Figure
1 : Les niveaux d'intervention des TIC dans l'implémentation des
curricula
Source : Baumberger, Perrin, Bétrix et Martin (2008
p. 74)
La figure 1 apporte plus d'éléments sur les
niveaux d'interventions des TIC dans l'implémentation des curricula de
formation. Elle nous permet d'établir que l'atteinte et/ou le
développement des compétences disciplinaires chez les apprenants
en utilisant les outils médias et TIC (MT) dépend de deux
facteurs : l'éducation aux médias liée à
l'utilisation de matériels et d'informations provenant de diverses
sources notamment d'internet et les compétences techniques des
formateurs relatives à leurniveau de maitrise technique des outils TIC.
A partir de ces deux notions, le travail de l'enseignant consiste à
créer et à sélectionner des informations, du
matériel et/ou des moyens d'enseignement efficaces intégrant les
TIC. Le matériel et les moyens d'enseignement créés et
sélectionnés doivent favoriser un apprentissage actif et
permettre de ce fait une utilisation pertinente des TIC chez les apprenants
à travers par exemple l'utilisation des plateformes virtuelles
collaboratives et d'autoévaluation et une production à l'aide des
logiciels pédagogiques, le formateur étant ici un guide ou un
collaborateur.
2.1.1.1. Les enjeux de l'insertion
pédagogique des TIC dans l'éducation selon Marie-José
Barbot, Claude Debon et Viviane Glikman
La fermeture des établissements scolaires
pendant la pandémie de la covid-19 a imposé aux enseignants de
repenser leurs pratiques pédagogiques et systèmes
d'évaluation en s'appuyant davantage sur le numérique à
travers le monde.Etudiant les tendances, les enjeux et les défis
relatifs à l'intégration des TIC dans la formation initiale des
enseignants et dans les pratiques pédagogiques des enseignants, Karsenti
et al.,(2001) font remarquer que les innovations technologiques,
jumelées aux transformations des habitudes familiales et des valeurs
sociales, ont certainement eu un impact particulier sur les étudiants,
notamment ceux qui ont grandi au coeur de ces transformations sociétales
et de cette révolution technologique. Pour ces auteurs, les nouvelles
générations, contrairement aux anciennes
générations, ont des attentes et des besoins nouveaux qui
semblent particulièrement présents dans les milieux
éducatifs.
En effet, les innovations technologiques ont provoqué
des mutations au sein des systèmes éducatifs et constituent de ce
fait de nouveaux enjeux d'évolution d'enseignement et d'apprentissage.
Barbot et al., (2006), indiquent à ce propos que
dans les pratiques de formation, les technologies
prêtent à de multiples controverses entre ceux pour qui elles
représentent des enjeux forts d'évolution vers des dispositifs de
formation plus flexibles et ouverts et vers des situations d'apprentissage
favorisant l'autonomie, ceux qui n'en voient que les aspects négatifs
soulignant la perte de valeurs portées par le service public, la remise
en cause de l'autorité enseignante, le laisser-faire ou la surcharge
pour les apprentissages.
Pour ces auteurs, des clivages s'affirment sur
les enjeux des nouvelles technologies dans l'éducation : pour
certains, la technologie représente une mutation de dispositif de
formation plus flexible et de systèmes d'évaluation tant disque
pour d'autres, elle représente la perte des valeurs de formation et de
surcharge des apprentissages. Ce constat formulé permet de comprendre
les différentes raisons pour lesquels ces outils suscitent refus et
séduction et les représentations associées à leur
usage en éducation et montre la complexité que
génère laconception et l'usage de ces dispositifs TIC dans
l'éducation. Pour mieux comprendre les enjeux des TIC dans
l'éducation, Barbot et al., (2006) ont identifié quatre
paramètres : le devenir des savoirs, les tensions qui se
manifestent dans les dispositifs, les acteurs de la formation impliqués
dans leur conception et leur mise en oeuvre, les postures de recherche qui
caractérisent les observations et analyses produites et auxquelles
participent, d'ailleurs, certains de ces acteurs.
Le premier paramètre relevé par les auteurs est
le devenir des savoirs avec le numérique. Il est primordial si l'on
souhaite donner une densité aux nouvelles technologies dans
l'éducation, d'adapter la grande diversité des savoirs aux
nouvelles technologies. Barbot et al., (2006) soulignent que cette adaptation
doit assurer l'adéquation entre l'objectif professionnel et
pédagogique de la formation et l'usage des outils technologiques
correspondants.L'apport des technologies à l'éducation offre de
nouveaux moyens d'accès aux savoirs, une autonomie des apprentissages,
une formation tout au long de la vie. De ce fait,la numérisation des
savoirs résout le problème d'indisponibilité des documents
de formation et permet aux apprenants et aux formateurs de consulter des
ouvrages, des publications scientifiques et pleins d'autres ressources leur
permettant de se développer professionnellement. De plus, et comme le
relève Mian Bi (2010), la virtualisation des savoirs pourrait pallier
efficacement au manque des laboratoires spécialisés en offrant la
possibilité de simuler à moindre coût l'essentiel des
travaux pratiques au programme de la formation initiale des futurs enseignants
de physique, de chimie ou de biologie en Afrique. La numérisation des
savoirs constitue de ce fait une valeur ajoutée dans la formation
initiale des enseignants en Afrique et au Cameroun en particulier. Toutefois,
la question d'une ingénierie pédagogique des dispositifs
médiatisés pertinente reste posée.
Le deuxième paramètre fait
référence aux nouveaux dispositifs de formation qu'offrent les
TIC. Pour les auteurs, la numérisation des savoirs implique la
circulation des savoirs, la mise à disposition dans des espaces-temps
divers et des relations multiples entre différents acteurs. Avec le
numérique, les formations peuvent être hybrides,
individualisées, en alternance, collaborative, etc. Ces dispositifs
permettent de rendre des savoirs accessibles, de libérer les apprenants
à la dépendance de l'enseignant et des contraintes
géographiques. Toutefois, la non implication des formateurs lors de la
conception de tels dispositifs peut nuire à son implémentation et
aux acquisitions des savoirs recherchées.
Le troisième paramètres traite
des nouveaux rôles des acteurs impliqués dans la production des
ressources multimédias et la mise en oeuvre des dispositifs de
formations offerts par les TIC. Il s'agit ici de la réorganisation des
rôles des acteurs impliqués dans la mise enoeuvre des curricula de
formation. L'enseignant n'est plus considéré comme un porteur de
connaissances à transmettre, mais comme un facilitateur des
apprentissages. Les curricula d'aujourd'hui plaident en faveur de ce type
d'enseignement qui favorise un apprentissage actif. De ce fait, les
interactions ou les relations entre enseignants-apprenants ou
apprenants-apprenants sont plus présentes et significatives avec le
numérique.
Il se confirme que les enjeux du
numérique sont multiples dans le secteur éducatif. Les nouvelles
technologies permettent de diversifier les approches d'enseignement,
générer de nouvelles compétences chez les apprenants,
faciliter l'accès aux savoirs, favoriser les apprentissages, communiquer
et collaborer entre apprenants et enseignants, former tout au long de la vie,
etc. Cependant, et comme le soulignent Barbot et al., (2006), les recherches
dans l'éducation sur la transversalité des outils TIC dans la
pluri- et l'interdisciplinarité constituent un creuset et
nécessitent des réflexions plus approfondies.
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