1.3.2- Revue empirique
Cette partie du travail entend présenter, suivant une
approche synthétique, certains travaux réalisés dans le
cas de certains pays, dont Haïti, faisant face à des
problèmes criants de pauvreté.
1.3.2.1.- Revue empirique globale
Une étude récente sur la croissance rapide de la
population du Ghana, réalisée par Eric Boadu17 et
particulièrement importante dans le cadre de ce travail, a permis
à ce dernier d'aboutir à des conclusions pertinentes concernant
l'impact de la croissance démographique sur la croissance
économique. Au Ghana, il y aurait un consensus, entre intellectuels et
politiciens, selon lequel, la croissance rapide de la population n'encourage
pas la croissance économique et qu'on aurait plus rapidement une
amélioration dans l'économie sans cet obstacle. Boadu a
réalisé que les pauvres donnent naissance à beaucoup
d'enfants car ces derniers sont considérés comme des sources de
sécurité économique quant les parents deviennent vieux.
17 Eric Adjei Boadu, Rapid Population Growth And Development in
Ghana, Department of Geography & Resource Development, University of Ghana,
s.d, 26 pages
22
En effet, les problèmes pauvreté et de
population causent du souci un peu partout à travers le monde. La
préoccupation est encore plus grande dans les pays dit
sous-développés. Les travaux réalisés, par exemple,
par le Centre de développement de l'OCDE sur ce double thème sont
nombreux. Dans un travail réalisé sur le
Brésil18, l'OCDE fait ressortir l'inégalité
criante et la pauvreté qui ravagent ce pays. Cette étude montre
l'accroissement naturel soutenu au Brésil et l'appauvrissement de
certaines couches de la société, en raison du rythme de
croissance accéléré de la population.
Dans ses études, l'OCDE accorde également une
importance grandissante à l'Afrique et plus particulièrement
à l'Afrique Sub-Saharienne, une des régions du monde où la
pauvreté est très répandue et très criante.
Plusieurs enseignements sont apportés dans les études de l'OCDE
sur la pauvreté en Afrique. Des données individuelles fiables sur
la taille et le poids des enfants qui reflètent la pauvreté des
parents ont pu être collectées ainsi que de nombreux indicateurs
nationaux de pauvreté tels que le pourcentage de personnes
touchées par la malnutrition d'après la FAO et les pourcentages
de pauvres en fonction de plusieurs seuils : les seuils constants de
pauvreté absolue de un (1) dollar et deux (2) dollars par jours de la
Banque Mondiale, ainsi que le seuil flexible de pauvreté absolue
ZAT19 estimé par Ali et Thorbecke. Dans ces pays, où
l'accès à certains services de base, quand ils existent, est
très difficile et où la satisfaction des besoins de
première nécessitée est souvent impossible pour une grande
partie de la population, l'augmentation de la population même à un
niveau minime a des effets plus que proportionnels sur la pauvreté.
En France, une étude réalisée à
l'Université de Montpellier I (France) par le professeur Cédric
Doliger20, cherche à déterminer une éventuelle
relation entre la croissance économique et la démographie dans ce
pays depuis 1950. Les résultats obtenus confirment l'existence de
relations entre la croissance économique et la démographie : une
relation directe de la croissance vers la population, c'est-à-dire
qu'une plus forte croissance économique influence directement et
positivement la croissance de la population via la fécondité et
une relation indirecte de la population vers la croissance par
l'intermédiaire de
18 Fernanda Lopes de Carvalho, Fighting Extrem poverty In Brazil
: The Influence of Citizens' Action on Gouvernement Policies, 1998, 36 p.
19 Estimation du seuil de pauvreté,
réalisée par Ali et Thorbecke en 1998. D'après le seuil
ZAT, le pourcentage de pauvres baisse à mesure que
l'inégalité des revenus diminue et que le revenu moyen
augmente.
20 Cédric Doliger, Démographie et croissance
économique en France après la deuxième guerre mondiale :
une approche cliométrique, 2005, Presses de l'ISMEA, Paris
23
variables économiques telles que la consommation et
l'investissement. Doliger a constaté que c'est la classe la plus jeune
de la population qui dynamise l'économie française depuis 1950,
et donc que l'attention doit être porté essentiellement sur la
natalité et les facteurs influant sur la décision d'avoir des
enfants (Easterlin et al.). Ensuite, il a remarqué que cette relation
entre les sphères économiques et démographiques s'exerce
via le marché du travail, notamment à travers les salaires et le
chômage. Ce qui l'a porté à affirmer au sens de la
théorie d'Easterlin que la régulation de la
fécondité passe par le marché du travail.
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