I.3.3- La nature de la spécialisation : Kenen
(1969)
Kenen met l'accent sur les structures des économies
candidates à l'union monétaire. Il montre alors que les
économies ayant une structure productive diversifiée
résistent facilement aux chocs à cause du décalage
conjoncturel. En effet, les chocs ne peuvent atteindre simultanément
tous les secteurs de l'économie. En conséquence, les pays qui ont
un haut degré de diversification peuvent fixer leur taux de change, donc
constituer une zone monétaire. Cette proposition, tout comme les deux
précédentes, néglige le jeu de la sphère
financière qui, on le sait, joue un rôle de plus en plus important
dans la détermination des taux de change. C'est pourquoi Ingram et
Johnson (1969) proposent d'en tenir compte, ce qui modifie le critère
d'optimalité de la zone monétaire.
I.3.4- L'intégration financière et
fiscale : Ingram et Johnson (1969)
Ces deux auteurs introduisent la sphère
financière dans l'analyse de la zone monétaire optimale. Selon
eux, la faible mobilité de la main d'oeuvre peut être
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suppléée par la mobilité du capital. En
effet, la mobilité totale des capitaux et la libéralisation des
services financiers permettent de corriger les déséquilibres de
la balance des paiements sans pression sur le taux de change et sur les taux
d'intérêt. Cette approche se fonde sur le fait que les capitaux
ont tendance à se déplacer plus rapidement que la main d'oeuvre.
Aussi, pour qu'une zone monétaire soit optimale il faut qu'elle soit
totalement intégrée d'un point de vue financier. Par ailleurs, le
fédéralisme fiscal permet de compenser le manque d'ajustement du
taux de change, et d'atténuer l'effet des chocs asymétriques. Ce
mécanisme d'ajustement joue à travers les transferts des pays
excédentaires vers les pays déficitaires. Cooper (1977) d'une
part, et Kindleberger (1986) de l'autre, poussent alors l'analyse
au-delà de la nature d'actif financier de la monnaie en la
considérant comme un bien collectif. Dès lors le critère
d'optimalité de la zone monétaire trouve ses fondements dans la
structure des préférences des agents économiques.
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