La Blockchain est arrivée avec la promesse de
créer un environnement sécurisé, où
décentralisation et désintermédiation seraient les
maîtres mots.
Le monde de la finance a tendu l'oreille et l'industrie
bancaire n'a pas tarder à s'intéresser à cette technologie
puisque les banques ont été parmi les premières, et de
loin, à tenter de comprendre le fonctionnement de la Blockchain et
à imaginer comment tirer profit de son utilisation. Les perspectives
d'économies qu'a laissé entrevoir la Blockchain ont fini par
convaincre les banques de la nécessité de sauter le pas et de
commencer à travailler sur des applications concrètes. L'objectif
étant de ne pas se laisser dépasser par d'éventuels
concurrents qui viendraient uberiser des pans entiers de leur modèle
économique, mettant par la même occasion en péril de
nombreux métiers du secteur.
Lorsqu'il s'agit de nouvelles technologies, il est primordial
d'avancer vite et de naviguer dans la bonne direction afin de pouvoir surfer
sur la vague. Pour ce faire, les banques ont décidé de travailler
ensemble, main dans la main en se réunissant au sein d'une seule et
même structure.
Nous sommes en 2015 et le monde apprend la naissance d'un
consortium nommé R317 lancé par la start-up
américaine du même nom et son président-directeur
général David E Rutter. Dès sa création,
l'entreprise séduit neuf poids lourds du secteur financier : Barclays,
BBVA, Commonwealth Bank of Australia, Credit Suisse, Goldman Sachs, JP Morgan,
Royal Bank of Scotland, State Street et UBS.
R3 permet aux membres de mutualiser compétences et
savoirs, tout en assurant une veille concurrentielle commune. De plus, la
présence des organes de directions des grands groupes financiers autour
de la table du consortium permet des prises de contact et des rapprochements,
créant de facto des opportunités de business futurs.
Ensemble, les membres du consortium étudient plusieurs pistes de
réflexions, ils listent et examinent tous les prérequis
nécessaires à l'implémentation de la technologie
Blockchain dans le secteur bancaire. Un laboratoire et un centre de recherche
technologique développent des applications qui seront testées
dans un écosystème favorable, leur permettant de tester la
technologie sans avoir à se préoccuper de la
sécurité ou autres contraintes réglementaires.
17 https://www.r3.com/
21
La présence de la start-up américaine au sein du
consortium offre aux membres de « l'association » son expertise et
fait office de juge de paix. Frédéric Dalibard, directeur digital
chez Natixis déclare : "Avoir les équipes de R3 au milieu du
consortium est un avantage, car c'est un acteur neutre qui est là pour
aiguillonner tout le monde. Cela évite d'avoir une gouvernance
molle"18.
Cette gouvernance dynamique et le principe de consortium
convainquent, puisque R3 compte dans ses rangs 80 des plus importantes
institutions financières mondiales. Le groupe fourmille d'idées,
le lab ayant ainsi déjà produit 20 applications. Il en auraient
quarante en cours de développement.
Le 31 octobre 2016 Goldman Sachs, un des fondateurs du
consortium laisse expirer son statut de membre, suivrons : Banco Santander,
JPMorgan Chase, Morgan Stanley et enfin State Street19. Un
problème de structure serait à l'origine de toutes ces
défections selon Bloomberg. En effet, Goldman Sachs aurait jugé
trop élevé le prix d'un siège au conseil d'administration
de la start-up. Le porte-parole du consortium répondra : «
Développer des technologies de ce type requiert du dévouement et
des ressources significatives. Nos membres ont tous des capacités
différentes qui changent naturellement avec le temps ».
Charley Cooper20, le directeur général de R3
renchéri alors : « Nous nous sommes toujours attendus à ce
que la composition du consortium change avec le temps ».
En mai 2017 dans un communiqué de presse R3 annonce
avoir levé 107 millions de dollars en deux-temps auprès de
quarante de ses quatre-vingts partenaires, une troisième
opération est envisagée afin de lever en tout 150 millions de
dollars, et ce, en vue de développer une plateforme appelée
« CORDA »22.
Une sorte d'application sous-jacente au bitcoin ayant pour
but de simplifier et accélérer les accords financiers entres
institutions. Frédéric Dalibard commente : « Il faut
voir Corda comme un Androïd ou iOS du monde financier. A terme, elle
permettra aux acteurs d'échanger entre eux et de déployer des
applications qui communiqueront entre elles via le réseau mis en place
par R3. Il faut donc continuer à faire partie de ce consortium »
Il faut donc continuer à faire partie du consortium...
Si au départ de nombreuse institutions
financières ont rejoint le consortium pour tenter d'appréhender
cette nouvelle technologie à plusieurs, il est aujourd'hui clair que de
nombreux établissements sont à même d'avancer seul comme
nous allons le voir, de nombreuses banques et des régulateurs ont
lancés des applications concrètes et ont d'ores et
déjà débuté des phases de test.
18
http://www.journaldunet.com/economie/finance/1196309-r3-le-consortium-blockchain-qui-divise-les-banques/
19
http://www.agefi.fr/fintech/actualites/quotidien/20161122/plus-gros-consortium-blockchain-se-fissure-204510
20
http://cio.economictimes.indiatimes.com/news/strategy-and-management/we-always-expected-the-consortiums-make-up-to-change-over-time-blockchain-group-r3s-charley-cooper/58569090
22
http://www.agefi.fr/fintech/actualites/quotidien/20170523/consortium-blockchain-r3-leve-107-millions-dollars-219148v
22
23
![](Blockchain--un-danger-pour-l-industrie-bancaire8.png)
24
III. Blockchain et Industrie Bancaire,
conséquences pratiques