2.2. Etudes empiriques de la prévision
économique
2.2.1. Part de l'aspect technique et prévision non
conditionnelle
Aucune prévision n'est purement technique, au sens
où même les prévisions issues d'un modèle sont
corrigées par le prévisionniste ; c'est le cas par exemple des
prévisions de l'OCDE (Organisation de Coopération et de
Développement Economiques) ou de la CEE (Communauté Economique
Européenne). McNees (1981) précise qu'un modèle ne
pèse que pour 45 à 80 % dans la prévision, le reste
étant dû à l'intuition. Certains organismes comme le COE
(Council Of Europe) utilisent même depuis longtemps l'intuition du
prévisionniste à 100 %, puisque leurs prévisions sont
purement informelles, c'est-à-dire inspirées du jugement
formulé par des experts et/ou basées sur une extrapolation
logique d'indicateurs conjoncturels. En conséquence, ainsi que le
précisent Braun et Zarnowitz (1992), on pourrait raisonnablement
s'attendre que les
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Patrick SA'A, Elève Ingénieur Statisticien
Economiste, CEMAC-ISSEA
Dynamique du PIB et prévision du rendement des
impôts et taxes
prévisions soient différentes, étant
évaluées par différentes méthodes, et l'habitude et
la compétence des prévisionnistes ainsi que les théories
auxquelles ils se réfèrent différant aussi.
Selon Karine Bouthevillain, il est à noter aussi que le
standard de précision recherché est relatif à l'objectif
pour lequel les prévisions sont nécessaires. D'une façon
générale, on peut dire que l'objectif des prévisionnistes
appartenant à des organismes nationaux est de produire en moyenne des
prévisions plus précises et plus explicites que les
résultats obtenus par des modèles univariés ou
multivariés de séries temporelles (Zarnowitz, 1991). Pour les
organismes internationaux, l'objectif est plutôt de proposer des
scénarios conditionnels mettant en évidence d'éventuelles
déviations économiques (Artis, 1988). De plus, ces organismes
doivent garantir un environnement international homogène pour tous les
pays, et effectuent donc un bouclage par l'intermédiaire des balances
commerciales et des balances des paiements.
Toutefois, comme l'expliquent Borowski, Bouthevillain, Doz,
Malgrange et Morin dans leur article Économie et
Prévision, l'on s'intéresse de manière
générale qu'au résultat final du travail des
prévisionnistes sans tenir compte de la méthode utilisée
lors de prévisions ex ante. En d'autres termes, il est
considéré généralement que les prévisions
sont un ensemble d'anticipations macro-économiques non conditionnelles.
Cela veut dire qu'on ne préjuge pas du mode de représentation de
l'économie du prévisionniste, plus particulièrement des
éléments considérés comme exogènes par ce
dernier (environnement, instruments de la politique économique),
supposant comme seule restriction que les prévisions sont comptablement
équilibrées.
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