La question du service de l'État civil soulève
d'importants débats dans la commune. En effet, le service regorge
d'énormes problèmes qui entrainent parfois des différends
entre agents et population. Bien que la population soit peu formée dans
le domaine des technologies, la faible abondance et la restriction de
l'information limitent les débats entre les acteurs. Ce fait entrave la
bonne gouvernance et par conséquent le développement local.
67 C'est quand deux ou plusieurs collectivités
locales unissent leurs forces pour réaliser des projets. Ce
système est promu dans l'acte III de la décentralisation.
Le développement des TIC n'épargne aucun pays,
même si les opportunités offertes par ces outils semblent plus
profitables aux pays développés que les pays en
développement. Tout de même, les pays africains continuent de
porter un grand espoir à l'égard des TIC en général
et de l'internet en particulier (Ba, 2003). Ces espoirs se lisent à
travers tous les discours, mais aussi à travers la part importante que
les TIC occupent dans le PIB de ces pays. L'envahissement par les technologies
de la quasi-totalité des sociétés postindustrielles fait
émerger la réflexion et des stratégies pour mieux
gérer les flux qu'elles créent. Dès le lendemain de son
indépendance, le Sénégal a pris en considération
des enjeux que comportent les télécommunications. Après
une série de réformes, le pays tente toujours de mettre les TIC
au service de la gouvernance. Parallèlement, les collectivités
locales sont confrontées à des enjeux communs, liés
à la communication entre les acteurs. Ainsi, la nécessité
de disposer de l'information est devenue un besoin fondamental aussi bien pour
les gouvernants que pour les gouvernés. Cela justifie l'engouement de la
commune de Kolda pour les TIC, la conduisant à l'abandon progressif des
méthodes traditionnelles de communications. Toutefois, il n'est pas
aisé de parler d'une véritable politique dans le domaine, surtout
au regard des contraintes notées dans le service de l'État de
civil. En effet, la population de Kolda rencontre de nombreuses
difficultés liées au déplacement et au coût pour
l'obtention de ses pièces d'État civil dont la plupart ont
disparu ou sont détruit. Pourtant, les TIC offrent plusieurs
opportunités susceptibles d'octroyer de meilleurs services à la
population. Même si de part et d'autre les TIC sont perçues comme
une alternative crédible pour améliorer les conditions de vie,
les outils numériques apparaissent peu dans la gestion. Il faut noter
que la réalité du processus d'insertion de ces outils et leur
impact en particulier sur la reconfiguration du pouvoir et des territoires sont
encore mal connu68.
Cette recherche reposait sur les hypothèses selon
lesquelles les TIC peuvent être une solution au «
désenclavement » et qu'elles sont capables d'implanter de
nouveaux dispositifs pour la réussite de la décentralisation. Il
est vrai que les TIC sont magnifiées partout et tout le temps, mais
elles ne peuvent avoir un apport considérable que quand leur utilisation
sera faite à bon escient. De même, il faut une population
prête à accueillir les TIC dans toute leur
68 Chenau-Loquay, entre local et global, quel
rôle de l'État africain face au déploiement des
réseaux de télécommunications ? Exemple du Mali et du
Sénégal. Afrique contemporain, numéro spécial, 199,
juillet-septembre 2001, p36-46
diversité, ce qui leur permettra de construire un
développement local. Face à la lenteur des attentes de la
décentralisation, les TIC peuvent apparaitre comme une clef de
réussite de ce processus, tout en étant un facteur
d'intégration. La faible utilisation des TIC semble, aujourd'hui,
entrainer l'amplification de nombreux problèmes de gestion. Or, cette
situation pouvait de loin être dépassée. L'utilisation des
outils numériques dans les différentes phases de la gouvernance
locale doit être pour toutes les collectivités locales un
défi comparable à celui de la distribution de l'eau, des services
ou de l'électricité.
Malgré la prise de conscience du pouvoir
étatique à l'aube de l'indépendance, il y'a toujours une
discontinuité dans les politiques de l'État dans le domaine. La
fracture numérique est une réalité qui s'ajoute à
la liste des intermittences économiques, démographiques et
sociales de la capitale vers l'intérieur du pays.
L'optimisme des gouvernants à l'égard des TIC
est grand et continue d'inspirer les sociétés, même si
elles sont souvent caractérisées par la faiblesse de la formation
de leurs populations. Ce qui semble le plus important pour le moment c'est
l'aide des dirigeants qui doit être apportée aux populations des
pays en développement, afin qu'elles puissent maitriser les TIC. C'est
ainsi seulement qu'elles comprendront que les outils numériques sont des
atouts additionnels pour les territoires.
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