environ 12 millions de personnes âgées sont concernées par ce retour de l'indexation sur l'inflation. Cette indexation est également étendue aux titulaires de petites pensions d'invalidité et aux minima de pension notamment

- Mi février 2020, le député UDI de la 3ème circonscription de la Mayenne propose une loi transformant en crédit d'impôt la réduction d'impôt pour frais d'hébergement. Ce crédit serait réservé aux ménages dont les revenus seraient inférieurs à 42 000€ par an.

- Instruction de la DGOS du 23/06/10 correspondant à un soutien aux démarches « métiers compétences ». Par le biais d'aides financées par le Fonds pour la modernisation des établissements de santé publics et privés (FMESPP), l'état encourage à « mobiliser tous les leviers d'action de la GRH dont la GPMC est un axe essentiel » et à s'inscrire dans une logique prévisionnelle « aujourd'hui nécessaire ». Après un premier appel à projets fin 2007, l'instruction de 2010 englobe une enveloppe pour chaque région, soit 5 millions d'euros au total.

- Coronavirus : La France a déclenché le plan bleu dans les EHPAD le 6 mars 2020. Le principe est le même que dans les hôpitaux, les DE ont dû permettre "la mise en oeuvre rapide et cohérente des moyens indispensables pour faire face efficacement à une situation exceptionnelle" (le confinement des résidents, usagers et personnels ; l'évacuation des résidents, usagers et personnels si nécessaire).

- Le programme de réforme de l'état action publique 2022 conduit à repenser le modèle de l'action publique en intégrant la révolution numérique en cours. L'organisation va être modifiée et s'accompagnera d'une nouvelle étape de déconcentration et de restructuration des services. Les agents vont être à la fois confrontés à la mobilité géographique, à l'extension des compétences, voire à un changement de parcours professionnel. Tous les agents publics sont concernés et tous les métiers sont impactés.

- Olivier Véran, a été nommé ministre de la santé du territoire Français le 16 février 2020 en succession d'Agnès Buzin. Le ministère a alors annoncé à ce moment une mesure phare avec projet « 100% remplacement des arrêts de personnel soignant », qui, si elle est appliquée, réduirait la charge en soins des soignants. "Toute absence

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prévisible d'un professionnel paramédical de plus de 48 heures soit remplacée et que le principe de polyvalence subie par les soignants ne soit plus la règle", explique le ministère. "Les services de soins ont besoin d'équipes stables, de lits et de soignants en nombre suffisant pour fonctionner", indique le communiqué.

- Le CSE pour la FPH sera obligatoire qu'à partir de 2022. Il n'y aura plus qu'une instance et donc une fusion entre le CTE et le CHSCT.

- Le faible taux de chômage et solde migratoire du territoire et le manque de main d'oeuvre freinent le développement économique de Laval Agglomération. Quelque 11 000 offres d'emploi ne sont pas pourvues et les grandes entreprises rechignent à venir s'installer sur l'agglomération lavalloise malgré ses autres avantages. Pour attirer des salariés et développer l'activité économique, Laval Agglo joue sur les leviers de l'aide au logement. Action Logement a mis en place à la rentrée, au niveau national, une enveloppe de 100 millions d'euros pour favoriser la mobilité des salariés avec une prime de 1 000 euros. Cette prime est une aide à l'installation pour favoriser le rapprochement domicile-travail ou l'entrée dans l'emploi. Les salariés qui perçoivent au maximum une fois et demie le Smic peuvent donc prétendre à une prime de 2 000 euros, dès la validation de leur période d'essai, pour aménager à moins de 30 minutes de leur lieu de travail. Cette mesure est valable deux fois pour un couple.

- Par ailleurs, l'allocation de soutien aux personnes âgées (Aspa, "minimum vieillesse") a fait l'objet d'une revalorisation exceptionnelle, au 1er janvier 2020. Ces revalorisations représentent un effort budgétaire supplémentaire de 500 millions d'euros sur trois ans.

- Hors revalorisations, le PLFSS prévoit une "fluidification de la transition vers la retraite". En pratique, il s'agit de faciliter la transition des bénéficiaires de l'AAH et du RSA, en instaurant une automaticité de la liquidation de la retraite de base à taux plein des bénéficiaires de l'AAH à l'atteinte de l'âge légal (62 ans) et en clarifiant l'âge auquel les bénéficiaires du RSA sont tenus d'effectuer leur demande de retraite, qui sera désormais fixé à l'âge du taux plein (67 ans).

- Le PLFSS 2020 prévoit, en attendant le futur projet de loi, une enveloppe supplémentaire de 500 millions d'euros "pour amorcer la réforme du grand âge et de l'autonomie". Les EHPAD bénéficieront ainsi d'une enveloppe supplémentaire de 210 millions d'euros dès 2020 (et 240 millions en 2021) afin d'améliorer l'encadrement, avec la création de 5.200 postes. Deux autres enveloppes, respectivement de 15 et 50 millions d'euros, seront également dégagées pour renforcer le personnel infirmier de

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nuit dans les EHPAD et pour garantir aux établissements qui seraient pénalisés par la convergence tarifaire le maintien de leur niveau de dotation.

- Loi Grenelle II article 226 les établissements publics sont soumis aux obligations dans l'esprit de la loi. Cela consiste à développer l'environnement (exemple protection de la biodiversité : entretien des espaces verts et parterre), le sociétal (repas préparé maison) et le social (santé et sécurité assuré avec les professionnels et le matériel sur place)

- Pour couvrir ses besoins de trésorerie, l'Unedic a émis pour la première fois, le 15/05/20, une émission sociale dédié au financement des mesures de réponse à la crise Covid 19

- En outre, 130 millions d'euros seront affectés à l'investissement "pour amorcer un grand plan d'investissement en faveur de la rénovation et de la transformation des établissements médicosociaux". Cette enveloppe constitue le premier pilier de l'offre globale d'accompagnement à la transformation des EHPAD

- En attendant les conclusions de la mission confiée à Myriam El Khomri sur les métiers du grand âge, le versement de la prime d'assistant de soins en gérontologie (ASG) sera progressivement généralisé aux AS des EHPAD ayant suivi une formation sur les spécificités de la prise en charge de la personne âgée. Comme dans chaque PLFSS depuis plusieurs années une enveloppe supplémentaire de 50 millions d'euros viendra soutenir le secteur de l'aide à domicile, "en attendant la réforme structurelle qui interviendra dans le cadre de la loi sur le grand âge et de l'autonomie"

- Un EHPAD Day a été réalisé en novembre 2018 par l'EHPAD de Montsûrs en Mayenne et voici les témoignages qui ont sont ressorti :

· Infirmière : on manque de temps et de moyens, on est frustré de vouloir en faire plus, on a des horaires à respecter pour les repas qui vient s'opposer à l'appréciation du contact humain qu'on ne peut plus avoir. Ce qui est paradoxal sur ce métier d'accompagnement.

· Aide-soignant : les absences sont non remplacées, le personnel doit revenir sur ses repos, les résidents payent une qualité de service qu'ils ne peuvent pas bénéficier comme le manque de temps pour réaliser l'entretien des locaux vu qu'on privilégie le soin mais l'hygiène ne devrait pas être mis de côté.

· Directrice d'établissement : On réalise moins d'animation car on a moins de budget. La moyenne des tarifs pour un résidents aujourd'hui est de 1800 euros par mois

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environ. On constate une pénurie de candidat amplifié sur la période estivale. L'accompagnement en fin de vie est dur avec ses différents troubles de démence Alzheimer avec des troubles cognitif de langage, mémoire, humeur... ou non cognitif tel que Parkinson par exemple. Cependant le travail est enrichissant. Ces conditions sont également difficiles en travaillant de jour, nuit et le weekend ce qui est contre attractif mais les EHPAD ont des valeurs.

Malgré l'ensemble de ces limites, afin de prolonger le sujet nous allons maintenant voir quelques perspectives de recherches associées.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus