Engagement citoyen et développement des communautés de base: analyse des indicateurs et perceptives pour l'ETD de Katokapar Paul Sylvain MBAYA LUMBALA Institut Supérieur d'Etudes Sociales de Kananga (ISES-Kananga) - Licence 2021 |
SIGLES ET ABREVIATIONSAGR : Activités Génératrices des Revenus CBMT : Centre Ba Mamu Tabulukayi CCAP : Contrôle Citoyen d'Action Publique CLD : Comité Local du Développement CODESA : Comite de Développement Sanitaire COGES : Comite de Gestion Scolaire COPA : Comite de Parents CS : Centre de Santé CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté CUD : Comite Urbain du Développement DAI : Développement Activity Integrated DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies DEC : Développement Economique Communautaire DECO : Développement Communautaire DEL : Développement Economique Local DL : Développement local DSCRP : Document Stratégique de Contribution pour la Réduction de la Pauvreté DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté EC : Engagement Citoyen ECZ : Equipe Cadre de Zone de santé ETD : Entité Territoriale Décentralisée GAB : Gestion Axée sur les Bénéficiaires GSDL : Gouvernance Synergique du Développement Local IGA : Integrated GovernenceActivities INADES : Institut Africain pour le Développement Economique et Social INS : Institut national des statistiques ISE : Infrastructures socio-économiques ISES : Institut Supérieur d'Etudes Sociales IT : Infirmier Titulaire MCZ : Médecin Chef de Zone de sante MEC : Mécanisme D'engagement Citoyen MPME : Micros, Petites et Moyennes Entreprises MRC : Municipalités Régionales de Comité OAC : Organisations à Assises Communautaires OB : Organisation de de Base OCB : Organisation Communautaire de Base OCDE : Organisation Communautaire pour le Développement Economique ODD : Objectif pour le Développement Durable OMS : Organisation Mondiale de la Santé ONG : Organisation Non Gouvernementale OSC : Organisation de la Société Civile PAI : Programme Annuel d'Investissement PD : Plan de Développement PGI : Programme de Gouvernance Intégrée PIP : Programme d'Investissement Prioritaire PMA : Pays Moins Avancés PNUD : Programme de Nations Unies pour le Développement PTF : Partenaires Techniques et Financiers RDC : République Démocratique du Congo SIMFA : Sensibilisation - Information -Mobilisation -Formation -Action SPL : Système Productif Local URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques USAID : United States Agency for International Development ZS : Zone de Santé 0.INTRODUCTIOND
ans tout processus de développement, l'homme est au centre de l'action. Il conçoit son propre développement selon ses besoins, le met en oeuvre en y affectant des moyens requis et en bénéficie lui-même tout en sauvegardant son milieu naturel. Le concept de développement humain durable cadre parfaitement avec ce principe de base en ce sens qu'il se comprend comme tout processus de développement qui génère la croissance économique, distribue de manière équitable les bénéfices de celle-ci, maintient la capacité intrinsèque de régénération de l'environnement naturel, et replace l'homme au centre de toute action en augmentant ses capacités et en élargissant les opportunités qui s'offrent à lui à travers l'amélioration des conditions de vie dans les domaines d'éducation, de santé, et de participation à la vie socio-économique et politique sans aucune forme d'exclusion. Aucun projet de société ne peut se réaliser sans l'engagement et la pleine participation de tous les membres du corps social concerné. De la même manière que les sociétaires voudraient jouir des bénéfices de leur projet, ils devraient en faire autant pour leur implication à sa concrétisation. Le développement impose des sacrifices, par conséquent les efforts à sa réalisation doivent être partagés et fournis de manière équitable avec la même exigence que celle requise dans la jouissance de ses bénéfices. Cela sous-entend que pour réussir un projet de développement, il faudrait que tout le monde s'engage et participe résolument à un niveau quelconque, si pas à tous les niveaux. L'on ne peut concevoir un Etat où certains sont des acteurs et d'autres des spectateurs jouisseurs, un Etat où certains paient les impôts et d'autres les empochent impunément, un Etat où certains travaillent et d'autres se prélassent au soleil (PNUD, 2008, P.101). Si l'amélioration des conditions de vie de l'homme est le but du développement, celui-ci doit en être non seulement le bénéficiaire mais aussi l'artisan, l'acteur de prédilection. C'est pourquoi il est nécessaire que toutes les catégories de la population participent au processus de développement. Cette participation postule que tous et chacun soient intéressés par tout programme et profitent du progrès général enregistré. La participation des personnes physiques, des groupes sociaux et de la population au processus de planification et de mise en oeuvre de développement dans tous ses aspects est une nécessité. Il est facile de déployer cette participation au niveau local du fait qu'à ce niveau, les problèmes que les populations vivent et les solutions à y apporter sont bien connus de ces populations et non de la bureaucratie et de la technocratie centrales. Le développement doit donc se faire pour, par et avec la population. C'est donc dire que l'engagement citoyen et la participation des personnes physiques, des groupes sociaux et de la population fustigent la possibilité que l'Etat impose ses décisions et exige que ce dernier reconnaisse à cette population, à ces groupes sociaux et à ces personnes physiques des initiatives, quitte à leur donner, si besoin est, des aides techniques, financières ou autres. « Le développement des pays duSud, et singulièrement celui des pays africains, exige sans doute des changementsradicaux dans les conditions politiques et administratives de ces pays, mais il nécessiteaussi la participation et l'engagement populaire aux prises de décisions et des institutions démocratiques offrant aux différentes couches de la population et surtout aux masses populaires la possibilité d'exprimer leurs points de vue concernant la marche de leur société » (MAYAM. et F. STREIFFELER, 1992). Cette participation n'est possible qui si l'homme prend conscience et s'engage résolument dans ce processus, lequel (processus) exige certains mécanismes, instruments, outils et stratégies pour y parvenir. Le développement des communautés locales a été toujours au coeur des préoccupations des administrations coloniales et des États africains postcoloniaux. Appelé développement communautaire dans les colonies britanniques et animation rurale dans les colonies françaises, l'esprit et les structures de ce mode d'intervention (développement des communautés locales) ont été, pour l'essentiel, conservés après les indépendances des pays d'Afrique dans les années 1960. Depuis les années 1980, les organisations non gouvernementales (ONG) ; locales, nationales et internationales se présentent comme les acteurs principaux qui appuient les initiatives des populations ou qui travaillent avec elles dans des projets dont certains réussissent mais d'autres échouent. L'explication de ces phénomènes sociaux est au centre de la sociologie du changement social. La décennie 1960-1970 a été dominée par les théories explicatives de type déterministe (Boudon, 1984), puis la théorie de rationalité de l'acteur est devenue dominante à partir des années 1980. Lorsqu'on fait une brève recension des écrits, il semble ne pas y avoir un livre qui présente en un tout à la fois l'historique et l'analyse sociologique du développement communautaire en Afrique noire subsaharienne en particulier (Yao ASSOGBA, 2008, pp.15-16). Les mutations politiques qui s'observent depuis le début des années 90 (confère discours de La Baule) dans presque tous les pays de la zone francophone subsaharienne, avaient ouvert des pistes porteuses d'espoir pour ces états qui constituent l'écrasante majorité des PMA, caractérisés par une pauvreté massive. Le lègue de la colonisation, marquée par une forte tradition centralisatrice a beaucoup entravé la mise en oeuvre de politiques et stratégies conséquentes de développement et de bonne gouvernance. L'histoire du développement des pays de la sous - région, longtemps caractérisé par des systèmes politiques fermés nous enseigne que depuis les années 1960, les différents résultats dans l'exécution des multiples projets de développement ont donné des résultats mitigés : les échecs sont restés nombreux, les succès rares ou incertains malgré les quantités impressionnantes de ressources financières, et les espoirs légitimes suscités. 0.1.CHOIX ET INTERET DU SUJETa. Choix du sujet Les causes des échecs cumulés montrent à travers des analyses successives que la responsabilisation effective des populations à la base est une des conditions incontournablespour accroître les chances de succès d'un développement qui ne peut ni s'administrer, nis'imposer tout simplement parce qu'on ne développe pas mais on se développe. Dans cette optique on observe un peu partout une volonté politique affichée de lutter contre la pauvreté à travers la mise en oeuvre de Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté (CSLP) qui semble succéder aux insuffisances des politiques d'ajustement structurel (la RDC a conçu le DSRP, et DSCRP dans le but d'attaquer le taureau par les cornes). Comme le disait Socrate (Platon, apologie de Socrate), avant de Changer le monde, il faut commencer par se changer soi-même. À Roger MONDOLONI de paraphraser : « changer le monde commence par se changer soi-même », ( https://citation-celebre.le/parisien.fr, consulté le 16/07/2021 à 12 h 33') La majorité des Gouvernements des pays de l'Afrique subsaharienne qui ont accédé à leur indépendance depuis 1960 ont toujours fait du secteur rural la priorité des priorités. Aujourd'hui on constate que des progrès ont été enregistrés dans le secteur du développement local mais ils restent néanmoins limités au regard des moyens importants utilisés. En effet, les Conditions de vie des populations locales se dégradent davantage et ces dernières sont Confrontées à de multiples problèmes parmi lesquels on peut citer : la précarité. Les évaluateurs de l'aide au développement ont en effet constaté que les interventions réalisées sans les personnes concernées sont perçues comme des vaches à lait des bailleurs, juste bonnes à la traite, elles ne sont pas vues comme des outils de développement des groupes concernés eux-mêmes.Chacun doit participer au processus de développement : ceux qui conçoivent et ceux pour qui le projet est établi qu'il ait échange entre eux (BAMBI Clémentine, Planification Régionale : 2020). Théoriciens et praticiens du développement formulent généralement l'hypothèse que la participation des populations aux projets les concernant, est garante de leur réussite. L'analyse se raffine en montrant que les modes d'intervention qui s'inspirent du paradigme interactionniste favorisent plus la participation effective des gens que les modes d'intervention basés sur le paradigme déterministe. Ainsi, cette participation active de la communauté à toutes les actions de développement trouve son essence dans un véritable engagement citoyen, véritable fer de lance qui conduit à l'appropriation et à la pérennité celles-ci. Comme l'a souligné Bastien ENGELBACH (2003, p. 17) : « Participer et être un citoyen actif, c'est avoir le droit, les moyens, la place, le soutien voulu pour participer aux décisions, influer sur elles et s'engager dans des actions et activités de manière à contribuer à la construction d'une société meilleure ». La motivation du choix de cette étude est le souci de voir la communauté de base prendre en mains son développement par les initiatives de développement à travers une participation communautaire active. Dans sa vision d'un développement endogène, il est important que la communauté locale prenne l'initiative de l'identification des projets qui répondent à ses besoins. Suivant ses priorités, car les besoins réellement ressentis sont multiples et les moyens (ressources) pour les satisfaire sont limités. Le choix de ce sujet d'étude tient également à notre formation comme technicien en développement, concepteur des projets et programmes visant l'amélioration des conditions d'existence des communautés locales. Il est le fruit de nos réflexions profondes et muries partant de la réalité et au vu de l'importance de l'engagement des parties prenantes dans le processus de développement, en RDC en général et dans la province du Kasaï central en particulier. Lequel engagement conduit à la réussite des projets et l'appropriation de ces derniers pour leur durabilité et pérennisation. Nous sommes inspirés par la nouveauté introduite par la structure DAI/USAID, dans son programme de gouvernance participative (intégrée) (IGA). Dans son discours lors de la célébration du soixantième anniversaire de l'accession de la RDC, à sa souveraineté tant nationale qu'internationale (le 30/06/2020), le Président de la République Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a déploré le fait que le PIB de la RDC est passé de 600 USD (en 1960) à 400 USD actuellement pour la classe moyenne, soit une baisse sensible de plus ou moins 33, 33%. Alors que la RDC était comptée parmi les pays les plus riches du continent en 1960. Cependant, le contexte socioéconomique actuel voudrait que chacun ait des moyens financiers nécessaires pour vivre une vie économiquement et socialement aisée. C'est en fait le travail qui donne la chance de participer au développement et à la production des richesses afin de bénéficier des revenus qui en découlent pour s'éloigner de la pauvreté (FUMWAWAU Kiniati J., 2015, p. 25). b. Intérêt du sujet Cette étude qui revêt un double intérêt, nous aidera à analyser pour démontrer à suffisance l'impact ainsi que l'importance de l'engagement citoyen comme socle du changement social des communautés locales, en relevant la quintessence de la participation et appropriation communautaires, dans les ETD de la Ville de Kananga, plus particulièrement dans la commune de KATOKA, laquelle a bénéficié de l'appui de DAI, dans son programme de gouvernance intégrée (IGA). G Sur le plan scientifique Ce travail aidera des futurs chercheurs qui s'intéressent à ce domaine à trouver, une source d'informations et une banque des données permettant de bien mener leurs recherches. Il sera également un instrument de référence pour la vulgarisation des stratégies et outils de changement social voulu par tous afin de parvenir à une gestion axée sur les bénéficiaires (GAB). Surtout pour des doctrinaires et penseurs d'approfondir la quête du savoir sur la participation des populations au développement local de la commune de Katoka et même corriger éventuellement les erreurs que nous aurions commises. G Sur le plan social. Cette étude a pour avantage de mettre à la disposition des autorités tant nationales que provinciales quelques pistes des solutions qui permettront de relever certaines écailles et insuffisances d'ordre socio-économiques susceptibles de relever le défi de certains problèmes de développement au niveau local. Et surtout de permettre aux techniciens en développement d'accompagner efficacement les populations dans leurs efforts du processus de changement et de quête du bien-être, mieux être, plus être de la grande majorité. |
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