I.3.3.2- le degré d'ouverture des
économies
Le degré d'ouverture d'un pays impacte sa croissance
économique via les échanges commerciaux. C'est pourquoi il est
intéressant de chercher à comprendre le lien pouvant exister
entre l'ouverture commerciale et les politiques de stabilisation ; en
l'occurrence la politique budgétaire. À cet effet, il est
question, dans un premier temps d'examiner les différentes approches
théoriques et dans un second, la relation de stabilisation qui en
découle.
? Approches théoriques de l'ouverture
commerciale
Depuis la théorie des avantages comparatifs, Ricardo a
démontré que plus un pays était ouvert, plus cela lui
permettait de réorienter ses ressources rares vers des secteurs plus
efficients et d'améliorer son bien-être. Les théories qui
suivirent ont confirmé ces gains, en plus de rajouter ceux liés
à la rémunération des facteurs de production. Les
modèles néo-classiques, issus du modèle de Solow (1957),
assument que le changement de technologie est exogène. Dans un tel
cadre, les politiques commerciales d'un pays ne peuvent donc pas être
considérées comme effectuant sa croissance.
Mundell (1961) et Fleming (1962), dans leurs articles
fondateurs sur les effets des politiques keynésiennes, affirment que
l'ouverture des économies augmente les contraintes de
l'efficacité de la politique budgétaire. Ils estiment que
l'ouverture rend les pays interdépendants et que les politiques
économiques
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affectent différemment les pays qui sont liés.
La mobilité internationale des capitaux occupe une place primordiale
dans leur analyse. En effet, une politique de relance (soit par une hausse des
dépenses publiques ou une baisse des impôts) a tendance à
détériorer les comptes de l'État et à augmenter le
niveau des taux d'intérêt (effet d'éviction). La hausse des
taux d'intérêt attire les capitaux et stimule à terme la
consommation et la production. L'augmentation de l'offre et de la demande sera
bénéfique pour l'économie si elle n'est pas
dépendante de l'extérieure (c'est-à-dire qu'elle n'a pas
un niveau d'importations de biens de consommation intermédiaire et de
consommation finale importants). Dans ce contexte, l'efficacité de la
politique budgétaire dépend de la sensibilité des taux
d'intérêt et de la mobilité des capitaux. Néanmoins
l'efficacité de la politique de relance en économie ouverte peut
avoir des tendances inflationnistes et des externalités négatives
sur les pays partenaires, d'où l'intérêt selon certains
économistes de faire assister la politique budgétaire par
l'action monétaire.
? Lien entre ouverture commerciale et stabilisation
des chocs
Sur le plan empirique, Grossman et Helpman (1991)
démontrent que l'ouverture permet d'augmenter les importations
domestiques de biens et services qui incluent des nouvelles technologies.
Grâce à l'apprentissage par la politique et le transfert de
technologie, un pays connait un progrès technologique, sa production
devient plus efficiente et sa productivité augmente. On s'attend alors
à ce que les économies plus ouvertes croissent à un rythme
plus rapide que celles plus protectionnistes. Selon l'étude de Levine et
Renult (1992) la relation de causalité entre l'ouverture et la
croissance se fait à travers l'investissement. Si l'ouverture au
commerce international permet l'accès à des biens
d'investissement, cela mènera à une croissance de long terme. Un
pays libéralisant ses échanges s'attirera des flux
d'investissement étranger. Cependant, cela risque d'engendrer une baisse
de l'investissement domestique due à une plus forte concurrence
internationale et l'effet net reste alors ambigu.
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Grossman et Helpman (1992) avancent également qu'un
pays protégeant son économie peut stimuler sa croissance. Cela
est possible dans le cas où l'intervention gouvernementale encourage
l'investissement domestique selon les avantages comparatifs du pays. Pour Batra
(1992) et Leamer (1995), la libéralisation des échanges
réduit les tarifs et par conséquent diminue le prix relatif des
biens domestiques manufacturés. Ces biens deviennent moins attirants que
les biens étrangers et l'économie domestique peut alors subir une
perte. Même si ces travaux encouragent des politiques protectionnistes
sous certaines conditions, aucun n'encourage la protection comme
stratégie de développement à long terme. La protection est
vue comme une stratégie de court terme afin de préparer
adéquatement l'économie à l'ouverture de ses
marchés.
D'autres travaux, comme ceux de Grossman et Helpman (1992),
Romer (1990) et Rivera-Romer (1991) portent leur attention sur les implications
à long terme de l'intervention gouvernementale dans le commerce. Ils
considèrent l'innovation comme source de croissance et encouragent donc
des politiques d'ouverture.
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