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Analyse critique de la crise de l'éducation scolaire chez Ivan Illich.


par Emmanuel De Marie MUSA MBWISHA
Institut Supérieur de Philosophie/KANSEBULA - Graduat en philosophie 2020
  

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1.1.3. La philosophie de l'école africaine traditionnelle, coloniale et postcoloniale

Une habile pédagogie conduisait les étapes de l'éducation traditionnelle. L'enfant était introduit à la sagesse par les contes, les proverbes, les légendes narrées à l'ombre d'un arbre. Dans certaines sociétés pour l'adolescent venait le temps de grandes initiations. De ces mois d'épreuves physiques et morales dans les lieux de réclusion, de cette formation de l'esprit et du caractère, des hommes devaient sortir, connaisseurs et dépositaires des rites et secrets de la communauté, et solidairement responsables de chacun de ses membres. À l'école d'initiation, l'adolescent apprenait les secrets de techniques, il s'élevait en sagesse et comprenait la loi intime du travail, la loi de l'homme. L'éducation traditionnelle était le bien commun de toute la société et nul enfant n'en était privé. Elle apprenait aux enfants à servir la famille, le clan et le groupe, à s'insérer dans le réseau social et à maîtriser les rites d'interaction, à perpétuer le clan.14(*) Elle avait lieu principalement dans le cadre de la vie et des activités quotidiennes des adultes. Elle était essentiellement fonctionnelle et ce de fait, les objectifs sociaux, la pédagogie et les instruments qui la rendaient possible étaient intimement liés.15(*)

Cette éducation disparaît petit à petit à l'arrivée des occidentaux en Afrique, ceux-ci apporteront leur école pour coloniser plus. Dans notre pays, c'est en 1878 que l'école du type occidental fit son apparition à Palabala par les protestants. Il eut en 1880, deux écoles catholiques l'une à l'Est sur le lac Tanganika, l'autre à l'Ouest sur le bas-fleuve, à Boma plus précisément. Implantée par l'étranger, la nouvelle école provoqua dans la société congolaise un choc qui allait avoir des répercussions irréversibles sur le système éducatif ancien. Pendant de longues années, les populations nourrirent une méfiance instinctive à l'égard de cette école venue de l'occident. Les enfants comme leurs parents ne voyaient pas dans l'école ni intérêt religieux ni un moyen d'améliorer leur situation socio-économique. Toutefois, la situation de l'enseignement au Congo changea radicalement après la deuxième guerre mondiale. De 12 % entre 1930 et 1934, le taux de scolarisation passa, pour la période 1950-1954, à 37 % avec un pourcentage annuel d'augmentation de 6%.16(*) Pour KIMENA KEKWAKWA,

« C'est pour avoir négligé la précaution de moraliser l'enseignement colonial qu'on a déconsidéré l'école en la faisant apparaître comme une fabrique de vauriens et de révoltés, maintenir la jeunesse indigène dans un stade intellectuel inférieur, le stade de l'instruction élémentaire, orientée vers des buts immédiatement pratiques et retarder les ravages sociaux qui sont le fruit naturel et fatal du développement illimité d'une instruction sans morale. Le but de cette éducation était aussi d'éviter les troubles politiques et sociaux »17(*).

Pour Amener le colonisé à mieux servir les intérêts de la métropole, plusieurs reformes éducatives ont été mises en oeuvre lors de la colonisation au Congo-Belge, d'abord la réforme de 1929 qui fixant l'objectif de former des auxiliaires pour l'oeuvre d'évangélisation. Ensuite celle de 1938 ayant pour objectif de constituer un moyen suffisant d'améliorer les conditions de vie, celle de 1948 avait comme objectifs majeurs de préparer l'indigène moyen à réformer son milieu en se servant de ses intérêts et de ceux de la communauté et la sélection des éléments susceptibles de constituer une élite intellectuelle, tout en tenant compte des intérêts du colonisateur. Et enfin Celle de 1958 consiste en une adoption pure et simple des programmes métropolitains par toutes les écoles.18(*) C'est ce qui nous conduit à évoquer cette idée d'Illich : «  Dans les colonies, l'école inculquait aux classes dominantes les valeurs de la puissance coloniale et faisait peser sur les masses leur sentiment d'infériorité face à cette élite éduquée ».19(*)

Après l'indépendance, le pays manqua les cadres formés pour promouvoir le développement et diriger les institutions étatiques. La mission de former des ressources humaines de qualité et en abondance, fut confiée à l'école. Pour la rendre capable d'assumer une telle mission, il fallait la réformer. Deux grandes idées dominaient au lendemain de l'indépendance : au plan juridique et structurel, l'enseignement colonial avec ses composantes d'écoles officielles, officielles congréganistes, libres subsidiées et écoles des sociétés, devenait l'enseignement national. Au plan pédagogique, la politique éducative devait se concentrer sur la formation des cadres moyens et supérieurs dont le pays avait besoin. Le maître-mot fut l'africanisation des structures administratives, des agents et des contenus de l'enseignement.20(*)

La réforme de 1981 propose le profil de l'homme à former : « permettre à l'enfant de développer les valeurs intellectuelles, éthiques et spirituelles, notamment la conscience professionnelle, la compétence, l'esprit familial, la conscience nationale, le sens de solidarité et de dignité, le souci d'intégrité, de justice et de vérité, le respect de la personne humaine, de ses biens et de ceux de sa communauté. L'enfant congolais est appelé à être utile à lui-même et à la société, responsable vis-à-vis de lui-même et de la société ».21(*) Mais le jeune congolais est encore loin d'être éduqué ainsi.

* 14 Cf. M. EKWA BIS ISAL, L'école trahie, Kinshasa, Éditions Médiaspaul, 2004, 22-23.

* 15 Cf. I. KISUMPA, « Le Congo indépendant face à la réforme de son système éducatif formel » in Questions sociales, 40 ans d'indépendance : mythes et réalités, Actes des Journées scientifiques de la Faculté des lettres de l'UNILU, Lubumbashi, 2000, 358.

* 16 Cf. M. EKWA BIS ISAL , Op. Cit., 25-26.

* 17K. KEKWAKWA KINENGE, « la politique scolaire de l'État colonial vis-à-vis des missions belges au Congo belge », In Revue zaïroise des sciences de l'homme, n°5, (1974), 173.

* 18 Cf. I. KASUMPA,Art. Cit., 359-360.

* 19 I. ILLICH, Libérer l'avenir, traduit de l'anglais par Gérard DURAND, Paris, Éditions du Seuil, 1971, 124.

* 20 Cf. M. EKWA BIS ISAL, Op. Cit., 31-34.

* 21I. KASUMPA,Art. Cit., 362.

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