La protection des enfants lors des conflits armés dans la région des grands lacs. L'exemple de la république démocratique du Congo.par Albert Damase Lamine Diatta Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 2 2016 |
B. L'intervention incontournable du CICRL'intervention du Comité International de la Croix-Rouge est d'une importance capitale dans ce genre de conflit qui ravage toute une population civile. C'est pourquoi ce dernier est CICR est qualifié de « gardien et protecteur du droit humanitaire »74(*). Cependant, le CICR se différencie des autres organisations non gouvernementales et des organes de l'ONU, car son mandat lui a été conféré par le biais des Etats. Et dans sa mission d'assistance et de protection des victimes, le CICR agit sans distinction en faveur de toutes les victimes des conflits en fonction de leurs besoins. Et conscient de la différence fondamentale qui existe entre les besoins des enfants et ceux des adultes, il organise son assistance de diverses manières d'où l'attention particulière qu'il accorde aux enfants en raison de leur vulnérabilité surtout dans un contexte de conflit. D'abord pour les enfants séparés de leur famille, il procède à leur enregistrement et essaye de trouver contact avec leurs parents. De même, à l'image des autres organismes internationaux, il apporte aux enfants une aide alimentaire, sanitaire et une assistance matérielle afin qu'ils ressentent moins le poids de la guerre. Ainsi, le CICR a joué un rôle très important concernant la situation des enfants en RDC, théâtre de conflits armés internes violents et interminables depuis des décennies. Il s'agit d'une zone très remuante où les enfants sont exposés face aux atrocités des conflits. En RDC, il a eu à organiser des opérations de secours et d'assistance de très grande envergure ne serait-ce que pour venir en aide aux enfants. Il en est ainsi de la distribution des biens et des vivres de première nécessité et même des opérations sanitaires menées en appoint aux structures médicales dans les provinces du nord et du Kivu. Le CICR, continue également dans sa mission, à rappeler aux parties aux conflits, le respect de leurs obligations au regard du droit international humanitaire. C'est donc une invitation pour les combattants à respecter les règles et principes du DIH. Mais, notons qu'en plus des missions d'aide et d'assistance, le CICR participe non seulement à la démobilisation, au désarmement et à la réintégration des enfants-soldats mais également contribue au rétablissement des liens familiaux. Et depuis le début des conflits en RDC, il a largement contribué à la réunification des milliers d'enfants non-accompagnés et des enfants sortis des forces et groupes armés (ESFGA). Le programme de protection de l'enfance (PE) a révélé qu'en 2009, lors des suivis de réunifications familiales, certains parmi les enfants sortis des forces et groupes armés réunifiés ont encore fait l'objet de recrutement par les forces et groupes armés. Ce plan de programme qui a débuté en fin 2010 et qui constitue au niveau mondial le seul type de programme au sein du CICR, a pour principale mission de mettre en place un système de prévention contre le recrutement et le re-recrutement des enfants. Cela consiste d'abord à rassembler ces ESFGA dans les Centres de Transit et d'Orientation (CTO) ou des Centres de Jour (CJ) dans l'attente de leur réunification familiale.75(*) Ensuite, il y a l'organisation des activités de sensibilisation au retour pour les enfants. Et enfin la mise en oeuvre de programmes de formation destinés aux ESFGA dans les sites communautaires et le déroulement des activités ludo-récréatives grâce à la section jeunesse de la Croix-Rouge de la RDC (CRRDC), afin de faciliter leur réinsertion et d'éviter qu'ils ne rallient les rangs. Quant à l'Agence centrale de recherche du CICR, elle se donne les moyens afin de rétablir le contact entre les membres de familles dispersés. En effet de janvier à juin 2007, le CICR a réunifié trente-deux enfants dans la seule province du Kivu, dont vingt provenaient des forces armées et douze étaient tout simplement des enfants non accompagnés.76(*) Et 2005, le centre de transit CAJED à Goma a accueilli plus de neuf-cent ex-enfants soldats qui proviennent des diverses provinces et qui espèrent être réunifiés à leurs familles. Aujourd'hui beaucoup d'enfants sont encore dans cette situation ce qui nécessite davantage l'engagement des autres organismes humanitaires. * 74 ASPREMONT, (Jean d') et HEMPTINE, (Jérôme de) Droit international humanitaire, A. Pedone, Paris, 2012, p. 30. * 75 Evaluation programme CICR de la Protection de l'enfance en RDC, mars 2015, p.1. * 76 Le CICR en RDC, Bulletin CICR, n°2 2007, p.5. |
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