Intégration pédagogique des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans l'implémentation des curricula de l'école normale supérieure de Maroua: état des lieux, défis et perspectivespar Arnauld Samuel Bella Bella Université de Yaoundé I, Cameroun - Master II 2020 |
Figure 4 : La conception du curriculumSource : adapté de https://www.thoughtco.com/curriculum-design-definition-4154176 (2019) La conception du curriculum est importante dans tout champs d'études en particulier la formation des enseignants. Toutefois, le formateur doit s'assurer que la conception du curriculum sert de catalyseur pour un apprentissage significatif et une acquisition des compétences. Dans le cadre d'une réflexion générale sur les curricula de formation des enseignants au Cameroun, plusieurs facteurs influencent leur conception. Il s'agit notamment de la maitrise technique des outils TIC, de la gestion de la salle de classe, des profils des apprenants, de l'adaptation des programmes aux besoins locaux. Par ailleurs, le fait de considérer les formateurs comme de simples exécutants non associés à la conception initiale des curricula et le contexte dans lequel travaillent ces formateurs insuffisamment formés à l'application des réformes curriculaires et manquant parfois de temps sont de véritables freins à la mise en oeuvre des politiques curriculaires dans les écoles normales supérieures du Cameroun. Aujourd'hui, avec la professionnalisation de tous les ordres d'enseignement au Cameroun, la conception initiale des curricula est centrée sur l'apprenant considéré comme le principal acteur de la construction de ses connaissances. Il est donc primordial d'associer les formateurs à la conception initiale des curricula et de les former suffisamment à l'application des réformes curriculaires. Ceci dans le but de permettre aux enseignants d'adapter les politiques curriculaires aux réalités structurelles des écoles de formation. Cette association est d'autant plus importante aujourd'hui dans la cadre de l'intégration du numérique dans la conception des curricula. En effet, associer les enseignants dans la conception et l'élaboration des dispositifs de formation intégrant les TIC permet de leur présenter la valeur pédagogique ajoutée de tels dispositifs et de les motiver à les intégrer dans leurs approches d'enseignement et systèmes d'évaluation. La maitrise de tels dispositifs de formation par les formateurs fera appel à plus de flexibilité et d'autonomie des apprentissages dans le processus de mise en oeuvre des curricula. 2.1.2.3. Du curriculum officiel au curriculum enseigné en salle de classe selon Philippe JonnaertJonnaert (2011), dans la mouvance des reformes curriculaires que traversent les systèmes éducatifs à travers le monde, met en évidence la pluralité d'entendements autour de la notion de curriculum.Il distingue donc deux courants curriculaires : le courant curriculaire franco-européen contemporain et le courant curriculaire anglo-saxon et nord-américain.Jonnaert(2011) considère un curriculum selon le courant curriculaire anglo-saxon et nord-américain comme un plan d'action pédagogique, plus large qu'un programme d'études, se situant en amont de ces programmes, en précisant les finalités, mais sans s'y limiter, spécifiant les orientations à donner aux activités d'enseignement et d'apprentissage, fournissant des indications relatives à l'évaluation, au matériel didactique, aux manuels scolaires, régissant le régime pédagogique et le régime linguistique, organisant la formation des enseignants, etc. Dans cette perspective, le curriculum va bien au-delà d'un simple programme d'étude en précisant les stratégies pédagogiques, le matériel didactique, les méthodes d'évaluation etmême l'organisation de la formation des enseignants. Il est donc un moyen de réponse aux besoins d'une société en termes d'éducation et de formation. Quant au courant franco-européen contemporain, le concept curriculumdésigne « la programmation des contenus d'enseignement tout au long de la scolarité » (Reuter et al., 2007 cité par Jonnaert, 2011). SelonJonnaert, les concepts curriculum et programmes d'études sont interchangeables dans la perspective franco-européenne contemporaine et traitent prioritairement de savoirs, de matières et disciplines scolaires, de contenus d'apprentissage, de leur programmation, de leur structuration et de leur organisation. Le système éducatif camerounais, dans ses objectifs, finalités et organisation de la formation des enseignants, intègre la perspective anglo-saxon et nord-américain. Jonnaert établit une relation hiérarchique entre les notions curriculum et programmes d'études. Selon lui, le curriculum oriente l'action éducative et les programmes d'études définissent les contenus d'apprentissages et des formations pour que les enseignants puissent mettre en application les orientations du curriculum dans leur salle de classe. Cette hiérarchie permet de ce fait d'établir trois niveaux de curriculum selon Keeves (1992, cité par Jonnaert, 2011) : le curriculum prescrit (intended curriculum), le curriculum enseigné dans les salles de classe (implemented curriculum) et le curriculum assimilé par les élèves (achieved curriculum). v Le curriculum prescrit (intended curriculum) Dans ce niveau, le curriculum a le statut d'une norme, d'un devoir être, d'une injonction faite aux acteurs notamment aux enseignants (Perrenoud, 1993). En fait, au Cameroun, il s'agit du curriculum tel qu'il est formulé dans les textes légaux ou officiels, dans les arrêtés, les décrets, les lois d'orientation ou les circulaires qui régissent le système éducatif du pays. C'est le niveau de développement des politiques curriculaires par les décideurs et les spécialistes en éducation avec l'élaboration des finalités, des buts et des objectifs à atteindre dans une société. En ce qui concerne l'enseignement supérieur au Cameroun, les politiques curriculaires sont encadrées par la n° 005 du 16 avril 2001 portant orientation de l'enseignement supérieur et la loi n°98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de l'éducation au Cameroun. Dans cette phase, c'est la définition et la redéfinition permanente des méthodes d'enseignement, des outils didactiques, des méthodes et modalités d'évaluation, des savoirs, des savoir-être et des savoir-faire à enseigner en fonction de l'évolution des sciences et de la technologie, de la culture et des modes de vie, de l'éthique et de l'organisation du travail (Philippe Perrenoud, 1993). v Le curriculum enseigné dans les salles de classe (implemented curriculum) Cette phase est la mise en oeuvre effective par les enseignants et les formateursdu curriculum prescrit.Il s'agit donc de ce fait de la transformation des finalités en objectifs pédagogiques, de la planification des enseignements et des activités d'apprentissage, de la sélection des expériences d'apprentissage et du matériel didactique pour l'atteinte de ces objectifs.Jonnaert(2011) décrit cette phase comme celle de la transposition didactique du curriculum et de son adaptation dans une situation réelle d'apprentissage. v Le curriculum assimilé par les élèves (achieved curriculum) Cette étape fait référence à la partie du curriculum prescrit effectivement maitrisé par les apprenants.En effet, elle relève de l'action éducative effectivement vécue dans les salles de classe par les élèves et les enseignants, c'est-à-dire des connaissances construites par les élèves dans un système organisé de formation (Depover etJonnaert, 2014). Ces trois niveaux curriculaires sont présentés dans le tableau 1 définit par Jonnaert (2011) qui décrit globalement le travail réalisé à chacun de ces niveaux curriculaires et les acteurs impliqués à chaque niveau. Ce tableau illustre la rationalité d'un système éducatif allant du cabinet du ministre chargé de l'éducation jusqu'à la salle de classe et permet de comprendre le fonctionnement du curriculum. |
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