2.2.2. La théorie socioconstructiviste de Vygotsky
A la même époque que Piaget, Vygotsky
élabore la théorie socioconstructiviste qui introduit une
dimension supplémentaire par rapport à la théorie
constructiviste : celle des interactions sociales de l'apprenant dans le
processus de construction de ses connaissances. L'apprentissage est alors
considéré comme le résultat des activités
sociocognitives entre formateur et apprenants d'une part et entre apprenants et
apprenants d'autre part. Dans une perspective socioconstructiviste, et comme le
souligne Gérard Barnier (s.d.),
les conditions de mise en activité des apprenants sont
essentielles, car ce qui se joue dans les apprentissages ce n'est pas seulement
l'acquisition de connaissances nouvelles ou la restructuration de connaissances
existantes ; c'est également le développement de la
capacité à apprendre, à comprendre, à analyser ;
c'est également la maîtrise d'outils. Ce n'est donc plus seulement
par ce que l'enseignant transmet, et par les formes de mise en activité
des élèves confrontés à des situations
problèmes, que les élèves apprennent. C'est par des mises
en interactivité (entre élèves et entre enseignant et
élèves) que le savoir se construit.
En d'autres termes, il ne s'agit plus seulement pour
l'apprenant d'intégrer des nouvelles connaissances à celles qu'il
possède déjà, de réorganiser ses schèmes
mentaux pour incorporer ces nouvelles connaissances, mais également de
développer des capacités à construire ses connaissances
grâce aux interactions qu'il a avec ses formateurs et ses paires. Le
socioconstructivisme repose ainsi sur deux processus importants. Le premier
décrit par Piaget qui stipule que l'apprenant intègre ses
nouvelles connaissances ou expériences à celles qu'il
possède déjà du monde (assimilation), réorganise
ses schèmes mentaux ou sa vision du monde pour incorporer ses nouvelles
connaissances ou expériences (accommodation). Le second décrit
par Vygotsky, stipule que l'apprenant construit ses connaissances sous
l'influence des interactions sociales qu'il a avec des formateurs ou ses
paires.
Dans le cadre socioconstructiviste, apprendre revient donc
à former une zone de développement qui correspond à
l'écart entre ce que l'apprenant est capable de produire seul et ce
qu'il est capable de produire avec l'aide d'un tiers. Cette zone de
développement, Vygotsky l'appelle la zone proximale de
développement qui correspond à « La distance entre
deux niveaux : celui du développement actuel, mesuré par la
capacité qu'a un enfant de résoudre seul des problèmes, et
le niveau de développement mesuré par la capacité qu'a
l'enfant de résoudre des problèmes lorsqu'il est aidé par
quelqu'un »(Vygotsky, 1985). Le rôle de l'enseignant est
fondamental car les activités d'apprentissage ou les situations
d'apprentissage qu'il doit élaborer doivent tenir compte du contexte
d'apprentissage et privilégier les collaborations entre
apprenants-apprenants et enseignant-apprenant. Dans l'élaboration des
activités d'apprentissage, le formateur doit introduire des tâches
complexes qui sont supérieures aux connaissances que l'apprenant
possède déjà. L'apprenant peut ainsi se servir de
l'imitation lors des activités collectives avec ses pairs et sous la
supervision du formateur.
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