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Stratégie achat basée sur le développement de la consommation locale et les circuits-courts d'approvisionnement. Cas du petit déjeuner dans l'hôtellerie


par Sophie WIDERA
ESSEC Business School - Mastère Spécialisé International Purchasing Management 2013
  

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Résumé

Au terme d'un travail de réflexion s'appuyant sur une analyse approfondie des tendances des marchés de la consommation et d'études sectorielles sur l'hôtellerie, il a été établi qu'une offre intégrant des produits locaux issus des CC d'approvisionnement pouvait faire l'objet d'une stratégie de différenciation. L'objectif de la mise en oeuvre de cette offre est d'augmenter le taux de captage de la prestation PDJ et se positionner comme précurseur dans une démarche de responsabilité sociétale.

Le succès de cette démarche dépend des capacités de la fonction achat à créer de la valeur. A partir d'éléments d'information, de réflexion et de connaissances techniques, une stratégie achat permettant de répondre aux objectifs fixés a été élaborée et un plan d'actions mis en place. Des leviers achats ont été identifiés et évalués. Les bases d'une solution susceptible d'être mise en oeuvre à très court terme ont été formalisées.

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Même si cette étude et ces propositions ont été réalisées sur la base d'éléments issus de documents de recherche, de presse spécialisée, de sites professionnels, il me semblait indispensable de les valider sur le terrain. C'est pourquoi la troisième partie de cette étude est consacrée à des interviews de professionnels des achats et de l'hôtellerie. A la lumière de leurs réponses et de leur regard sur cette offre de PDJ, de nouvelles pistes de réflexion tant sur son contenu que sur la stratégie achat seront proposées.

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3. APPROCHE PRATIQUE : ENTRETIENS AVEC DES PROFESSIONNELS DES ACHATS ET DE L'HOTELLERIE

Objectif :

Confronter la théorie à la pratique afin de pouvoir procéder à des réajustements de la stratégie si nécessaire, en se basant sur « l'expertise » professionnelle d'interlocuteurs issus du secteur de l'hôtellerie, ayant tous à effectuer des achats pour le petit-déjeuner de leur(s) établissement(s).

Sous-objectifs :

- valider mes informations sur le caractère stratégique du petit-déjeuner dans l'hôtellerie

- obtenir des informations sur leur stratégie PDJ le cas échéant

- appréhender leur organisation achat

- recueillir des informations sur les fournisseurs du petit-déjeuner dans l'hôtellerie

- obtenir leur avis sur les contraintes et les risques de la mise en place d'une stratégie achat basée sur

les circuits courts d'approvisionnement

Méthodologie :

Entretiens semi-guidés conduits auprès de professionnels des achats de l'hôtellerie et de directeurs d'hôtels 3 et 4 étoiles à Paris sur leur lieu de travail. Une liste de questions ouvertes a été établie mais pas forcément suivie dans l'ordre afin de laisser une part importante de spontanéité dans les entretiens. Ainsi, aux réponses du questionnaire s'ajoutent des indications qualitatives complémentaires sur les différentes priorités et contraintes de la profession.

Cette approche a permis de comprendre les attentes des différents interlocuteurs et d'analyser l'intérêt porté à cette étude.

Une interview a été volontairement menée en province pour mettre en lumière le critère de la distance, déterminant dans les approvisionnements en circuit court.

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Une diversité au niveau de la taille et de la gamme des établissements a permis de définir la pertinence de ces critères dans la mise en place d'une telle stratégie.

Dans un souci de présentation, les retranscriptions intégrales des interviews qui ont duré entre 1h et 1h30 se trouvent en annexe 1. L'identité de tous mes interlocuteurs n'a pas pu être citée pour des raisons de confidentialité.

Présentation des Etablissements et statut des personnes interrogées

3.1. Questionnement autour de l'offre PDJ

Ces questions ont été posées non seulement à des directeurs hôteliers et de la restauration qui sont en contact avec la clientèle au quotidien mais également à des acheteurs qui ne sont pas sur le terrain.

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? Considérez-vous le PDJ comme un service stratégique ?

La vision des différents acteurs interrogés reste assez homogène dans l'ensemble : rentabilité, image, satisfaction client, le petit-déjeuner est à l'unanimité un service stratégique qu'il ne faut pas négliger.

Les taux de captage ne sont pas très élevés sauf dans les 2 hôtels situés dans le Jura. Si la concurrence est moindre par comparaison aux hôtels situés à Paris, elle est bien présente : un café à proximité propose une offre PDJ, des commerces d'alimentation générale et une boulangerie sont également présents.

?Pouvez-vous me décrire votre offre PDJ ?

L'offre PDJ de l'Hôtel des 2 Forts et de la Résidence Charles Sander a été complètement retravaillée lors de l'arrivée du nouveau directeur hôtelier à partir de 2009. Initialement continental avec peu de produits, il se présente désormais sous forme d'un buffet. Des produits locaux tels que pain, viennoiserie, charcuterie, fromages sont mis en avant sur cette offre.

Le prix de vente a pu être augmenté (de 6,50 à 10 €). Cela n'a posé aucun problème à la clientèle car les 2 offres n'étaient pas comparables. Les coûts matières ont été réduits grâce à l'approvisionnement en circuits courts sur une partie des références.

Le taux de captage est passé de 25 à 95 %.

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? Qui est décisionnaire dans la politique produit et prix du PDJ ?

Les services marketing et les opérationnels rattachés à l'hôtel sont généralement à l'origine de la définition des politiques produits et prix, la fonction achat joue un rôle assez limité dans cette étape.

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3.2. Questions orientées Achat

? Organisation Achat

Dans les groupes comme Accor, le PDJ est une prestation très normée. Toutefois dans les hôtels en franchise, les gérants travaillent encore parfois avec des fournisseurs non référencés. Accor ne peut pas vraiment intervenir ou obliger les franchisés à renoncer à travailler avec des fournisseurs qui leur sont propres, ce serait de l'ingérence. Le groupe s'efforce néanmoins de réduire ce pourcentage en menant des actions de communication régulièrement sur le thème de la sécurité des approvisionnements.

Chez Lucien Barrière, la possibilité de travailler avec d'autres fournisseurs que ceux référencés par le groupe est considérée comme pouvant présenter un intérêt dans les régions à spécialité régionale. Exemple : les huîtres pour l'hôtel de Dinard sont directement achetées sur place car Cancale est à proximité.

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?Fournisseurs du PDJ

Pour la plupart des hôtels, il n'est pas possible de ne faire appel qu'à un seul type de fournisseurs.

Hôtel Charles Sander : l'intérêt de travailler avec des producteurs locaux

S'approvisionner en circuits courts auprès de producteurs et fabricants locaux représente plusieurs avantages en termes d'approvisionnements :

- coûts de transport réduits à 0: producteurs/artisans situés entre 2,5 et 5 km de l'hôtel. Ils effectuent les livraisons gratuitement

- coûts de stockage moindres : en raison des faibles distances, les approvisionnements sont déclenchés régulièrement le soir pour le lendemain matin

- fraîcheur des produits assurée grâce au temps de transport et de stockage limités

Néanmoins, même si l'Hôtel souhaite développer cette pratique dans une démarche de RSE et pour assurer fraîcheur et qualité à ses clients, son buffet PDJ ne peut pas être exclusivement local : thé, café, chocolat et jus d'orange ne peuvent être produits dans le Jura...

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De plus, il n'existe pas d'offre sur certains types de produits en local : une solution pour les fruits est à l'étude par exemple. Les oeufs bio sont achetés dans la grande distribution (Biocoop) car à ce jour, aucun producteur local n'est en mesure de le fournir régulièrement. La situation pour les yaourts et les compotes est identique. Ces produits sont donc achetés auprès de grossistes du type Metro ou Promocash.

Maîtrise des coûts matières

Même si une démarche pour privilégier les produits locaux a été mise en place, il faut également veiller à maîtriser les coûts. Aussi, même si des producteurs locaux peuvent assurer un approvisionnement pérenne, l'offre PDJ doit rester rentable. Une AMAP devrait voir le jour prochainement non loin de l'hôtel. Cette solution sera adoptée si son coût n'est pas supérieur à l'approvisionnement actuel (Biocoop, grande distribution de produits bio situé à 30km).

Groupe Accor : stratégie de massification et de mutualisation des achats

Avec près de 2000 sites à livrer en France, Accor travaille avec en direct avec l'industrie agro-alimentaire et avec des distributeurs capables de couvrir le territoire national.

Pour avoir une idée des volumes, Accor sert 110 000 PDJ par jour dans ses hôtels

L'offre PDJ est très normée.

Extrait de l'entretien avec Stéphane Berne, Responsable Délégué Achats et Services Clients :

« Accor travaille avec les industriels et négocie en direct avec Danone, Nestlé, etc. Ensuite, il s'adresse aux distributeurs. Transgourmet est le principal distributeur d'Accor sur toute la partie crémerie et épicerie. Il détient 13 entrepôts en France et couvre le territoire national. Il distribue les produits négociés par Accor auprès des industriels (ce qu'on appelle des produits prestés) soit 650 références. Transgourmet va également compléter la gamme de produits négociés auprès des industriels à hauteur de 2000 à 2500 autres produits de leur catalogue général. On arrive à construire une offre qui

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fait plusieurs milliers de produits mais avec un coeur de cible représentant 600 à 650 produits qu'on va mutualiser sur plusieurs enseignes.

Sur les produits surgelés, il y a 2 fournisseurs pour couvrir tout le territoire national.

En ce qui concerne les produits frais, là encore, un effort est fait pour en réduire le nombre et pour trouver des interlocuteurs capables de livrer tous les sites Accor sans risque de rupture d'approvisionnement. »

Maîtrise des prix des matières

« Des contrats sont conclus parfois sur plusieurs années afin de mieux en maîtriser les coûts. Pour le jus d'orange par exemple, Accor a obtenu il y a quelques années des prix bloqués pendant 4 ans, ce qui leur a permis de passer à côté de la flambée des prix. En échange, le fournisseur a obtenu une exclusivité sur l'ensemble des hôtels Accor. »

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3.3. Une offre PDJ basée sur des produits locaux et des approvisionnements en circuits courts

La question posée était introduite après l'argumentaire suivant :

Je mène une réflexion sur les produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie, fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts

Mes conclusions montrent que la demande de produits alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de produits frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine des produits, leur traçabilité. Souhait de consommer plus responsable en préservant les emplois à côté de chez eux.

?Que pensez-vous d'une telle offre, y a-t-il un intérêt à la développer ?

Intercontinental Opéra Paris le Grand :

La clientèle de cet hôtel est à 70% étrangère. Selon la personne interrogée lors de l'interview, pour les étrangers, manger du pain et des viennoiseries, c'est déjà local. Une préférence est donnée aux tendances déjà fortes : la hausse dûment constatée de la clientèle chinoise a conduit à l'élaboration d'un PDJ complètement chinois. Mon interlocutrice me rappelle les risques de s'appuyer sur une tendance émergente en se rappelant la mise en place de produits bio dans le petit-déjeuner il y a

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quelques années. Cette initiative (qui était la sienne) avait entraîné une forte hausse des coûts pour un résultat jugé insatisfaisant.

Groupe Lucien Barrière : un seul de ses hôtels est situé à Paris. Bien que la stratégie achat du groupe soit basée sur la massification, le directeur des achats trouve une valeur ajoutée à la présence de produits locaux dans une région à spécialité. Aussi, trouver du kugelhof sur le buffet PDJ de l'Hôtel Barrière de Ribeauvillé en Alsace est à ses yeux un atout.

En revanche, pour la clientèle étrangère arrivant à Paris, il n'en voit pas l'intérêt. « Pour un Brésilien, le local, c'est de la Norvège au Portugal ».

Pour lui, cette offre, comme toute offre peut présenter une valeur ajoutée. Ce qui importe, c'est d'être capable de la vendre au client, c'est de savoir communiquer correctement, d'éduquer et d'informer les clients sur la valeur de l'offre si celle-ci n'est pas suffisamment visible.

Westin Paris Vendôme: oui car dans une stratégie de différenciation, le groupe Starwood dont fait partie le Westin, a lancé en 2008 l'initiative 100% local sous la houlette du chef Jean-Luc Reymond. Ainsi, dans ses restaurants figurent toujours une entrée, un plat et un dessert à base de produits 100% local. L'objectif de Starwood dans cette démarche était de lier un concept original, basé à la fois sur le plaisir et la gastronomie en faisant appel à des producteurs situés dans un rayon de 200 km autour de Paris.

Cette initiative avait eu pour origine la question d'un client américain au chef Jean-Luc Reymond: « quelle est la spécialité gastronomique de Paris » ?

Un « corner » PDJ à base de produits locaux avait été mis en place mais il n'existe plus. En effet, il est plus difficile à ce repas de communiquer sur l'offre. Lors du dîner ou du déjeuner, le chef se déplace pour « raconter » aux clients l'histoire du produit, de ses origines, de son producteur.

? Qu'est-ce qu'évoque le développement durable pour vous ? Voyez-vous un lien entre l'offre PDJ local un axe de développement durable ?

Cette partie a recueilli des propos et des remarques trop divers pour pouvoir être regroupés par catégorie. Aussi ils seront traités au cas par cas.

Hôtel des 2 Forts : le développement durable est associé à la stratégie de développement de l'hôtel car la conviction personnelle du propriétaire est que son activité doit s'intégrer dans l'environnement naturel, économique et social de sa région. Aussi, le PDJ à base de produits locaux issus des CC présente pour lui un double intérêt car il permet de soutenir l'activité économique de proximité tout

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en permettant de proposer une offre qui répond à la demande de sa clientèle en termes de qualité et de fraîcheur. Son offre PDJ est également un produit d'appel pour sa boutique de produits régionaux.

Hôtel Pas de Calais : le développement durable est vécu comme une obligation réglementaire. Les étiquettes invitant à réduire sa consommation d'eau étaient indispensables pour obtenir la nouvelle classification hôtelière (juillet 2012) par exemple. La clientèle y est peu réceptive, surtout la clientèle brésilienne. La propriétaire participe déjà au soutien économique local dans la mesure où elle travaille avec le boulanger d'à côté. Il ne s'agit pas d'un choix réfléchi en ce sens mais une question de praticité et d'un souhait de produits frais et qualitatifs.

Groupe Accor : extrait de la retranscription de l'interview à propos de l'intérêt du « local ». La question ou plutôt ici la remarque faite à mon interlocuteur est en gras.

« Accor fait figure de précurseur en matière de développement durable et de RSE, le local, c'est aussi la préservation de l'emploi, le développement économique local

Oui, mais tout cela, c'est de la communication, c'est du marketing. On dit aux gens d'acheter bio, de manger bio, de faire du local. Le problème est qu'il n'y pas d'offre existante en quantité suffisante. Alors faire venir des asperges du Brésil, même bio, c'est pas très développement durable. Il y a ce qu'on fait passer au grand public et il y a la réalité.

Aujourd'hui, dans l'offre actuelle, le bio et le local, c'est du saupoudrage. En revanche tous nos fournisseurs répondent à un cahier des charges développement durable dans le contrat cadre, à la législation, aux normes européennes et françaises. »

Intercontinental Paris le Grand : le développement durable a fait l'objet de l'élaboration d'une charte et l'hôtel affiche le label La Clef Verte. Il est essentiellement considéré sous l'angle de réduction des consommations d'énergie, de la gestion de l'eau et du recyclage des déchets. Le lien entre PDJ local et développement durable n'est absolument pas évident. La demande en bio est déjà peu perceptible.

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Groupe Lucien Barrière : extrait de l'interview, les questions sont en gras. J'ai tenté de faire un parallèle entre le local et le bio dans le cadre du développement durable.

« Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage concurrentiel ?

Franchement, le local n'est pas une préoccupation aujourd'hui.

Vous disposez d'une offre en produits bios, quelles ont été les difficultés ou les contraintes rencontrées lors de sa mise en place ?

Disponibilité de l'offre ?

Il y a quelques années, oui. Maintenant, ce n'est plus le cas. Enfin, bon, le bio, c'est pas forcément qualitatif, pas forcément local et surtout pas développement durable si on se penche sur l'empreinte carbone. Il y a vraiment une grande confusion actuellement entre le bio, l'équitable, le local.

C'est pour cela qu'il faut faire très attention à sa communication et dans l'éducation des clients. »

Compléments d'informations à ces remarques figurant sur le site du Groupe Lucien Barrière :

http://www.lucienbarriere.com/localized/fr/groupes/groupelucienbarriere/planete-barriere.htm

L'engagement dans le développement durable de Lucien Barrière Hôtels et Casinos en chiffres

· 60 établissements Barrière normés ISO 14001 (casinos, hôtels, golfs, tennis, laboratoire culinaire, siège social).

· 18 285 670 kWh / an économisés = l'équivalent de la consommation d'une ville de 20 000 habitants par an.

· 32 tonnes de papier économisées soit environ 400 arbres épargnés grâce à nos réductions de papier par an.

· 100% des établissements trient leurs déchets dangereux.

· 100% des établissements trient au moins 3 déchets.

· 100% des établissements ont participé à l'opération Bouchons d'amour, et récolté 210 tonnes de bouchons, soit 42 000 euros pour cette association.

· 79% des cartes de nos restaurants prônent le locavore, avec des produits locaux et régionaux.

· 67% proposent des produits issus de l'agriculture Biologique.

 

Groupe Starwood, Westin Paris Vendôme : détenteur de la Clef Verte, impliqué dans une démarche d'approvisionnement 100% local sur une infime partie de l'offre restauration. Le lien est fait entre la proposition de PDJ local et le développement durable même si dans leur cas, cette démarche

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n'a pas été développée sous cette approche. Le 100% local est un moyen de se démarquer en valorisant les produits de la région et surtout les producteurs.

?Quelles sont les contraintes que vous identifiez immédiatement par rapport à ce projet ?

Ainsi, pour la plupart des professionnels, les contraintes sont présentes depuis la phase de sourcing jusqu'au suivi de la qualité, en passant par l'approvisionnement et une hausse des coûts.

Extraits d'interviews

Intercontinental Paris le Grand

« Il n'y a pas grand-chose en termes d'offre à 150 km de Paris. Je ne vois absolument pas quels produits pourraient être intégrés dans l'offre PDJ. »

« Travailler avec des fournisseurs locaux pose en tout premier lieu le problème des quantités : comment assurer la pérennité des approvisionnements, comment gérer le risque de rupture ? »

Groupe Accor

« Avant même le problème d'approvisionnement, se pose le problème de coût. Jamais, même en local, le boulanger du coin ne pourra s'aligner au niveau des coûts par exemple. »

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« Pour nous, ce qui est important c'est de tenir la promesse en terme de produits, c'est le basique pour l'ensemble des marques. »

« C'est très compliqué. Un groupe de notre taille ne s'adressera jamais en direct à des petits producteurs. Nous passerons forcément par un distributeur. Travailler avec des producteurs locaux s'ils ne sont pas de taille assez importante multiplie le nombre d'interlocuteurs. Rien qu'au niveau de la gestion administrative, cela alourdit le travail et entraîne des coûts supplémentaires. »

Groupe Lucien Barrière

« Le premier problème identifié concerne la logistique. Je dois être capable de livrer le même type de produit à Dinard, à Cannes et à Paris. Je dois proposer des solutions pérennes. »

« Le problème de l'hôtellerie, c'est que nous avons une multitude de produits en petites quantités à livrer à de multiples endroits. C'est la raison pour laquelle on s'adresse à des distributeurs dont le métier est justement de d'optimiser les flux. »

« Travailler avec un distributeur comme Transgourmet permet de réduire le risque de rupture d'approvisionnement à 0. »

Et en termes de coûts ?

« Tout dépend comment vous le vendez au client. Il faut revenir au client. Si on est capable de le vendre, on peut l'acheter plus cher. f...]. Si on veut conserver nos marges, si on veut continuer à vivre, on est bien obligés d'augmenter le prix de vente. »

Westin Paris Vendôme

« Le 100% local représente au maximum 2 à 3% des approvisionnements. ))

« Nous n'avons pas voulu nous battre sur les prix. Le surcoût est de 15 à 20% par rapport aux produits habituels mais cela n'engendre pas de gros surcoûts au niveau global dans la mesure où nous sommes sur de petits volumes ))

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« Nous avons mis en place un partenariat avec nos fournisseurs et nos distributeurs afin qu'ils référencent nos produits 100% locaux et assurent leur livraison. En s'appuyant sur leur logistique, nous restons dans notre cahier des charges »

Conclusion : les acheteurs et directeurs d'hôtels et de la restauration ont détecté les mêmes risques et contraintes que dans la partie théorique de ce travail. Leur expérience du secteur et des achats a permis d'apporter des éclairages différents ou complémentaires sur la manière de gérer la mise en place de cette offre, depuis la phase de conception jusqu'à sa commercialisation. Ces nouveaux éléments vont permettre d'en réévaluer la pertinence en fonction des contextes, de formuler des recommandations adaptées et d'apporter de nouvelles pistes de réflexion.

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4. RECOMMANDATIONS ET COMMENTAIRES

Quelques mots sur le déroulement de l'enquête...

Le hasard m'a permis de rencontrer dès la première interview un hôtelier qui avait mis en place une offre PDJ intégrant des produits locaux issus des CC d'approvisionnement. Outre la qualité intrinsèque de ses produits, il mettait en avant leur fraîcheur et leur origine. Dans cette approche s'exprimait une volonté de satisfaction de sa clientèle tout en participant au développement et au soutien de l'économie locale, dans une région très touchée par le chômage. L'objectif était atteint. Avec un taux de captage frôlant la perfection (95%), une marge nette de 25%, un message apparemment bien perçu par la clientèle, il démontrait qu'il était possible de lier plaisir et responsabilité dans un concept permettant d'améliorer sa rentabilité.

Les interviews suivantes m'ont amenée à penser que la situation géographique et elle seule était à l'origine du succès rencontré par cet hôtelier. En effet, il est important de préciser que cette première interview s'est déroulée dans le Jura. Au cours des interviews suivantes, toutes menées dans des hôtels parisiens ou au sein des sièges sociaux de groupes hôteliers en région parisienne, les avis ont été presque unanimes : ce genre de démarche ne peut pas être développée en IDF.

Malgré une étude approfondie de la question, ces regards et ces avis de professionnels de l'hôtellerie et des achats m'ont incitée à remettre en cause les fondements mêmes de mon offre et de ma stratégie.

Ma dernière interview m'a apportée la preuve qu'il était possible de mettre en place une offre locale issue des CC d'approvisionnement en IDF. Est-ce que cette offre était similaire en tous points à ce que j'avais proposé ? Répondait-elle exactement à ma problématique ? Pas forcément. D'ailleurs, je n'ai pas obtenu toutes les réponses à mes questions au cours de cet entretien. Toutefois, j'ai acquis la certitude qu'il existait une demande car depuis 2008, cette offre était proposée et n'avait pas été remise en question. Tendance légère? Pour l'instant, oui mais si elle devait s'affirmer, l'hôtel avait déjà posé ses jalons en créant des relations solides avec ses fournisseurs. En attendant, cela lui assurait une position de précurseur et différenciait son offre du restaurant concurrent. Pour la clientèle sensible aux préoccupations environnementales, la présence de produits labellisés 100% local renforçait le positionnement et l'image d'une hôtellerie durable.

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4.1. L'offre PDJ

Remarques inhérentes à la pertinence de l'offre recueillies sur le terrain :

« La clientèle étrangère risque d'être insensible au concept »

Au cours des interviews, j'ai demandé si une offre locale pouvait représenter un intérêt pour la clientèle.

Parmi les réponses négatives ou dubitatives, il a souvent été question des différentes nationalités composant la clientèle et de sa sensibilité aux produits locaux et au développement durable en général.

Parmi les arguments avancés, certains établissements ont indiqué que leur clientèle comprenait 70% d'étrangers pour lesquels les produits typiquement français étaient déjà locaux. Ce type d'offre ne représentait donc qu'un intérêt très limité.

Visibilité et compréhension de l'offre

Au cours des interviews, il a été souvent question des difficultés à communiquer sur l'offre, l'origine locale n'ayant, pas selon les interlocuteurs, la même résonnance en région parisienne que dans les autres régions françaises, où des spécialités reconnues existent. De plus, les contours flous de la notion de local rendent, à leur avis, la visibilité du concept, difficile.

Etudier la composition de la clientèle

Derrière les réponses des professionnels de l'hôtellerie, le doute concerne l'intérêt de la clientèle pour l'origine des produits et la démarche, ainsi que la manière dont la stratégie présente le concept. Pourquoi notre clientèle aurait-elle un intérêt à consommer des produits locaux au petit-déjeuner ?

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Cette remarque est révélatrice des contours flous de la notion de local mais met en lumière un aspect qui n'avait pas été abordé lors de la stratégie. Il faut le prendre en considération car il s'agit d'un facteur susceptible d'influer sur les résultats.

Adapter l'offre en fonction de la clientèle

Choix des produits

Il est nécessaire de réviser l'analyse de l'expression des besoins en fonction de cette donnée.

Le sourcing devra prendre en compte des critères supplémentaires et les moduler en fonction de la clientèle. En effet, si elle est majoritairement étrangère, il faut étudier le choix des produits avec soin. On sait par exemple, que certaines spécialités fromagères françaises sont plus ou moins appréciées par les touristes étrangers. En revanche, d'autres produits typiquement français et internationalement appréciés comme la baguette ou les croissants peuvent être intégrés dans une offre locale.

Renforcer les qualités « universelles »

Si la découverte de nouveaux produits, la notion de traçabilité ou de responsabilité environnementale devaient laisser une partie de la clientèle indifférente, d'autres atouts liés à l'origine locale des produits peuvent conduire ces mêmes clients à en favoriser la consommation.

Derrière le « local », ainsi que cela a été montré au cours de l'analyse de l'environnement, se trouvent des éléments qui contribuent à améliorer la valeur perçue du petit-déjeuner. Grâce à des caractéristiques liées à leur origine et aux CC d'approvisionnement, les produits locaux présentent des qualités reconnues et appréciées par la majorité des clients, et ce, de manière quasi universelle. La fraîcheur et la saveur constituent en effet des critères de choix décisifs pour les clients. Grâce aux CC impliquant la diminution des distances et la durée du transport, la fraîcheur des produits est quasiment garantie. De plus, grâce à des méthodes de production moins intensives, leur qualité gustative est mieux préservée et souvent supérieure aux produits conventionnels, relativement standardisés.

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Assurer la fraîcheur et la qualité gustative des produits

? Comment assurer la fraîcheur d'un produit ?

Il serait tentant d'avancer que le simple fait d'être issu des CC constitue une garantie de fraîcheur. Ce mode d'approvisionnement est un facteur favorisant mais il reste insuffisant pour accroître le potentiel de différenciation des produits locaux.

Si les distances sont courtes et supposent une durée de transport limitée, il faut également éviter au maximum le stockage de toutes les denrées comme les fruits, les yaourts et autres produits laitiers : la réfrigération des fruits par exemple altère leur saveur. Elle provoque également la perte des vitamines oxydables, en particulier de la vitamine C.

Les achats doivent donc mettre en place un système de gestion des approvisionnements en juste-à-temps afin de limiter au maximum le stockage sur le lieu de consommation. Ce système implique une importante capacité de réactivité de la part de tous les acteurs de la chaîne, notamment des fournisseurs. Il faut également veiller à ce que les produits n'aient pas été stockés trop longtemps sur leurs lieux de fabrication.

? Comment assurer la qualité gustative d'un produit ?

La diminution ou l'élimination du stockage permet de diminuer l'altération de la saveur des produits.

La qualité gustative des produits fabriqués par de petits producteurs locaux peut se démarquer des produits standardisés et représenter pour une partie de la clientèle une forte valeur ajoutée.

Ce critère est à intégrer lors du sourcing. Seuls les producteurs capables de se différencier par une haute qualité gustative de leurs produits seront retenus.

L'avis des opérationnels comme le chef et le directeur de la restauration sera décisif : des tests seront organisés en interne puis confirmés par les clients au cours d'opérations ponctuelles clairement identifiées.

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Renforcer la visibilité de l'origine locale en faisant certifier les produits

Bien entendu, un important travail de communication est à réaliser. Afin de permettre une meilleure identification des produits d'origine locale, les achats peuvent intervenir auprès des fournisseurs en amont.

Un critère de choix pour les fournisseurs lors du sourcing peut-être leur adhésion à la charte Saveurs

Paris Ile de France afin que leurs produits portent la marque

Ce logo pourra ainsi être utilisé dans les plans de communication.

Une veille sera également mise en place afin de connaître toutes les démarches de certification permettant de renforcer les caractéristiques de l'origine régionale des produits afin d'améliorer leur identification par la clientèle.

4.2. Sécurisation des approvisionnements

Les problèmes de volumes et de disponibilité de l'offre font partie des principaux freins identifiés au développement d'une offre locale issue des CC d'approvisionnement. Ainsi que nous l'avons identifié lors de l'analyse du marché fournisseurs, le risque lié au déséquilibre entre l'offre et la demande est réel. Il se double de la difficulté à organiser et optimiser le transport.

Aussi les éléments énumérés dans la stratégie restent valables dans ce contexte :

- identification d'un fournisseur capable d'assurer les livraisons en respectant les délais

- mise en place de plans de développement fournisseurs afin de les aider à s'organiser et à mutualiser

leurs besoins, à optimiser leur transport, donc leur taux de service

- planification au plus juste des besoins : mode de gestion en juste à temps

Nouvelles pistes de réflexion pour les groupes hôteliers souhaitant s'approvisionner en local :

Augmenter les volumes disponibles

Le groupe Starwood (Westin) a élargi la notion de local à un rayon de 200km de Paris afin de bénéficier d'un choix plus large de produits. En l'absence d'une définition du local autre que celle

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définie dans notre stratégie achat, une approche similaire pourrait être envisagée si la capacité des fournisseurs se trouvait trop limitées par rapport à la demande. De plus, comme des hôtels de la région parisienne se situent en périphérie d'autres régions, cette démarche pourrait rester cohérente en permettant de bénéficier de capacités de production supplémentaires.

Travailler avec ses fournisseurs habituels

Ainsi que cela a été précisé par la plupart des responsables achat des groupes hôteliers, la gestion du transport ne relève pas du périmètre achat dans l'hôtellerie. S'ils devaient mettre en place une offre PDJ intégrant des produits locaux en CC, tous feraient appel à leurs fournisseurs habituels. Les approvisionnements sont essentiellement réalisés auprès de grossistes et de distributeurs qui assurent la prestation de transport. Aussi quand le chef du Westin a mis en place son offre 100% local, il s'est adressé à ses fournisseurs habituels, grossistes sur le marché de Rungis. D'ailleurs, l'un des plus importants distributeurs de l'hôtellerie et de la restauration a entamé un développement de l'offre locale dans 6 régions françaises afin de répondre à la demande en produits locaux en augmentation constante.

4.3. Maîtrise des coûts

Réfléchir à de nouveaux leviers de négociation: au-delà de l'effet volume

Lors des entretiens, les principaux leviers de maîtrise des coûts cités sont les suivants : massification et mutualisation, rationalisation du panel fournisseurs. Travailler sur de petites quantités avec plusieurs fournisseurs implique un levier volume réduit.

- vendre l'image de marque pour obtenir de meilleures conditions : ce levier peut être actionné par les hôtels jouissant d'un certain prestige. Il permet aux fournisseurs de disposer de références dans le cadre d'une stratégie de développement dans le secteur de l'hôtellerie-restauration.

- recommander un fournisseur auprès d'autres donneurs d'ordres est un levier qui peut également être utilisé, son efficacité étant là encore proportionnelle à la réputation de l'hôtel.

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Initier de nouveaux leviers : au-delà de la négociation

La majorité des leviers précités relèvent de la négociation. Or, d'autres leviers sont disponibles, à activer en interne, sur les produits et sur les process.

Limiter le gaspillage

- améliorer les prévisions de vente pour ajuster les quantités

- définir les produits sur lesquels la part de gaspillage est la plus importante afin de limiter leur introduction en nombre de références ou en quantités dans l'offre PDJ local. Le pain et les viennoiseries par exemple ne peuvent absolument pas être conservés.

- inciter les clients à ne pas se servir en grande quantités car les produits locaux seront essentiellement présentés en vrac : confiture, miel, fruit, fromage blanc, jus de fruit, etc. La taille des récipients peut jouer un rôle déterminant dans cette quête, tout comme celle des couverts de service.

Réduire les coûts de stockage

La distribution des produits locaux en CC favorise l'élimination du stockage, à condition de bien gérer et optimiser les approvisionnements en ajustant les quantités au quotidien (un système de prévision de vente efficace est indispensable).

Accroître la marge au bénéfice des deux parties : partage de la valeur

En aidant les fournisseurs à réduire leurs coûts, il est possible de partager les économies générées. Bien entendu, il faut choisir les fournisseurs et les produits sur lesquels la réduction des coûts aura le plus d'impact et se mettre d'accord sur la manière dont les économies seront évaluées et réparties. Ex : aider le fournisseur à mieux gérer ses achats en lui faisant profiter de notre expérience ou en l'aidant à mutualiser avec d'autres fournisseurs issus de notre panel. Ainsi, il serait possible, sur les emballages notamment ou sur les ingrédients entrant dans la fabrication des produits locaux d'améliorer la performance de nos fournisseurs et de bénéficier des économies réalisées.

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4.4. Développer les compétences en interne et en externe

Au cours des entretiens menés auprès des professionnels de l'hôtellerie, il a été question de gestion de panels fournisseurs, de taux de service, d'entrée ou de sortie de panel, de prix, de coûts, de négociations, de massification, d'appels d'offres etc. Tous ces outils font partie de la panoplie des acheteurs. Mais ils ne sont pas suffisants pour la mise en place d'un projet stratégique tel qu'envisagé dans cette thèse.

Développer de nouveaux « savoir-faire » et « savoir-être »

Pour décliner la stratégie de l'entreprise au niveau des achats, capter l'innovation, développer une vision et une gestion stratégique des fournisseurs, être capable de déployer une politique de RSE avec des partenaires internes et externes, la fonction achat doit élargir son spectre de compétences. Les connaissances traditionnelles (maîtrise technique, organisation) liées au métier d'acheteur restent indispensables. Néanmoins l'intégration de la dimension RSE dans le cadre de notre stratégie achat nécessite la mise en place de formations afin d'en maîtriser les grandes lignes. Le fonctionnement en mode projet et les achats collaboratifs impliquent en interne et en externe la multiplication d'interfaces avec lesquelles il faut apprendre à fonctionner ainsi qu'un nouveau rôle de chef de projet qu'il faut savoir appréhender. La fonction achat ne peut pas ici se limiter au triptyque classique qualité, coûts, délais mais doit désormais établir de nouvelles relations avec les parties prenantes de la fonction, notamment les donneurs d'ordre internes qu'il s'agit de challenger sur l'expression du besoin. Il faut également sortir du sempiternel rapport de force avec les fournisseurs, apprendre à les sélectionner sur de nouveaux critères et les accompagner dans leur démarche de progrès. Aussi il est essentiel de développer des compétences personnelles et comportementales afin d'apprendre à communiquer efficacement et à construire des relations solides avec les partenaires internes et les fournisseurs.

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Optimiser les performances de nos fournisseurs

Dans le projet PDJ local, les fournisseurs représentent un facteur clef de succès, ils sont au coeur de la stratégie. Sélectionnés avec soin, ils devront être capables d'accompagner nos projets, de contribuer à l'innovation, de s'adapter rapidement aux modifications de leur environnement, à l'optimisation des échanges et des flux, et se positionner dans une optique d'amélioration constante de leur process opérationnels. Le manque d'expérience des fournisseurs, s'il n'est pas pris en charge, risque de peser lourdement sur le projet en augmentant les coûts et en diminuant notre propre performance. Aussi, il est indispensable de mettre en place des plans de développement pour accroître leurs capacités à accompagner nos projets sur le long terme.

4.5. Achats collaboratifs

Parmi les acheteurs rencontrés, les difficultés liées à une demande forte pour un type de produits alimentaires face à une offre faible sont très rares. Aussi cette catégorie de produits n'est pas considérée comme un achat stratégique. Pourtant, il y a quelques années, lors de l'explosion de la demande en produits bio, les acheteurs ont été confrontés à la rareté des ressources. Le recours aux importations massives a permis de renverser la situation rapidement.

Le projet PDJ local implique une gestion différente des relations fournisseurs comme ce qui a déjà été développé dans la partie 2.5 Stratégie achat. Nous sommes dans une situation qui exige de prendre en compte les spécificités d'un marché fournisseurs contraignant pour acquérir des produits qualifiés de stratégiques, indispensables à notre projet.

Développer des partenariats avec les fournisseurs

Les atouts principaux de ce type de relation développés dans la stratégie achats seront donc résumés dans cette partie :

- « fidéliser » les fournisseurs : pérenniser la relation dans une situation où l'offre risque de diminuer et de remettre en cause notre stratégie

- réduire le risque fournisseur : transparence et confiance permettent de contrôler plus facilement les risques en fluidifiant les informations

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- sécuriser les approvisionnements : en aidant les fournisseurs à développer leurs compétences

- maîtriser les coûts : en optimisant les flux informationnels et décisionnels et en améliorant la qualité

- capter l'innovation : en travaillant plus en amont lors de l'élaboration des projets

4.6. Evaluer la performance

Lorsque j'ai demandé aux acheteurs comment ils évaluaient la performance de leurs fournisseurs et la leur, les réponses ont été claires et brèves : le taux de service pour les fournisseurs et les gains « savings » réalisés par les achats. Il y en a certainement d'autres mais ce sont les premiers qui ont été cités. Les fameux KPI (Key Performance Indicators) ou Indicateurs de performance achat sont des outils destinés à fixer des objectifs, à les comparer les uns aux autres et à les faire évoluer.

Les KPI financiers, liés directement ou indirectement aux coûts restent actuellement les plus utilisés par les Achats. Ils représentent souvent la majorité des chiffres présents sur leurs tableaux de bord.

Créer des indicateurs de performance de la fonction achat cohérents avec notre stratégie

Véritable outil de pilotage de la performance, les KPI doivent accompagner la montée en maturité des achats. En effet, dans notre projet, où innovation, achats collaboratifs, développement durable et création de valeur constituent la base de notre stratégie, il serait inconcevable d'évaluer notre performance uniquement sur les gains réalisés par rapport à l'année précédente.

On ne peut pas résumer la contribution des achats à la création de valeur aux seuls résultats

financiers.

Bien entendu, il ne s'agit pas de supprimer tous les KPI « classiques » mais de limiter leur propension à gouverner à eux seuls toute l'organisation de la fonction achat.

L'objectif de la stratégie concernant l'augmentation du taux de captage au PDJ, un indicateur relatif aux résultats sera mis en place. Reflet du succès de la stratégie mise en place, il concernera toutes les parties prenantes au projet, à savoir tous les services de l'entreprise ainsi que les fournisseurs.

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De nouveaux KPI permettant d'évaluer les principaux éléments de notre stratégie doivent être envisagés d'en piloter la progression : formation, gestion des connaissances, innovation, veille concurrentielle, développement durable, intégration et développement des fournisseurs, collaboration interne, coordination de projets. Bien entendu, il n'existe pas actuellement de référentiels de mesure pour ces indicateurs. Tout ou presque est à créer.

Néanmoins, le développement de nouvelles compétences, techniques, savoir-être, méthodes d'organisation au cours de ce projet représentent un capital précieux pour l'avenir de la fonction achat, qu'il est important de pouvoir mesurer dans le temps.

Adapter les indicateurs de performance des nouveaux fournisseurs

Les fournisseurs entrant dans notre panel à l'occasion de la mise en place du projet PDJ sont pour la plupart peu rompus aux relations en BtoB. Aussi, comme cela a été constaté, il est quasiment indispensable de mettre en place des plans de développement afin d'améliorer leur performance. Des indicateurs en cohérence avec le niveau actuel des fournisseurs et des objectifs réalistes seront mis en place.

Comme ces fournisseurs s'inscrivent dans une relation stratégique et de partenariat à long terme, il faudra réfléchir à créer des indicateurs permettant d'évaluer leur potentiel à être force de proposition, leur rapidité d'adaptation et leur capacité d'innovation.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille