On peut distinguer deux niveaux de gestion des risques
bancaires. Une « macro » - gestion, tout d'abord, décrite par
Olfield et Santomero (1997). Ils identifient trois modalités : la
diversification de leur portefeuille d'actifs (crédits, titres), la
couverture des risques par une politique d'assurance et le recours aux fonds
propres de l'établissement. Une « micro » - gestion, ensuite,
qui définit les modalités de sélection des actifs et les
modalités de contrôle du fonctionnement d'un établissement
11. Au niveau « macro », l'intervention humaine
relève des instances de gouvernance qui détermine une politique
générale de risque dans ses choix
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d'investissement en actifs risqués, validée par
le conseil d'administration. Cette politique risque fixe le cadre
général dans lequel va s'exercer la « micro » -
gestion. Elle donne donc une philosophie générale qui va
influencer les comportements dans la gestion des risques de nature
financière et non financière.
Les risques financiers sont les risques traditionnels de
l'activité bancaire et inhérents à son activité de
base. Le dispositif de gestion de ceux-ci a deux dimensions : une dimension
technique et une dimension organisationnelle et humaine qui se combinent pour
tenter d'aboutir à une sécurisation maximale. C'est dans cette
deuxième dimension que le management joue un rôle clé. On
évalue successivement les trois principales catégories : le
risque de crédit ou de contrepartie, le risque de prix, et le risque de
liquidité
1.1.1. Le risque de crédit
Dans un établissement financier le coeur de
l'activité reste le crédit. Il y représente 40 à
60% des revenus, mais il engendre en contrepartie un coût
élevé en cas de non remboursement. L'efficacité du
dispositif de sélection est donc un déterminant fondamental de la
rentabilité de ces opérations, d'autant plus que jusqu'avant la
crise les taux et les marges pratiqués étaient bas en raison de
la concurrence. Ce dispositif comporte généralement deux volets
:
? Un volet quantitatif au travers des scores et des grilles
de cotation du risque principalement fondé sur des données
financières chiffrées. Dans le cas du crédit à la
consommation il peut être l'unique méthode de sélection. Il
est mis en oeuvre par des analystes crédit qui ne sont pas en contact
direct avec la clientèle 12.
? Un volet qualitatif, venant en complément du
résultat de la cotation, qui conduit à l'acceptation
définitive ou au rejet de la demande. Ce volet qualitatif conduit
à recueillir des informations non financières sur le demandeur,
comme la formation du dirigeant ou l'organisation de l'entreprise dans le cas
d'une demande de ce type de client. Ce sont les chargés d'affaires, en
raison de leur proximité, qui peuvent réunir de telles
informations. Les études montrent d'ailleurs qu'elles ont un poids de
plus en plus grand dans la décision finale de financement (Berger et
Udell, 2002).
11.on n'évoquera pas le rôle de la
régularisation dan la maîtrise de risques. Cette dimension est
évidement déterminante et influence les comportements.
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L'animation du dispositif de sélection par la ligne
hiérarchique (directeur d'agence, directeur commercial, directeur des
risques) suppose tout d'abord de clarifier la politique d'octroi de
crédit qu'a posée la banque auprès des équipes en
termes de ciblage de la clientèle (particulier à haut, moyen ou
bas revenus ; taille ou chiffre d'affaires d'une PME, secteur
d'activité). Cette politique doit être claire et connue de
tous.
L'animation suppose ensuite de donner la capacité aux
interlocuteurs des clients d'identifier et de sélectionner les
informations déterminantes pour une évaluation correcte du risque
et une décision de financement appropriée. En particulier ils
doivent faire le tri au sein des informations non financières, et
repérer des signaux faibles de difficultés futures. L'animation
nécessite enfin de contrôler l'application des procédures
établies pour la vente de ces produits. La décision
définitive ne survient en effet qu'après plusieurs étapes
obligatoires comme l'instruction du dossier par le service des engagements, et
la validation définitive en comité de crédit auquel
participe un mandataire social de la banque 13. Toute
défaillance à l'un ou l'autre de ces niveaux entraîne une
augmentation des défauts de remboursement.
1.1.2. Le risque de prix ou risque de marché
et le risque de liquidité
Ces deux catégories de risques peuvent
s'appréhender de la même façon au regard du management. La
première catégorie est liée à l'évolution
défavorable du prix des actifs détenus par les banques, ainsi que
l'évolution défavorable des taux d'intérêt et de
change. La seconde catégorie, étroitement liée à la
première, mais également impactée par le risque de
crédit, peut s'illustrer par les difficultés rencontrées
par les établissements pour accéder à des refinancements
en raison de l'évolution défavorable de la valeur de ses
actifs.
Le dispositif de gestion de ces risques est essentiellement
de nature technique. Les outils utilisés sont généralement
des modèles de prévision permettant d'évaluer les pertes
potentielles sur les actifs et l'impact sur la transformation en
liquidité de ceux-ci. Ainsi on détermine une « Value At Risk
» ou VAR de l'actif, et on peut réaliser des scénarios de
stress, ou « stress test », fondés sur des hypothèses
extrêmes d'exposition à des volatilités fortes en raison
des conditions économiques et de marché auxquelles fait face une
banque.
La dimension humaine du dispositif est plus difficile
à appréhender. Il existe là aussi un certain nombre de
procédures à respecter qui conduisent à des prises de
position sur des produits de marché et des produits de taux. Le
management a donc un rôle classique de contrôle de leur
application. Ces procédures relèvent des fronts offices (comme
les salles de marché), et sont complétées par celles mises
en oeuvre dans les back offices (traitements administratifs,
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conservation de titres par exemple) qui viennent valider les
opérations.
La politique risque, que l'on évoquait pour le risque
de crédit, prévoit, en principe la stratégie
d'investissement et de couverture sur les marchés. Sa définition
relève des dirigeants de la banque et en particulier de sa branche de
banque de financement et d'investissement, puis est validée par les
instances de gouvernance.