2.2.2. Culture de la prévision économique
Les chercheurs issus d'organismes nationaux ou internationaux
développent régulièrement des modelés de
prévisions. Qu'il s'agisse de la prévision du niveau
général des prix, des recettes fiscales ou de toute autre
grandeur économique, les techniques utilisées sont celles
déjà rappelées précédemment au paragraphe
2.1.2. Des articles et publications font aussi états de plusieurs
travaux en matière de prévisions économiques.
A titre d'exemple, René Lalonde et Patrick Sabourin de
la banque du Canada développent en 2003 dans leur article «
Modélisation et prévision du taux de change réel effectif
américain » un modèle simple de prévision du
taux de change réel effectif américain. Parmi un grand nombre de
modèles à correction d'erreurs, ils choisissent celui dont la
qualité des prévisions
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Patrick SA'A, Elève Ingénieur Statisticien
Economiste, CEMAC-ISSEA
Dynamique du PIB et prévision du rendement des
impôts et taxes
hors échantillon, réalisées sur la
période 1992T3-2002T1, est la meilleure. Au sein du modèle
retenu, le taux de change réel effectif est coïntégré
avec la productivité relative et le prix réel du pétrole.
La dynamique de court terme est fonction de l'évolution du
différentiel des taux de croissance du PIB réel, de la
première différence du ratio des actifs nets à
l'étranger au PIB, du différentiel des taux
d'intérêt réels et, finalement, des chocs ayant un effet
temporaire sur le prix réel du pétrole et la productivité
relative. Les exercices de prévision hors échantillon montrent
que le modèle génère des erreurs quadratiques moyennes
systématiquement et statistiquement beaucoup plus faibles que celles
issues d'une marche aléatoire ou d'un modèle
auto-régressif. Ils expliquent que leur résultat est, en grande
partie, attribuable à la grande stabilité des paramètres
de la relation de coïntégration.
Catherine Doz et Pierre Malgrange en 1992 évaluent
l'aptitude d'un modèle VAR, utilisé comme une simple «
boîte noire », à prévoir. Les résultats des
estimations conduisent à retenir un modèle VAR avec relations de
coïntégration, estimé par la méthode de Johansen. Il
inclut les variables suivantes : PIB, consommation, importations, exportations,
investissement. Pour les années étudiées, les performances
de ce modèle sont assez voisines, pour certains horizons, de celles
effectuées par les organismes de prévision (Direction de la
Prévision en France DP, etc.). Ils développent un modèle
permettant d'obtenir des résultats apparemment comparables à ceux
de la DP pour les variables de la sphère des biens et services. En
revanche, ils précisent que les résultats obtenus pour les
variables de prix ne sont pas satisfaisants, et pensent qu'ils pourraient
être améliorés en utilisant les techniques
spécifiques pour les variables intégrées d'ordre 2, ou en
spécifiant un modèle inspiré de la boucle prix-salaires,
et prenant donc en compte un nombre réduit de variables.
Mpatna Hans Cacharel Barenz en 2007 réalise une
étude sur la modélisation d'un système de prévision
des recettes budgétaires du Cameroun. L'objectif principal de son
travail est de faire des projections économiques. A partir d'un Panel de
Données issues de la Direction Générale des Impôts,
l'auteur mène une étude dynamique endogène à l'aide
des séries chronologiques qui lui permet d'analyser adéquatement
les principales recettes budgétaires du Cameroun. Les techniques de Box
et Jenkins utilisées à cet effet ont abouti à des
conjectures d'un horizon de deux ans (2007-2008) à l'aide du
modèle ARIMA implémenté sous le logiciel R.
En 2015, Quentin Lafféter et Mathilde Pak font une
étude de trois impôts sur la période 19792013 en France.
L'étude documente prioritairement sur la période 1979-2013 la
réaction au cycle économique des trois principaux impôts
d'État en France : l'impôt sur le revenu (IR), la
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Patrick SA'A, Elève Ingénieur Statisticien
Economiste, CEMAC-ISSEA
Dynamique du PI13 et prévision du rendement des
impôts et taxes
TVA et l'impôt sur les sociétés (IS). En
référence à l'épisode budgétaire
qualifié de « cagnotte » et qui a été une
conséquence de la sous-estimation des recettes en 1999, et en
référence à l'année 2014 où les principaux
prélèvements d'État ont rapporté moins de recettes
qu'on ne le prévoyait la LFI (les recettes ont été
surestimées de près d'un point de PIB), l'étude des
auteurs s'attèlent aussi à évaluer la performance d'un
modèle de prévision mettant en relation la dynamique du PI13 et
le rendement fiscal.
La performance du modèle de prévision construit
est évaluée sur sa capacité à reproduire la recette
brute observée. Il s'agit d'estimer la capacité du modèle
à s'ajuster statistiquement à la recette brute observée.
En effet, les coefficients sont estimés sur l'ensemble de la
période et dépendent notamment de variables, comme les chocs non
anticipés, qui ne sont pas disponibles au moment de la prévision
des recettes dans les Voies et Moyens. Les taux de croissance «
spontanés » de la recette fiscale estimés par le
modèle sont utilisés pour reconstituer la recette brute. Cet
exercice d'ajustement statistique est mené à partir de l'ensemble
d'informations disponibles au moment où les recettes fiscales sont
prévues dans les Voies et Moyens. Lors de la prévision de la
recette R en t+1, seule la recette R en t-1 est connue, ainsi que les mesures
nouvelles pour l'année t et pour l'année t+1. La série de
recettes corrigée des mesures discrétionnaires est «
déchaînée » pour reconstituer la série de
recettes brutes estimée par le modèle, année après
année. MN étant une variable permettant de mesurer l'effet des
mesures nouvelles la relation suivante explicite le lien entre Rt+1, Rt-1, MNt
et MNt+1 :
??^t+1 = exp{Ôln(????t+1) +
ln[exp(Ôln(????t) + ln(??t-1)) + ????t]}
+ ????t+1
^
Où ??
|
t+1 est le niveau de recette brute, ??t-1 est le montant de
recettes observé à la date t-1, et
|
ES la série de recette corrigée de
manière à neutraliser l'effet des mesures nouvelles. Le
modèle permettant d'estimer les valeurs futures de la variable ES est un
modèle à correction d'erreur qui s'écrit :
{
ln(????t) = ?? + ??ln(??????t ???? t-1) +
??t ? ln(????t) = ?? + ??? ln(??????t ???? t-1) +
????t-1
Pour comparer la performance des modèles, les
statistiques usuelles (RMSE (Root Mean Square Error), erreur absolue moyenne,
...) sont dérivées de l'écart entre la recette
observée et la recette estimée sur la période 1981-2013.
Les écarts d'ajustement sont exprimés en point de PI13
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Patrick SA'A, Elève Ingénieur Statisticien
Economiste, CEMAC-ISSEA
Dynamique du P11B et prévision du rendement des
impôts et taxes
nominal, cette normalisation permettant de rendre comparables
l'ensemble des années de la période.
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