1.2.3. Epidémiologie
Selon Thellier (2012), l'épidémiologie du
paludisme dans le monde a beaucoup évolué depuis 2006, qu'il
s'agisse du paludisme sévissant en zone tropicale ou du paludisme
d'importation en France. On constate enfin une diminution importante du nombre
de cas et de décès, alors qu'il s'agit toujours de la maladie
parasitaire la plus meurtrière, et que l'endémie était
restée désespérément stable jusqu'au début
des années 2000. Néanmoins, la vigilance reste de mise, car
l'émergence chez l'homme d'une cinquième espèce du genre
Plasmodium infectant le singe et, surtout, l'apparition récente d'une
tolérance de l'espèce P. falciparum aux dérivés de
l'artémisinine, sont inquiétantes.
Le paludisme continue à tuer, surtout des enfants
(plusieurs centaines de milliers par an), en zone d'endémie, ainsi que
des voyageurs dans les pays développés (entre 100 et 200 par an,
dont 5 à 10 en France métropolitaine). La lecture des derniers
rapports de l'OMS sur le paludisme dans le monde, très complets depuis
2008 et du rapport 2011 du partenariat «Faire reculer le paludisme»
(Roll Back Malaria Partnership), donne une vision enfin rassurante de
l'efficacité de la lutte contre cette maladie. Ainsi, en 2010, l'OMS
estime que 216 millions d'épisodes de paludisme sont survenus (247
millions en 2006), dont 81 % observés en Afrique, avec cependant un
large intervalle d'incertitude, de 149 à 274 millions de cas.
Le nombre de décès en 2010 est estimé par
l'OMS à 655 000 (881 000 en 2006) ; ils seraient observés
en Afrique dans 91 % des cas et chez des enfants de moins de 5 ans dans 86 %
des cas. L'incidence du paludisme aurait diminué de 17 % depuis 2000, et
le taux de mortalité spécifique, de 26 %. Cette diminution
globale cache cependant des disparités suivant les pays, puisque si une
diminution du nombre de cas de plus de 50 % a été
enregistrée entre 2000 et 2010 dans 43 pays, la diminution est nettement
moins marquée dans plus de la moitié des 106 pays où la
transmission persiste.
Par ailleurs, ces estimations ne prennent pas en compte le
rôle du paludisme comme cofacteur de mortalité et sont nettement
inférieures à celles souhaitées par les organisations
internationales (Objectifs du millénaire pour le développement),
qui projetaient une diminution globale de 50 % en 2010. Cette
amélioration de la situation du paludisme dans le monde est le
résultat d'une reprise plus efficace du plaidoyer pour la lutte et de la
mobilisation des acteurs, de la formation et de la sensibilisation de la
population des pays concernés, mais, surtout, d'une augmentation
considérable des fonds consacrés au contrôle du paludisme
(de 0,3 à 1,7 milliards de dollars par an entre 2003 et 2009 et 2
milliards en 2011).
Le rapport sur le paludisme dans le monde (OMS, 2017) souligne
également qu'il y a eu, 216 millions de cas de paludisme en 2016,
contre 211 millions en 2015. On estime à 445 000 le nombre de
décès dus au paludisme en 2016, un chiffre similaire à
celui de l'année précédente (446 000).La Région OMS
de l'Afrique supporte une part disproportionnée de la charge mondiale du
paludisme. En 2016, 90% des cas de paludisme et 91% des décès dus
à cette maladie sont survenus dans cette région. 80% de la charge
de morbidité due au paludisme pesaient sur une quinzaine de pays tous
situés en Afrique subsaharienne, sauf l'Inde.Dans les régions
où la transmission du paludisme est intense, les enfants de moins de 5
ans risquent tout particulièrement de contracter l'infection, de tomber
malades et de mourir; plus des deux tiers (70%) des décès dus au
paludisme surviennent dans cette tranche d'âge.Le nombre de
décès enregistrés chez les enfants de moins de 5 ans est
passé de 440 000 en 2010 à 285 000 en 2016. Toutefois, le
paludisme demeure toujours un facteur majeur de mortalité chez les
enfants de moins de cinq ans et un enfant en meurt toutes les deux minutes.
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