Intégration pédagogique des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans l'implémentation des curricula de l'école normale supérieure de Maroua: état des lieux, défis et perspectivespar Arnauld Samuel Bella Bella Université de Yaoundé I, Cameroun - Master II 2020 |
Figure 6 : le modèle SAMR de Ruben PuenteduraSource : inspiré de http://dmicentral.net/blog/doug-beishaw/some-thoughts- ipads-and-one-one- initiatives et http://tinyuri.com/aswemayteach 2.1.3.2.1. La substitutionA ce stade, la technologie se substitue aux outils couramment utilisés pour effectuer les mêmes tâches qu'avant. Ici, il n'y a aucun changement fonctionnel dans l'apprentissage et l'enseignement. On a par exemple la substitution d'un stylo pour écrire des textes par un outil de traitement de texte (mais n'offrant pas des fonctionnalités de correction orthographique, etc.). Il faut noter que cette phase est centrée sur l'enseignant qui décide de l'utilisation de la technologie sur la base des avantages qu'elle peut offrir. 2.1.3.2.2. L'augmentationA ce stade, la technologie propose une amélioration fonctionnelle car propose des outils plus efficaces pour effectuer les tâches courantes. L'enseignant peut par exemple évaluer ses élèves à travers la plateforme Moodle et demander à ses apprenants de se connecter et de composer en ligne. Cette amélioration fonctionnelle a un impact réel la productivité des élèves et leur permet de s'engager davantage dans leurs apprentissages. 2.1.3.2.3. La modificationA ce stade, la technologie permet d'effectuer une modification profonde des tâches scolaires ordinaires. Ici, il y'a un changement fonctionnel de la salle de classe. L'enseignant peut par exemple utiliser de diapositives animées contenant des vidéos et des sons pour mieux expliquer la génétique en sciences aux apprenants. Dans cette phase, la technologie offre les possibilités d'enregistrement d'audios et de vidéos pour une meilleure scénarisation de la situation enseignement-apprentissage. 2.1.3.2.4. La redéfinitionA ce dernier niveau, la technologie permet la création de certaines tâches qui étaient impossibles à réaliser auparavant sans technologie. L'exemple le plus marquant est la possibilité pour les élèves d'effectuer des travaux ou de s'exprimer de manière collaborative et en temps réel à travers des forums, des environnements virtuels d'apprentissage, etc. A cette étape, la technologie favorise la communication et la collaboration entre les enseignants et les apprenants. 2.2. Théories explicatives de l'étude2.2.1. La théorie constructiviste de PiagetLa théorie constructiviste selon Jean Piaget (1896-1980) qui en est le fondateur stipule que le sujet apprend en s'adaptant à un milieu, c'est en agissant sur le monde qu'il apprend (Piaget, 1970). Selon lui, les connaissances se construisent par ceux qui apprennent. C'est dans cette même logique que Strommen et Lincoln (1992) cité par Poellhuber et Boulanger (2001) soutiennent que « la prémisse essentielle de l'approche constructiviste est que l'apprenant construit activement ses connaissances en les assimilant à celles qu'il a déjà ». Il existe alors une relation entre le sujet et l'objet d'apprentissage ou entre le sujet et l'environnement d'apprentissage. Pour Piaget (1970), l'apprentissage est centré sur l'apprenant considéré comme le principal acteur de la construction de ses connaissances. Dans ses travaux en psychologie génétique, Piaget explique comment l'humain dès son enfance construit ses connaissances selon des stades de développement bien définis au contact de son environnement. L'apprenant n'est plus considéré comme une tabula rasa (table rase) que l'enseignant doit remplir des connaissances, mais il apprend à partir de ce qu'il sait. En d'autres termes, l'apprentissage n'est plus une absorption, mais une construction. De Landsheere (1979, p. 55) pense que le constructivisme est la théorie selon laquelle « la connaissance n'est ni une copie de l'objet ni une prise de conscience de formes a priori qui soient prédéterminées dans le sujet, c'est une construction perpétuelle par échange entre l'organisme et le milieu au point de vue biologique, et entre la pensée et l'objet au point de vue cognitif ». Pour Piaget, les processus d'apprentissage ne sont pas juste de simples relations entre l'apprenant et l'objet d'apprentissage, mais une organisation du monde par l'apprenant au fur et à mesure qu'il apprend, en s'adaptant. Pour lui, l'intelligence est dotée d'une nature adaptative, organisatrice et structurante et s'appuie sur deux principes qui encadrent l'activité cognitive : l'assimilation et l'accommodation. L'assimilation a lieu lorsque l'apprenant intègre les données qui viennent de son milieu sans les modifier et les relient aux connaissances dont il possède déjà. Ici, il s'agit de l'action du sujet sur son environnement. Quant à l'accommodation, elle traduit l'adaptation de l'apprenant aux nouvelles situations en réorganisant ses cadres mentaux (schèmes mentaux). Ici, c'est l'action de l'environnement sur le sujet.En principe, l'apprenant intègre ses nouvelles connaissances ou expériences à celles qu'il possède déjà du monde (assimilation), réorganise ses schèmes mentaux ou sa vision du monde pour incorporer ses nouvelles connaissances ou expériences (accommodation). Il existe de ce fait une interaction importante entre le sujet et son environnement dans la construction de ses connaissances. Dans la perspective de Piaget, l'apprentissage est actif. La conception du curriculum doit donc valoriser les activités d'apprentissage permettant à l'apprenant de construire ses connaissances. En d'autres termes, et comme le souligne Ngnoulayé (2010), en situation d'enseignement-apprentissage, la connaissance ne devrait pas se transmettre directement mais devrait être le résultat des efforts de l'apprenant. Cela implique le développement de l'apprenant lorsqu'il est confronté à des situations d'apprentissage nouvelles, créant ainsi un déséquilibre qui va disparaître par accommodation et faire place à un nouvel équilibre permettant à l'apprenant d'intégrer les nouvelles connaissances à celle qu'il possède déjà. Il en découle donc qu'en contexte d'implémentation des curricula de l'école normale supérieure dans un paradigme pédagogique constructiviste à l'aide des TIC, les apprenants intègrent l'utilisation des outils TIC dans leur apprentissage, dans la résolution des situations d'apprentissage et la construction de leurs connaissances. En effet, grâce à internet par exemple, l'apprenant peut comprendre ou approfondir les expériences qui lui sont proposées en salle de classe et confronter ainsi ses connaissances qu'il possède déjà avec d'autres apprenants à travers des plateformes virtuelles d'enseignement. La théorie constructiviste s'apparente d'ailleurs à l'intégration des TIC en contexte d'enseignement-apprentissage. |
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