WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des facteurs de vulnérabilité, causes du surendettement et de la cavalerie financière des MPME en ville de Goma de 2012 à  2016.


par Rémy BAGALWA CIBAGASHA
UNIC-GOMA - Licence en Management et Sciences économiques. 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

34

I.4. QUELQUES CAUSES DU SURENDETTEMENT

Avant d'entrer dans le vif du sujet nous avons jugé utile de commencer par clarifier le sens de quelques mots utilisés souvent par les prêteurs et les emprunteurs. Deliens, & Lefevre (1988, p. 106)25, ont proposé les sens des termes comme : le prêt à tempérament, la vente à tempérament et le prêt hypothécaire. Tous ces crédits font l'objet d'une convention écrite et génèrent des intérêts en faveur du créancier.

? Le prêt à tempérament

Opération par laquelle un consommateur acquiert un bien auprès d'un vendeur et le fait financer par un tiers (institution financière). Le consommateur s'engage à rembourser le prêteur en un nombre de mensualités supérieur ou égal à 3. Il verse un acompte au vendeur de 15% au minimum.

? La vente à tempérament

C'est une sorte de crédit qui concerne les biens durables tels qu'une auto neuve, du mobilier, un téléviseur etc. le commerçant ou l'institution prêteuse demeure propriétaire du bien que vous avez acheté jusqu'à ce que vous ayez terminé de le payer. Ici la notion de crédit-bail ou le leasing financier intervient26.

? Le prêt hypothécaire

Il s'agit d'un prêt d'argent contre intérêt dans lequel le remboursement du capital et le paiement des intérêts sont garantis par la mise en gage au profit du prêteur d'un bien immeuble.

Le "surendettement", est la situation dans laquelle se trouvent des personnes physiques ou les MPME dont, la situation est caractérisée par l'impossibilité manifeste pour le débiteur de bonne foi de faire face à l'ensemble de ses dettes non professionnelles exigibles et à échoir. Il n'y a pas un taux mathématique précis mais le surendettement se déduit d'une analyse concrète de la situation personnelle, familiale, professionnelle et patrimoniale de la personne ou la MPME endettée. Il existe plusieurs dimensions en ce qui concerne le surendettement : la dimension économique car on doit rembourser une somme d'argent, la dimension temporelle car elle concerne le moyen ou long terme, la dimension sociale en tenant compte des dépenses basiques à remplir avant le remboursement de dettes, et enfin la dimension psychologique qui n'est autre que le stress causé par l'ampleur de dettes. Certaines études de la dette considèrent

25 Deliens, & Lefevre, Op. Cit., (1988, p. 106)

26 Nantel Y., Si vous avez des dettes : ce qu'il faut savoir. Montréal : Saint-Martin, 1986.

35

le surendettement comme un phénomène individuel et d'autres disent qu'il faut prendre en compte tous les flux de trésorerie des ménages en compte27.

D'après Disney, Bridges et Gathergood (2008), l'une des causes du surendettement est l'imprudence financière. C'est-à-dire prendre une mauvaise décision financière à cause de la compréhension insuffisante du coût réel de remboursement. Ceci peut-être dû aux conditions et termes du contrat, qui ne sont pas clairs, ou l'incapacité de l'emprunteur à gérer correctement ses revenus. Une réduction brusque du revenu comme par exemple une perte

d'emploi. Des dépenses imprévues (par exemple les soins médicaux couteux). Une
augmentation inattendue du coût de la dette (augmentation du taux d'intérêt). Un changement soudain de la structure familiale par exemple un divorce, la naissance ou la mort d'un membre de la famille).

Dans certains cas, le surendettement découle de la pauvreté des ménages incapables de faire face à leurs dépenses d'où le recours à des prêts qu'ils risquent de ne pas rembourser. La nécessité du prêt peut-être causé par le surendettement lui-même, ce qui crée un cercle vicieux. Ceci est dangereux pour toutes les parties à savoir les ménages, les MPME et les financiers. Or il n'est pas possible de résoudre le problème en s'endettant d'avantage. Pour un ménage il faut au contraire réduire sensiblement ses dépenses ou bien chercher la possibilité

d'accroître ses revenus. Domont-Naert Françoise (1993)28, dans son ouvrage " Le
surendettement des consommateurs en Belgique : rapport final " évoque deux sortes principales du surendettement. À savoir les causes lointaines comme la capacité de gestion du surendetté, ou le milieu familial du surendetté. Elle parle également des causes immédiates, c'est le cas de faibles revenus ou la méconnaissance des termes du contrat de crédit.

I.4.1. Les causes lointaines :

Dans la famille du surendetté le surendettement peut émaner des caractéristiques socioéconomiques ou l'incapacité de la gestion financière de la personne concernée.

o Caractéristiques socio-économiques : Il s'agit de variables sociologiques qui permettent de situer l'individu. Par exemple le sexe, l'âge, la nationalité, la composition de ménage, la profession, le revenu, les biens qu'il possède, etc. En général les familles en difficultés financières et matérielles présentent des

27 Disney, R., Bridges S., Gathergood J. : Drivers of Over-indebteness, 2008. En ligne

https://www.nottingham.ac.uk/economics/cpe/publications/berrsep08.pdf, consulté le 11/04/2019

28 Domond-Naert F. (Ed.) : Le surendettement des consommateurs en Belgique : Rapport final. Louvain-La-Neuve, Belgique : Centre de droit à la consommation, Bruxelles 1993.

36

risques importants pour des générations futures. Car la socialisation des enfants est une fonction essentielle de la famille. Il s'agit de l'apprentissage de valeurs et de modes de comportement en accord avec la culture locale. La socialisation se fait directement par l'instruction et indirectement par l'observation du comportement des parents. La socialisation est un processus sans fin29. Donc le milieu d'origine de l'individu, l'éducation reçue, le climat familial vont influencer le comportement, la prise de décision et la consommation de l'enfant quand il sera adulte et autonome30.

o La pauvreté : D'une part, Domont-Naert F. (1992)31 définit la pauvreté comme « l'addition de multiples cas de détresse provoquée par l'insuffisance de ressources monétaires ». Cette définition considère la situation individuelle. En ce qui concerne les causes de la pauvreté, nous pouvons citer le manque de l'effort personnel, ce qui est le cas de certains clochards heureux de leur situation. Les autres causes sont indépendantes de la volonté de la personne concernée, il peut s'agir d'un incident imprévu comme la maladie, le veuvage ou l'accident. D'autre part la pauvreté peut s'agir d'un phénomène global dont la solution se trouve dans la société entière. C'est le cas de bouleversements économiques et sociaux. Dans ce cas la pauvreté peut disparaître si la société entière fait quelque chose pour l'éradiquer. Par exemple stabiliser la croissance économique.

? Les critères de pauvreté :

L'insuffisance de ressources disponibles :

« Le pauvre est celui qui ne dispose pas d'un minimum de ressources jugées nécessaires à l'assurance de sa survie ». Domont-Naert (1992). Le minimum de ressources dont on parle peut s'agir du seuil de pauvreté absolu (nécessaire pour exister) ou bien du seuil de pauvreté relatif qui est calculé par rapport au niveau de vie moyen d'un pays pris isolement.

29 Paul Van Vracem et Martine Janssens-Umflat, Op. Cit, (pp. 40-41, 1994)

30 Domont-Naert Françoise, Op Cit

31 Domont-Naert F. Consommateurs défavorisés : crédit et endettement : contribution à l'étude de l'efficacité du droit de la consommation. Bruxelles : Kluwer, 1992.

37

La précarité du statut social

Les personnes les plus démunies vivent dans l'insécurité économique. Il s'agit de l'absence d'une profession, ou avoir un emploi précaire. Par conséquent son revenu est très bas car dans la plupart de cas il s'agit des allocations sociales ou de chômage. L'irrégularité de revenu provient du type de travail effectué ou du statut professionnel du travailleur. L'alternance de revenus et d'allocations accentue l'irrégularité de ressources. Le chômage croissant augmente l'incertitude de revenus suffisants. La précarité de ressources due à une précarité du travail ou à l'absence du travail entraîne une précarité générale des conditions de vie. Donc l'irrégularité et l'incertitude des ressources constituent des éléments essentiels vers la paupérisation. Affirme Domont-Naert (1992).

Le sous-développement culturel

La pauvreté culturelle est également une pauvreté. En général le pauvre souffre des lacunes en ce qui concerne son éducation et sa formation. La plupart de jeunes insuffisamment scolarisés sont issus de milieux sociaux défavorisés. L'analphabétisme est l'une de causes de la pauvreté en Belgique32. L'école joue un rôle important comme facteur d'intégration sociale, culturelle et économique. L'exclusion des modes de vie dominants Les gens sont considérés comme pauvres s'ils ne mènent pas le même style de vie que la société dans laquelle ils vivent et à ce moment-là. Ce sont les plus démunies qui sont exclus de nos biens de consommation les plus courants comme le régime alimentaire, vêtements, éducation, conditions de travail, et social. Ces pauvres, pour éviter cette exclusion sociale et économique doivent emprunter de l'argent afin de montrer à leur entourage qu'ils consomment la même chose que tout le monde. Or l'incertitude et l'irrégularité de leurs revenus augmente la probabilité de ne pas honorer leurs engagements contractuels. Ce qui peut bien entendu les pousser au surendettement.

32 Domont-Naert, Op. Cit, 1992

38

Les pauvres n'ont pas de pouvoir dans la société

Le pauvre est exclu des structures du pouvoir. Il ne dispose pas des moyens pour faire entendre ses revendications. La pauvreté s'explique par l'absence du pouvoir sur autrui. Certains auteurs avancent l'idée que les instruments juridiques sont inefficaces pour éradiquer la pauvreté parce que les plus démunis ne sont pas capables de faire entendre leur voix. (Domont-Naert 1992).

Le pauvre et la société de consommation

Le consommateur défavorisé se trouve confronté à un marché caractérisé par des prix élevés. C'est pourquoi il doit recourir au crédit. Ce système de marché adopte une fonction qui n'est pas remplie par le marché traditionnel. Il offre certains biens par le biais du crédit au consommateur défavorisé. Ce dernier ne peut se procurer de ces biens sur le marché traditionnel. C'est ainsi qu'une nouvelle catégorie des commerçants a débarqué. Ils sont disposés à accepter des risques très élevés en offrant des crédits à des consommateurs défavorisés. D'où la raison de fixer des prix élevés même si cela aux yeux de certains est une pratique déloyale. En d'autres termes les consommateurs pauvres n'ont que deux choix : soit ils acceptent de se laisser exploiter, ou bien ils renoncent à l'acquisition de certains biens. C'est ce que la fondation Roi Baudouin appelle « le dilemme du pauvre en matière de consommation. » cité dans Domont-Naert (1992, p.28)33. Nous sommes partisans de l'idée que ce dilemme n'est pas un choix, car dans notre société de consommation la possession de certains biens est un symbole du statut social. Les consommateurs sont hiérarchisés grâce à des biens matériels qu'ils possèdent. « Le poids de dépenses alimentaires est inversement proportionnel à l'importance de revenus. » confirme Deliens C. & Lefevre P. cité dans Domont-Naert (1992, p. 29)34. C'est-à-dire que les ménages pauvres dépensent une grande partie de leur revenu à l'alimentation, et une petite partie restante à des biens et services de besoin secondaire. C'est l'opposé pour les ménages ayant le revenu élevé. Les

33 IDEM, p.28

34 Domont-Naert, Op. Cit. p. 29

39

consommateurs défavorisés doivent faire face à un dilemme : d'une part satisfaire leurs besoins primaires comme le logement et l'alimentation. D'autre part garder le contact avec la société. C'est-à-dire leur famille, ou leurs voisins. Dans la société de consommation, ce n'est pas la consommation primaire qui est valorisée, mais bien celle de biens comme la voiture, la télévision etc. cette dernière consommation qui est secondaire à la première est valorisée par la société de consommation. Parce qu'elle est visible par le monde qui nous entoure comme les voisins ou les amis. Le consommateur qui ne participe pas à cette consommation de biens secondaires se sent dévalorisé. Delvax G. & Bourgoignie T. ont baptisé cette consommation de biens secondaires «La norme sociale de consommation ». Cité dans Domont-Naert (1992, p.3035). Ce concept fait référence au mode de consommation de masse au sein duquel le choix du consommateur est fortement limité. Le consommateur défavorisé participe à cette norme sociale de consommation pour s'affirmer. Donc « la précarisation et la paupérisation peuvent s'expliquer par l'incapacité d'échapper aux pressions du mode de vie dominant. » conclut Hiernaux J. p & Bodson D. cité dans Domont-Naert (1992, p.31)36. Le consommateur défavorisé, à cause de ses moyens financiers limités se retrouve en situation de sous-consommation en essayant de se plier aux contraintes du mode de vie dominant. D'où le recours au crédit car c'est le seul moyen d'accéder à la surconsommation que la norme sociale de consommation lui impose.

o La gestion financière

L'apparition d'un défaut de remboursement d'une dette et toutes les conséquences qui en résultent sont étroitement liés à la capacité de gérer son revenu. Si quelqu'un anticipe mal ses capacités de rembourser une dette, il risque de devenir un emprunteur surendetté. Plusieurs facteurs vont influencer comment dépenser son revenu. Il s'agit des habitudes familiales, des préférences personnelles et celles des membres de la famille la mode, le groupe de référence, etc. Il y a trois sortes de gestion qu'il faut maitriser pour éviter le surendettement. Il s'agit de la gestion de soi, de la gestion du

35 IDEM, p. 30

36 IBIDEM, p.31

40

temps et de la gestion de l'argent. La gestion de soi consiste à pouvoir analyser, de se comprendre soi-même, puis d'établir des relations entre soi et les autres, ou avec une situation donnée. Notons que certains consommateurs se sentent incapables de comprendre certaines situations. Par exemple comprendre comment le banquier a calculé le taux d'intérêt, l'annuité ou le cas échéant la mensualité à rembourser. La gestion du temps : l'être humain doit faire des projets, et doit planifier son avenir. Les ménages des classes bourgeoises dépassent le domaine de l'immédiat en prévoyant ce qui peut leur arriver dans le futur. (Domont-Naert 1993). La gestion de l'argent consiste à équilibrer le revenu et les dépenses pour ne pas se retrouver dans une situation de surendettement. Or certains ménages ont un revenu irrégulier ou limité de telle manière qu'établir un budget est difficile voire impossible. Ceci augmente le risque du défaut de paiement. Certaines familles payent leurs factures dès qu'elles se présentent et à la fin se retrouvent sans rien épargner. Si les ressources ne sont pas suffisantes, équilibrer le budget devient impossible car on vit à court-terme. Ceci revient à dire que certains ménages se retrouvent dans la situation du surendettement parce qu'il est difficile pour eux de planifier le budget à long terme. Donc accuser ces ménages d'effectuer des achats déplacés n'est pas toujours vrai. Pour les ménages qui ont un revenu élevé, pouvoir épargner est une manière d'éviter le surendettement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus