Structure administrative et gestion de la population dans le département du Mbéré de 1983 à 2018par Léandre TASSONA Université de Ngaoundéré - Master 2 Histoire 2019 |
C- Influences politiques dans les localités victimes de l'administration à distance de 1992 à 2018Nombre de facteurs influence d'une manière ou d'une autre le paysage politique des localités isolées dans le Département du Mbéré. 1- Marquage chefferialL'usage politique des chefs traditionnels permet également aux entrepreneurs politiques locaux d'assurer la victoire électorale locale du parti au pouvoir. Les chefs traditionnels de par leur statut constituent des causes acquises au RDPC. En tant qu'ils incarnent le sacré, ils influencent d'une manière ou d'une autre le comportement électoral de leurs sujets. Ceux-ci constituent les forces sociales de proximité et de liaison sociale95(*). Incarnant les valeurs traditionnelles et garant de la vie communautaire/villageoise, les chefs traditionnels seront progressivement amenés à embrasser le RDPC, et par le même fait serviront de courroie de transmission de l'idéologie du partiauprès des populations locales. Dans le Département du Mbéré, nous constatons que tous les lamibés du premier, deuxième et troisièmedegré respectivement à Meiganga, Kalaldi, Dir, Djohong, Lokoti, et Bagodo sont les adeptes du RDPC96(*). De plus, les informations et la formation politique sont généralement moins accessibles à cette population. Ainsi, les populations des villages administrativement isolées épousent fatalement le militantisme politique des cantons, à qui elles ont prêté allégeance. 2- Influence des centres administratifsLes centres administratifs constituent le « centre » dont dépend la « périphérie », constituée des territoires ruraux. Ils rythment la vie politique surtout en contexte électoral de l'ensemble des territoires qui leur sont rattachés97(*). Ces centressont par essence cosmopolites accueillent des populations venant des coins et recoins de leur territoires. Tout évènement d'importance qui se produit dans ces centres connait plus ou moins, à travers les populations diverses qui y vivent, des répercussions dans l'ensemble de l'arrière-territoire.Autant ces centres sont stratégiques, autant ils assurent un ancrage dans les grands bassins des populations des zones ruralesisolées98(*), surtout pour le RDPC qui ne défendent forcement pasles intérêts de ces populations. De ce fait, ces zones rurales « oubliées » constituent donc le fief du RDPC dans la mesure où ce parti a conquis le reste du territoire même les tutelles administratives de ces zones isolées. De la même manière que les élites urbaines, les partis politiques sont contraints de faire état de leurs réalisations à côté de celles de leurs leaders pour s'attirer une clientèle politique. C'est ainsi que par les enquêtes de terrain, on a pu recouper grâce aux professions de foi du parti en présence les actes posés ou les promesses de réalisation. Les professions de foi permettent de comprendre l'enjeu de la redistribution au village.À titre individuel, les élites urbaines du RDPC ont réalisénombre d'investissements. Dans cet ordre d'idées, le RDPC a offert des lits en plus des latrines au Centre de Santé de Gandinang grâce aux fonds des microprojets parlementaires de ses députés. Ce bloc est peint aux couleurs bleues-blanches de ce parti. Des dons de tables-bancs ont également été faits aussi bienaux diverses écoles primaires par les militants les plus nantis de ce parti depuis que le RDPC a remporté les législatives dans le Mbéré en 2002. * 95 Entretien avec Yaya Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018. * 96 Entretien avec Yaya Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018. * 97 Entretien avec Mvogo Marie Sylliac, Meiganga,le 14 août 2018. * 98 Entretien avec Mvogo Marie Sylliac, Meiganga,le 14 août 2018. |
|