Les disparités territoriales au Sénégal
sont causées par la colonisation, et les politiques persistent dans
cette lancée. Malgré la décentralisation
enclenchée, les collectivités locales peinent toujours à
assurer la construction d'un développement local. Parfois, les
régions dites les plus pauvres regorgent en réalité
d'énormes potentialités. Il en est ainsi pour la commune de Kolda
dont les ressources pastorales, agricoles et forestières sont
énormes, mais qui est toujours classée dans le lot des zones les
plus pauvres du Sénégal. Aujourd'hui, le développement
local dépend non seulement du degré de solidarité mais
aussi de la capacité des personnes à « vendre
» leurs localités vers l'extérieur.
La question du développement local est inscrite dans
un élément central qui est le territoire avec ses valeurs
socioculturelles qu'il regroupe. Ces valeurs doivent être mises en avant
partout et tout le temps pour renforcer la notion de solidarité
bâti sur une identité collective. La construction d'un tel
paramètre est « le fruit d'une histoire commune, d'une
réalité et d'un avenir commun. Ce qui fait que les habitants d'un
même territoire vivent ensemble les mêmes difficultés, et
donc, peuvent se donner la main pour s'en sortir »65.
À cet effet, les TIC apparaissent comme un outil
fédérateur autour de l'essentiel, le territoire. Toutes les
populations sont attentives quand le nom de leurs lieux d'origine
apparaît à la radio, la télévision ou sur Internet
et les koldois ne font pas l'exception, cela se confirme à
64 Dans son livre « Les pouvoirs urbains
face aux technologies de l'information et de la communication » paru
en 1997.
65 Djibril Diop Décentralisation et
gouvernance locale au Sénégal, quelle pertinence pour le
développement local. L'harmattan 2006.
64
travers l'entretien avec une conseillère municipale.
Elle dit « quand je vois ou j'entends le nom de Kolda quelque part,
c'est comme s'il y'avait une force qui me retient pour regarder ou
écouter. Parfois, je vois des publications de jeunes sur
Facebook dans lesquelles ils écrivent : si tu aimes Kolda clique sur
j'aime, je le fais automatiquement sans même regarder qui en est l'auteur
».Dans ce cas, les technologies de l'information sont capables d'unir
les populations sans distinction. Également, elles permettent de
valoriser les ressources et de magnifier une zone pour qu'elle reçoive
l'affection et l'appui de sa population interne et externe. Les TIC peuvent
également favoriser la pérennité des ressources gage d'un
développement local durable. La globalisation a permis
l'émergence et l'accentuation des puissances politiques,
économiques, sociales et culturelles transnationales. Ces puissances ont
influencé des sociétés qui perdent leur fixation aux
valeurs locales sans atteindre les réalités globales. De ce fait,
il importe de reconstruire et de valoriser les cultures pour promouvoir
l'identité territoriale facteur de développement. Le
développement n'est pas seulement l'abondance de moyens financiers ou de
ressources, il est également construit autour d'un triptyque territoire,
acteurs et institutions. La réussite d'un dialogue tripartite de cette
envergure doit avoir un outil de communication libre et puissant que seul les
TIC peuvent fournir. Il faut noter que la dynamique associative favorise, dans
une certaine mesure, la construction d'un bien-être social et
économique.
La commune de Kolda, marquée par la faiblesse
économique, le chômage, le manque d'infrastructures et
d'équipements, a éventuellement des chances de dépasser
cette situation grâce à la coopération. Selon la Banque
Mondiale, la construction du développement économique et social
obéit au principe 3D66. Les 3D sont : la Densité
(les zones économiquement fortes sont densément
peuplées), la Distance (la construction d'infrastructure
réduit la distance économique), et la Division (il faut
réduire la division à travers l'intercommunalité et la
coopération économique entre les zones pour un
développement de qualité). Étant donné que la
commune de Kolda est considérée comme enclavée à
cause de la faiblesse des infrastructures de transport et qu'elle dispose une
population peu formée, également passible à l'exode et
à l'émigration, l'un des soubassements pour construire le
développement est la réduction de la division. Pour ce faire, il
faut parvenir à s'ouvrir au local (national) et au global à
travers un véritable marketing des ressources et des projets de la
commune. Ce marketing territorial permettra de hausser à la
66 Rapport de la Banque Mondiale sur la
géographie économique, 2009
65
fois le niveau de coopération et de favoriser
l'intercommunalité67. Ainsi la commune doit produire son
information territoriale et parvenir à la faire valoir. Dans ce cas
l'usage des TIC sonne comme un recours pour le développement multi
acteurs.
Face au manque de renseignements dont dispose la population,
elle intervient peu dans la gestion de la commune. Or, les TIC, avec les
nouveaux dispositifs tels que le web 2.0, facilitent l'intervention des
gouvernés auprès des gouvernants. Curieusement, les
autorités locales utilisent peu ces outils pour la gestion. En
même, temps ces outils permettent la construction de nouvelles bases de
développement.