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Analyse des facteurs de vulnérabilité, causes du surendettement et de la cavalerie financière des MPME en ville de Goma de 2012 à  2016.


par Rémy BAGALWA CIBAGASHA
UNIC-GOMA - Licence en Management et Sciences économiques. 2018
  

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0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. Etat de la question

La question de la micro finance a déjà été abordée avec une diversité de qualification et selon différents aspects tels que la pratique des crédits rotatifs, la micro-stratégie de survie, la politiques de microcrédits, comme outil de lutte contre la pauvreté a déjà préoccupé pas mal des chercheurs. Dans le souci de savoir le niveau de la recherche sur cette question, nous nous sommes intéressés à certains travaux des chercheurs et de nos prédécesseurs en vue de doter notre étude de son originalité. Au-delà de l'impact sur les clients, observe-t-on un impact plus global de la micro finance sur le développement d'une région, d'un pays ? La micro finance favorise la bancarisation de la population et l'on estime que les IMF représentent jusqu'à 5% de la collecte d'épargne et 10% du crédit à l'économie dans certains pays. Dans ces conditions, il est clair que la micro finance contribue significativement, à son échelle, au financement de l'économie. Pour autant, il est très difficile de démontrer de façon rigoureuse un impact à un niveau large, sur la croissance économique ou sur la réduction du taux de pauvreté d'un pays.

Pour l'avenir, certaines évolutions pourraient permettre à la micro finance de maximiser son impact. Pour l'instant, les investissements dans les micro-entreprises se concentrent en général sur des activités de survie (petit commerce, activité de transformation sommaire) offrant peu de possibilités d'expansion et de création d'emplois. S'il est vrai qu'à court terme, des millions de personnes n'ont pas accès à l'emploi salarié et trouvent auprès de la micro finance un appui nécessaire pour survivre, la micro finance doit également à son échelle contribuer au renforcement du tissu d'entreprises formelles en proposant des services plus adaptés aux Micro Petites et Moyennes Entreprises (MPME).

Enfin, si la micro finance n'est pas un outil adapté pour « les plus pauvres des pauvres » qui cherchent avant tout à satisfaire les besoins vitaux et manquent du minimum de stabilité nécessaire pour que le recours au crédit et à des services financiers leur soit utile, certains programmes de micro finance ont exploré la possibilité de partenariats avec des programmes socio-économiques afin de toucher une clientèle plus pauvre que celle qu'ils touchent actuellement. La micro finance, qui aujourd'hui permet à des populations vulnérables (situées juste en-dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté) de mieux résister aux aléas de la vie et de développer leurs micro-entreprises, peut ainsi utilement s'articuler avec d'autres politiques de développement et accroître encore sa contribution à la lutte contre la pauvreté (Alix Pinel, Sébastien Boyé, Jérémy Hajdenberg, Christine Poursat et David Munnich, 2009).

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Les explications du professeur MUHAMMAD YUNUS, fondateur de la Grammen Bank et prix Nobel de la paix 2006 dans le microcrédit au Bangladesh sur la réussite de la Grammen Bank, ont particulièrement attiré notre attention par la banque de Bangladesh.

En effet, vers les années 1974, le professeur MUHAMMED YUNUS, après avoir constaté que plus ou moins 40% de la population du Bangladesh vivent dans la pauvreté mis sur pieds la Grammen-Bank en vue d'améliorer les conditions économiques des familles pauvres en octroyant des crédits.

Aujourd'hui, son application dans tout le Bangladesh prouve des succès spectaculaires au point qu'au moins plus de 10% de la population bénéficiaires de son prêt sont en majorité des femmes. Cette expérience se repend aujourd'hui en tâche d'huile dans 58 pays du monde dont la Chine, les Etats-Unis, l'Afrique du Sud, la France, la Norvège et le Canada.

Pour MUHAMMED YUNUS5, le microcrédit est un moyen efficace pour éradiquer la pauvreté et améliorer les conditions socio-économiques. Il poursuit en soutenant que les gens ne sont pas pauvres par bêtise ni par paresse car ils travaillent toute la journée pour accomplir des tâches physiques forts complexes mais plutôt parce que les structures financières existantes n'ont pas pour vocation de les aider à améliorer leurs sorts. A partir de l'approche prônée par le professeur MUHAMMED YUNUS, nous essayons de vérifier pourquoi les MPME de la ville de Goma actives et dynamiques de notre milieu bénéficiaires de microcrédit ne parviennent pas à sortir de l'auto-dépendance financière des IFDs donatrices du microcrédit en constituant grâce à ce dernier leur propre capital qui fait partie de leurs bien-être.

Edouard BITANGALO WASSO6, dans son mémoire intitulé « les politiques de microcrédit dans la lutte contre la pauvreté à Bukavu : cas du PAIDEK, PLD et CAPES », il a montré que les taux d'intérêts appliqués par les IMF chez les clients sont perçus comme exorbitants, et ces taux sont appliqués de manière identique à tous les emprunteurs peu importe le secteur d'activité. Il poursuit en montrant que la durée de remboursement des crédits est un autre obstacle à l'émergence des bénéficiaires des micros-crédits des 3 IMF et enfin, il montre que les montants de crédits octroyés aux emprunteurs ne les permettent pas d'évoluer. Il pense que les variables d'échéance, le mode de remboursement des crédits, le montant de crédit sont des éléments qu'il faut revoir et adapter à la réalité pratique à Bukavu. L'accompagnement et la formation

5 MOHAMMED YUNUS, vers un monde sans pauvreté, l'autobiographie du banquier des pauvres, Ed., Lattes, Paris, 1997

6 Edouard BITANGALO WASSO, les politiques de microcrédit dans la lutte contre la pauvreté à Bukavu : cas du PAIDEK, PLD et CAPES, Mémoire Inédit ISDR/BUKAVU, 2004

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des emprunteurs doivent être de nature à privilégier un climat de coopération et de concertation régulière entre les IMF et leurs clients. Il se base uniquement sur les politiques d'octroi de micros-crédits sans pourtant analyser la contribution de ses micros-crédits sur le bien-être socio-économique des pauvres malgré tous ces défis dont ils sont jalonnés. C'est pourquoi, ce travail va tenter d'esquisser les différents facteurs qui influencent le surendettement et de la cavalerie financière encourus par les MPME dans le financement de fond de roulement et autres besoins financiers de ces dernières.

Consolatrice BORA FURAHA7, dans son TFC intitulé « Microcrédit : outil de lutte contre la pauvreté par l'accroissement du revenu des ménages à Uvira », a montré que les micros-crédits n'ont pas jusque-là atteint les objectifs nobles qui sont ceux de lutte contre la pauvreté. Elle estime que la mauvaise connaissance de différents rouages et l'insuffisance des crédits octroyés soient à l'origine. Elle pense que les micros-crédits constitueraient une solution appropriée s'ils s'approchent de la base et s'attèlent à répondre aux besoins réels du financement des pauvres. Il poursuit en montrant que le microcrédit à Uvira est une réalité figée et n'offre pas les « bons crédits » aux clients ; chose qui compromet encore une fois sa rentabilité. Il pense qu'en libérant les micros-crédit de son statut de « crédit minimaliste pour l'auto-emploi des pauvres » et en le transformant en « Services financiers et assistance technique pour les entreprises agro-alimentaires et agricoles en vue de générer une grande quantité d'emplois salariés pour les pauvres» qu'il pourra tenir toutes ses promesses. Néanmoins, elle n'a pas analysé les multiples changements apportés par les micros-crédits sur le plan alimentaire, scolaire, sanitaire et autre dans les ménages bénéficiaires de crédits à Uvira afin de mesurer l'impact socio-économique de ses micros-crédits dans la lutte contre la pauvreté à Uvira. Elle a oublié de montrer les différents facteurs qui influencent le surendettement et cavalerie financière ces MPME à Uvira avant et après accès aux crédits et leurs états après l'utilisation du crédit et c'est à ce niveau que ce travail lui complétera.

KERHERO et BALEMBA8 cité par Béatrice BAHATI CIREZI ont mené une étude sur l'impact de micro crédit sur la réduction de la pauvreté à Bukavu. Cette étude avait pour objectif de connaitre si la situation économique des femmes bénéficiaires est différente de celles qui ne bénéficient pas du crédit. Ils ont mené leurs études sur un échantillon composées de 200

7 Microcrédit : outil de lutte contre la pauvreté par l'accroissement du revenu des ménages à Uvira, T.F.C, ISDR/Bukavu, 2005

8 KERHERO et BALEMBA, Impact de micro crédit sur la réduction de la pauvreté à Bukavu, TFC, Inédit ISDR/BUKAVU, 2008

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femmes dont 100 sont bénéficiaires du crédit auprès d'APEF et 100 autres femmes non bénéficiaires du crédit. Grâce aux variables d'indication socioéconomique (dépenses relatives à l'alimentation, à la scolarité, aux soins médicaux et à la contribution de la femme au budget général du ménage) et celles d'estimation socio démographique (l'âge, le niveau d'étude et taille du ménage) les chercheurs sont arrivés à conclure que la situation socioéconomiques des femmes bénéficiaires de crédit est meilleure comparativement à celles des autres qui n'y accèdent pas. Le micro crédit a donc un impact positif sur la réduction de la pauvreté des bénéficiaires lorsqu'il vise avant tout le bien être de ses bénéficiaires. Le crédit permet d'accéder aux soins de première nécessité, d'envoyer davantage les enfants à l'école et de mieux manger. Le crédit intervient de façon très particulière dans l'autonomisation des femmes. Elle n'a pas démontré dans son travail que ces micros crédits octroyés à ces femmes étant à la consommation, leurs mensualités sont souvent de faible montant, ce qui inciterait ces femmes à y recourir fréquemment, même pour des dépenses courantes telles que soulignées ci haut. Or, plus les mensualités sont faibles, plus la durée de remboursement est longue et le coût du crédit cher. L'attention du consommateur devrait être attirée sur ce point ainsi que sur les risques de « cavalerie » consistant à puiser dans une réserve pour en rembourser une autre ». C'est à ce point que ce travail aura compléter sa recherche.

KATARAKA cité par Béatrice BAHATI CIREZI, avait analysé la contribution et les limites de la micro finance dans la lutte contre la pauvreté dans la ville de Bukavu. Lors de ses études, il avait abouti à l'affirmation selon laquelle la micro finance oriente ses crédits en vue de relever le niveau des secteurs délaissés, des couches sociales les plus faibles qui constituent sa population cible. S'appuyant sur un échantillon aléatoire de 80 ménages et grâce à la démarche statistique qu'elle utilise, elle parvient à relever que, théoriquement, les bénéficiaires de micro crédits sont des pauvres. Elle aboutit aux résultats selon lesquels 51% des enquêtés trouvent que le montant accordé était suffisant pour satisfaire leurs besoins et 49% d'entre eux, par contre, trouve que les crédits leur accordés n'étaient pas suffisants. Elle en déduit que la population à faible niveau de revenu, a besoin des services financiers qui vont au-delà de simples financement de leurs activités productives, car le microcrédit doit rester un outil, un moyen, sans jamais devenir une fin en soi. C'est ici exactement que dans son travail, Mr KATARAKA, n'a pas démontré que de ces 49% d'enquêtés, il y aurait un certain notre des débiteurs qui feraient recours à des dettes supplémentaires pour couvrir leurs besoins. Et c'est de cela donc que ce travail aura apporté comme contribution à sa recherche.

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Dans son Editorial de Mai 20169, ADA - Appui au Développement Autonome, a réalisé une étude sur les MPME et s'est appuyée sur cinq IMF en Ethiopie, au Kenya et à Madagascar pour identifier un total de 83 propriétaires de petites entreprises en expansion ; des entretiens individuels ont ensuite été menés avec ces entrepreneurs afin de mieux comprendre leur parcours. Parmi les conclusions de cette étude ADA - Appui au Développement Autonome signale qu'en Afrique subsaharienne comme ailleurs, les Micro, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) jouent un rôle crucial pour le développement économique et la création d'emplois. Néanmoins, le secteur peine à atteindre pleinement son potentiel en raison de toute une série de difficultés parmi lesquels l'accès limité aux services financiers, mais également parce qu'il existe un manque plus général de connaissance et de compréhension de ce segment de l'économie. Afin de mieux répondre aux besoins des MPME, une première étape devrait donc consister à identifier les profils, les schémas de croissance, les facteurs de succès et les difficultés rencontrées par les entrepreneurs qui sont parvenus à transformer leur micro entreprise en petite ou moyenne structure.

ADA - Appui au Développement Autonome va plus loin dans ses conclusions et informe qu'aujourd'hui, la plupart des entrepreneurs affirment que l'accès au financement demeure crucial pour continuer à croître, mais une grande partie d'entre eux rencontrent toujours des difficultés pour obtenir les montants dont ils ont besoin, principalement à cause des exigences de garantie. Les temps de traitement sont également considérés comme trop longs. Une solution trouvée par des entrepreneurs kenyans consiste à contracter plusieurs prêts à la fois auprès de différentes institutions, mais aussi parfois auprès de la même, ce qui semble inefficient et les expose à plusieurs risques dans leur exploitation. Un manque de produits financiers adaptés aux MPME apparaît clairement, étant donné que ni les IMF ni les banques ne sont en mesure de répondre à leurs besoins.

Contrairement à ces chercheurs, notre travail portera sur « l'Analyse des facteurs de vulnérabilité, causes du surendettement et de la cavalerie financière de Micros, Petits et Moyens Entrepreneurs en Ville de Goma ».

9 www.ada-microfinance.org

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore