La protection des enfants lors des conflits armés dans la région des grands lacs. L'exemple de la république démocratique du Congo.par Albert Damase Lamine Diatta Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 2 2016 |
B. La persistance des violations des règles de protection des enfantsEn République Démocratique du Congo, il y a une persistance accrue des violations des règles de protection des enfants pendant les conflits armés. Certaines parties aux conflits continuent d'infliger aux enfants de mauvais traitements répétés, malgré l'adhésion de ce pays aux nombreux textes internationaux ainsi les mesures prises par le Conseil de sécurité des Nations-Unies et les autorités congolaises. Les droits des enfants continuent d'être violés à chaque fois qu'un conflit est déclenché. L'enrôlement des enfants dans les conflits armés qui a débuté depuis les années 90 dans la région des Grands Lacs, continue d'accroître. Et même si ce phénomène est en nette diminution, il n'en demeure pas moins qu'il reste préoccupant. En effet, jusqu'en 2011, il y avait environ deux-mille jeunes qui étaient enrôlés dans le partie Est de la République Démocratique de Congo.53(*) Aujourd'hui, le nombre d'enfants enrôlés et utilisés en République Démocratique du Congo par les groupes armés depuis le début du conflit en 1996 est estimé à plus de trente-mille enfants. Forces gouvernementales et non étatiques ont toutes recouru à ces pratiques. « Entre 2010 et 2014, l'ONU a recensé plus de six-mille cas de recrutement d'enfants originaires de la RDC ».54(*) Et environ un tiers des enfants concernés étaient âgés de moins de quinze ans et étaient utilisés comme des combattants, des escortes, des cuisiniers, des porteurs, des gardes et des esclaves sexuels. Aujourd'hui, on aurait pensé que s'il devait y avoir une violation persistante des droits des enfants en périodes de conflit, celle-ci proviendrait certainement de la part des groupes non étatiques, mais l'expérience a montré un tout autre visage avec les troupes gouvernementales. Car il se trouve en réalité que, les faits de recrutement d'enfants sont de même reconnus aux forces gouvernementales. En réalité le président Laurent Kabila qui a eu à répandre l'utilisation des enfants durant la période des guerres de « libération » n'a pas été seul à le faire car les milices locales et groupes armés rebelles ont également utilisé très régulièrement des garçons et des jeunes gens pour compléter les troupes. De même entre 2012 et 2014, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo ont eu à mener des campagnes de recrutement au cours desquels beaucoup d'enfants, environ une centaine ont fait l'objet d'enrôlement « par erreur », puis ont été relâchés suite à l'initiative des forces armées, en collaboration des Nations-Unies. De même, dans le district d'Ituri, beaucoup d'enfants ont fait l'objet de mutilation et de massacre, alors que d'autres ont été contraints d'assister aux massacres perpétrés sur leurs proches. Entre mai et décembre 2003, lors des affrontements entre lendu et hema de nombreux enfants y ont péri. Et c'est le cas également à Kachele où plus de 42 enfants ont été tués le 6 octobre 2003. Toutes ces violations montrent à quel point les acteurs aux conflits continuent d'ignorer certains textes internationaux relatifs aux droits de l'homme et au droit international humanitaire, ce qui complique davantage et rend beaucoup plus complexe la mise en oeuvre des règles de protection des enfants durant les conflits armés qui perdurent dans ce pays. Ainsi cette situation témoigne encore des difficultés d'adaptation des règles du droit international humanitaire aux réalités du terrain en République Démocratique du Congo. * 53 Forum de désarmement, Les enfants dans les conflits, 2011, p.62. * 54 Synthèse du rapport S/2014/453, du 30 juin 2014, sur le sort des enfants en temps de conflit armé en RDC. |
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