B- Les bas-reliefs
Les bas-reliefs du Danxomè, pictogrammes et
idéogrammes fixés sur les murs des palais royaux, de certains
temples et de quelques maisons d'artistes, jouissent eux aussi d'une grande
renommée. Ils sont modelés avec de la terre sur une surface de
mur un peu creusée, et reprennent les images de symboles royaux, de
diverses scènes retraçant les hauts faits du royaume. Les
débuts de cet art sont mal connus, néanmoins la tradition orale
les place sous le règne du roi Agadja, celui-là même
à qui est attribuée la paternité de l'art de la
tenture.
Dans les palais, ils étaient fixés dans la
partie centrale de l'adjalala27. Lors des couronnements de
ministres et de hauts dignitaires, le roi s'assied de manière à
ce que les bas-reliefs l'encadrent. De même, pour assister au
déroulement des rites en mémoire de son père
défunt, il trônait devant les bas-reliefs. Ces derniers objets
sont ainsi, avec les tentures bien sûr, les premières expressions
du pouvoir visibles dans le palais. Ils sont des signes ostentatoires,
communiquent avec qui les voit, et content l'histoire à qui peut les
discerner. Sous le roi Ghézo, les arts architectural et décoratif
ont connu des évolutions significatives. En effet, ce roi, après
avoir évincé Adandozan par une révolution de palais en
1818, engagea des actions d'envergure pour l'éclosion des arts. Il
transgressa les habitudes royales en se faisant construire un nouveau palais au
Sud de l'ancienne enceinte
27 Étymologiquement, désigne «
objet à plusieurs ouvertures ». C'est la salle de réunion du
palais ; elle est sans porte et a plusieurs ouvertures.
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du palais, alors qu'au cours des règnes
précédents, seule l'ouverture d'une nouvelle porte semble avoir
été pratiquée28.
Par ailleurs, les bas-reliefs qui figurent sur les murs du
palais royal de Gbèhanzin prouvent une maîtrise évidente
des artistes qui les ont réalisés.
Image 13
Image 14
Images 13 et14 : Bandes de bas-reliefs de l'adjalala de
Gbèhanzin, Captures des pages 5 et 18 du livre Restauration du
palais de Gbèhanzin
Ces deux séries de bas-reliefs nous montrent
différentes scènes et différents emblèmes royaux.
On aperçoit entre autres des scènes de guerres avec une amazone
qui décapite un ennemi, un corps-à-corps entre deux individus (un
soldat fon et un ennemi) ; le lion, symbolisant Glèlè, est bien
visible et est entouré de deux volailles évoquant chacun Kpengla
et Agonglo. Le Fa29, occupant une place très
importante dans la gouvernance royale, le dernier bas-relief de l'image 14
évoquerait le couple Mawu-Lisa de la cosmogonie fon. Mawu est
l'élément féminin du couple et est l'être
suprême ; il est représenté par la lune. Lisa, quant
à lui est l'élément masculin, incarné par le
soleil.
Derrière un bas-relief du Danxomè, se cache
toute une histoire. C'est fort de cela que de nombreuses actions ont
été menées en vue de les sortir des ruines dans lesquelles
ils semblaient disparaître totalement depuis la fin de la royauté.
Rappelons entre autres qu'en 1997, le Ministère de la Culture et de la
Communication du Bénin, en collaboration avec
28 BALL T. (dir.) et alï, Passé,
présent et futur des palais et sites royaux d'Abomey, Actes de
conférence, 1999, 167 p.
29 Moyen divinatoire permettant de comprendre le
passé, de prendre des précautions pour mieux vivre le
présent et de prévoir le futur. Le roi le consultait
auprès de son devin tous les matins avant de mettre pied dehors, et
avant la prise de toute décision importante.
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l'Institut Getty Conservation des États-Unis
d'Amérique, a oeuvré à la restauration des bas-reliefs de
l'adjalala de Glèlè qui, heureusement, pouvaient encore
être sauvés. En 2006, la restauration du palais royal de
Gbèhanzin a permis de redonner vie aux bas-reliefs de ce palais qui
témoignent de la vigueur de celui qui fut propriétaire de ces
lieux.
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Troisième partie :
VUE PANORAMIQUE DES ARTS DE
COUR DU DANXOMÈ
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Troisième partie :
VUE PANORAMIQUE DES ARTS DE COUR DU DANXOMÈ
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