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Stratégie achat basée sur le développement de la consommation locale et les circuits-courts d'approvisionnement. Cas du petit déjeuner dans l'hôtellerie


par Sophie WIDERA
ESSEC Business School - Mastère Spécialisé International Purchasing Management 2013
  

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ANNEXE 1

RETRANSCRIPTION INTEGRALE DES ENTRETIENS
Hôtel des 2 Forts & Résidence Charles Sander 3*

39110 Salins-les-Bains, Jura

Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 161 sur 198

Interview réalisé le 27 janvier 2013 avec le directeur des 2 hôtels depuis 2009 Ces 2 hôtels font partie du réseau Logis de France, chaîne volontaire.

L'Hôtel des 2 Forts dispose de 23 chambres et la Résidence Charles Sander de 14. Un restaurant, L'Or Blanc, est installé dans les locaux de l'Hôtel des 2 Forts. Le chef travaille en partenariat avec des producteurs locaux.

La Résidence Charles Sander propose 14 chambres dont 2 avec kitchenette ainsi qu'une boutique proposant des produits régionaux. Des animations telles que des dégustations sont régulièrement proposées.

Ces établissements sont situés à 2 pas des Anciennes Salines, (classées au Patrimoine de L''Unesco avec les Salines d'Arc et Senans à 17km), du Casino et du Centre thermal et de remise en forme.

Le taux d'occupation, si l'on compare à Paris est relativement faible : 42% contre 71% en région parisienne et 59% en France en moyenne.

Est-ce que le PDJ est considéré comme un service stratégique ? Oui.

- outil de fidélisation sur la clientèle d'affaire et de communication sur la clientèle de tourisme. Certains VRP font des km supplémentaires car à prestation égale, ces 2 hôtels se démarquent en offrant un PDJ buffet, à base de produits régionaux, ce qui est rare pour des établissements de cette taille.

- Prestation rentable : 35% de coûts matières, 33% entre coûts de main d'oeuvre et charges fixes, marge entre 25 et 30 %

Taux de captage

Avant la mise en place du PDJ buffet local, taux de captage de 25%, beaucoup de remarques négatives (1 à 2 par semaine). Le PDJ se présentait sous forme de menu avec pain, 1 viennoiserie, 1 jus de fruits, 1 boisson chaude, beurre et confiture, le tout pour 6,50€ (coûts matière de l'ordre de 45%)

Produits achetés dans la distribution : Metro, Promocash, supermarchés

Actuellement, le taux de captage se situe autour de 95%.

Buffet à volonté avec boissons chaudes, jus de fruits, charcuteries, fromages, yaourts, confitures, miel, oeufs bio, compotes (supermarché), yaourts (supermarchés), fruits locaux et bio (biocoop : à 30 km) : recherche de solution amap car ouverture à proximité.

Clientèle extérieure Non

Ressentez-vous une concurrence sur ce service ?

Oui, il y a un café à proximité qui propose une prestation PDJ, une supérette à proximité également. Comme la Résidence Charles Sander propose des studios avec kitchenette, si le service n'est pas à la hauteur, les clients peuvent se fournir ailleurs

Qui choisit les références figurant au buffet ?

Le directeur ainsi que le cuisinier de l'Hôtel des 2 Forts pour les 2 établissements

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Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères ? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité prix

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En effet, le prix a été revu à la hausse car il s'agit d'un buffet où les clients peuvent se servir à volonté, les produits sont de qualité mais il ne dépasse pas le seuil psychologique des 10 euros. Il fallait que cette prestation permette de dégager 20 à 30 % de marge. L'offre buffet constituée de quelques produits locaux a permis d'augmenter la valeur perçue, condition essentielle à l'augmentation du tarif. Plus de réclamation client sur cette prestation, un taux de captage à la hausse, le directeur pense que sa prestation est dans les prix habituels sinon la clientèle aurait réagi.

Organisation des Achats

Achats réalisés par le directeur

Panel fournisseurs

Producteurs locaux, supermarchés bio (Biocoop), Metro et Promocash

Identification et référencement des fournisseurs :

Bouche à oreille essentiellement

Approvisionnements

Pour la majorité de ses produits frais, les commandes sont effectuées la veille pour le lendemain grâce à la proximité.

Le boulanger, le charcutier et le fromager sont situés entre 2,5 et 5 km de l'hôtel. Aucun frais de livraison n'est facturé. Un des employés habite à côté de chez le fromager et apporte les commandes. Le charcutier livre 1 à 2 fois par semaine en format sous vide, prétranché.

Les pains de glace sont apportés par le chef de cuisine, c'est sur sa route.

Les oeufs fruits et légumes sont achetés chez Biocoop à une trentaine de km et « livrés » gratuitement par un employé qui habite non loin : gain important en coûts de transport car il y a 50 km entre Salins et Lons le Saulnier (où se trouve Biocoop).

Les confitures d'Ô Jardin Sucré sont situées plus loin, à Besançon, soit à 50 km et des frais de livraison sont facturés. Il s'agit d'un produit phare du buffet car et ses produits ont une excellente réputation et des saveurs très originales (également fournisseur du Georges V à Paris). Toutefois les recettes n'utilisent pas forcément que des fruits locaux. Ces produits n'étant pas trop périssables sont achetés

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lorsque le directeur se rend à sa banque à Besançon. Il en profite également pour se rendre chez

Metro.

Je mène une réflexion sur les produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie, fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts

Ma réflexion montre que la demande de produits alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus responsable en préservant les emplois à côté de chez eux.

Le ressentez-vous dans l'hôtellerie ?

Oui, bien sûr.

Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage concurrentiel ?

Oui, il y a une demande car la clientèle de tourisme qui vient pour les cures thermales souhaite que l'aspect bien-être et santé se retrouve également dans son assiette.

La clientèle hôtelière qui fréquente habituellement les chaînes est ravie de trouver autre chose que des produits standardisés au PDJ. Le voyage est aussi un moment de découverte qui ne se limite pas au paysage mais intègre également la gastronomie.

D'autre part, dans une région durement touchée par le chômage, préserver l'emploi local est une démarche qui fait sens.

Votre PDJ contient-il des produits locaux : nombre de références ou pourcentage

Les thés sont achetés directement chez Damman, une recherche de solution pour le café sous forme d'une machine est en cours.

Sont achetés en supermarché type Metro ou Promocash les jus de fruits, compotes, yaourts, lait, céréales, beurre.

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Chez Biocoop : on y achète des oeufs bio (pas forcément de proximité), des fruits locaux et bio. Pour les fruits, une recherche de solution en vente directe est en cours. Une amap devrait bientôt voir le jour mais rien n'est fait tant qu'on n'a pas connaissance des tarifs.

Aussi, les produits frais, plus susceptibles de gaspillage et représentant les plus gros budgets comme le pain, la viennoiserie, le fromage et la charcuterie sont achetés en direct chez les producteurs, qui se situent entre 3 et 5 km.

Voyez-vous un intérêt particulier à travailler avec des fournisseurs locaux sur une plus grande partie de votre offre ?

Peu de frais de stockage, meilleure traçabilité des produits, réduction des coûts grâce aux circuits-courts, outil de communication efficace, impact positif sur l'image des hôtels, avantage concurrentiel permettant d'augmenter le taux de captage mais aussi d'attirer les clients hésitant entre 2 hôtels, diminution des déplacements (empreinte carbone réduite). La proximité permet de travailler sans stock et de pouvoir adapter ses besoins plus facilement : cela limite le gaspillage.

Comment pensez-vous qu'il serait possible d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes identifiées :

La seule contrainte est l'offre de produits locaux et sa situation géographique. En effet, aujourd'hui la plupart des fournisseurs locaux se trouvent dans un rayon de 2 ou 5 km et des solutions provisoires ont été trouvées pour limiter les coûts de transport. Si la plupart des fournisseurs se trouvaient dans un rayon de 15-20 km, il faudrait mettre en place une vraie logistique, qui risquerait d'augmenter les coûts.

Communiquez-vous sur l'offre PDJ ?

Non, pas énormément. Le restaurant L'Or Blanc de l'Hôtel des 2 Forts communique beaucoup plus sur ses partenariats avec les producteurs locaux. Il y a une photo sur le site de la Résidence Charles Sander mais elle n'est pas très représentative.

Développement durable

Cette démarche n'est pas seulement à visée commerciale, elle s'intègre dans un souhait de consommer et de faire consommer plus responsable, de soutenir l'emploi local, d'être en cohérence

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avec son environnement. Le directeur des 2 hôtels est très engagé dans cette démarche qui correspond à des convictions personnelles.

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Hôtel Pas de Calais 3*

59, rue des Saints-Pères
75006 Paris, France

Interview réalisée le 13.03.2013 avec la propriétaire.

Hôtel indépendant, 38 chambres

Dominique Teissèdre n'adhère à aucune chaîne malgré de nombreuses propositions. Elle tient à exercer son métier en toute indépendance.

Est-ce que le PDJ est considéré comme un service stratégique ? Oui :

- produit d'accueil, produit d'image, produit d'appel, est étroitement associé à la prestation hébergement

- moment important pour le client et pour l'hôtel: l'offre doit être constituée de produits de qualité, le client doit prendre du plaisir.

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- rentable : non, aucune marge n'est réalisée sur le prix du petit-déjeuner. En effet, les achats représentent peu de volume, une personne en cuisine est présente si les clients souhaitent des produits à la demande (les oeufs en général) et la qualité des produits est un critère non négociable. Taux de captage ?

Très élevé voire 100% avec la clientèle d'affaire car le petit-déjeuner est inclus dans un forfait. Entre 70 et 80% pour la clientèle de tourisme : l'été, les clients préfèrent parfois aller prendre leur petit-déjeuner plus tard, au cours de leur excursion.

Clientèle extérieure

Le pourcentage de clientèle extérieure sur cette prestation n'est pas significatif.

Concurrence

La propriétaire ne se considère pas menacée par la concurrence de son environnement (cafés, bars brasseries ou supérettes).

Qui choisit les références figurant au buffet ?

La propriétaire choisit le nombre de références figurant dans son offre. Elle a par ailleurs opté pour un plateau PDJ plutôt qu'un buffet. N'ayant pas un nombre de chambres suffisant pour faire du volume, elle pense que cela évite le gaspillage et limite les coûts. Boissons chaudes, jus de fruits frais, salades de fruits frais, yaourt, fromage, viennoiserie, pain, beurre, confiture, céréales, oeufs cuisinés à la demande.

Service en chambre ou dans le patio.

Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères ? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité prix La directrice de l'hôtel l'a fixé de manière à parvenir à un équilibre, sans réaliser de marge sur ce service. Il représente entre 4 et 7% du prix d'une chambre. Le prix couvre les coûts matières, de main d'oeuvre et coûts fixes.

Qui sont les fournisseurs du PDJ

Pour le pain et la viennoiserie, l'hôtel achète ses produits dans une boulangerie voisine, choisie dans un souci de qualité, de fraîcheur et de proximité. Le reste est réparti entre plusieurs grossistes :

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Lavazza (pour le thé, café et cacao), Bharlev (jus de fruits frais et fruits frais haut de gamme) et Marly distribution pour toutes les autres références : produits laitiers, céréales, confitures...

Organisation des Achats

La directrice de l'hôtel gère elle-même ses achats.

Sourcing et identification des fournisseurs :

Le sourcing se fait par le bouche à oreille dans la profession, grâce à internet, par le biais de catalogues, sur les salons.

Référencement des fournisseurs :

Se fait en fonction des produits et des prix, de la qualité du service. En cas de changement de fournisseur sur des produits particuliers ou pour choisir une nouvelle référence, les clients sont impliqués et les produits surtout testés par eux puisqu'ils sont achetés à leur attention.

Dans l'ensemble, le portefeuille fournisseurs est relativement stable.

Je mène une réflexion sur les produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie, fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts

Ma réflexion montre que la demande de produits alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus responsable en préservant les emplois à côté de chez eux.

Le ressentez-vous dans l'hôtellerie ?

Pas spécialement mais ses clients apprécient de savoir que le pain et les viennoiseries viennent du boulanger d'à côté. Cela donne un côté frais, non industriel, qualitatif.

Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage concurrentiel ?

Pourquoi pas à condition de pouvoir maintenir un bon rapport qualité/prix tout en maintenant les coûts car ne souhaite pas augmenter le prix de sa prestation.

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Votre PDJ contient-il des produits locaux : nombre de références ou pourcentage Uniquement pain et viennoiseries mais il s'agit des produits de base de son offre.

Aimeriez-vous travailler avec des fournisseurs locaux sur une plus grande partie de votre offre ? Pourquoi pas car intéressée par les produits de qualité, les clients aimeraient bien savoir que les produits ont été récoltés juste à côté mais manque de temps, n'a pas de personnel dédié aux achats. La gestion des achats et approvisionnements au quotidien doit rester simple.

Comment pensez-vous qu'il serait possible d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes identifiées :

Gros travail supplémentaire que la structure de l'hôtel ne pourrait pas se permettre. Il faudrait rechercher l'information, identifier les fournisseurs potentiels. Cela lui plairait d'aller sur le terrain tester des produits ou discuter avec des producteurs. Au niveau administratif, il faudrait mettre en place une organisation avec plus de fournisseurs : ainsi la masse de travail serait multipliée par le nombre de fournisseurs supplémentaires.

Un distributeur spécialisé ayant une couverture nationale est rassurant car il a l'habitude d'organiser la logistique, il y a moins de risques de rupture, l'offre est visible grâce au catalogue et au site.

La directrice de l'hôtel pense que cela mènerait à une forte hausse de ses coûts car achetant déjà à quelques distributeurs de petits volumes, elle n'est pas en situation de négocier. Répartir encore le volume entre de petits producteurs risque de faire augmenter le prix d'achat de son PDJ.

Pour elle, le prix de son PDJ est assez élevé, elle ne pourrait pas répercuter une hausse de ses coûts dans son prix de vente, elle ne souhaite vraiment pas le faire.

Communiquez-vous sur l'offre PDJ ?

Oui, sur le site. En fait, la communication autour du PDJ est faite par les commentaires, positifs des clients ayant témoigné sur Trip Advisor.

Développement durable Comment l'abordez-vous ?

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Obligation de respecter certaines normes afin d'obtenir la nouvelle classification. Les étiquettes de prévention contre le gaspillage de l'eau par exemples sont devenues obligatoires pour être classé 3 étoiles.

La clientèle n'est pas encore très réceptive, on est encore beaucoup dans la consommation. La clientèle brésilienne y est très peu sensible par exemple.

Justement, mon offre concernant les produits locaux vous permettrait d'agir dans le cadre du développement durable en achetant de manière plus responsable. Cela permettrait également à vos clients de participer en se faisant plaisir avec des produits frais, sains et de qualité

Réponse : si vous êtes capable de me proposer une solution en respectant mes contraintes et en augmentant la qualité de mon offre sans en augmenter les coûts, rappelez-moi.

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Intercontinental Paris le Grand 4*

2 rue Scribe,

75002 Paris, France

Interview réalisée le 13.03.2013 avec la Responsable des Achats

Rapide présentation du groupe en quelques chiffres clefs :

L'Intercontinental Paris L Grand appartient au Groupe IHG, Intercontinental Hotels Group : avec 4600 hôtels répartis dans plus de 100 pays soit l'équivalent de 676 000 chambres, ce groupe britannique est le leader mondial de l'hôtellerie. Parmi ses 9 enseignes, les plus connues sont : Intercontinental, Crowne Plaza, Holiday Inn.

L'Intercontinental Hôtel Grand Paris fait parti des 10 hôtels détenus à 100% par le groupe, considéré comme une vitrine de la marque.

En France la présence d'IHG est faible : 3 Inter continental, 4 Crowne Plaza, 33 Holiday Inn, 12 Holiday Inn Express et aucun Indigo soit 52 hôtel contre plus de 1500 pour Accor par exemple.

Est-ce que le PDJ est considéré comme un service stratégique ?

- C'est la première prestation de la journée pour le client. Si le PDJ se passe mal, sa journée commence mal

- important pour l'image de l'hôtel : le PDJ doit s'inscrire dans la continuité des autres prestations

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- rentable : les coûts matière représentent 1/4 du prix de vente, il s'agit d'une prestation dont la rentabilité varie également en fonction des taxes. Si le PDJ est inclus dans un forfait chambre + PDJ, les taxes appliquées ne sont pas les mêmes.

Taux de captage ?

70% environ

Clientèle extérieure ?

Elle existe mais elle n'est pas réellement significative. Pour faire des prévisions la veille pour le lendemain, on prend en compte la clientèle de l'hôtel comme base, les écarts dû à la présence de clients venant de l'extérieur n'est pas très important.

Ressentez-vous une concurrence sur ce service ?

Les clients se plaignent souvent du prix du PDJ, d'autant que certains (les personnes originaires des pays latins notamment) ne mangent pas beaucoup lors de ce premier repas.

Il y a de nombreuses brasseries et café autour de votre établissement.

Non, la concurrence ne nous inquiète pas. Un petit déjeuner plus léger a été mis en place pour cette clientèle qui préfère un PDJ plus léger autour d'un café et d'un croissant.

Qui choisit les références figurant au buffet ?

Ce qui doit être cuisiné est choisi par le chef, puis interviennent également les responsables de l'hôtel et enfin le service achat.

Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères ? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité prix N'a pas de retour les remarques client à ce sujet. Pas de réponse sur cette question.

Il représente 5 à 11% du prix d'une chambre.

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Organisation des Achats

Organisation décentralisée, le service Achat se compose de 2 personnes et un stagiaire pour couvrir toutes les familles d'achat du seul Hôtel Intercontinental Paris le Grand soit un budget achat de 27 millions d'euros dont 1/4 est consacré à la restauration. Le service achat est directement rattaché à la direction financière.

Sur ces 27 millions, 1 million bénéficie d'accords groupe.

Approvisionnements

Les livraisons interviennent tous les 2 jours, les capacités de stockage sont très limitées.

Panel fournisseurs :

Le portefeuille fournisseurs se compose de grossistes spécialisés par type de produits achetés : un fournisseur crèmerie, un fournisseur fruits et légumes, un fournisseur pour le pain et les viennoiseries. Au vue des quantités, on s'approvisionne auprès de fournisseurs ayant les capacités correspondant aux volumes importants que nous demandons. Au vue des quantités de pain (commandé pour tous les repas servis à l'hôtel) et de viennoiseries nécessaires à l'élaboration du buffet PDJ au quotidien (1/2 millions d'euros par an) Bridor (1) est le principal fournisseur.

(1) Bridor est spécialisée dans la fabrication de pains artisanaux et de viennoiseries « haut de gamme ». Les produits Bridor sont distribués dans plus de soixante pays, 1 milliard de viennoiseries sont fabriquées dans son unité de production située à Renne. Malgré des techniques dîtes traditionnelles, Bridor ne peut pas s'appeler boulangerie. De nombreuses machines remplacent les gestes de professionnels et à la fin de la production, les produits sont surgelés. Il s'agit donc bien de produits industriels.

Identification et référencement des fournisseurs :

Sourcing : presse professionnelle, appels d'offre, salons

Le panel fournisseur est en constante évolution, de nouveaux fournisseurs entrent tandis que d'autres sont déférencés. L'exigence qualitative et de service est très élevée.

Maîtrise des prix des matières :

Le prix de ses fruits, des légumes et autres produits comme la viande ne peuvent pas se négocier à l'année mais selon les cours, au mois ou au trimestre. Les contrats d'approvisionnement comportent donc des clauses avec des révisions de prix en fonction d'indice liés au cours des prix du marché.

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Je mène une réflexion sur les produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie, fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts

Ma réflexion montre que la demande de produits alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus responsable en préservant les emplois à côté de chez eux.

Le ressentez-vous dans l'hôtellerie ?

Pas de demande en produits locaux donc pas de recherche de ce côté-là. Les attentes se situent plutôt sur le bio et encore, c'est léger. Pour la clientèle étrangère qui constitue 70% de la clientèle de l'Intercontinental, le fait de manger du pain et des viennoiseries, c'est français et pour eux, déjà local.

Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage concurrentiel ?

Non. Les efforts pour répondre à la demande client ont plutôt porté sur l'élaboration d'un coin chinois et d'un coin japonais. Pour la clientèle consommant du fromage ou de la charcuterie le matin comme certains européens ou américains, ils ont plutôt tendance à consommer des fromages au goût neutre comme le cheddar par exemple.

En parlant de tendance, je peux vous donner un exemple d'initiative qui avait été lancée il y a quelques années afin de répondre à une demande émergente : les produits bio. L'intégration de ces produits s'est révélée couteuse et n'a pas remporté le succès escompté.

Avez-vous pu identifier les raisons de cet échec ?

Oui, problème de communication dû à l'absence de l'adhésion de l'équipe commerciale. L'offre n'était pas très visible sur la carte et le service commercial, déjà débordé, n'a pas pu contribuer à son développement.

Votre PDJ contient-il des produits locaux : nombre de références ou pourcentage

Au niveau de la restauration, Intercontinental travaille beaucoup avec des produits de saison. Un menu du marché dont la carte change tous les 3 mois est proposé pour le déjeuner et le dîner. En revanche, nous n'avons pas de référence que nous pourrions identifier comme locale. Peut-être nos fournisseurs travaillent-ils avec des producteurs locaux mais nous ne le savons pas forcément.

Voyez-vous un intérêt particulier à travailler avec des fournisseurs locaux sur une plus grande partie de votre offre ?

Non, sans demande en ce sens, il n'y a pas de raison de changer l'existant. De plus, l'expérience du bio ne nous incite pas à renouveler ce genre d'expérience.

Comment pensez-vous qu'il serait possible d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes identifiées :

Il n'y a pas de demande suffisamment significative pour nous engager dans une telle démarche.

Il n'y a pas grand-chose en termes d'offre à 150 km de Paris. Ne voit absolument pas quels produits pourraient être intégrés dans l'offre PDJ.

Travailler avec des fournisseurs locaux pose en tout premier lieu le problème des quantités : comment assurer la pérennité des approvisionnements, comment gérer le risque de rupture ? Comment assurer une qualité suivie s'il faut s'adresser à plusieurs petits fournisseurs. Sont-ils suffisamment structurés pour répondre à des appels d'offre ? Comment gérer les problèmes liés aux conditions climatiques qui peuvent largement influer sur les quantités produites ? Peuvent-ils assurer eux-mêmes leur logistique ?

Communiquez-vous sur l'offre PDJ ? Non, pas vraiment.

Développement durable

Des actions sont engagées afin de réduire les consommations d'eau et d'énergie, de limiter le gaspillage et de trier les déchets.

Justement, mon offre concernant les produits locaux vous permettrait d'agir dans le cadre du développement durable en achetant de manière plus responsable. Cela permettrait également à vos clients de participer en se faisant plaisir avec des produits frais, sains et de qualité

Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 176 sur 198

Pas de réponse à ce sujet.

Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 177 sur 198

Groupe Accor

2 avenue du Lac - Immeuble Atlantis Accueil 42
91080 Courcouronnes - Evry

Entretien le 15 mars 2013 avec le Responsable Délégués Achats et Service Clients, Direction des Achats France

Rapide présentation du groupe en quelques chiffres clefs :

Accor, premier opérateur hôtelier en Europe et 5ème au niveau mondial est présent dans 92 pays avec près de 3500 hôtels et une capacité de 450 487 chambres. En France, Accor détient 31% du parc hôtelier français (en nombre de chambre) avec ses 1 515 hôtels.

Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 178 sur 198

Est-ce que le PDJ est considéré comme un service stratégique ?

C'est le basique aujourd'hui dans l'hôtellerie, le service que tout le monde donne. Il représente 1/3 du CA de la restauration.

C'est un produit rentable, au service de l'image

Taux de captage

L'objectif est dans un premier temps de le maintenir. On est conscient de la baisse depuis plusieurs années sur ce service ainsi que sur la restauration d'hôtellerie en général. Ensuite, il faudra le faire évoluer

Comment pensez-vous y parvenir ?

L'équipe marketing travaille en permanence sur l'offre PDJ , ce que veulent les clients, les goûts, les couleurs, etc...

Chaque année, une nouvelle offre est élaborée : en général, il n'y a pas de changements significatif sur les basiques mais 20% des produits sont renouvelés et un nouveau cahier de référencement est édité.

Qui choisit les références figurant au buffet ?

C'est le marketing mais d'autres acteurs, notamment les responsables de marques (un responsable de marque par enseigne) peuvent donner l'impulsion.

En fonction de la gamme d'hôtel, on trouve entre 20 et 70 références environ au PDJ. Chez certaines enseignes, comme Ibis par exemple, 100% des références sont obligatoires.

Pouvez-vous me décrire le process de référencement d'un nouveau produit PDJ ?

Le responsable marque ou le service marketing rédige un cahier des charges. Notre rôle est de trouver des solutions. Les acheteurs vont sourcer : à ce moment là, ils vont être force de proposition. D'un autre côté, ils argumentent également de manière économique. La fiche technique produit sera accompagnée d'un raisonnement économique : avantages et inconvénient d'une proposition, possibilité de négocier ou de mutualiser le produit, de le massifier, de le distribuer à plusieurs enseignes. Ensuite, on réunit tout le monde autour de la table et on organise un panel dégustation. Y participent les gens du marketing mais aussi et surtout les opérationnels : chefs de cuisine, responsable restauration, directeurs. On leur diffuse aussi des informations. Il y a la partie gustative mais en conclusion, il y aura la partie chiffrée. La décision revient alors au responsable de marque lorsqu'il est à l'origine de la demande ou au marketing.

Ex : le responsable marque Novotel trouvait que le jus d'orange n'était pas assez haut de gamme. Le marketing, après avoir rédigé le cahier des charges a obtenu de la part du service achat plusieurs propositions. Le choix s'est porté sur une marque connue en brique de 2L. Pour la marque Novotel, ce sont 2 millions d'euros supplémentaires, qu'elle décide de prendre en charge pour des raisons d'image et de satisfaction client.

Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères ? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité prix

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C'est le marketing, c'est en fonction des différentes gammes d'hôtels.

Organisation des Achats

La structure monde se compose de 180 personnes, dans tous les pays où Accor est implanté. Les acheteurs hors France s'occupent essentiellement de déployer des contrats internationaux pour des produits qui vont être distribués dans le monde entier

En France, les achats sont centralisés et représentent 45 personnes. Historiquement le service achat France est à la base de la stratégie achats du Groupe Accor.

Il y a 3 équipes : une division alimentaire, 1 division FFNI (tout ce qui est bureautique, informatique, copieur, achats de PC) et une division services (sous-traitance, intérim, sécurité, etc...). Chaque équipe est composée de 8 acheteurs + 1 chef de groupe.

ex : les TV ont été achetés auprès d'un fournisseur unique, capable d'équiper tous les hôtels Accor à travers le monde

Budget Achat : 4 milliards d'euros par an pour le groupe dont 1,2 milliards pour la France

Sur ce budget, les référencements représentent 780 millions d'euros, soit 800 fournisseurs référencés toutes familles de produits confondues. La part de l'alimentaire est de 280 millions. 90%-95% des achats alimentaires sont référencés. Aujourd'hui du Formule 1 au Sofitel, on satisfait les besoins en produits référencés à 90-95%.

La Direction Achats est rattachée à la Direction Hôtellerie France, à l'opérationnel.

Panel fournisseurs

Accor travaille avec les industriels et négocie en direct avec Danone, Nestlé, etc. Ensuite, il s'adresse aux distributeurs. Transgourmet est le principal distributeur d'Accor sur toute la partie crémerie et épicerie. Il détient 13 entrepôts en France et couvre le territoire national. Il distribue les produits négociés par Accor auprès des industriels (ce qu'on appelle des produits prestés) soit 650 références. Transgourmet va également compléter la gamme de produits négociée auprès des industriels à hauteur de 2000 à 2500 autres produits de leur catalogue général. On arrive à construire une offre qui fait plusieurs milliers de produits mais avec un coeur de cible représentant 600 à 650 produits qu'on va mutualiser sur plusieurs enseignes.

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Sur les produits surgelés, il y a 2 fournisseurs pour couvrir tout le territoire national.

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En ce qui concerne les produits frais, là encore, un effort est fait pour en réduire le nombre et pour trouver des interlocuteurs capables de livrer tous les sites Accor sans risque de rupture d'approvisionnement.

Approvisionnements

Il y a environ 2000 sites à livrer. L'objectif est satisfaire des hôtels de 17 à 1000 chambres à échelle nationale avec une gamme de produits définie par les marques et être capable de les distribuer partout en 48/ 72 heures.

Des règles en fonction des marques ont été mise en place : F1 et Etap Hôtel sont livrés pour certains types de produits par Transgourmet avec des délais qui se situent entre 7 et 15 jours, les hôtel Ibis 1 fois par semaine. Ensuite, il s'agit d'hôtels ayant de plus gros volumes (Pullman par exemple) sur lesquels on livre par palette plusieurs fois par semaine.

Evaluation des fournisseurs

Principal critère : taux de service. On incite les établissements à utiliser une fiche litige qui est remontée, comptabilisée, et vient en complément des dossiers des acheteurs. Pour certains fournisseurs, ce taux de service est suivi à la semaine. Un point hebdomadaire est fait entre le responsable qualité Transgourmet et le responsable logistique Accor car sur 260 millions achats, ils représentent 1/3 du budget.

Maîtrise des prix des matières

Des contrats sont conclus parfois sur plusieurs années afin de mieux en maîtriser les coûts. Pour le jus d'orange par exemple, on a pu obtenir il y a quelques années des prix bloqués pendant 4 ans, ce qui nous a permis de passer à côté de la flambée des prix. En échange, le fournisseur a obtenu une exclusivité sur l'ensemble des hôtels Accor.

Je mène une réflexion sur les produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus de producteurs locaux, en circuits courts d'approvisionnement : confitures, miel, charcuterie, fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts

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Ma réflexion montre que la demande de produits alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus responsable en préservant les emplois à côté de chez eux.

Le ressentez-vous dans l'hôtellerie

Le local effectivement revient sur le devant de la scène. En fonction de l'actualité, il y a toujours une augmentation de la demande sur certains produits.

Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage concurrentiel ?

Ce n'est pas à moi de donner mon avis sur ce sujet mais au marketing. Nous sommes au service de l'opérationnel.

Si on nous demande de faire étude à ce sujet, on va faire une photographie de l'existant, prendre contact avec nos fournisseurs avec le cahier des charges qui nous a été confié. Un bilan des réponses sera fait, que nous allons livrer au marketing. Nos conclusions vont permettre de dire si ce projet est réalisable ou s'il faut encore attendre, dans 2 ans ou dans 5 ans et surtout, savoir quel en sera le coût.

Accor fait figure de précurseur en matière de développement durable et de RSE, le local, c'est aussi la préservation de l'emploi, le développement économique local

Oui, mais tout cela, c'est de la communication, c'est du marketing. On dit aux gens d'acheter bio, de manger bio, de faire du local. Le problème est qu'il n'y pas d'offre existante en quantité suffisante. Alors faire venir des asperges du Brésil, même bio, c'est pas très développement durable. Il y a ce qu'on fait passer au grand public et il y a la réalité.

Aujourd'hui, dans l'offre actuelle, le bio et le local, c'est du saupoudrage. En revanche tous nos fournisseurs répondent à un cahier des charges développement durable dans le contrat cadre, à la législation, aux normes européennes et françaises.

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Comment pensez-vous qu'il serait possible d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes identifiées :

Avant même le problème d'approvisionnement, se pose le problème de coût. Jamais, même en local, le boulanger du coin ne pourra s'aligner au niveau des coûts par exemple.

Ensuite les volumes. Accor, ça représente 140 000 chambres en France, ce qui implique 110 000 PDJ par 365 jours, ça donne une idée des volumes.

Pour nous, ce qui est important c'est de tenir la promesse en terme de produits, c'est le basique pour l'ensemble des marques.

Chez Mercure, par exemple, une offre bio a été déployée il y a 2 ans. Pour mettre au menu un litre de lait bio ou du jus de pomme bio ou des oeufs élevés en plain air, il faut trouver le fournisseur qui va pouvoir livrer l'ensemble des sites.

Pourtant, vous l'avez fait. Si je vous dis faire du local sur l'Ile de France ?

C'est très compliqué. Un groupe de notre taille ne s'adressera jamais en direct à des petits producteurs. Nous passerons forcément par un distributeur. Travailler avec des producteurs locaux s'ils ne sont pas de taille assez importante multiplie le nombre d'interlocuteurs. Rien qu'au niveau de la gestion administrative, cela alourdit le travail et entraîne des coûts supplémentaires.

Ensuite il faut définir si on remplace des produits déjà existants par des produits locaux, ce qui peut se révéler problématique contractuellement, avec les fournisseurs référencés.

Même si un produit est beau, bon et qu'il satisfait la demande de la clientèle, il faut pouvoir assurer des volumes relativement importants.

Si nous déployons du local sur une seule région, nous ne pouvons pas massifier et mutualiser, cela aura des conséquences assez lourdes au niveau des coûts.

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35 boulevard des Capucines

75002 PARIS

Entretien le 26 mars 2013 avec le Directeur des Achats et de la Logistique. Rapide présentation du groupe en quelques chiffres clefs :

33 casinos en France, 3 en Suisse, 1 en Egypte

14** hôtels de luxe en France et 1 au Maroc

Près de 130 restaurants et bars (dont le célèbre Fouquet's)

6777 machines à sous

414 tables de jeux

Plus de 2 900 animations et spectacles

3 Golfs (74 trous)

Lucien Barrière communique énormément sur sa démarche RSE, c'est d'ailleurs le premier groupe hôtelier à avoir décroché la certification ISO 14001.

Une démarche d'approvisionnement local alimentaire semble être engagée comme en témoigne cet extrait du site Lucien Barrière, Planète Barrière

http://www.lucienbarriere.com/localized/fr/groupes/groupelucienbarriere/planete-barriere.htm

L'engagement dans le développement durable de Lucien Barrière Hôtels et Casinos en chiffres

· 60 établissements Barrière normés ISO 14001 (casinos, hôtels, golfs, tennis, laboratoire culinaire, siège social).

· 18 285 670 kWh / an économisés = l'équivalent de la consommation d'une ville de 20 000 habitants par an.

· 32 tonnes de papier économisées soit environ 400 arbres épargnés grâce à nos réductions de papier par an.

· 100% des établissements trient leurs déchets dangereux.

· 100% des établissements trient au moins 3 déchets.

· 100% des établissements ont participé à l'opération Bouchons d'amour, et récolté 210 tonnes de bouchons, soit 42 000 euros pour cette association.

· 79% des cartes de nos restaurants prônent le locavore, avec des produits

locaux et régionaux.

· 67% proposent des produits issus de l'agriculture Biologique.

Information obtenue au cours de l'interview : 80% du chiffre d'affaire du groupe est généré par les casinos, l'activité hôtelière constitue surtout un atout en termes d'image.

Est-ce que le PDJ est considéré comme un service stratégique ?

Oui, c'est une expérience qui se doit d'être extraordinaire pour attirer les clients de l'hôtel vers le déjeuner ou le dîner.

Rentable : coûts matière autour de 25%

Taux de captage

Ne sait pas. Pense que c'est 100%. Certains hôtels sont relativement isolés, aller prendre son PDJ ailleurs n'est pas forcément possible.

Qui choisit les références figurant au buffet ?

La direction de la restauration (une personne issue de l'école hôtelière) et le service achats, sur les fondamentaux. Après, chaque hôtel peut ajouter des produits mais cette prestations est relativement normée.

Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères ? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité prix

Chaque directeur le fixe en cohérence avec la direction de la restauration et en fonction du prix de la chambre : des tarifs particuliers son appliqués dans les hôtels un peu hors normes comme le Fouquet's à Paris ou le Majestic à Cannes.

Organisation des Achats

5 personnes, chargées des achats pour les hôtels, les casinos.

Budget total achat : entre 250 et 300 millions dont l'alimentaire représente 45 millions

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Panel fournisseurs

Produits d'épicerie : gros distributeurs (Transgourmet). Il y a plusieurs gammes de produits chez Transgourmet dans lesquelles les chefs peuvent se servir au choix. En revanche, ils n'ont pas le choix du fournisseur. C'est le service Achat qui est décisionnaire à ce niveau.

Pains viennoiseries : impossible, comment faire le jour de fermeture du boulanger ? Comment faisait-on avant ? Il y a avait un chef pâtissier dans les hôtels.

Taux de couverture sur le PDJ : 90%

Approvisionnements

Le problème de l'hôtellerie, c'est que nous avons une multitude de produits en petites quantités à livrer à de multiples endroits. C'est la raison pour laquelle on s'adresse à des distributeurs dont le métier est justement de d'optimiser les flux.

Part des coûts de transport dans vos achats : très difficile à évaluer. C'est en fonction du volume, de la nature du produit. Il faut compter environ 15%. Mais c'est très approximatif.

Travailler avec un distributeur comme Transgourmet permet de réduire le risque de rupture d'approvisionnement à 0. En effet, les distributeurs ont développé des offres MDD. Donc, si une référence venait à manquer, notre distributeur trouverait immédiatement un produit de substitution.

Les directeurs d'hôtels sont challengés par rapport au niveau du nombre de livraisons et des stocks.

Je mène une réflexion sur les produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie, fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts

Ma réflexion montre que la demande de produits alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus responsable en préservant les emplois à côté de chez eux.

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Le ressentez-vous dans l'hôtellerie

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C'est une grande question mais avant tout, il faut définir le local. N'imagine pas remplacer Transgourmet par un épicier local. Au niveau des fruits et légumes, en revanche, on commence à trouver des fournisseurs capables de garantir un approvisionnement en produits situés à 10, 20, 30, 50 km.

Finalement, c'est quoi le local ? Vous pensez que les produits fabriqués en Ile de France le sont avec des produits issus d'Ile de France ?

Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage concurrentiel ?

Franchement, le local n'est pas une préoccupation aujourd'hui.

Vous disposez d'une offre en produits bios, quelles ont été les difficultés ou les contraintes rencontrées lors de sa mise en place ?

Disponibilité de l'offre ?

Il y a quelques années, oui. Maintenant, ce n'est plus le cas. Enfin, bon, le bio, c'est pas forcément qualitatif, pas forcément local et surtout pas développement durable si on se penche sur l'empreinte carbone. Il y a vraiment une grande confusion actuellement entre le bio, l'équitable, le local.

C'est pour cela qu'il faut faire très attention à sa communication et dans l'éducation des clients.

Comment pensez-vous qu'il serait possible d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes identifiées :

Le premier problème identifié concerne la logistique. Je dois être capable de livrer le même type de produit à Dinard, à Cannes et à Paris. Je dois proposer des solutions pérennes. En revanche, sur certains produits, les hôtels ont des marges de manoeuvre. Ex : les huîtres de cancale. C'est sur que notre hôtel situé en Alsace, il y a certainement du kugelhof sur le buffet du petit-déjeuner.

Et en termes de coûts ? Quand vous avez mis en place les produits bio, cela a-t-il entrainé une augmentation de vos coûts d'achats ?

Bien sûr. Mais tout dépend comment vous le vendez au client. Il faut revenir au client. Si on est capable de le vendre, on peut l'acheter plus cher. Si on n'est pas capable de le vendre plus cher, que

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cela nous amène à réduire nos marges, ce n'est justement pas du développement durable. Si on veut conserver nos marges, si on veut continuer à vivre, on est bien obligés d'augmenter le prix de vente.

Donc vous justifiez une augmentation du prix du PDJ car vous y avez introduit quelques produits bio ?

Non, parce qu'on a retravaillé l'offre PDJ.

Justement, comment avez-vous communiqué ?

Pas forcément besoin de communiquer. Vous ne venez pas à l'hôtel pour le PDJ. C'est en quelque sorte une vente forcée.

Alors justement, que pensez-vous de la valeur ajoutée d'une offre locale au niveau du PDJ ?

Pourquoi, vous mangez quoi au PDJ, vous ? Le café, c'est local ? Le thé, c'est local ? Le jus d'oranges ?

Le lait ?

On a du lait bio pour le PDJ. Vous avez déjà regardé une bouteille de lait vendue dans le commerce ? Regardez bien, vous verrez qu'il y a beaucoup d'informations sauf celle de l'origine.

Le fromage ? Je sais pas.

Donc, pour vous, cette offre ne présente pas de valeur ajoutée ?

Ce n'est pas le problème. C'est possible mais il faut la vendre, il faut l'expliquer.

Par exemple, pendant des années, on a fait figurer au PDJ du café commerce équitable. On n'a jamais communiqué à ce sujet. C'est peut-être dommage. Maintenant le café commerce équitable coûte X plus cher. Dans ce cas, on se dit que c'est un engagement de la société dans de produits éthiques. Tout le monde peut avoir de bonnes idées. Par exemple, si vous voulez présenter un plateau de fromages, le restauration va dire : il faut une pâte molle, une pâte dure, un chèvre, etc...

Au niveau de la clientèle, sur certain hôtels, nous avons une clientèle très internationale. Le client brésilien, le local, c'est de la Suède au Portugal. Ce n'est pas très simple.

En revanche, sur les appellations et dans les hôtels en région, cela a un intérêt. Sur les huîtres de Dinard, par exemple, on a tout intérêt à faire du local. Pour les vins, c'est pareil, on a des habitudes régionales. Toutes la Côte d'Azur, c'est 70% de Côte de Provence.

Ce n'est pas simple.

Les viennoiseries, ce n'est pas local. Bridor, ce n'est pas local.

Le lait : ça peut être local mais c'est secondaire dans le PDJ, réservé aux personnes qui prennent des céréales. Le beurre d'Isigny, ce n'est pas local.

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Ce n'est pas simple votre question.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams