Les banques démontrent un réel engouement
vis-à-vis de la technologie Blockchain. Ces motivations, sont
provoquées par des perspectives de réduction des coûts du
risque et des coûts opérationnels, réductions des risques
de fraudes, réduction des frais et du temps consacré au reporting
réglementaire, une vitesse de réconciliation
considérablement augmentée, et enfin une
traçabilité des échanges accrus. Elles ont donc
décidé de s'unir comme nous l'avons vue en formant des
consortiums, ce qui a permis de faire jaillir de nombreuses idées et des
applications concrètes que nous allons découvrir ensemble.
a) Votes électroniques aux assemblés
La première utilisation concrète par un acteur
du secteur financier remonte à fin 2015. C'est par le biais d'une
application interne appelé : « Linq »23 que le
Nasdaq enregistre l'émission d'action de la compagnie
chain.com au profit d'un investisseur
privé. Le système permet de garantir l'authenticité des
documents et d'assurer leurs conservations.
En 2015 toujours, fort de ce premier succès, le Nasdaq
secoue l'univers financier en annonçant son envie de développer
une plateforme de vote électronique sur la place boursière de
Taillin en Estonie, le Tallinn Stock Exchange24.
En Estonie ? Serait-ce un hasard ? Probablement, pas, ouvrons un
petit aparté.
L'Estonie a été le premier Etat à
utiliser la technologie Blockchain. Elle offre la possibilité à
quiconque le souhaite de devenir e-résident25 Estonien et
d'utiliser ce statut sur la plateforme Bitnation, autrement dit, la nation
numérique Estonienne. L'Etat Estonien vérifie les
antécédents et l'identité du demandeur avant de valider la
demande. Pour Kaspar Korjus Directeur du programme e-residency, cela permet de
: « Bénéficier de services
dématérialisés en ligne : signature numérique,
opérations bancaires, relation avec les administrations, l'objectif
étant d'attirer les investissements étrangers dans le pays en
permettant d'ouvrir un compte en banque, de créer une entreprise en
23
http://ir.nasdaq.com/releasedetail.cfm?releaseid=948326
24
http://www.itespresso.fr/nasdaq-experimente-blockchain-procuration-113700.html?inf_by=59930d15671db839648b46f4
25
http://www.journaldunet.com/economie/finance/1176465-estonie-blockchain/
25
quelques clics et de la gérer en ligne depuis
l'étranger. »26 Cela permet également à
l'utilisateur de référencer sur la plateforme des contrats
commerciaux passés avec des entreprises locales, ces contrats ayant bien
entendu une valeur légale devant un tribunal.
Le service permet également d'enregistrer les contrats
de mariage, actes de naissance sur « Public Notary ». En Estonie, il
est désormais possible voter aux élections et de payer ses
impôts sur « Bitnation ».
Le Nasdaq souhaite donc tirer profit du système de
e-résident Estonien en le reliant à sa technologie Linq. Les
actionnaires vont pouvoir exercer leurs droits sur le Tallinn Stock Exchange.
« En combinant e-Residency avec notre technologie blockchain, nous
pourrons enregistrer les votes des actionnaires rapidement et en toute
sécurité », a déclaré le Nasdaq.
Nous pouvons imaginer que le Tallinn Stock Exchange est une
sorte de laboratoire d'expérimentation miniature pour le Nasdaq avec
pour ambition de déployer cette application sur des plus gros
marchés financiers.
b) Facilitation des opérations financières pour
les sociétés non-cotées
En 2016, BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES filiale de BNP
PARIBAS spécialisé dans les métiers titres s'associe
à SmartAngels, une plateforme de crowdfunding qui permet aux
investisseurs particuliers et professionnels de financer des startups et des
PME27.
Il s'agit là de la toute première utilisation
d'une application reposant sur technologie Blockchain par un
établissement bancaire Français. Les deux compagnies souhaitent
faciliter la digitalisation des titres financiers tels que des actions ou des
obligations ainsi que la gestion de l'actionnariat par le biais d'un registre
décentralisé tout en garantissant la confidentialité des
opérations.
L'objectif étant également d'offrir la
possibilité aux investisseurs qui le souhaitent d'avoir accès
à un marché secondaire. Ils pourront ainsi acheter et vendre des
titres de start-up, ce qui n'était pas possible auparavant. Lorsqu'une
société va lever des fonds et émettre des titres, ceux-ci
seront comptabilisés dans un registre via sur une blockchain
privée. "La blockchain permet d'intégrer
l'intégralité de la chaîne de valeurs, de l'émission
de titres jusqu'au marché secondaire. Nous allons matérialiser le
consensus et la sécurité de la blockchain sur une application
bancaire classique, avec une traçabilité parfaite pour l'ensemble
des acteurs."28 explique Marc Younes, responsable du
développement produit chez BNPSS.
26
http://convention-s.fr/wp-content/uploads/2016/12/EN-ESTONIE-_-BLOCKCHAIN-EN-PASSE-DE-REMPLACER-LES-NOTAIRES-_.pdf
27
http://www.agefi.fr/financements-marches/actualites/quotidien/20160405/smartangels-bnp-paribas-experimentent-blockchain-178430
28
http://www.journaldunet.com/economie/finance/1176215-bnp-paribas-blockchain/
26
Lors d'une levée de fonds classique, les
échanges flux financiers versus cash se faisait encore de «
manière artisanale », nécessitant l'intervention d'avocats
ou d'autres intermédiaires, les frais de tenues de comptes et autres
services dépositaires tels que la convocation aux assemblées ou
encore les opérations sur titres auxquels ont recours les grands groupes
sont beaucoup trop lourd pour des start-up.
Enfin, ces sociétés sont dans
l'incapacité de mettre en place un service dédié aux
relations investisseurs dès le début les coûts
engendrés pourraient en effet être beaucoup trop lourd. La
Blockchain apporte donc une réponse à des besoins non
comblés.
L'utilisation de la Blockchain pour participer au financement
de société non-cotée semble être une
expérimentation, un test en vue de lancer l'application sur de plus gros
marchés.
En effet, les volumes sur le marché du
non-cotés sont infiniment plus faible que ceux sur les marchés
cotés, c'est donc l'opportunité parfaite pour faire des tests
à petite échelle et contourner les problèmes de
scalabilité inhérent à la technologie Blockchain. Philippe
Ruault, chef de produit BNPSS déclare par ailleurs : "C'est un moyen
pour BNP Paribas Securities Services de tester ce qui pourrait s'appliquer
demain sur les marchés cotés de plus, nous n'avons pas encore
d'outil pour le marché des sociétés non cotées
alors que beaucoup d'entreprises moyennes ont des problématiques de
gouvernance d'entreprises similaires. C'est peut-être une
opportunité pour attaquer un nouveau marché..."29
Le 5 juillet 2017 lors d'une conférence de presse
BNPSS et Smartangels annoncent avoir testé avec succès
l'application en enregistrant les registres de cinq compagnies, notamment ceux
de la société Française Sigfox, spécialiste de
l'objet connecté. Les deux partenaires indiquent également avoir
utilisé le protocole lors de l'augmentation de capital de quatre
start-ups.
Ce succès démontre une fois de plus en quoi la
technologie Blockchain est capable de révolutionner à elle seule
certains secteurs permettant aux banques de se tourner vers de nouveaux
marchés qui leurs étaient jusqu'alors inaccessible en raison.
L'annonce de BNP PARIBAS a poussé le géant
Américain : Depository Trust & Clearing Corporation (DTCC) a
expérimenté lui aussi la blockchain pour ses activités de
post-marché. Ce sont pour l'heure spécialement les crédits
default swaps plus connus sous l'acronyme de CDS qui sont visés, ce qui
représente tout de même un marché de 11 000 milliards de
dollars30.
C'est via une blockchain privé que DTCC envisage de
rendre disponible aux seuls acteurs de ce marché les informations
liées à ces contrats optionnels.
29
http://www.goodmorningcrowdfunding.com/interview-premiere-utilisation-de-blockchain-france-service-crowdfunding-bnp-paribas-securities-services-smartangels-02050416/
30
https://www.lesechos.fr/11/01/2017/LesEchos/22359-129-ECH_la-blockchain-s-invite-sur-le-marche-des-derives-de-credit.htm
27
L'entreprise a prévue de lancer ce système en
2018 après plusieurs phases de tests notamment sur le marché
américain avant d'élargir cette application au monde entier. Elle
pourrait également être utilisé sur d'autres types
d'opérations de post-marché comme le règlement-livraison
sur tous les types d'actifs.
c) Les paiements inter-entreprises
En Octobre 2016 Reuters nous apprend qu'une livraison de
coton via cargo entre la Chine et les Etats-Unis venait d'être
réalisée. L'opération e été aonclu par Wells
Fargo et la Commonwealth Bank of Australia via une blockchain privé. Een
revanche, les deux établissements n'ont pas souhaité donner plus
de détails sur les modalités de cet
échange31.
Galvaniser par la réussite de son projet le Groupe BNP
a poursuivi ses efforts en imaginant de nouvelles applications en utilisant la
Blockchain. Cette fois, c'est le département Corporate and Instituionnal
Banking de la banque qui est aux commandes, le but étant de tenter
d'accélérer les délais nécessaires à une
transaction financière entre deux groupes
internationaux32.
Nous vivons dans un monde globalisé ou tout doit
toujours allez plus vite, les entreprises se trouvent être
connectées aux quatre coins du globe et les transactions fusent,
d'aucuns regrettent alors le fait qu'un simple échange de flux financier
nécessite un délai de deux jours en moyenne pour se
matérialiser.
BNP imagine donc tester la technologie Blockchain afin de
réaliser des paiements transfrontaliers, et ce, en temps réel.
L'opération se révèle être un succès puisque
le groupe annonce en décembre 2016 avoir procédé à
des échanges financiers pour le compte de deux de ses clients
internationaux.
Ces échanges ont eu lieu entre les groupes Australien
et Italien : Amcor et Panini. En l'espace de quelques minutes BNP a assurer le
règlement et la compensation, et ce, en plusieurs devises pour des
comptes bancaires situés en Allemagne, Grande-Bretagne et Pays-Bas.
Cette opération pourrait révolutionner la
gestion de trésorerie et BNP ne s'y trompe pas, le responsable
transaction du Groupe déclare : « Cette opération
témoigne du potentiel de la Blockchain qui élimine les
délais, les frais imprévus et les erreurs de traitement, ouvrant
ainsi la voie à une gestion de trésorerie en temps réel
».
31
http://fortune.com/2016/10/24/commonwealth-bank-well-fargo-blockchain/
32
https://www.soluxions-magazine.com/amcor-panini-blockchain-bnp-paribas/
28
Enfin, en assistant à une conférence,
organisé le 27 juin par la Fédération Bancaire
Française ou était présente Geneviève Douhet,
responsable innovation du Groupe Société Générale
j'ai pu découvrir un nouveau projet baptisé « Easy Trade
Connect »33.
L'application a été présentée
pour la première fois au Salon de l'exploitation offshore du
pétrole et du gaz de Londres en février 2017. La
Société Générale et son partenaire ING ont
présenté un cas concret d'utilisation de la Blockchain. Les
partenaires ont réussi à faire des transactions pour le compte du
négociant Mercuria Energy Group dans une relation tripartite.
En résumé, Mercuria passe un accord avec un
acheteur de pétrole type Air France. Mercuria va demander au donneur
d'ordre d'ouvrir un crédit documentaire auprès de sa banque. Via
une blockchain privé les banques vont avoir accès à cette
lettre de crédit et suivre pas à pas les étapes de la
négociation et avoir accès aux documents utiles types : factures,
preuve de transport, assurance, signatures, lettre de change, etc. Grâce
à cette lettre de crédit, les deux établissements
bancaires vont pouvoir s'assurer que les deux parties ont bien
exécutés leurs obligations et une fois toutes ces
vérifications faites, elles vont pouvoir procéder à
l'échange de flux financiers.