0.2 Problématique
La dégradation du tissu socio-économique du fait
des guerres que la RDC a successivement connues depuis 1993 (pillage, sabotage,
dégradation systématique et destruction des biens, meubles et
immeubles) a contribué à rendre le marché bancaire de plus
en plus à haut risque. De très nombreuses structures IMF, COOPEC
et Banques, pourvoyeuses d'emplois et d'investissements ayant été
mises en difficultés. L'insolvabilité ainsi que la cavalerie
financière et le surendettement de certains débiteurs ont conduit
une couche importante de ces structures à sombrer dans la crise de perte
de confiance de la clientèle et ainsi, une menace d'absence des
investisseurs dans le secteur bancaire en R.D.Congo.
Secteur en pleine expansion, la micro finance devient de plus
en plus concurrentielle. Le nombre croissant d'IMF, COOPEC et Banques sur le
marché a pour conséquence que les emprunteurs ont un accès
plus facile au crédit ce qui peut mener au surendettement et à
l'insolvabilité des micros, petits et moyens entrepreneurs.
En R.D.Congo, cette situation s'est quasiment
opérée depuis l'avènement de la crise financière de
2008. Plusieurs structures primaires sont tombées en faillite, d'autres
en difficulté avancée de fonctionnement. Des analyses des
certains experts dans le domaine, l'on retiendra que cette situation aurait
été dû aux causes exogènes et d'autres
endogènes : mauvais management de ces structures, mauvaise gouvernance
mais aussi et surtout de l'insolvabilité accrut de débiteurs
dû au surendettement et à la cavalerie financière.
Les acteurs du secteur bancaire sont partis tous en solo,
chacun se concentrant sur sa mission et vision sans pouvoir se rassurer des
collatérales : L'échange des informations sur les
différents débiteurs. On peut par exemple observer, l'existence
d'octroi des micros crédits par certains acteurs du secteur sans
garantie hypothécaire et à des conditions élevées.
Beaucoup des micros, petits et moyennes entrepreneurs se précipitent
pour consommer ce produit quoi qu'exposés à des risques de
surendettement et de cavalerie avec bien entendu, l'absence d'un système
d'information efficace pouvant permettre la protection de la créance que
l'on veut mettre en place.
Or, en partageant, les unes avec les autres, les informations
sur les emprunteurs, les IMF et banques pourraient réduire leurs risques
et éviter ainsi des pertes. En effet, l'historique de crédit d'un
emprunteur est un indicateur important de sa solvabilité. Le taux
d'endettement en hausse peut avoir des lourdes implications sur
l'activité macroéconomique et sur la stabilité
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financière même de l'IFD (Institution
Financière Décentralisée) si plusieurs MPME sont
défaillants.
L'endettement des MPME s'explique principalement par
l'accroissement des octrois de crédits hypothécaires. Or la vente
par crédit permet à certains consommateurs de se procurer des
produits dont ils ont besoin tout en payant à leur rythme.
Malheureusement certaines personnes achètent sans compter et par
conséquent se retrouvent avec des dettes supérieures à
leur revenu. Ce qui devient un casse-tête pour ces MPME, c'est qu'ils
doivent survivre mais en remboursant les dettes accumulées. Sinon leurs
biens risquent d'être vendus même s'ils ne suffisent pas à
rembourser toutes les dettes. Cela détériore le bien-être
social et économique de ces MPME. À long terme ces derniers se
sentent exclus de la société après qu'ils sont devenus
pauvres. Comme montré ci haut, La crise économique de 2008 a
obligé certaines entreprises de licencier son personnel à cause
de la restructuration ou de leur faillite. Or les membres du personnel sont en
même temps les consommateurs des produits des entreprises. Le manque de
revenus a augmenté considérablement le nombre des ménages
incapables de rembourser leurs dettes.
Peer Stein Aout 2013, Directeur Accès au
financement, IFC10 dit que « L'accès au
financement est indispensable à une croissance économique
inclusive en Afrique subsaharienne ». Il poursuit en disant que moins d'un
quart des adultes vivant en Afrique subsaharienne a accès à des
services financiers formels. En l'absence d'infrastructures financières
offrant des mécanismes pour épargner en toute
sécurité, des moyens sûrs et efficaces pour
transférer de l'argent et un accès au crédit et à
l'assurance, il est souvent impossible pour la majorité des populations
sur le continent de faire des investissements productifs à l'endroit de
leurs familles et entreprises.
Le manque d'accès au financement constitue une
contrainte majeure pour la croissance des petites et moyennes entreprises en
Afrique subsaharienne, mais limite aussi de façon significative la
création d'emplois, la croissance économique et
l'émergence d'une prospérité partagée. Les
systèmes financiers africains se sont améliorés au cours
des 20 dernières années, mais restent en retard par rapport aux
autres économies en développement, ce qui limite l'impact positif
des entrées record de capitaux enregistrées actuellement.
10 Peer Stein, Directeur, Programme d'Accès
au financement en Afrique subsaharienne, Société
Financière Internationale, BM, 2013
10
Grâce à l'appui qu'il fournit aux institutions de
micro finance, aux services financiers mobiles, à la micro assurance,
aux centrales des risques, aux registres des garanties, aux marchés des
titres, et au financement des micro-, petits et moyens entrepreneurs, le
programme de Services-conseil pour l'Accès au Financement en Afrique
subsaharienne d'IFC vise à renforcer la lutte du continent contre la
pauvreté et à favoriser une croissance économique
inclusive. Peer Stein termine en disant que «
L'accès au financement est essentiel pour libérer le potentiel de
croissance considérable de l'Afrique, et s'assurer que la croissance
économique profite à tous ».
Ainsi donc, les IFDs de la RDC en général et de
Goma en particulier en tant que des institutions privées de micro
finance agrée par la BCC, ont pour missions principales de lutter
durablement contre la pauvreté en facilitant l'accès aux services
financiers de base (micro-épargne et microcrédit) et autres
services supplémentaires (micro-assurance, transfert de fond, formation
en marketing et gestion, éducation financière...) en faveur des
populations Congolaise de la province du Nord-Kivu et en particulier celle de
la ville de Goma défavorisées et autres micro-entrepreneurs
exclus du système financier classique de ladite province.
En effet, en leurs donnant accès aux financements, ces
IFDs jouent un rôle prépondérant dans la lutte contre les
nombreuses dimensions de la pauvreté (manque du capital, de fond de
roulement, de soin de santé, d'aliments, de logement, de revenu, besoins
en consommation des leurs ménages, ...) dans la province.
En donnant accès aux financements à ces MPME,
ces IFDs courent des risques. Quelques-uns de ces risques sont le
surendettement et/ou la cavalerie financière qui rendent très
vulnérables ces MPME sans qu'elles ne n'en rendent compte. C'est pour
cela que le présent travail se focalisera sur « L'Analyse
des facteurs de vulnérabilité, causes du surendettement et de la
cavalerie financière de Micros, Petits et Moyens Entrepreneurs en Ville
de Goma ».
Pour bien aborder notre étude de recherche et partant
de ce constat amer, la problématique sur l'Analyse des facteurs de
vulnérabilité, causes du surendettement et de la cavalerie
financière de Micros, Petits et Moyens Entrepreneurs en Ville de Goma
est structurée au tour des questions de recherches ci-dessous :
- Quels sont les facteurs qui influencent le surendettement et
la cavalerie financière des micros, petits et moyens entrepreneurs de
Goma ?
- Quelles sont les stratégies de mitigation à
envisager par les IFDs pour réduire tant soit peu leur survenance ?
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