INTRODUCTION GÉNÉRALE
0.1. Choix et
intérêt du sujet
L'éducation est fondamentale et indispensable non
seulement pour le bien-être individuel mais aussi pour l'émergence
de la société. Ainsi pour nous, parler de l'éducation est
un choix judicieux et surtout en parler avec les lunettes critiques
appuyées d'une lanterne philosophique paraît un choix sans
précédent, car la philosophie de l'éducation comme remise
en question des pratiques éducatives est la tâche
spécifique du philosophe. L'analyse philosophique des sciences de
l'éducation apparaît actuellement nécessaire et
irremplaçable, dans un monde où nous assistons à la crise
de l'éducation, non seulement familiale ; mais aussi scolaire et
même universitaire. Choisir de cheminer dans un itinéraire
philosophique avec Ivan Illich, pour faire ressortir les résonnances
contemporaines de sa pensée sur la crise de l'éducation scolaire
ou mieux sur les crises éducatives qui émaillent notre
société, nous a semblé impérieux, d'abord pour non
seulement rendre hommage à un penseur contemporain original et
cosmopolite mais surtout pour diffuser la pensée d'un intellectuel
visionnaire peu connu dans notre contrée ; ensuite nous voudrions
bien présenter son souci majeur de recherche d'une éducation
conviviale sans discrimination et enfin reconnaître ses mérites
qui nous serons utiles pour panser notre système éducatif
saignant.
L'intérêt que nous portons en traitant ce sujet
est triple : tout d'abord par l'actualité du sujet ; La
question de la crise de l'éducation scolaire est plus que jamais
d'actualité, car l'école est mise sur les bancs des
accusés par beaucoup de sociétés, l'accusant de trahir ses
objectifs. D'un côté, les élèves subissent une
éducation domesticatrice et aliénatrice favorisée par une
obsolescence des savoirs scolaires ; et de l'autre côté, les
enseignants, qui sous le joug des soi-disant habilités à
créer des normes pédagogiques, sont victimes des mutilations des
règles pedagogico-didactiques et considérés comme des
éternels assistés soumis à la hiérarchie scolaire.
Ensuite, l'attente de la société des bienfaits
de l'éducation scolaire est devenue de plus en plus pressante, cherchant
à tout prix sa contribution au développement des structures
sociales. Le désenchantement de la société à
l'égard des établissements du savoir est de plus en plus mis en
exergue, l'injonction axiologique qui s'impose à l'éducateur et
la multiplicité des fonctions que la société assigne
à l'école enfoncent davantage son état morbide et
stigmatisent sa nullité et sa veulerie
Enfin, un regard sur le système éducatif de
l'Afrique sub-saharienne nous révèle de profondes crises et d'une
manière particulière dans notre beau pays, la République
Démocratique du Congo où sévit une crise scolaire sans
précédent. Cette crise est caractérisée par la
baisse de la qualité de l'enseignement, les classes pléthoriques,
la déperdition scolaire, le manque d'infrastructures soignées et
de matériels d'enseignement, la corruption institutionnalisée, la
non-prise en charge des personnels enseignants, la non-maîtrise des
matières enseignées qui débouche beaucoup d'intellectuels
ignorants sur le marché du travail, sont autant de vices qui rongent le
système éducatif congolais. Tout cela nous amène à
redéfinir la formation des enseignants et la vocation d'enseignant.
Notre souci majeur, en analysant la pensée illichienne sur
l'éducation, est d'arriver à contribuer, tant soit peu, à
l'émergence de l'éducation de notre pays en vue d'adopter une
nouvelle politique et une autre philosophie du système éducatif.
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