La protection des enfants lors des conflits armés dans la région des grands lacs. L'exemple de la république démocratique du Congo.par Albert Damase Lamine Diatta Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 2 2016 |
CONCLUSIONDans les conflits armés, les personnes qui subissent le plus les conséquences, sont celles qui sont considérées comme étant fragiles par nature à savoir les femmes, les enfants, et les personnes en âge avancé. En effet, en raison de leur vulnérabilité, celles-ci font souvent l'objet d'attaque, car souvent considérées comme des cibles faciles. Et dans la zone des Grands Lacs, la question la plus préoccupante demeure le phénomène des enfants soldats ainsi que la violation de leurs droits. Ce « phénomène d'enfants soldats est le plus connu, le plus spectaculaire en République démocratique du Congo. Il a été accentué lors de la prise du pouvoir politique par la AFDL en 1997 ».101(*) Et la RDC, un des pays de la zone des Grands Lacs, reste très riche en expérience en la matière, vu les nombreux conflits qui s'y sont déroulés pendant des décennies. Les conséquences qui en découlent sont d'une grande atrocité à tel point qu'on se demande si le droit international humanitaire est effectif voire même efficace. Et ce qu'il faudrait savoir c'est que même si ce droit se heurte à certaines réalités endogènes et exogènes, il n'est pas dépourvu de règles efficaces. Car ce droit n'est pas né avec des concepts préétablis, mais bien plutôt à partir des réalités de la guerre et « qui depuis le milieu du 19ème siècle, s'est développé sans commune mesure avec les voeux formulés par Henry Dunant ».102(*) C'est donc un droit qui s'impose à ceux qui dirigent les combats à savoir les forces gouvernementales et les forces irrégulières. Il se fonde sur la transposition dans le droit international, de préoccupations d'ordre moral, d'ordre humanitaire résumé dans l'impératif catégorique du respect de la dignité humaine en cas de conflit armé en toutes circonstances.103(*) D'ailleurs les personnes qui violeraient ces règles établies sont sanctionnées tant au niveau national qu'au niveau international et sur ce point ce ne sont pas des exemples qui en manquent pour le démontrer. D'abord, il y a la mise en place des tribunaux spéciaux qui ont été expérimentés dans certains pays avec l'appui de l'ONU, comme en ex-Yougoslavie, en Sierra Léone, au Rwanda etc... Et enfin il y a la création de la Cour pénale internationale qui a vu le jour avec l'adoption du Statut de Rome du 17 juillet 1998 et entré en vigueur en 2002. Ainsi la protection des enfants durant les conflits armés dans la zone des Grands Lacs et particulièrement en RDC, permet de voir comment le droit international humanitaire et la Communauté internationale réagissent par rapport à cette situation préoccupante qui dure depuis des années. En effet, les enfants font face à d'énormes atrocités et sont doublement victimes. D'une part, ils ont exposés au danger des armes, des mines antipersonnel, de la rareté des soins et de la nourriture et d'autre part, ils sont victimes d'enlèvement, de conscription par les acteurs au conflit qu'ils soient de l'armée régulière ou des factions rebelles. De même, ils font l'objet de traitements inhumains et même de viols. Aujourd'hui, malgré les moyens déployés par la Communauté internationale, concernant la démobilisation des enfants soldats, et la sanction de certains leaders politiques et militaires, il reste encore des efforts à faire afin de prévenir d'éventuelles violations. La Communauté internationale et la RDC au premier plan, devront s'accorder plus sur la promotion du droit international humanitaire, auprès de la population civile, des militaires, à travers des campagnes de sensibilisation, des séminaires et même dans les programmes éducatifs. Ensuite, il y a la recherche de la paix à travers la réconciliation nationale entre les peuples qui forme le tissu social national et cela devra s'accompagner des programmes de réinsertion sociale des jeunes démobilisés ainsi que l'indemnisation des victimes. Enfin, il y a la sanction des personnes impliquées dans la violation des droits de l'enfant, qui jusqu'à présent sont sous la couverture de l'Etat. Mais cette option doit être accompagnée du renforcement des moyens des juridictions congolaises sur les questions relatives aux violations des règles du droit international humanitaire. En effet, jusqu'ici seul Thomas Lubanga Dyilo a été condamné pour crime de conscription et crime contre l'humanité alors qu'il y a une panoplie de questions qui méritent d'être répondues comme par exemple pourquoi Mr Lubanga est-il le premier à être déféré à la Cour pénale internationale ? Qu'en est-il des autres chefs et groupes armés aussi bien réguliers qu'irréguliers ayant commis ces mêmes crimes ? Et pourquoi les juridictions nationales peinent-elle à s'occuper des sanctions ? * 101 Les droits des enfants mis à de rudes épreuves en République démocratique du Congo, Rapport alternatif RDC, septembre 2008. * 102 Emmanuelli, Claude, op.cit., p. 743. * 103 Owoma Joseph, Droit international humanitaire, L'Harmattan, Paris, 2012, p.13. |
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